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jeudi 30 juin 2011

Je réclame le droit de me marier avec une chèvre – Par Michel Garroté

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Michel Garroté – Personnellement, je considère que le mariage gay constitue une nouvelle - et supplémentaire - extension du pouvoir de l’Etat. Et, toujours personnellement, je considère que si l’Etat proclame le mariage gay - comme il le fait déjà pour le mariage tout court -, alors, l’Etat peut, un jour, légaliser - et proclamer - la polygamie, au nom de la même liberté que celle octroyée aux gays qui veulent se marier. Ce qui, un jour, permettra, à tout un chacun, de dire : « Je réclame le droit de me marier avec une chèvre ». Cela s’appellera mariage zoophile. Puis, un autre jour : « Ma chèvre et moi réclamons le droit d’adopter un enfant pour fonder une famille ». Un hétérosexuel voudra le droit d’épouser un homosexuel, une lesbienne ou les deux, pour former un ménage à trois ; et adopter une chèvre pour fonder une famille prise en charge par la sécurité sociale. Et ainsi de suite. J’ai trouvé, sur ces questions, une réflexion de George Weigel que je reproduis ci-dessous en français. Je me suis permis de remanier certains passages de cette version française (texte traduit de l’anglais par Le Bulletin d’Amérique avec l’aimable autorisation des éditeurs ; cf. liens et copyright en bas de page).
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George Weigel*, dans une tribune pour la ‘National Review’, remet en cause les opinions libertaires en faveur du mariage homosexuel prononcé tout récemment à New York et il dénonce l’usurpation de la légitimité du mouvement des droits civiques du début des années 1960.
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George Weigel : « Selon un article du New York Times du 25 juin, un élément essentiel, de la coalition, qui a amené le ‘mariage gay’, à l’Empire State, a été, l’aide financière, de donateurs républicains, qui ont accordé, aux législateurs républicains, la couverture, afin de voter en faveur du projet ‘égalité pour le mariage’ du gouverneur Andrew Cuomo, tout en finançant généreusement la campagne de terrain des militants pour le mariage homosexuel. Ces donateurs auraient été ‘enclins à percevoir le problème comme une question de liberté personnelle, conformément à leurs vues plus libertaires’. Il est difficile d’emballer autant de confusion intellectuelle et politique en une seule phrase. ‘L’état de New York déclare qu’il a la compétence pour redéfinir une institution humaine fondamentale afin de satisfaire aux exigences d’un groupe d’intérêt’. Le ‘mariage gay’ représente en fait une vaste expansion du pouvoir de l’Etat : dans ce cas, l’état de New York déclare qu’il a la compétence pour redéfinir une institution humaine fondamentale afin de satisfaire aux exigences d’un groupe d’intérêt à la recherche du genre d’acceptation sociale qui vient hypothétiquement d’une reconnaissance juridique. Mais comme l’ont soutenu l’archevêque Timothy Dolan de New York et d’autres, pendant les jours qui ont précédé le vote fatidique du 24 juin, l’Etat de New York ne possède pas une telle compétence, et l’affirmation contraire jette une ombre menaçante sur l’avenir ».
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George Weigel : « Car si l’Etat a, en fait, la compétence ou l’autorité de déclarer qu’Adam et Steve ou Eve et Evelyn, sont mariés, et dispose de l’autorité à contraindre les tiers à reconnaître de tels mariages comme l’équivalent de ce que nous avons connu depuis des millénaires, alors pourquoi s’arrêter à un mariage entre deux hommes ou deux femmes ? Pourquoi ne pas accepter les liaisons plurielles ou la polygamie ? Pourquoi n’importe quelle combinaison d’hommes et de femmes, partageant des ressources financières et les parties de leurs corps, ne serait-elle pas déclarée un mariage, pour ensuite demander à l’état une réparation des griefs et la reconnaissance juridique de cette combinaison comme une famille ? Sur quel principe la législature de l’état de New York ou toute autre législature d’état fédéré, pourra répondre « non », une fois qu’il aura déclaré qu’Adam et Steve, ou Eve et Evelyn, peuvent en effet se marier selon les lois de l’Etat ? Il y a un fait rhétorique curieux qui est généralement passé inaperçu dans ces débats : il est intéressant de souligner que la législature de l’État de New York a approuvé ce qui doit être décrit, non pas comme le mariage, mais comme un « mariage gay » ou un « mariage homosexuel ». C’est en soi une indication verbale d’une réalisation contre-intuitive. Nous savons tous - ou avons pensé - que nous savions, ce qu’était le mariage. Ajouter le qualificatif « gay » ou « de même sexe » est une admission tacite par ses partisans que ce mariage requiert un appel à l’autorité pour faire appliquer ce qui semble étrange, bizarre ou non, de droit. Le tic verbal du « mariage gay » ou « de mariage du même sexe » est donc en soi un signe rhétorique annonçant que ce qui a été fait à Albany était un exercice brut du pouvoir de l’état, celui-ci affirmant qu’il était en mesure de mener l’action X, simplement parce qu’il prétend avoir le pouvoir de le faire. Et c’est un exercice du pouvoir auquel les libertaires devraient, en théorie, résister, et non soutenir ».
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George Weigel : « Au-delà de l’Etat de New York, le débat sur le mariage va et doit continuer, car il touche les principes premiers de la gouvernance démocratique – et parce que la résistance aux velléités politiques du lobby en faveur du mariage gay est un acte de résistance nécessaire à la dictature du relativisme, par laquelle le pouvoir coercitif de l’État est utilisé afin d’imposer à toute la société une éthique relativiste de l’obstination personnelle. Afin de conduire cet argument dans les mois et années à venir, il serait utile que les partisans du mariage bien compris remettent en cause l’usurpation par les partisans du mariage homosexuel de l’argument pour les droits civiques. Cette usurpation est au cœur de la réussite affective, culturelle et politique du lobby gay – la légitimité morale des Freedom Riders [1], dont nous célébrons cette année l’anniversaire, réussite qui a, pour ainsi dire, été revendiquée avec succès par le Stonewall Democratic Club [2] et ses épigones. Et parce que le mouvement classique des droits civiques et sa juste revendication pour l’égalité devant la loi demeure l’un des rares standards moraux qui a mené à un consensus dans la culture américaine du XXIème siècle (un autre étant l’Holocauste, icône du mal), s’emparer de cette légitimité morale et en user signifie avoir gagné une grande partie de la bataille – comme on le voit en essayant de discuter de ces questions avec des jeunes par ailleurs raisonnables. « L’analogie [entre le mouvement des droits civiques et le mouvement pour le mariage homosexuel] ne fonctionne tout simplement pas ». Mais l’analogie ne fonctionne tout simplement pas. La ségrégation légalement appliquée impliquait le même genre de puissance coercitive de l’État que les partisans du mariage homosexuel souhaitent désormais mettre au service de leur cause ».
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George Weigel : « Quelque chose de naturel et évident – « Nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes sont créés égaux » – avait été refusée par l’Etat afin de maintenir la ségrégation dans les services publics et nier les droits de la pleine citoyenneté aux Afro-Américains. Une fois que le peuple américain est parvenu à la conclusion que ces arrangements, cependant sanctifiés par la coutume (et les préjugés) étaient, en fait, contre nature et non évidents, la loi a été modifiée. Ce que le lobby gay propose en matière de mariage est précisément le contraire de cela. Le mariage, comme l’ont reconnu à la fois les penseurs religieux et laïques depuis des millénaires, est une institution sociale qui est plus ancienne que l’Etat, qui le précède. La tâche d’un État juste est de reconnaître et de soutenir cette institution sociale plus ancienne et antérieure, non de tenter de la redéfinir. Mener cette dernière action comporte la tentation totalitaire qui se cache au sein de tous les États modernes: la tentation de re-concevoir la réalité. Le mouvement américain des droits civiques était un appel à reconnaître la réalité morale; l’appel pour le mariage gay est un appel à réinventer une réalité qui serait en conformité avec un ordre du jour relevant de l’obstination personnelle ».
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George Weigel : « Le mouvement pour le mariage homosexuel n’est donc pas l’héritier du mouvement des droits civiques. Il est l’héritier de Bull Connor [3] et d’autres, qui ont essayé d’imposer leur idée fausse de la réalité morale sur les autres, par la puissance coercitive de l’État. « [Redéfinir le mariage] comporte la tentation totalitaire qui se cache au sein de tous les États modernes : la tentation de re-concevoir la réalité ». Une société humaine trouvera une large place dans la loi pour accueillir une grande variété de relations humaines, en matière de soins de garde, de droits de visite des hôpitaux, d’héritage. Mais il n’y a rien d’humain dans la longue marche vers la dictature du relativisme et nous ne trouverons rien d’humain non plus, une fois parvenus à destination de cette marche, si celle-ci est atteinte. La perversité envisagée par l’Archevêque Dolan et d’autres défenseurs du mariage bien compris pendant la semaine qui a précédé le vote à Albany est encore un autre témoignage de l’impulsion totalitaire qui se cache derrière le mouvement du mariage homosexuel. On aurait pu penser que les libertaires l’auraient compris. Mais apparemment certains ne le comprennent pas », conclut George Weigel.
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[1] Militants contre la ségrégation raciale dans les années 60.
[2] Militants de la cause LGBT.
[3] Bull Connor (1897-1973) était commissaire pour la sécurité publique de Birmingham dans l’Alabama. Il est devenu le symbole de la répression contre le mouvement des droits civiques.
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* George Weigel est Senior Fellow de l’Ethics and Public Policy Center. Théologien réputé, il a fait paraître de nombreux ouvrages, notamment ‘The end and the beginning’, une biographie de Jean-Paul II.
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Reproduction autorisée avec les mentions ci-dessous :
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Michel Garroté 2011 http://drzz.fr/
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© 2011 by National Review
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Sources :
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