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mardi 21 août 2007

Pédocriminalité :
inversion du bien et du mal ?


Les mesures du président Sarkozy pour lutter contre les fauteurs de crimes sexuels relèvent de la « gesticulation », affirme ce mardi Christophe Regnard, secrétaire national de l’Union syndicale des magistrats (USM). Nicolas Sarkozy a dit lundi que les délinquants sexuels les plus dangereux, ne pourraient plus bénéficier de remises de peine automatiques, ni sortir de prison sans être passés devant un comité d’experts. Nicolas Sarkozy avait reçu à l’Elysée le père d’Enis, un enfant violé, la semaine passée, par Francis Evrard, un pédocriminel multirécidiviste. En français, la « gesticulation », rappelons-le, consiste à faire de grands gestes en tous sens. En quoi les démarches de Sarkozy – recevoir un père au cœur meurtri et repenser la loi – ressemblent-elles à de la « gesticulation » ? Fallait-il ne pas recevoir le père d’Enis et laisser la loi en l’état ?


« C’est assez terrible, on est à nouveau dans le gesticulatoire », déclare Christophe Regnard. Selon lui, « il n'y a rien de nouveau dans les mesures qui sont annoncées ». L’hospitalisation d’office de ce type de criminels est prévue par le code de la Santé et l’expertise psychiatrique est déjà pratiquée pour les détenus dangereux, selon Regnard. Pour Regnard, le problème du suivi des délinquants sexuels tient surtout au manque de psychiatres, de psychologues et d’éducateurs en prison. « C’est assez terrible », déclare le représentant des magistrats. Ce n’est pas de la souffrance d’Enis et de son père que parle Regnard. Non, ce qui est « terrible », s’est le paquet de mesures concretes envisagé pour les pédocriminels multirécidivistes.


De son côté, l’ancien garde des Sceaux Pascal Clément estime ce mardi que les mesures contre les délinquants sexuels de Sarkozy pourraient poser des problèmes d’ordre constitutionnel. « La question posée par la proposition du président de la République, c’est la question de savoir si on peut distinguer le criminel sexuel des autres », déclare-t-il sur France Inter. Il y a un risque de « rupture d’égalité » entre deux sortes de détenus : ceux qui ont commis des crimes et ceux qui ont commis des crimes sexuels. Intéressant. Le problème, en fait, c’est la « rupture d’égalité », c’est l’ostracisme, l’exclusion, contre les pédocriminels multirécidivistes. Ce n’est pas le fait qu’un crime sexuel perpétré contre un enfant soit un crime infiniment plus odieux que les autres crimes.


« La deuxième difficulté de même nature c’est la création d’un hôpital psychiatrique : est-ce que l'on peut considérer que l’enfermement psychiatrique est une peine ou n’est pas une peine », affirme Pascal Clément. « Si c’est une peine, vous tombez sous l’inconstitutionnalité de la loi parce que vous ne pouvez pas rajouter à une peine une autre peine. En revanche, si l’enfermement psychiatrique n’est pas une peine, alors là oui c’est sans doute la solution mais cela fera débat parce que certains vont voir une solution, entre guillemets, de facilité », explique-t-il. « Certains vont voir une solution, entre guillemets, de facilité » ? Qui sont-ils, ces « certains » qui vont y voir une « solution de facilité » ? On aurait pu dire, à l’inverse, que la solution de facilité, c’est de ne pas réagir, de prendre le temps de réfléchir, de prolonger ses vacances.


Pour Dominique de Villepin, « les propositions du président de la République vont dans le bon sens ». « En revanche pour la mise en place juridique des solutions, je souhaite bien du courage à la Chancellerie. Ce n’est pas fait », souligne-t-il. C’est vraiment trop gentil, venant de Villepin, de souhaiter « bien du courage » à ses successeurs ? Si son propre enfant avait été violé, parlerait-il avec la même légèreté ?


Enfin, l’ancienne ministre de la Justice socialiste Marylise Lebranchu estime que les mesures contre les délinquants sexuels annoncées lundi par le chef de l’Etat constituent « une forme de retour vers la barbarie ». « L’homme politique doit prendre du recul. La société doit être une société de justice et non de vengeance », déclare-t-elle au Parisien. Le pédocriminel Francis Evrard a reconnu une quarantaine d'agressions contre des enfants et n’a été poursuivi que pour trois. « Face à l’échec de la politique psychiatrique, plutôt que de se demander comment dépister les déviances, comment dépister avant le premier acte, nous revenons au système asilaire. C’est une forme de retour vers la barbarie », ajoute-t-elle. En français, la « barbarie » - s’en souvient-on ? – c’est l’attitude cruelle et la férocité. Le système asilaire pour les pédocriminels multirécidivistes est donc cruelle et féroce. Et les crimes sexuels commis sur des enfants, est-ce cruel et féroce ou est-ce seulement un mal inévitable de notre temps ? Il y a des jours où le politiquement correct me vais vomir.

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