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mercredi 3 février 2010

Sarkopin et Villekozy (Acte II)

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Sarkopin et Villekozy (Acte II)
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Michel Garroté
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Mercredi 3 février 2010 – 19 Shevat 5770
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Je crois bien que je vais en rajouter une couche. J’ai récemment écrit que notre communauté de pensée s’étendait de l’aile droite de l’UMP (inclue) jusqu’aux mouvements situés à gauche du Front National (non inclut). A vrai dire, ce n’est là qu’un détail politicien. Car notre communauté de pensée affiche certes sa couleur en matière d’opinion. Mais cela ne l’empêche nullement de publier des informations pouvant intéresser tout lecteur quelle que soit sa couleur ou son absence de couleur politique. Mais trêve de préambule et venons-en au fait du jour. A l’approche des élections régionales en France, élections qui se dérouleront à deux tours en mars prochain, Sarkozy s’investit, déjà, dans la campagne. En théorie, c’est son droit. Mais en pratique, ce n’est pas très adroit. Il suffit de lire la grande presse étrangère - britannique, allemande, italienne, espagnole, japonaise ou américaine - pour s’apercevoir que dans les principaux médias des grandes puissances, le président français passe, toujours plus, pour un monarque, certes ridicule, mais néanmoins dangereux.
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Pour ce qui me concerne, je suppose que la suggestion de vote que je formulerai à l’avenir, sera de voter, au premier tour, pour l’un ou l’autre mouvement situé entre l’UMP et le FN. Et au second tour, pour l’UMP, autrement dit, de voter contre la gauche, de voter utile, de voter pour le « moins pire ». Mais cela ne change rien au fait que j’ai de sérieuses inquiétudes sur le modus operandi du président français. Et sur ce point, je ne suis pas le seul, peu s’en faut. Pour avoir connu la fonction présidentielle depuis de Gaulle jusqu’à Sarkozy, je puis confirmer qu’il y a toujours eu, sous la Ve République, un écart de langage un peu trop grand entre d’une part, le président candidat ; et d’autre part, le président candidat devenu président en fonction. Le grand écart fut particulièrement flagrant chez Giscard de 1974 à 1981. Au point que, balayé par Mitterrand en 1981, le pauvre Giscard avait dû disparaître un long moment en Auvergne pour se remettre de son « émotion dépression », avant de refaire surface à l’ANPE de Paris.
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Et pourtant, c’est Sarkozy qui détient la médaille olympique du virage en dents de scie à 180°. Avec deux néo-socialistes de Cour, Kouchner et Besson, le roitelet Sarko a instauré une politique étrangère et une politique de l’identité nationale qui, toutes les deux, pratiquent le favoritisme envers le minaret. Ce n’est peut-être pas tout à fait nouveau, mais c’est tout de même encore pire qu’avant. Cela dit, le plus grave, comme évoqué plus haut, c’est le modus operandi du président français. Dernier exemple en date : pour trois petites heures passées au Forum de Davos, en Suisse, Sarkozy s’est déplacé avec deux hélicoptères Puma et un appareil militaire. Alors que les autres participants, chefs d’Etats et chefs d’entreprises, sont restés plus longtemps et avec moins de logistique pour le voyage. Ce modus operandi du « Je suis partout » est apparemment flatteuse pour le président français. Du moins le pense-t-il.
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Mais ce modus operandi empêche toute réflexion en profondeur à long terme. Pour un président qui se voit déjà réélu en mai 2012, c’est un peu court. Les Françaises et les Français n’en peuvent plus de voir la tête du président sur leur petit écran. Sarkozy ne peut l’ignorer. Et pourtant, il persiste. Avec moins de visibilité que cela, Giscard s’est fait jeter aux orties en 1974. On pourrait donc en conclure qu’en 2012, Sarkozy finira dans le caniveau. Cependant, rien n’est moins sûr. Car Sarkozy a verrouillé l’UMP. Ou tout au moins, personne, à l’UMP, n’a pour l’instant l’outrecuidance d’envisager sa candidature à la candidature. Sauf un : Villepin. Dois-je ici préciser que Villepin n’est pas ma tasse de thé ? La face uv-pommadée, coiffée d’une crinière gris-titane, ce n’est pas, mais alors pas du tout, ma tasse de thé.
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Le problème, c’est que Sarkozy, par son obstination, a sans le vouloir remis Vellepin sur les devants de la scène. Et scène pour scène, les Françaises et les Français trouvent que tout compte fait, le rôle théâtral d’un hamster mondain est quand même plus facile à supporter, à la longue, que le rôle caporal d’un lièvre cocaïnomane.
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A ce propos, Hervé Bizien, dans le magazine Monde et Vie, écrit notamment (extraits) : "Nicolas Sarkozy vouait naguère Dominique de Villepin à la pendaison à un croc de boucher. Ironie du sort, c’est lui qui se trouve, aujourd’hui, pendu au ‘croc de boucher’ de la justice. En demeurant partie civile dans l’affaire Clearstream après son élection à la présidence de la République, il a commis une grave erreur (ndmg : Sarkozy était en effet partie civile jusqu’à présent ; en revanche, il ne le sera plus en cour d’appel). Erreur, en premier lieu, par rapport à la fonction qu’il incarne et dont l’actuel chef de l’Etat n’a jamais mesuré l’exigence, en termes de prestige et de solennité. Lui, qui n’a eu de cesse d’apparaître comme un artisan d’unité a montré qu’en dépit des apparences qu’il veut donner, il reste incapable de se situer au-dessus de la mêlée et du niveau ordinaire de la politichiennerie. Cette première erreur en a provoqué une seconde".
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"La relaxe de Villepin est un camouflet qui l’atteint directement. Si Sarkozy ne s’était pas constitué partie civile, s’il n’avait pas, depuis New York, anticipé la décision du juge en se prononçant publiquement sur la culpabilité de l’accusé Villepin, la décision du Parquet de faire appel de la relaxe de l’ancien Premier ministre semblerait peut-être moins commandée par l’Elysée. Dans les circonstances actuelles, on a le sentiment que le président de la République s’accroche à sa rancune et refuse de renoncer à sa vengeance. Il importe peu que ce sentiment soit vrai ou faux, et que l’Elysée ait fait pression ou pas sur le Parquet : telle est la lecture que la majorité des Français fera de l’événement. Si la cour d’appel confirme le jugement de première instance, sa décision n’apparaîtra même plus comme un camouflet pour le chef de l’Etat, mais comme sa complète déconfiture. Si elle condamne Dominique de Villepin, on accusera la justice d’avoir pris ses ordres du pouvoir" (fin des extraits de l’article de Hervé Bizien paru dans le magazine Monde et Vie).
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