-
-
-
-
Les nouveaux KaGéBistes
-
Par Michel Garroté
-
Vendredi 15 octobre 2010 – 7 Heshvan 5771
-
Deux journalistes russes, Andreï Soldatov et Irina Borogan viennent de publier, en anglais, ‘La Nouvelle Aristocratie’ (The New Nobility : The Restoration of Russia's Security State and the Enduring Legacy of the KGB). Leur livre relate le mode opératoire du FSB, héritier du KGB. Andrei Soldatov et Irina Borogan sont co-fondateurs du Site Internet Agentura.Ru. Andreï Soldatov a travaillé pour la Novaya Gazeta de 2006 à 2008.
-
Les reportages de Agentura.Ru ont été – et sont encore – repris dans le New York Times, le Moscow Times, le Washington Post, Online Journalism Review, Le Monde, le Christian Science Monitor, la chaîne télévisée américaine CNN et la chaîne radio-télévisée britannique BBC.
-
Michael Stott, avec Bertrand Boucey et Gilles Trequesser, pour l’agence de presse britannique Reuters, nous présentent ce livre sur le FSB russe. Sur le FSB tel qu’il est, c’est à dire le FSB issu de l’ex-KBG. Et non pas le FSB soi-disant « réformé », tel qu’on se l’imagine.
-
-
Voici les propos recueillis par Reuters auprès des deux auteurs du livre, Andreï Soldatov et Irina Borogan : « Longtemps redoutés en Russie comme à l'étranger, les services secrets russes ont beaucoup changé depuis l'époque soviétique : ils sont bien pires. Telle est la thèse défendue par deux jeunes journalistes russes, Andreï Soldatov et Irina Borogan, qui viennent de publier un livre sur le FSB, les Services fédéraux de sécurité issus du KGB soviétique ».
-
Reuters précise : « ‘Le KGB était une organisation très puissante mais il était strictement contrôlé par le Parti communiste’, rappelle Andreï Soldatov dans une interview accordée à Reuters à Londres, où les deux auteurs sont venus faire la promotion de leur ouvrage. ‘Avec le FSB, il n'y a plus de contrôle du parti et il n'y a pas de contrôle parlementaire (...) nous avons désormais des services secrets qui échappent à tout contrôle’, a-t-il ajouté. ‘Cette absence de responsabilité et les méthodes de plus en plus brutales qu'ils utilisent font que les services russes ressemblent davantage aux moukhabarat, les polices spéciales du monde arabe, qu'aux anciennes agences soviétiques’, ajoute Irina Borogan ».
-
Reuters ajoute : « L'ouvrage s'intitule ‘La Nouvelle Aristocratie’. Ce titre est tiré d'une expression employée par Nikolaï Patrouchev, ancien patron du FSB, dans un discours prononcé à la fin de l'année 1999 dans lequel il se réjouissait de la puissance retrouvée du FSB dans le sillage de Vladimir Poutine, ancien espion alors sur le point d'accéder à la présidence du pays. Pour les auteurs, l'actuelle classe dirigeante du FSB ressemble à bien des égards à l'aristocratie russe de l'époque tsariste. Les gradés du FSB mènent un train de vie somptueux financé par des revenus tirés de leur position privilégiée, ce qui contraste vivement avec l'austérité des responsables des services secrets soviétiques, dont les avantages disparaissaient dès qu'ils quittaient leurs fonctions ».
-
Reuters enchaîne : « ‘Les membres des nouveaux services de sécurité russes sont bien plus que de simples serviteurs de l'Etat’, écrivent les deux journalistes. ‘Ce sont des propriétaires fonciers et des acteurs influents’. Dans leur ouvrage, qui n'a pas été publié en Russie ni même évoqué dans les médias russes, ils rappellent comment une quarantaine d'hectares de terrain situés dans l'un des secteurs les plus chers de Moscou ont été légalement remis contre une bouchée de pain en 2003-2004 à des agents de haut rang du FSB pour services rendus ».
-
Reuters poursuit : « ‘Certaines parcelles ont ensuite été revendues pour plusieurs dizaines de millions de dollars. Les agents du FSB et leurs homologues du SVR, le renseignement extérieur, sont de plus en plus utilisés pour défendre les intérêts économiques des oligarques russes’, affirme Andreï Soldatov. Car en dépit de la richesse et de la puissance des services secrets, les auteurs pensent que le vrai pouvoir en Russie est entre les mains de ces hommes d'affaires ».
-
Reuters conclut : « Les agents des services secrets ne sont ‘absolument pas des dirigeants’, juge Irina Borogan. ‘Ils n'ont pas de vision propre du système politique et économique en Russie’, dit-elle. Malgré ses promesses de modernisation de la Russie, le président Dmitri Medvedev ne va probablement rien changer au fonctionnement des services secrets, avancent les auteurs. ‘Nous pensons que ce système créé par Poutine lui convient assez car il est assez stable et que lui-même ne voit guère l'intérêt (de le réformer)’, conclut Alexeï Soldatov » (Fin de la dépêche Reuters).
-
-
Pour ce qui concerne notre blog, les sources dont nous disposons, nous ont déjà informés, par le passé, que sous l’impulsion de Poutine, ex-officier supérieur du KGB, le FSB est rapidement devenu, dès 1999, le service secret et la police spéciale, d’un système autoritaire, et non pas, d’un système libre et démocratique. Les méthodes brutales qu'utilise le FSB font qu’il ressemble plus aux polices spéciales du monde arabe qu'aux agences de l’ex-empire soviétique. Cela dit, le FSB n’applique pas le système exterminateur et concentrationnaire, tel que le faisait le KGB avec ses goulags durant l’ère soviétique.
-
Les hauts dignitaires de l’actuel FSB sont, certes, des propriétaires fonciers et des acteurs influents. Les hauts dignitaires de l’actuel FSB défendent, en effet, les intérêts économiques des hommes d'affaires. Cela dit, les hauts dignitaires de l’actuel FSB ne sont pas des dirigeants. Ils sont les garants de la stabilité du système progressivement mis en place par Poutine, il y a plus de dix ans. Ils garantissent le fonctionnement de la ‘Poutinie’, régime autoritaire et capitaliste, dépourvu de stratégie globale à long terme.
-
Sources et références :
-
http://fr.news.yahoo.com/4/20101014/twl-russie-espions-41953f5.html
-
http://www.amazon.com/New-Nobility-Restoration-Security-Enduring/dp/1586488023
-
http://www.agentura.ru/
-
Les nouveaux KaGéBistes
-
Par Michel Garroté
-
Vendredi 15 octobre 2010 – 7 Heshvan 5771
-
Deux journalistes russes, Andreï Soldatov et Irina Borogan viennent de publier, en anglais, ‘La Nouvelle Aristocratie’ (The New Nobility : The Restoration of Russia's Security State and the Enduring Legacy of the KGB). Leur livre relate le mode opératoire du FSB, héritier du KGB. Andrei Soldatov et Irina Borogan sont co-fondateurs du Site Internet Agentura.Ru. Andreï Soldatov a travaillé pour la Novaya Gazeta de 2006 à 2008.
-
Les reportages de Agentura.Ru ont été – et sont encore – repris dans le New York Times, le Moscow Times, le Washington Post, Online Journalism Review, Le Monde, le Christian Science Monitor, la chaîne télévisée américaine CNN et la chaîne radio-télévisée britannique BBC.
-
Michael Stott, avec Bertrand Boucey et Gilles Trequesser, pour l’agence de presse britannique Reuters, nous présentent ce livre sur le FSB russe. Sur le FSB tel qu’il est, c’est à dire le FSB issu de l’ex-KBG. Et non pas le FSB soi-disant « réformé », tel qu’on se l’imagine.
-
-
Voici les propos recueillis par Reuters auprès des deux auteurs du livre, Andreï Soldatov et Irina Borogan : « Longtemps redoutés en Russie comme à l'étranger, les services secrets russes ont beaucoup changé depuis l'époque soviétique : ils sont bien pires. Telle est la thèse défendue par deux jeunes journalistes russes, Andreï Soldatov et Irina Borogan, qui viennent de publier un livre sur le FSB, les Services fédéraux de sécurité issus du KGB soviétique ».
-
Reuters précise : « ‘Le KGB était une organisation très puissante mais il était strictement contrôlé par le Parti communiste’, rappelle Andreï Soldatov dans une interview accordée à Reuters à Londres, où les deux auteurs sont venus faire la promotion de leur ouvrage. ‘Avec le FSB, il n'y a plus de contrôle du parti et il n'y a pas de contrôle parlementaire (...) nous avons désormais des services secrets qui échappent à tout contrôle’, a-t-il ajouté. ‘Cette absence de responsabilité et les méthodes de plus en plus brutales qu'ils utilisent font que les services russes ressemblent davantage aux moukhabarat, les polices spéciales du monde arabe, qu'aux anciennes agences soviétiques’, ajoute Irina Borogan ».
-
Reuters ajoute : « L'ouvrage s'intitule ‘La Nouvelle Aristocratie’. Ce titre est tiré d'une expression employée par Nikolaï Patrouchev, ancien patron du FSB, dans un discours prononcé à la fin de l'année 1999 dans lequel il se réjouissait de la puissance retrouvée du FSB dans le sillage de Vladimir Poutine, ancien espion alors sur le point d'accéder à la présidence du pays. Pour les auteurs, l'actuelle classe dirigeante du FSB ressemble à bien des égards à l'aristocratie russe de l'époque tsariste. Les gradés du FSB mènent un train de vie somptueux financé par des revenus tirés de leur position privilégiée, ce qui contraste vivement avec l'austérité des responsables des services secrets soviétiques, dont les avantages disparaissaient dès qu'ils quittaient leurs fonctions ».
-
Reuters enchaîne : « ‘Les membres des nouveaux services de sécurité russes sont bien plus que de simples serviteurs de l'Etat’, écrivent les deux journalistes. ‘Ce sont des propriétaires fonciers et des acteurs influents’. Dans leur ouvrage, qui n'a pas été publié en Russie ni même évoqué dans les médias russes, ils rappellent comment une quarantaine d'hectares de terrain situés dans l'un des secteurs les plus chers de Moscou ont été légalement remis contre une bouchée de pain en 2003-2004 à des agents de haut rang du FSB pour services rendus ».
-
Reuters poursuit : « ‘Certaines parcelles ont ensuite été revendues pour plusieurs dizaines de millions de dollars. Les agents du FSB et leurs homologues du SVR, le renseignement extérieur, sont de plus en plus utilisés pour défendre les intérêts économiques des oligarques russes’, affirme Andreï Soldatov. Car en dépit de la richesse et de la puissance des services secrets, les auteurs pensent que le vrai pouvoir en Russie est entre les mains de ces hommes d'affaires ».
-
Reuters conclut : « Les agents des services secrets ne sont ‘absolument pas des dirigeants’, juge Irina Borogan. ‘Ils n'ont pas de vision propre du système politique et économique en Russie’, dit-elle. Malgré ses promesses de modernisation de la Russie, le président Dmitri Medvedev ne va probablement rien changer au fonctionnement des services secrets, avancent les auteurs. ‘Nous pensons que ce système créé par Poutine lui convient assez car il est assez stable et que lui-même ne voit guère l'intérêt (de le réformer)’, conclut Alexeï Soldatov » (Fin de la dépêche Reuters).
-
-
Pour ce qui concerne notre blog, les sources dont nous disposons, nous ont déjà informés, par le passé, que sous l’impulsion de Poutine, ex-officier supérieur du KGB, le FSB est rapidement devenu, dès 1999, le service secret et la police spéciale, d’un système autoritaire, et non pas, d’un système libre et démocratique. Les méthodes brutales qu'utilise le FSB font qu’il ressemble plus aux polices spéciales du monde arabe qu'aux agences de l’ex-empire soviétique. Cela dit, le FSB n’applique pas le système exterminateur et concentrationnaire, tel que le faisait le KGB avec ses goulags durant l’ère soviétique.
-
Les hauts dignitaires de l’actuel FSB sont, certes, des propriétaires fonciers et des acteurs influents. Les hauts dignitaires de l’actuel FSB défendent, en effet, les intérêts économiques des hommes d'affaires. Cela dit, les hauts dignitaires de l’actuel FSB ne sont pas des dirigeants. Ils sont les garants de la stabilité du système progressivement mis en place par Poutine, il y a plus de dix ans. Ils garantissent le fonctionnement de la ‘Poutinie’, régime autoritaire et capitaliste, dépourvu de stratégie globale à long terme.
-
Sources et références :
-
http://fr.news.yahoo.com/4/20101014/twl-russie-espions-41953f5.html
-
http://www.amazon.com/New-Nobility-Restoration-Security-Enduring/dp/1586488023
-
http://www.agentura.ru/
-
-
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
laissez un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.