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Introduction de Michel Garroté – J’appelle cela « diaboline », c'est-à-dire, l’inversion du bien et du mal. Le bien passe ainsi pour un mal. Et le mal passe donc, de ce même fait, pour un bien. Il s’agit-là d’une réalité anthropologique, selon laquelle, le bon sens au service du bien commun, cède le pas, au mensonge. En ce qui concerne Israël – où je me trouve maintenant depuis trois semaines – « diaboline » prend des proportions effrayantes. Ces vingt derniers jours, une famille israélienne, dont un bébé de trois mois, a été égorgée par des palestiniens dans le village d’Itamar. Plus de cinquante obus ont été tirés par des palestiniens sur des villes du sud d’Israël. Des bombes incendiaires ont été lancées par des palestiniens sur des voitures israéliennes. Et, hier, un acte terroriste, perpétré par des palestiniens, dans un quartier juif de Jérusalem a tué une personne et blessé cinquante personnes, dont plusieurs très grièvement. Voilà le bilan de ces vingt derniers jours. Mais au nom de « diaboline », il n’y a pas eu, ces trois dernières semaines, de victimes juives en Israël. Car au nom de « diaboline », ces victimes juives sont « coupables ». Selon diaboline, elles sont « coupables » d’être israéliennes. Selon diaboline, elles sont « coupables » d’être juives. Selon diaboline, elles sont « coupables » d’exister. Selon diaboline, Hadas, bébé de trois mois égorgé il y a quinze jours était donc coupable d’être juif, coupable d’être israélien et coupable d’exister. A ce propos, Caroline Glick a écrit un article – intitulé « Trois enfants juifs » – article que je publie ci-dessous.
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« Trois enfants juifs », par Caroline Glick.
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Traduction française de Patrick Dubreuil Reynolds.
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Extraits introduits, sélectionnés et adaptés par Michel Garroté
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Ruth Fogel se trouvait dans la salle de bains quand des terroristes palestiniens se jetèrent sur son mari Udi et sur Hadas, leur fille de trois mois, leur coupant la gorge alors qu'ils étaient au lit vendredi soir à leur domicile d'Itamar. Les terroristes ont poignardé Ruth à mort alors qu'elle sortait de la salle de bain. Une fois les parents et le bébé tués, ils se tournèrent vers les autres enfants, se déplaçant vers une chambre où dormaient Yoav (11 ans) et Elad (4 ans), les fils d'Udi. Ils les poignardèrent en plein cœur et leur tranchèrent la gorge. Les meurtriers ont apparemment raté une dernière chambre où les autres fils Fogel - Ro'i, 8 ans et Yishai, 2 ans, - étaient endormis puisqu'ils leur ont laissé la vie sauve. Les garçons ont été retrouvés par leur grande sœur Tamar, 12 ans, alors qu'elle rentrait à la maison en revenant de chez une amie après que sa famille eut été massacrée. Tamar a trouvé Yishai debout près des cadavres de ses parents, criant pour qu'ils se réveillent. Dimanche, lors de l'eulogie aux funérailles familiales, l'ancien chef rabbinique Yisrael Meir Lau a dit à Tamar que son devoir état maintenant d'être la maman de ses frères toujours en vie.
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Fait rare, le bureau du Premier ministre a publié des photos des corps ensanglantés des membres de la famille Fogel. On peut les voir tels qu'ils ont été trouvés par les forces de sécurité. Il y a Hadas, morte sur le lit de ses parents aux côtés de son père Udi, mort lui aussi. Il y a Elad, étendu sur un petit tapis, bas aux pieds. Ses petits poings serrés. Que pouvait faire un enfant de quatre ans face à deux hommes armés? Il a serré les poings. Comme son grand frère. Peut-être le Bureau du Premier ministre pensait-il que les photos enverraient une onde de choc à travers le monde. Peut-être Benjamin Netanyahu pensait-il que le massacre de trois petits enfants entraînerait certains à réévaluer leur haine d'Israël. C'était le thème principal de son discours à la nation samedi soir. Netanyahu s'adressa principalement à un monde hostile. Il a parlé aux leaders qui s'empressent de condamner Israël au Conseil de sécurité de l'ONU à chaque fois que nous affirmons notre droit à cette terre en permettant aux Juifs d'y construire des habitations.
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Il leur a demandé de condamner le meurtre d'enfants juifs avec le même empressement et à la même vitesse. Il n'aurait même pas dû essayer. Le gouvernement a publié les photos samedi soir. Quelques heures plus tard, le site de réseau social "My Israël" a mis en ligne une courte vidéo sur You Tube dans laquelle on retrouvait les photos ainsi que les noms et l'âge des victimes. Deux heures plus tard, You Tube a supprimé la vidéo.
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À quoi Netanyahu a-t-il pensé ? Ne lui a-t-on pas dit que des photos d'enfants juifs tués étaient inacceptables ? Si elles étaient publiées, quelqu'un pourrait se mettre à réfléchir sur la nature de la société palestinienne. Quelqu'un pourrait réaliser que la propagande anti-juive est si omniprésente et meurtrière que tuer les enfants Fogel a été perçu comme un acte d'héroïsme au sein de l'Autorité palestinienne. Les tueurs de bébés savaient qu'en abattant Udi, Ruth, Hadas, Yoav et Elad, ils feraient leur entrée au panthéon des héros palestiniens. Ils peuvent s'attendre à voir un stade ou une école de Ramallah ou Hébron construit pour eux par l'Autorité palestinienne, aux frais des contribuables américains et européens. En effet, le meurtre des enfants Fogel a été accueilli avec jubilation à Gaza. Carnavals dans les rues et distribution de friandises par le Hamas étaient au rendez-vous.
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Les dirigeants de You Tube ne veulent pas être tenus pour responsables (ndmg - en diffusant la vidéo du massacre des enfants juifs) si quelqu'un remarque que la haine génocidaire des juifs définit la société palestinienne en particulier et le monde arabe en général. Mais ils n'ont aucune raison de s'en faire. Même s'ils avaient permis que la vidéo soit disponible pendant plus d'une heure, rien n’aurait changé.
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Car les peuples d'Europe, comme un nombre grandissant d'Américains, n'ont aucun intérêt à entendre et à voir quoi que ce soit, montrant les Juifs sous un angle positif ou simplement, comme des gens normaux. Ce n'est pas que les grands intellectuels cultivés d'Europe et d'Amérique partagent la haine génocidaire des Palestiniens à l'égard des Juifs. Ils connaissent leur place au sein de l'antisémitisme contemporain. Le travail des intellectuels de la haute-société occidentale est de haïr les Juifs comme dans le bon vieux temps, comme leurs arrières-grand-parents les haïssaient au début du 20e siècle, avant qu'Hitler ne donne mauvaise réputation à la haine du Juif. Tout a été dit sur l'éruption de bile antisémite provenant des classes jacassantes. Avec Mel Gibson, Julian Assange, Helen Thomas, Charlie Sheen et John Galliano, il semble qu'il n'y ait guère un jour qui passe sans qu'une nouvelle célébrité ne s'affiche en tant que haïsseur de Juifs.
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Il y a une décennie, les révélations selon lesquelles l'ambassadeur français en Grande-Bretagne Daniel Bernard avait qualifié Israël de "petit pays merdique" avaient fait grand bruit. Maintenant, c'est la norme. Tout le monde et n'importe qui peut comparer Israël à l'Allemagne nazie sans même se rendre compte que ce n'est rien de moins que du négationnisme. Le rempart post-Holocauste retenant l'antisémitisme a été brisé en 2002 (ndmg – lors de la 2e « intifada »). Alors que des enfants et des parents juifs comme les Fogel se faisaient tuer dans leurs lits, dans les rues, dans des discothèques, cafés et supermarchés partout en Israël, les antisémites mondains se réjouissaient de pouvoir à nouveau haïr les Juifs en public. En tant que « Juif collectif », Israël a été accusé de tout les maux du monde; du génocide à l'infanticide, sans oublier la pure méchanceté. Les leaders israéliens ont pris les traits de Fagon, Shylock, Ponce Pilate et Hitler dans les caricatures faisant la une des journaux européens. Les soldats de Tsahal ont été comparés à des nazis et les familles israéliennes déshumanisées. N'étant plus des civils ayant un droit inaliénable à la vie, les innocents israéliens ont été fustigés sur les campus universitaires des États-Unis et d'Europe, accusés d'être des "sionistes extrémistes" ou des "colons" méritant ni plus ni moins que de se faire tuer.
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Des professeurs dont les travaux "académiques" incluaient la publication de versions postmodernes javellisées de la propagande anti-juive palestinienne se sont vus offrir la permanence et ont été récompensés par de lucratifs contrats d'édition. Aujourd'hui, lorsqu'on manœuvre habilement, la haine des Juifs devient même une carrière. Prenez le monologue antisémite de 1300 mots de la dramaturge Caryl Churchill, monologue de 1300 mots intitulé "Seven Jewish Children" ("Sept enfants juifs"). Suite à ses efforts, Caryl Churchill est devenue une célébrité internationale. Le Royal Court Theater a produit son théâtre d'intervention anti-juif. Le Guardian l'a mis en ligne sur son site Internet. Lorsque des groupes juifs ont demandé au Guardian de retirer le crime rituel de son site web, le journal a refusé. Il a choisi de laisser la propagande antisémite sur sa page d'accueil, mais dans un geste d'ouverture, il a organisé un débat cherchant à savoir si, oui ou non, "Seven Jewish Children" était une pièce antisémite. Depuis Londres, "Seven Jewish Children" est parti en tournée en Europe continentale et aux États-Unis. Dans un élan de tolérance envers la dissidence, des communautés juives ont accueilli des représentations de cette pièce montrant des parents juifs monstrueux entraînant leurs enfants à devenir des meurtriers de masse. Le succès de "Seven Jewish Children" a connu son équivalent turc avec le film "Valley of the Wolves-Palestine" (La vallée des loups-Palestine), dont la première représentation a eu lieu le 28 janvier, Journée internationale en mémoire de l'Holocauste. Le héro du film est un James Bond turc qui se rend en Israël pour venger ses frères, lesquels ont été tués par Tsahal à bord du bateau de la terreur turco-Hamas Mavi Marmara en mai dernier. Sans aucun doute, grâce au succès de "Seven Jewish Children" et "Valley of the Wolves-Palestine", l'art antisémite est un secteur en pleine croissance en Europe.
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La Grande-Bretagne a encore frappé le mois dernier. La chaine télévisée Channel 4 a produit un nouveau brûlot antisémite - une minisérie en quatre parties diffusée à heure de grande écoute - intitulée "The Promise" (La Promesse). La série est présentée comme un drame historique sur Israël et sur les Palestiniens, mais sa relation avec la vérité ne dépasse guère le stade des costumes. Dans ce qui est devenu une mode au sein des salons libéralo-gauchistes européens et internationaux, les seuls bons Juifs de la série sont ceux qui sont morts lors de l'Holocauste. Selon cette série, chaque Juif ayant pris les armes pour libérer Israël des Britanniques et défendre Israël contre les Arabes était un nazi.
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Tout ce que cela indique, c’est que Netanyahu a perdu son temps en appelant les leaders mondiaux à condamner le meurtre de la famille Fogel. Que signifie une condamnation ? La France et la Grande-Bretagne ont condamné le massacre, tout comme les États-Unis. Est-ce que cela disculpe les Français et les Britanniques d'accepter l'antisémitisme ? Est-ce que cela fait d'eux des amis de l'État hébreu ?
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Aucun dramaturge britannique n'écrira une pièce intitulée "Three Jewish Children" (Trois enfants juifs) à propos des parents palestiniens qui - et c’est pourtant la triste réalité - enseignent à leurs enfants comment devenir des tueurs de Juifs en série. Et si un dramaturge écrivait une telle pièce, le Royal Court Theater ne la produirait pas. Le Guardian ne la publierait pas sur son site web. Les centres communautaires juifs de gauche ne la présenteraient pas, les organisations étudiantes universitaires en Europe et en Amérique ne la présenteraient pas non plus. Il n'y aurait pas de marché pour quiconque utiliserait les photographies - des corps mutilés de Yoav et d'Elad avec leurs petits poings serrés - comme inspiration, pour écrire une pièce de théâtre ou un film, à propos du fait que les palestiniens n'ont aucune identité nationale, en dehors de leur volonté d’anéantir l'État hébreu.
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Le titre des dépêches décrivant les attaques (ndmg – le massacre de la famille Fogel) le démontre. De la BBC à CNN, les Fogel n'ont pas été dépeints comme des Israéliens. Ils n'étaient qu'une "famille de colons". Leurs bourreaux, des "terroristes présumés". En ce qui concerne les faiseurs d'opinion d'Europe et d'une grande partie de l'Amérique, les Yoav, Hadas et Elad d'Israël n'ont pas le droit de vivre s'ils habitent dans une "colonie". Les faiseurs d'opinion pensent aussi que les palestiniens ont le droit de tuer les Israéliens qui servent dans l'armée, ces Israéliens qui considèrent que les Juifs devraient avoir le droit de vivre librement où ils veulent sur cette terre qui leur appartient.
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Aussi longtemps que ces courtois détesteurs de Juifs n’apprendront pas à penser autrement, Israël ne devrait pas se soucier de leur condamnation des actes génocidaires perpétrés par des palestiniens. Israël ne devrait pas se soucier d'eux du tout. – Copyright Caroline Glick.
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Correspondance de Michel Garroté à Tel Aviv
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