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Note préliminaire – De passage à Paris, le nouveau président colombien, Juan Manuel Santos, a accordé une interview au Figaro. Je précise que c’est Le Figaro, car à lire les questions posées, on pourrait croire qu’il s’agit du quotidien parisien de gauche Le Monde. Mes commentaires personnels figurent entre parenthèses.
Michel Garroté
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LE FIGARO. - L'affaire Ingrid Betancourt a suscité des tensions entre Paris et Bogota. Les relations sont-elles normalisées?
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Juan Manuel SANTOS.- Les malentendus qui ont pu exister entre nos deux pays pendant la détention d'Ingrid Betancourt ont immédiatement disparu après l'opération qui a permis sa libération. Historiquement, les relations entre la France et la Colombie ont toujours été intenses. Mon grand-oncle a étudié ici (ndmg – à Paris), il a été accueilli quand il a été victime de la censure en Colombie. Mon père aussi a vécu à Paris. Nous devons aujourd'hui renforcer cette relation dans tous les domaines. En matière de défense, nous souhaitons que la France soit le partenaire du développement de notre industrie. Avec la France, nous voulons renforcer notre coopération économique et universitaire. Une maison de la Colombie va ouvrir à la Cité universitaire internationale de Paris. Nous voulons aussi partager notre expérience dans la lutte contre les drogues, le narcotrafic, les cartels et le crime organisé, expérience qui a réussi mais qui a eu un coût très élevé pour notre pays. Nous voulons partager cette expérience avec la France comme avec les autres pays, notamment nos voisins. C'est une nécessité, car notre réussite en la matière a eu l'effet de repousser les activités délictueuses vers des pays d'Amérique centrale et des Caraïbes. Nous coopérons de plus en plus avec ces pays et aussi avec les pays africains qui sont devenus des points de passage du trafic vers l'Europe (Note de Michel Garroté : l'affaire Ingrid Betancourt a suscité des tensions entre Paris et Bogota parce que Sarkozy l’excité, au lieu de rester à sa place, a tenté d’obtenir la libération d’Ingrid Betancourt via le despote allumé du bocal vénézuélien Hugo Chavez. Alors que l’armée colombienne préparait la libération d’Ingrid Betancourt avec l’assistance technique d’une société privée israélienne…).
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LE FIGARO. - Que peut faire l'Europe pour mieux lutter contre le narcotrafic ?
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Juan Manuel SANTOS.- L'Europe doit faire plus pour diminuer la consommation dans les pays du Vieux Continent. Elle doit coopérer davantage sur le reste de la chaîne du trafic de drogue, par exemple à travers une aide plus importante aux politiques de substitution de cultures, une collaboration plus efficace dans la lutte contre le blanchiment d'argent. La collaboration sur ce sujet est très insuffisante de la part du système financier international. Nous attendons un appui de la France, qui préside le G20 (Note de Michel Garroté : le président Santos sera très déçu lorsqu’il s’apercevra que pour le prochain sommet du G20, Sarkozy a élaboré des idées de gauche qui font déjà pâlir de jalousie les énergumènes du Parti socialiste français).
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LE FIGARO. - La Colombie est présentée comme un partenaire privilégié des États-Unis. Pourtant, un important accord militaire avec Washington vient d'être annulé par la Cour constitutionnelle colombienne et vous attendez depuis plusieurs années la conclusion d'un accord de libre-échange.
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Juan Manuel SANTOS.- L'accord de libre-échange avec les États-Unis est bloqué pour des raisons de politique interne dans ce pays. C'est un problème entre républicains et démocrates. Je pense que nous pourrons sortir de ces difficultés au cours de cette année 2011. L'accord militaire avec les États-Unis (« qui permettait l'utilisation de sept bases colombiennes par l'armée américaine », allègue Le Figaro) a provoqué une tempête dans un verre d'eau. Il n'existe plus et nous allons continuer notre coopération avec les Américains en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme et le narcotrafic. Il y a eu des erreurs dans la présentation de cet accord qui ont provoqué des réactions fortes en Amérique latine. Mais notre coopération avec Washington va continuer (Note de Michel Garroté : Le Figaro doit être déçu ; la Colombie va continuer sa coopération avec les USA dans la lutte contre le narco-terrorisme farciste).
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LE FIGARO. - Depuis votre investiture en août dernier, il semble que les relations avec Caracas ont connu une embellie inespérée ?
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Juan Manuel SANTOS.- Nous abordons ce sujet avec bon sens. Avec Hugo Chavez, nous avons des visions très différentes sur la démocratie, les libertés, mais les deux pays ont une frontière commune de plus de 2000 kilomètres et donc une interdépendance très importante. Si nous respectons nos différences, nous devons avoir des relations cordiales et constructives. Parce que, lorsque les gouvernements s'affrontent, ce sont les peuples qui souffrent. Nos relations reposent sur le respect mutuel et l'acceptation de nos différences. Notre rapprochement avec le Venezuela ne signifie nullement un éloignement par rapport aux États-Unis. Tout au contraire. L'amélioration de nos relations avec Caracas satisfait beaucoup Washington. Les Américains me l'ont dit. Car ils préfèrent une région où les pays ont de bonnes relations entre eux (Note de Michel Garroté : le Figaro s’exprime comme si la nouvelle lune de miel avec le caudillo vénézuélien était un miracle ; les relations de la Colombie avec d’autres pays latino-américains que le Venezuela ne semble pas intéresser le Figaro).
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LE FIGARO. - Le chef de la rébellion des Farc a déclaré que la loi de restitution des terres en discussion au Parlement colombien ouvrait la voie à des négociations de paix.
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Juan Manuel SANTOS.- Je ne crois pas à la parole de la guérilla tant qu'elle ne démontre pas sa volonté de paix par des actes. Ils nous ont menti trop souvent. Mais s'il y a des preuves évidentes de leur volonté d'arriver à un accord, s'ils abandonnent leur comportement terroriste, nous ne sommes pas fermés à des négociations de paix. Il faut qu'ils passent de la parole aux actes. Par exemple en libérant tous les otages (Note de Michel Garroté : le Figaro ne semble pas troublé par le fait que les narco-terroristes des Farc sont des criminels de guerre).
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LE FIGARO. - Vous aviez une image de faucon au ministère de la Défense. Aujourd'hui, vous passez pour un modéré. Avez-vous changé ?
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Juan Manuel SANTOS.- Sur la sécurité, il faut être très dur. C'est un sujet qui n'est pas politique. Que l'on soit de droite ou de gauche, la sécurité est la condition première pour vivre ensemble. J'ai toujours dit que j'étais quelqu'un de l'extrême centre. Je suis partisan de la troisième voie, qui me paraît le bon chemin pour l'Amérique latine (Fin de l’interview).
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Note conclusive de Michel Garroté : selon le Figaro, Santos était un « faucon » avant de devenir un « modéré ». Un faucon à l’israélienne ? Il est navrant que cette interview, avec un ami du monde libre, se soit limitée, à des questions aussi banales. Alors qu’il y a tant de choses intéressantes à dire sur l’Amérique latine…
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Michel Garroté
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