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jeudi 10 février 2011

A propos du choc des civilisations - Par Michel Garroté

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Depuis l’échec d’un Etat libanais à forte composante chrétienne en 1975, les Chrétiens d’Orient persécutés en terre d’islam n’avaient plus de pays vers lequel envisager une migration ; ou au moins un transfert de leur patriarcat. Pour les Juifs d’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen Orient, la meilleure façon de fuir la persécution en terre d’islam a été - et reste - la migration vers Israël. Et pour les Chrétiens d’Orient ? Trente-six années après le déclin chrétien libanais de 1975, donc en 2011, un Etat à forte composante chrétienne est en train de naître : le Sud-Soudan. Sera-t-il un pays d’accueil pour les Chrétiens d’Orient et d’Afrique ? Entretiendra-t-il de bonnes relations avec Israël ? La question semble désormais ouverte.
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Ainsi, Oren Kessler (cf. source en bas de page) écrit (extraits) : « Officiels et experts commencent à analyser les conséquences de la sécession opérée par le Sud-Soudan. Lundi, le décompte final du référendum a montré que 98 % des votants se prononçaient en faveur d'une séparation d'avec le Nord. Depuis des décennies, le régime de Khartoum est accusé de discrimination systématique contre le Sud. Selon le Dr. Irit Back, expert de l'Afrique de l'Est à l'Université de Tel-Aviv, la probabilité que l'Etat naissant établisse des relations avec Israël est "très bonne". Selon elle, le Sud-Soudan peut servir Israël en tant qu'allié non-arabe juste en dehors du Moyen-Orient ».
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Oren Kessler : « Ce serait une sorte de retour à la "doctrine périphérique" de David Ben-Gourion : tisser des liens avec des pays non-Arabes, comme la Turquie (ndmg – celle d’avant l’islamiste Erdogan) ou l'Iran du Shah (ndmg – dictateur, certes, mais moins exterminateur que les mollahs). En octobre, le ministre de l'Information du Sud-Soudan, Barnaba Marial Benjamin, l'avait indiqué : un Sud indépendant établirait "des relations avec tous les pays du monde et ne sera l'ennemi de personne. Il y a des relations entre des pays arabes et Israël, alors pourquoi pas nous ?" Le même mois, le président du Sud-Soudan Salva Kiir Mayardit déclarait qu'Israël "était uniquement l'ennemi des Palestiniens, pas un ennemi du Sud" (ndmg – du Sud-Soudan) ».
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Oren Kessler : « Cependant, en décembre, le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat a affirmé que Kiir était revenu sur ses déclarations. Lors d'une rencontre avec le Secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, on rapporte que Kiir aurait nié que son administration avait des liens avec Israël, et déclaré que son gouvernement "comprenait la sensibilité de la question" pour les pays arabes. Il répondait aux allégations d'un envoyé de la Ligue Arabe à Khartoum, selon lesquelles Israël et des lobbyistes pro-israéliens aux Etats-Unis intervenaient dans les affaires soudanaises pour aider la sécession (ndmg – toutes ces allégations ne signifient aucunement que Salva Kiir Mayardit renonce à établir des relations diplomatiques avec Israël) ».
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Oren Kessler : « Israël et les rebelles du Sud-Soudan ont coopéré durant les années 60 et 70. En 1967, les rebelles ont offert leur aide pour empêcher l'armée soudanaise de prendre part à la Guerre des Six-Jours. Ils ont été récompensés par des armes arabes saisies (ndmg – par Israël) lors du conflit, pour être utilisées dans leur propre lutte contre Khartoum. Question importante : quel avenir pour les milliers d'immigrants soudanais en Israël ? L'Autorité des Populations et de l'Immigration (ndmg – d’Israël) a publié un rapport il y a un mois : un quart des 31’000 migrants illégaux du pays sont soudanais, une majorité du sud. Les experts ont prévenu qu'Israël devait faire attention de ne pas renvoyer les immigrants avant de s'assurer que le Sud-Soudan soit stable. Deux grandes guerres civiles ont eu lieu au Soudan : entre 1955 et 1972, puis entre 1983 et 2005. Elles ont fait 2 millions de victimes et 4 millions de déplacés » (Fin des extraits de l’article d’Oren Kessler).
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Mais l’avenir des Chrétiens et des Juifs n’est pas compromis en terre d’islam uniquement. L’avenir des Chrétiens et des Juifs est également compromis en Europe. Avec, certes, des nuances d’un pays à l’autre. La montée de l’islamisme radical semble irréversible en France et en Belgique. Pour la France, on peut même affirmer que, sauf événement déconcertant et inattendu, la situation va dégénérer en guerre civile. En revanche, un début de résistance civile à l’islamisme radical se dessine au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse. Le phénomène n’a pas échappé à certains analystes.
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Ainsi, Daniel Pipes (cf. source en bas de page) écrit (extraits) : « Etant peut-être le seul de mon acabit dans le cénacle qui centre son attention sur la menace islamiste en Europe, je suis heureux ces jours-ci. C'est parce que je vois la réaction anti-islamiste croître encore plus vite que la menace islamiste elle-même. Le discours plein de passion du Premier ministre britannique David Cameron, le 5 février, dans lequel il s'est intelligemment concentré sur ce qu'il a appelé la "tolérance de non intervention" pour "l'extrémisme islamiste", y compris ses formes non-violentes, correspond exactement à ce modèle. De la même façon, la chancelière allemande Angela Merkel, en octobre dernier, a jugé que le multiculturalisme avait "complètement échoué". Un référendum en Suisse sur les minarets a exprimé les préoccupations de la population de ce pays et le vote à travers le continent a montré que ces sentiments étaient largement partagés » (ndmg – suite aux vote suisse, des sondages dans divers pays européens ont révélé le même refus des minarets et de ce qu’ils symbolisent).
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Daniel Pipes : « La montée de partis politiques respectables principalement centrés sur les questions englobant l'islam, avec, au premier plan, le parti de Geert Wilders "Parti pour la liberté" (PVV [Partij Voor de Vrijheid]) aux Pays-Bas, est, peut-être, le signe le plus encourageant, contraignant les partis traditionnels comme les conservateurs britanniques à leur prêter attention. Je suis en désaccord avec de nombreux détails de ces initiatives par exemple Anthony Daniels souligne à juste titre une partie de ce que Cameron a négligé dans son discours mais ceux-ci sont secondaires. Qu'au fil du temps, les individus et les organisations soient en train de trouver leur style et fassent l'apprentissage de la stratégie et de la tactique pour repousser l'islamisme, cela donne à l'Europe un espoir civilisationnel » (Fin des extraits de l’article de Daniel Pipes).
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Je note que d’une part, la création d’un Etat du Sud-Soudan à forte composante chrétienne ; et d’autre part, le début d’une résistance civile à l’islamisme radical au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse, relancent, par la force des choses, le débat sur le « choc des civilisations ». Pour ce qui me concerne, le concept de « choc des civilisations » ne colle pas à la réalité. Car ce concept prétend créer deux camps qui – selon moi – n’existent pas : le camp de la civilisation occidentale et le camp de la civilisation mahométane.
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Ainsi par exemple, Robert Fisk, journaliste du quotidien britannique ‘The Independent’, avec son livre intitulé « La grande guerre pour la civilisation », a participé à la création de ce concept virtuel du « choc des civilisations ». Or, ce concept est faux, car il part d’une hypothèse passéiste et machiavélique, selon laquelle, tout ce qui se déroule au Moyen Orient serait dû quasi-exclusivement à la période coloniale et post-coloniale. Il y aurait donc, paraît-il, d’une part, une civilisation occidentale post-coloniale ; et d’autre part, une civilisation mahométane.
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Je prends un exemple. Bush aurait fait envahir l’Irak pour s’approprier son pétrole. Or, en 2011, la quasi-totalité du pétrole irakien est vendu à des sociétés qui ne sont pas américaines. Pour revenir au « choc des civilisations » proprement dit, « choc » entre la civilisation occidentale post-coloniale et la civilisation mahométane, je trouve un peu sommaire de décrypter, au 21e siècle, le Maghreb, le Proche et le Moyen Orient, sur la base de ce que fut la période coloniale au 19e siècle et durant la première moitié du 20e siècle.
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Car il n’y a plus, au 21e siècle, de civilisation occidentale post-coloniale. Il n’y plus de civilisation occidentale du tout. Il n’y a qu’une société plus ou moins libre et laïque qui rejette sa propre culture judéo-chrétienne et qui cultive la haine de soi. Je n’appelle pas cela une civilisation. Quant à l’islam, je ne vois pas à quel titre il mériterait le nom de « civilisation », lui qui répand, depuis quatorze siècles, essentiellement par la force conquérante et par la migration de peuplement, une idéologie religieuse obscurantiste, de nature coloniale et absolutiste.
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Michel Garroté
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Sources :
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