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lundi 4 juin 2007

Affaire Hariri : un tribunal qui risque d’embraser le Liban

Le mercredi 30 mai 2007, le Conseil de sécurité de l’ONU, adopte, la résolution 1757, concernant le Liban ; et concernant, de fait, tout le Proche et le Moyen Orient. Cette résolution, prévoit, un tribunal spécial, pour juger, les auteurs présumés, de l’assassinat de l’ancien Premier ministre sunnite libanais, Rafic Hariri ; assassinat survenu le 14 février 2005. Pour mémoire, rappelons que la Syrie, est montrée du doigt, dès le début de l’affaire Hariri. La résolution, nous précise une dépêche de l’agence américaine Associated Press, a été votée par dix voix contre cinq abstentions ; dont l’abstention de la Chine et celle de la Russie. Le tribunal spécial, est appelé à fonctionner, en dehors du Liban. Sa création, est le fruit des démarches, effectuées, par l’actuel Premier ministre sunnite libanais, Fouad Siniora, un allié des USA. La résolution 1757, s’appuie, nous informe une dépêche de l’agence britannique Reuters, sur l’article VII, de la Charte de l’ONU ; article qui, nous précise l’agence Reuters, peut permettre de justifier un éventuel recours à la force.

Le jeudi 31 mai, la classe politique libanaise, réagit, à la résolution 1757. Le Premier ministre Fouad Siniora, déclare, que le tribunal, est « une victoire de tous les Libanais » et que ce même tribunal n’est « dirigé contre personne, et en particulier pas contre la Syrie sœur ». Quant à Saad Hariri, le fils de l’ancien Premier ministre assassiné, il appelle les Libanais à l’unité. Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, accuse le Conseil de sécurité d’ignorer la Constitution libanaise. L’ex-général chrétien Michel Aoun déclare que le tribunal spécial va compliquer la crise. La presse libanaise, n’est pas non plus unanime, face à la résolution, du Conseil de sécurité, créant ce tribunal spécial. Le quotidien As-Safir écrit : « New York impose le tribunal au Liban. Qui imposera l’entente entre Libanais ? ». Le quotidien libanais Ad-Diyar écrit que le tribunal spécial est « un plan d’internationalisation qui permettra à Washington de diriger le Liban ». Le journal As-Saoura écrit qu’il s’agit d’une « politisation de l’enquête sur l’assassinat d’Hariri » et que la résolution du Conseil de sécurité « porte atteinte à la souveraineté du Liban, à son unité nationale et augmente les divergences ».

Il faut dire que sur le terrain, la situation, n’est plus celle qui régnait, lorsque fut lancée, l’initiative d’un tribunal spécial, dans le cadre de l’affaire Hariri. L’armée libanaise, qui est en guerre, avec le mouvement terroriste palestinien Fatah al-Islam, l’armée libanaise donc, a récemment reçu de l’armement, en provenance des USA, de Emirats Arabes Unis, de l’Egypte et de la Jordanie, une information confirmée par Euronews le lundi 4 juin 2007. Ces derniers mois, les différentes factions du Liban, se sont à nouveau fournies, en armement. Le Hezbollah chiite, a été réarmé, par l’Iran, via la Syrie. Saad Hariri, depuis l’assassinat de son père, a progressivement constitué, avec l’aide des USA, la plus puissante milice privée du Liban. Selon une enquête, de Seymour Hersh, parue dans le New Yorker, les USA ont versé, cette année, quelques dizaines de milliers de dollars, à des combattants sunnites. La population libanaise, commence à réaliser, que les USA et l’Iran, ont décidé, d’étendre leur conflit, au territoire libanais. Vu sous cet angle, le Liban – et même la Syrie – ne sont que des acteurs de second plan.

L’entrée en fonction, du tribunal spécial, dépend, de l’avancée, des travaux de la Commission d’enquête de l’ONU, sur l’affaire Hariri. De fait, la Commission ne dispose, à ce stade, d’aucune preuve irréfutable, quant à une implication, des hautes sphères du pouvoir syrien, dans l’affaire Hariri. Il y a un certain temps déjà, la Neue Zuercher Zeitung, avait écrit, que personne ne savait réellement, ce qui se tramait, dans les coulisses, de l’affaire Hariri. Dès lors, le tribunal spécial, ne pourra débuter ses travaux, que dans un an. D’ici-là, le Liban, a largement le temps, de sombrer, à nouveau, dans la guerre civile, comme ce fut déjà le cas, de 1975 à 1990.
Miguel Garroté

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