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lundi 4 avril 2011

Le printemps arabe est-il encore vierge ? - Par Michel Garroté

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La virginité du printemps arabe est encore et toujours proclamée par de nombreux politiciens et médias européens. Sur Internet, en revanche, on semble envisager, timidement, que cette virginité a peut-être vécu.
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Ainsi, Robi Ronza, le 2 avril 2011, sur http://labussolaquotidiana.it/, écrit (extraits adaptés et commentés par mes soins à partir de la version originale italienne et à partir d’une version française parue sur http://benoit-et-moi.fr/) : « Dans plusieurs déclarations et interviews, le vicaire apostolique de Tripoli, Mgr Martinelli, a dénoncé, les conséquences, pour la population civile, des bombardements de l'Occident sur la Libye, bombardements étrangement justifiés, par le désir, de protéger, cette même population civile. En Egypte, bien que la présence des chrétiens coptes parmi les manifestants descendus dans la rue contre Moubarak était évidente, l'Eglise copte en tant que telle ne s'est pas mobilisée. En Syrie, le patriarche grec-catholique, accorde des interviews, aux médias occidentaux, dans lesquelles il affirme, sa confiance, dans la capacité du président Bachar al-Assad, à donner, dans la continuité de son régime, la réponse appropriée, aux demandes de réformes venues de milliers de manifestants descendus dans les rues de toutes les grandes villes de la Syrie » (Note de Michel Garroté – Plus concrètement, pour avoir moi-même été en Syrie, je peux confirmer, ici, que le patriarche grec-catholique sait pertinemment, que la dictature alaouite laïque actuelle, reste, malgré tout, moins génocidaire envers les Chrétiens de Syrie, qu’un éventuel régime sunnite, qui lui, à coup sûr, poussera les Chrétiens de Syrie à choisir entre la valise ou le cercueil).
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« Cette attitude assumée par les patriarches et les évêques des Eglises arabes mérite d'être examinée attentivement. On sait que les régimes dictatoriaux nationalistes "laïques", qui sont maintenant en train de disparaître dans le monde arabe, avaient jusqu'ici permis une certaine égalité de traitement entre les musulmans et les non-musulmans » (Note de Michel Garroté – Premièrement, « égalité de traitement » me semble exagéré ; et, encore une fois, je préfère constater que les dictatures laïques, restent, malgré tout, moins génocidaires envers les Chrétiens d’Orient, que les régimes qui appliquent la charia. Deuxièmement, je préfère m’intéresser aux Juifs et aux Chrétiens en terre dite d’islam, qu’à l’ensemble des « non-musulmans ». En effet, les Kurdes par exemple, même si je les considère, parfois, comme des alliés tactiques et temporaires, ne m’inspirent pas trop de compassion, étant donné que lorsqu’ils se sentent en position de force, ils persécutent volontiers les Chrétiens).
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« Cela ne signifiait pas bien sûr que sous ces régimes (dictatoriaux laïcs) fleurissaient la liberté et les droits de l'homme. Cela signifiait toutefois que le peu de liberté accordée valait plus ou moins pour tous. Ayant pris la Nation comme base de la communauté politique, par cela même, celle-ci incluait également les non-musulmans. Il en irait autrement si, à la place arrivaient des régimes qui choisiraient comme base de l'Etat la communauté des croyants musulmans. Dans ce dernier cas, les non-musulmans deviendraient ipso facto des citoyens de deuxième catégorie. Il est donc compréhensible que les Eglises arabes ne soient pas enclines à applaudir des nouveaux venus uniquement parce qu'ils sont nouveaux. Pour mieux comprendre pourquoi tant de prudence, il convient de se libérer d'un lieu commun qui est peut-être vrai en Occident, mais rarement ailleurs : celui selon lequel les dictatures seraient, pour ainsi dire, des maladies d'un corps politique naturellement orienté vers la démocratie ; et donc le lieu commun selon lequel la chute des dictatures tend presque automatiquement à la liberté. Ce n'est certainement pas le cas avec le monde arabe, où jusqu’à présent, habituellement, à des régimes autoritaires, ont succédé d'autres pas meilleurs, et parfois même pires que ceux qui les ont précédés » (Note de Michel Garroté – Premièrement, en cas de régime basé sur la charia, le problème n’est pas que « les non-musulmans deviendraient ipso facto des citoyens de deuxième catégorie » ; le problème, en cas de régime basé sur la charia, c’est que dans le climat actuel en terre dite d’islam, les Chrétiens d’Orient, seront victimes de purification confessionnelle, et non pas, simplement, réduits au rang de citoyens de deuxième catégorie. Deuxièmement, le lieu commun occidental décrit par l’auteur, lieu commun occidental selon lequel les « insurgés » veulent la démocratie et la liberté, ce lieu commun ne justifie en rien, l’attitude de nombreux politiciens et journalistes européens, attitude qui consiste à faire l’autruche sur l’identité et la nature des « insurgés ». Troisièmement, les révoltes et les révolutions occidentales, elles non plus, n’ont pas toujours apporté la démocratie et la liberté, mais ça c’est encore une autre histoire).
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« En ce sens, pour en venir au cas de la Libye, en ce qui concerne la culture politique, les insurgés de la Cyrénaïque ne sont certes pas plus "libéraux" que Kadhafi, loin de là. La vraie nouveauté ayant émergé de ce cycle de révoltes contre les gouvernements au pouvoir est plutôt l'apparition sur la scène - en particulier en Egypte, en Tunisie et en Syrie, beaucoup moins en Libye - de masses de jeunes, beaucoup plus acculturés que ceux qui les avaient précédés, qui ne rêvent pas de révolution mais plutôt d'une modernisation raisonnable et exempte de corruption » (Note de Michel Garroté – Cette remarque de l’auteur mérite réflexion. Peut-on affirmer qu’en terre dite d’islam, les jeunes sont, à la fois, plus acculturés, moins rêveurs de révolution et plus désireux d'une modernisation raisonnable et exempte de corruption ? Pour ce qui me concerne, je persiste à croire que ces jeunes, sont déjà et seront encore, persécutés par les « insurgés », qui utilisent et qui utiliseront, l’étape - libre et démocratique - provisoire, pour instaurer la charia).
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« Au lieu de précipiter les crises par une intervention militaire, il faudrait plutôt encourager dans le monde arabe le développement de toutes ces conditions qui peuvent faciliter la croissance du rôle de ces masses de jeunes. Autrement dit, soutenir des processus de transition non catastrophiques, comme cela semble être le cas, heureusement, en Tunisie et en Egypte. Et en Libye, s'engager à un cessez-le-feu, puis à une ouverture générale des négociations sans conditions préalables. Dans cette perspective, l'attitude des Eglises arabes mérite non seulement d'être respectée, mais même soutenue » (Note de Michel Garroté – L’auteur a publié son analyse, il y a deux jours. Néanmoins, son analyse semble - déjà - contredite par les faits. Le « rôle » des « masses de jeunes » est déjà caduc en Tunisie et en Egypte. Et en Libye, je ne vois ni « cessez-le-feu », ni « négociations sans conditions préalables ». Quant à l’idée selon laquelle « l'attitude des Eglises arabes mérite non seulement d'être respectée, mais même soutenue », cette idée reviendrait à soutenir, disons-le franchement, le clergé chrétien oriental. Or, ce clergé chrétien oriental n’a cessé, pour se protéger, de se soumettre à l’Organisation de la Conférence Islamique, pendant que les chrétiens orientaux laïcs, eux, continuaient d’être persécutés toujours d’avantage. D’ailleurs, les chrétiens orientaux laïcs, ont récemment fait savoir, qu’ils en ont assez de résister passivement ; et qu’ils pourraient résister activement, sans l’appui du clergé chrétien oriental ; c’est sur cet aspect que j’aurais aimé voir avancer le travail des idées…).
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Michel Garroté
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