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Le 29 décembre 1920, il y a exactement 90 ans, jour pour jour, naissait le Parti Communiste Français (PCF). J’ai lu quelque part que désormais le PCF « parie sur l’avenir » (c’est de l’humour communiste, je présume) en misant notamment sur le Front de Gauche (FDG), une sorte « d’alliance » que le PCF a fabriquée avec le Parti de la Gauche (PDG) de l’ineffable Jean-Luc Mélenchon. Donc, en théorie, le Front de Gauche serait l’addition du PCF et du PDG (drôle d’abréviation que je donne au parti de Mélenchon, j’en conviens…).
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Laurent Martinet, pour L’Express.fr, a interviewé le communiste Pierre Juquin, à l’occasion de ce 90ème anniversaire du Parti Communiste Français (PCF). Pierre Juquin, communiste, candidat à l'élection présidentielle de 1988, est l'auteur du livre « De battre mon cœur n'a jamais cessé » (Editions L'Archipel), livre qui constitue ses mémoires de membre du comité central du PCF. Je reproduis ci-dessous cette courte interview. Et je conclus avec ma petite analyse à moi.
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Laurent Martinet - Le Parti communiste français est né le 29 décembre 1920, au congrès de Tours. Que vous inspirent ses 90 ans ?
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Pierre Juquin - C'est presque un siècle d'Histoire. Et un grand espoir déçu. Le Parti communiste n'a plus d'avenir, il est tout entier dans ses archives.
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Laurent Martinet - Le destin du PCF aurait-il pu être différent ?
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Pierre Juquin - Tout s'est joué dès 1947, quand le parti s'est aligné sur l'URSS. Pourtant, Maurice Thorez, allié à Benoît Frachon, avait proposé une "voie française" plus indépendante. Elle a été rejetée à la fois par la base et par Jdanov, qui l'a condamnée de Moscou. Le parti a commencé à perdre des électeurs dès 1948, et il n'a jamais retrouvé son niveau de 1946-1947.
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Laurent Martinet - Les années Marchais n'ont donc pas été celles du déclin ?
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Pierre Juquin - Le déclin est continu depuis 1947. D'ailleurs, l'expérience italienne menée par Enrico Berlinguer, qui fut admirable, a été un échec aussi. Que reste-t-il aujourd'hui du Parti communiste italien ? Il y a eu un déclin mondial des partis communistes, lié aux désastreuses expériences soviétiques et chinoises. Mais l'idée communiste, elle, reste bien vivante.
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Laurent Martinet - Quelle forme peut prendre cette idée communiste, si toutes ses incarnations ont échoué ?
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Pierre Juquin - Cette grande idée n'a connu jusqu'à présent que des formes absurdes et tragiques. Elle a besoin de temps. Mais le projet d'un monde non-capitaliste, libéré de la course au profit, est un facteur de progrès humain.
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Laurent Martinet - Quels sont vos projets ?
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Pierre Juquin - Je travaille actuellement à une biographie politique d'Aragon. C'est un personnage complexe, autant artiste que politique, qui a encore beaucoup à révéler. (Fin de l’interview de Pierre Juquin par Laurent Martinet pour L’Express.fr).
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Pour ce qui me concerne, je note avec surprise que Marie-George Buffet (Parti Communiste Français), mais aussi Jean-Luc Mélenchon (Parti de la Gauche), Jean-Vincent Placé (Europe Ecologie Les Verts), ainsi que le conseiller politique de Martine Aubry, François Lamy (Parti Socialiste), ont participé aux festivités de ce 90ème anniversaire du PCF. Ecologistes, gauchistes, socialistes et communistes, même combat. Nous voici prévenus.
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Je note avec la même surprise que lors de ce 90ème anniversaire, le parti communiste, le parti socialiste, les écologistes et l’extrême-gauche se sont mis d’accord, je cite de mémoire, sur le développement de rassemblements populaires, de constructions de fronts de luttes et de ripostes ainsi que sur le développement d’élaborations de projets politiques de changement. Autrement dit, écologistes, gauchistes, socialistes et communistes luttent ensembles dans un rassemblement populiste pour le changement. Vaste programme.
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Puisque le PCF pense avoir un « avenir » au 21ème siècle, j’aimerais ici rappeler, à titre historique, qu’il y a 90 ans, le 29 décembre 1920 très exactement, à Tours, une majorité des délégués du 18ème Congrès de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) vote l’adhésion de la SFIO à la IIIe Internationale, c’est à dire à l’Internationale Communiste fondée à Moscou en mars 1919. Une minorité de la SFIO s’y oppose. C’est alors la scission et la naissance du Parti Communiste Français sous le nom de Section Française de l’Internationale Communiste (SFIC).
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Mais en 1947, le Parti Communiste Français s’aligne totalement et définitivement sur l’URSS. Au cours de la Seconde guerre mondiale déjà, les communistes français s’étaient alignés sur le Pacte Staline Hitler durant lequel ils avaient refusé de prendre part à la Résistance. Ce n’est qu’une fois le Pacte rompu par Hitler, que les communistes français, sur ordre de Staline, étaient entrés en Résistance, certes contre l’Allemagne, mais au service de l’URSS.
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Dans son interview avec Laurent Martinet, le communiste français Pierre Juquin estime que, je cite, « l'idée communiste, elle, reste bien vivante ». Pierre Juquin considère, je cite, que le communisme est une « grande idée » et « un facteur de progrès humain ».
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Mais dans la même interview, Pierre Juquin affirme que, je cite, « le Parti communiste (Français) n'a plus d'avenir ». Et Pierre Juquin allègue, je cite, qu’il y a eu « un déclin mondial des partis communistes, lié aux désastreuses expériences soviétiques et chinoises ».
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En résumé, Pierre Juquin n’est ni un néo-communiste, ni un crypto-communiste. Pierre Juquin est un communiste qui, au-delà de réticences purement formelles, voit dans le communisme du 21ème siècle grande idée, facteur de progrès humain.
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Et Pierre Juquin, quoi qu’il prétende, trouve un appui chez le parti communiste, le parti socialiste, les écologistes et l’extrême-gauche pour lutter ensembles dans un rassemblement populiste pour le changement. Changement selon l’idéal communiste français qui reste une grande idée et un facteur de progrès humain. Je n’invente rien. Ce sont les propos tenus en France ce mois de décembre 2010 par le parti communiste, le parti socialiste, les écologistes et l’extrême-gauche.
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Pour mémoire et pour que nous fassions mémoire, je rappelle que de 1917 à 1992, le communisme, sur l’ensemble des continents de la planète, a causé plus de 150 millions de victimes. Il ne s’agit donc pas uniquement, comme le prétend Pierre Juquin, des désastreuses expériences soviétiques et chinoises. Le désastre s’est abattu sur l’Europe orientale, de la mer baltique à la mer Adriatique, sur une douzaine de pays.
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Le désastre s’est abattu sur le Laos, le Cambodge, le Vietnam, la Birmanie, la Corée du Nord, l’Angola, le Mozambique, l’Ethiopie, le Nicaragua et Cuba. Le communisme a causé plus de 150 millions de victimes à l’échelle planétaire en 75 années. Ce n’est donc pas une « désastreuse expérience » soviétique et chinoise. Ce désastre, cette expérience, c’est, en réalité, un abominable système concentrationnaire et génocidaire.
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Or, en France, ce mois de décembre 2010, le parti communiste, le parti socialiste, les écologistes et l’extrême-gauche ont célébré 90 années de communisme. Sans faire la moindre déclaration de repentance pour les 150 millions de victimes de cet abominable système appauvrissant, ruineux, concentrationnaire et génocidaire. Comme le dit Pierre Juquin, le communisme du 21ème siècle est une grande idée, facteur de progrès humain. La campagne présidentielle de 2012 promet d’être grandiose.
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Michel Garroté
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