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jeudi 23 février 2012

François Hollande au crible de la presse

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John Lichfield, dans 'The Independent', a récemment écrit, au sujet des présidentielles françaises (extraits adaptés) : la campagne électorale en France s'annonce comme la plus ignoble de l'histoire politique récente du pays. Trois journées frénétiques seulement se sont écoulées depuis l'entrée tardive de Nicolas Sarkozy en campagne, et il a déjà accusé François Hollande, le candidat socialiste, de "mentir matin et soir" et d'appartenir à une "élite immobile" et à une "caste" arrogante opposée aux vrais intérêts de la nation. A neuf semaines du premier tour prévu le 22 avril prochain (le second tour aura lieu le 6 mai), François Hollande, qui affiche dans les sondages une avance nette mais en recul, semble déjà un peu sonné. Il a riposté en accusant le président sortant d'être un "falsificateur" et un "manipulateur", et même d'avoir fait preuve de "brutalité et [d']une forme de méchanceté". Le candidat socialiste a aussi appelé vendredi à une campagne électorale "digne" - une lueur d'espoir ? Le ton de la campagne est donné, et il faut en accorder le crédit à Nicolas Sarkozy. Celui qui détient le titre de président le plus impopulaire de l'histoire française récente entend mener une campagne marquée par un populisme sans complexe. Depuis l'Elysée, le camp de base de sa guérilla électorale, il veut briguer ce second mandat en outsider ou, pour reprendre ses propres termes, en "Français parmi les Français". Cet homme qui, pour la majorité de l'opinion, a gouverné pour le compte d'une petite coterie formée de ses riches amis se présente aujourd'hui comme le "candidat du peuple" face à des élites étatistes et corporatistes".
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Ce président qui a juré de défendre les "valeurs françaises" et l'"identité nationale française" s'inspire pour sa campagne de la droite américaine, connue pour sa violence oratoire. Dans les semaines à venir, François Hollande risque donc fort d'être présenté sans arrêt comme un homme "immobile", un "menteur" et le représentant d'"intérêts puissants, [de] castes qui ne veulent rien lâcher". Nicolas Sarkozy mettra la même énergie à brandir des "valeurs" de droite qui font polémique, telle que la famille, la discipline, le travail et l'identité. De son côté, Hollande s'est lancé dans une campagne façon "La tortue contre le lièvre". Lors d'échanges autour d'un déjeuner avec des correspondants des presses britannique et américaine, le favori de la présidentielle s'est montré charmant, drôle, abordable, éloquent et bien informé. Il n'a pas été loin d'admettre que sa campagne d'homme modéré, "normal", voire bon père de famille, ne fonctionnerait sans doute pas dans un autre contexte que celui de 2012, ni contre un autre adversaire. "J'ai décidé de me présenter, a-t-il expliqué, parce que j'avais le sentiment qu'en ce moment, peut-être comme à aucun autre, je possède un ensemble de qualités que (...) l'électorat recherche et qui peut permettre à la France de réussir : la stabilité, la sérénité, le respect, la mesure". Reste qu'à trop vouloir plaire à tous, François Hollande pourrait finir par ennuyer aussi bien l'extrême gauche que l'électorat centriste dont il a besoin. Dans sa conversation avec la "presse anglo-saxonne"*, il a nuancé sa promesse d'être l'ennemi du monde de la finance. Le socialiste a déclaré vouloir des réformes raisonnables qui atténueraient les excès des banques et des fonds de spéculation.
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De son côté, Gabriel Hassan, dans une revue de presse sur 'Le Courrier International', écrit (extraits adaptés) : François Hollande, l'homme de la rupture ? Plusieurs éditorialistes et observateurs d'Europe et des Etats-Unis disent l'importance qu'aurait sa victoire à l'élection présidentielle à l'échelle européenne. Dans un contexte marqué par l'austérité, le candidat socialiste est devenu, à leurs yeux, le représentant d'une autre voie. Celui aussi qui pourrait faire basculer le jeu européen vers une politique plus équilibrée entre austérité et mesures de croissance. "La gauche européenne regarde vers Paris", titre le quotidien espagnol El País, qui écrit : "Un opéra unique s'est joué depuis le début de la décennie dans les théâtres politiques européens. Ténors et sopranos ont entonné vigoureusement le chant de l'austérité et de la flexibilité des marchés du travail. Les dirigeants progressistes ont presque tous accepté, sans tiquer, le diktat allemand sur la règle d'or du déficit. Mais la conjoncture politique semble offrir une opportunité à ceux qui souhaitent une autre musique. Tout le monde regarde vers Paris". "François Hollande, poursuit l'article, est le seul leader de poids qui se soit déclaré clairement contre le traité européen d'austérité négocié en janvier dernier. Hollande, qui est en tête des sondages, a affirmé que, s'il gagnait, il exigerait sa renégociation. Il a également plaidé pour la création d'eurobonds, regretté que l'accord n'inclue pas de dispositions plus explicites en faveur de la croissance et promis de plus lourds impôts pour les banques. Des vingt-sept pays de l'Union européenne, quatre seulement sont gouvernés par des sociaux-démocrates ; mais une victoire de Hollande pourrait ouvrir la voie à un retournement de tendance." Le cas échéant, le socialiste trouverait plusieurs alliés précieux : l'Italien Mario Monti et l'Américain Barack Obama, qui combattent eux aussi "la culture exclusive de l'orthodoxie fiscale", souligne le quotidien espagnol.
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Le même thème a été abordé par des observateurs, par exemple sur le site du think tank italien mRI (Meridiani-RelazioniInternazionali), qui affirme que "les heures de l'austerity sont comptées". L'auteur cite François Hollande comme promoteur d'une autre politique en Europe et voit aussi en Mario Monti un possible allié de circonstance. De fait, le lundi 20 février, douze pays européens, dont l'Espagne, l'Italie et la Grande-Bretagne, ont envoyé une lettre à la Commission européenne pour réclamer des politiques de croissance. Lettre que n'ont signée ni la France ni l'Allemagne. Côté américain, même analyse sur le site d'information économique Bloomberg: "Si François Hollande chasse Nicolas Sarkozy au printemps, la zone euro pourrait connaître une nouvelle période d'instabilité", écrit un observateur, pour qui "les élections françaises peuvent aussi être vues comme un référendum sur l'approche allemande de la monnaie unique européenne". Le quotidien britannique The Daily Telegraph explique quant à lui pourquoi une défaite de Nicolas Sarkozy devrait "terrifier David Cameron et réjouir Ed Miliband [chef de l'opposition]". "La Grande-Bretagne en train d'être étranglée par le même défaut de croissance [que la France]. (...) Si Hollande venait à l'emporter, ajoute l'auteur, l'orthodoxie politique qui place les coupes budgétaires avant tout le reste pourrait également être en lambeaux". Bien sûr, les éditorialistes ne se trompent pas sur les intentions de François Hollande. "De culture politique modérée, Hollande ne risque pas de brandir un quelconque drapeau rouge", écrit The Daily Telegraph. "Hollande ne cherchera pas beaucoup plus qu'un amendement au pacte d'austérité négocié par le Conseil européen en janvier dernier pour promouvoir la croissance", estime le Financial Times. "Cela dit, poursuit le quotidien économique, toute proposition propre à rendre les marchés nerveux sur l'Europe est malvenue". 
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