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vendredi 16 juillet 2010

« L'Oréal et Nestlé, victimes de l’affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy ? » Par Michel Garroté

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Vendredi 16 juillet 2010 – 5 Av 5770
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Je lis sur 20minutes.fr que « L’Oréal pourrait bien faire les frais des
affaires familiales et politico-médiatiques de Liliane Bettencourt. Car derrière les affres de la milliardaire se joue aussi l’avenir d’un des fleurons français, numéro un mondial des cosmétiques. L’image du groupe semble pour l’instant épargnée par les histoires de fraude fiscale, de financement de l’UMP et du procès intenté par Françoise Bettencourt-Meyers à sa mère pour la mettre sous tutelle. L’Oréal a ainsi vu ses ventes augmenter de 12,4% au 2e trimestre 2010. Sur la question de son avenir, en revanche, les spéculations vont bon train. Liliane Bettencourt possède aujourd’hui 31% du capital de L’Oréal, dont elle a hérité de son père, le fondateur du groupe. Elle a légué ses actions à sa fille mais en garde l’usufruit, c’est-à-dire qu’elle touche les dividendes et dispose des droits de vote. A sa mort, ou si elle est placée sous tutelle, c’est donc Françoise Bettencourt-Meyers qui détiendra pleinement ces parts ».
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20 minutes.fr ajoute : « Et cette dernière pourrait bien être tentée de dilapider son héritage, même si elle ne cesse de le démentir. «J'espère que ma fille ne déstabilisera pas ce groupe que mon père et moi-même avons souhaité français»,
a ainsi indiqué Liliane Bettencourt dans un communiqué mercredi. Car si Françoise Bettencourt-Meyers souhaitait se séparer de l’entreprise familiale, elle devrait d’abord faire une offre au groupe suisse Nestlé, dont son mari est d’ailleurs administrateur. Nestlé est le deuxième actionnaire de L’Oréal avec 28% des parts. Depuis 1974, un pacte d’actionnariat lie les deux entreprises, et ce jusqu’en 2014. Si l’une souhaite vendre, elle doit en priorité le faire à l’autre. Le groupe suisse s’est aussi engagé à un statut-quo du vivant de Liliane Bettencourt et dans un délai de six mois après sa mort ».
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20minutes.fr poursuit : « Nicolas Sarkozy, lui-même, s’est inquiété lundi soir de l’avenir de L’Oréal face aux déboires des Bettencourt. «Je souhaite qu'elle (ndlr : Liliane Bettencourt) reste propriétaire de L'Oréal et que L'Oréal - 17 milliards de chiffre d'affaires, 64.000 employés - ne parte pas dans un autre pays», a-t-il expliqué sur France2. Le départ du groupe français pour la Suisse est cependant très loin d’être acté. Tout d’abord car même si sa mère est mise sous tutelle, François Bettencourt-Meyers ne contrôlera pas directement les parts de L’Oréal: un mandataire serait alors désigné par la justice. Encore faut-il ensuite que Nestlé soit toujours intéressé. Dans un entretien à Reuters fin juin, le directeur général, Paul Bulcke, a assuré qu’il n’y avait aucun projet de rachat à moyen terme. Plusieurs analystes estiment même que Nestlé pourrait plutôt vouloir vendre ses parts pour se concentrer sur le secteur alimentaire plutôt que de se diversifier dans les cosmétiques. Mais cela signifierait, de toute manière, un changement profond de l’actionnariat de L’Oréal », conclut 20minutes.fr.
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La réalité est un peu plus complexe que ne semble le penser 20minutes.fr. Le groupe suisse Nestlé, numéro 1 mondial de l’alimentation, a toujours souhaité se diversifier, mais sans « s’éloigner de corps humain ». En clair, l’alimentation, c’est « l’hygiène interne » du corps humain. Et L’Oréal, c’est « l’hygiène externe » du corps humain. Ou, dit autrement, Nestlé se diversifie dans les cosmétiques, dans les eaux minérales et dans les produits pour chiens et chats ; mais Nestlé ne se diversifie pas dans les cigarettes, les capotes anglaises ou l’armement.
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La participation importante de Nestlé dans le capital-actions de L’Oréal doit être vue dans cet esprit-là. Nestlé n’est pas devenu un « actionnaire minoritaire important » de L’Oréal pour le plaisir de boursicoter. Nestlé, sans le dire clairement, est toujours parti de l’idée que son rôle « d’actionnaire minoritaire important » dans L’Oréal n’était qu’une première étape.
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A la longue, Nestlé devrait donc, théoriquement, soit racheter L’Oréal, soit vendre ses actions L’Oréal. Il est vrai que les Français seraient affligés de voir leur fleuron cosmétique finir en mains helvétiques. Le rachat du groupe français Perrier par Nestlé avait déjà donné aux Français le sentiment que le « champagne des eaux minérales » était devenu une vulgaire flotte gazeuse suisse. Et ne parlons pas des syndicats français qui ont enquiquiné Nestlé jusqu’à la lie suite au rachat du Groupe Perrier.
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Avec l’affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy, Nestlé pourrait décider que tout compte fait, racheter L’Oréal générera plus d’enquiquinements politico-syndicalo-médiatiques que de bénéfices.
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Même le prix à payer pour un parfum a ses limites. Y compris lorsqu’il le vaut bien.
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Copyright Michel Garroté 2010
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Source :
http://www.20minutes.fr/article/585267/Economie-L-Oreal-victime-collaterale-des-affaires-Bettencourt.php
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