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Par Michel Garroté
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Jeudi 13 mai 2010 – 29 Iyyar 5770
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Une fois de plus, la Russie et certains pays du Proche Orient, du Moyen Orient et d’Asie Mineure se moquent de nous. En effet, la Russie, la Turquie et la Syrie veulent intégrer le groupe terroriste Hamas – dont la Charte proclame l’anéantissement de l’Etat d’Israël et donc du peuple israélien – dans le processus de négociations israélo-arabe. Le président russe Medvedev a même rencontré, à Damas, le principal terroriste assassin du Hamas, Khaled Meshaal. On peut se demander de quel droit la Russie, qui d’un côté, combat le terrorisme islamique dans le Caucase Nord, propose, d’un autre côté, avec la dictature syrienne et le régime islamiste turc, que les terroristes du Hamas soient inclus dans « le processus de paix » (?) au Proche Orient.
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Les terroristes seraient-ils « mauvais » lorsqu’ils sont caucasiens, mais « bons » lorsqu’ils sont arabes ? La dictature syrienne et le régime islamiste turc sont-ils des alliés convenables pour proposer, avec la Russie autoritaire de l’ex-colonel du KGB Poutine, l’intégration des assassins du Hamas dans une quelconque négociation ? La Russie vient de démontrer qu’elle construit actuellement un Axe Moscou-Ankara-Damas. Et que cet axe inclut - par jeu de domino - Beyrouth et Téhéran. Ou, si l’on préfère dire les choses clairement, le groupe terroriste libanais Hezbollah et les mollahs hallucinés iraniens. Je reproduis ci-dessous deux analyses, sur ce thème à la fois complexe et délicat.
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Sur MediArabe.info, Chawki Freïha, depuis Beyrouth, écrit : La visite de deux jours de Dimitri Medvedev à Damas revêt une importance stratégique capitale pour le régime de Bachar Al-Assad. Il s’agit en effet d’une première visite d’un président russe dans ce pays depuis la chute de l’Union soviétique, jadis premier soutien et fournisseur d’armements à la Syrie. Cette visite intervient surtout une semaine après l’annonce par le président américain, Barack Obama, de la reconduction des sanctions imposées par George Bush depuis 2004 sur Damas. Pourtant, les Etats-Unis continuent d’affirmer, par la voix de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, leur volonté de normaliser avec le régime syrien, dès lors qu’il change de politique hostile à la paix et de cesser ses ingérences en Irak, au Liban et en Palestine.
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Ce bellicisme régional syrien irrite non seulement les Américains, mais également les Saoudiens et les Egyptiens. Riyad reconnaît désormais avoir cédé au Liban contre une médiation syrienne avec les rebelles chiites au Nord du Yémen. Cependant, les Saoudiens reprochent à la Syrie son alignement sur l’Iran dans le dossier irakien et son soutien permanent au Hezbollah. Les Egyptiens reprochent à Damas son soutien au Hamas à Gaza, qui empêche toute réconciliation avec l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Le Caire accuse également Damas d’œuvrer contre la reprise des négociations indirectes entre Israël et les Palestiniens, pourtant cautionnées par tous les pays arabes.
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La visite de Medvedev à Damas, qui intervient dans un climat des plus tendus, renforce le régime syrien dans son bras de fer avec l’Occident, au grand désespoir de la France, premier pays à avoir tendu la main à Assad en 2008 et à avoir brisé son isolement. Selon le représentant d’une grande banque française, présent à une conférence organisée fin mars au MEDEF, à Paris, autour de l’ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier a vivement invité les entreprises françaises à investir en Syrie. Mais Chevallier n’a pas réussi à dissiper les réticences des hommes d’affaires qui n’accordent aucune confiance au régime du Baas et qui refusent d’investir avec l’argent de la corruption et du pillage du Liban. Selon la même source, Chevallier a reconnu que « tout a été fait pour éloigner Damas de Téhéran », mais que « cette hypothèse relève de l’illusion ».
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Aujourd’hui, la politique de Damas confirme les propos de Chevallier, surtout que le régime syrien vient de resserrer ses liens avec la Turquie, le Qatar et l’Iran, que les armées syrienne et turque viennent d’organiser des manœuvres conjointes, fin avril, que Damas continue de fournir des armes sophistiquées au Hezbollah, que Bachar Al-Assad vient de se rendre à Istanbul et d’y rencontrer l’émir du Qatar, et que Damas vient d’abriter la commission mixte syro-iranienne et de recevoir le vice-président iranien Mohammed Redha Rahimi, le 30 avril.
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Sur la même lancée, Damas cherche à narguer l’Occident, en comptant convaincre la Russie de revenir sur la scène moyen-orientale, avec notamment le renforcement des relations économiques et militaires. Les Syriens souhaitent toujours accueillir une base navale russe à Tartous. Ces développements prouvent que Damas a toujours une longueur d’avance sur l’Occident, lequel craint le bellicisme syrien et redoute de devoir affronter le régime d’Assad sur le terrain de la violence, la Syrie ayant utilisé le terrorisme d’Etat comme un moyen diplomatique à la fois avec ses amis et ses adversaires. Une nouvelle fois, la violence l’emporte sur le droit.
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Toujours sur MediArabe.info, Khaled Asmar, depuis Beyrouth, écrit : De sources bien informées, nous avons appris que le ministère suisse des Affaires étrangères avait lancé des invitations à tous les partis politiques libanais, en vue de réunir une table ronde en Suisse, la semaine dernière. Mais à la dernière minute, alors que les représentants des partis politiques libanais s’apprêtaient à se rendre dans la Confédération helvétique, le ministère des Affaires étrangères, initiateur de ce dialogue destiné à rapprocher les points de vue des protagonistes libanais, a prévenu les participants de l’annulation de ce dialogue, étant donné que le Hezbollah a refusé d’y participer, après avoir donné son accord.
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Les Suisses ne comprennent pas ce revirement de dernière minute du parti de Hassan Nasrallah. Mais des personnalités libanaises devant participé à ce dialogue nous ont expliqué que « le Hezbollah n’a plus la maîtrise de sa décision. Il répond uniquement aux ordres de Téhéran, en premier lieu, et de Damas par la suite. Ses maîtres (l’Iran et la Syrie) lui ont ainsi interdit d’entamer le moindre dialogue, insistant sur la nécessité de retirer la question des armements du débat public ».
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D’où également les prévisions pessimistes quant au succès du dialogue national engagé par le président Michel Sleimane, autour de la « Stratégie nationale de défense ». Selon nos interlocuteurs, « l’interdiction syro-iranienne faite au Hezbollah de participer à la table ronde suisse - comme à tout autre dialogue - vise un double objectif : celui de maintenir le Liban dans l’instabilité politique due à l’armement du parti de Dieu, et celui de continuer à harceler Israël pour détourner l’attention sur les conflits auxquels l’Iran est confronté ». Ainsi, quand la République islamique juge bon de provoquer une nouvelle guerre, elle peut rallumer le front libano-israélien, d’autant plus que le régime des mollahs à Téhéran redoute le bras de fer engagé avec l’Occident autour de son programme nucléaire ; tout comme il redoute la suite de la crise interne qui risque de dégénérer à l’approche du premier anniversaire de la réélection frauduleuse de Mahmoud Ahmadinedjad.
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Dans cette configuration régionale qui prend le Liban en otage, le plus grave demeure, selon nos sources, « l’alignement du Président libanais Michel Sleimane sur les positions du Hezbollah ». Sleimane vient en effet de réitérer son « plein soutien aux armes de la Résistance ». Après Michel Aoun, qui a engagé une partie des Chrétiens derrière le Hezbollah et qui a indirectement offert une couverture et une légitimation de son armement depuis février 2006 - pourtant une politique désavouée par ses électeurs - voici le Président de la République qui engage l’Etat libanais dans une nouvelle aventure dont il ne pourra pas assumer les conséquences.
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Car les médias israéliens qualifient les prises de position de Michel Sleimane de « déclaration de guerre qui engage tout le pays, et non plus seulement le Hezbollah ». A cet égard, il convient de préciser que la politique du chef de l’Etat libanais semble lui être dictée par les intimidations exercées par les « maîtres du terrain » (le Hezbollah), et par les promesses de ses anciens maîtres et occupants, les Syriens. Enfin, Sleimane ne peut pas avoir oublié que deux de ses prédécesseurs ont été tués par les Syriens, et n’a sans doute pas envie de suivre l’exemple de Bachir Gemayel et de René Mouawad.
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Sources :
http://monde-info.blogspot.com/
http://www.mediarabe.info/
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Par Michel Garroté
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Jeudi 13 mai 2010 – 29 Iyyar 5770
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Une fois de plus, la Russie et certains pays du Proche Orient, du Moyen Orient et d’Asie Mineure se moquent de nous. En effet, la Russie, la Turquie et la Syrie veulent intégrer le groupe terroriste Hamas – dont la Charte proclame l’anéantissement de l’Etat d’Israël et donc du peuple israélien – dans le processus de négociations israélo-arabe. Le président russe Medvedev a même rencontré, à Damas, le principal terroriste assassin du Hamas, Khaled Meshaal. On peut se demander de quel droit la Russie, qui d’un côté, combat le terrorisme islamique dans le Caucase Nord, propose, d’un autre côté, avec la dictature syrienne et le régime islamiste turc, que les terroristes du Hamas soient inclus dans « le processus de paix » (?) au Proche Orient.
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Les terroristes seraient-ils « mauvais » lorsqu’ils sont caucasiens, mais « bons » lorsqu’ils sont arabes ? La dictature syrienne et le régime islamiste turc sont-ils des alliés convenables pour proposer, avec la Russie autoritaire de l’ex-colonel du KGB Poutine, l’intégration des assassins du Hamas dans une quelconque négociation ? La Russie vient de démontrer qu’elle construit actuellement un Axe Moscou-Ankara-Damas. Et que cet axe inclut - par jeu de domino - Beyrouth et Téhéran. Ou, si l’on préfère dire les choses clairement, le groupe terroriste libanais Hezbollah et les mollahs hallucinés iraniens. Je reproduis ci-dessous deux analyses, sur ce thème à la fois complexe et délicat.
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Sur MediArabe.info, Chawki Freïha, depuis Beyrouth, écrit : La visite de deux jours de Dimitri Medvedev à Damas revêt une importance stratégique capitale pour le régime de Bachar Al-Assad. Il s’agit en effet d’une première visite d’un président russe dans ce pays depuis la chute de l’Union soviétique, jadis premier soutien et fournisseur d’armements à la Syrie. Cette visite intervient surtout une semaine après l’annonce par le président américain, Barack Obama, de la reconduction des sanctions imposées par George Bush depuis 2004 sur Damas. Pourtant, les Etats-Unis continuent d’affirmer, par la voix de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, leur volonté de normaliser avec le régime syrien, dès lors qu’il change de politique hostile à la paix et de cesser ses ingérences en Irak, au Liban et en Palestine.
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Ce bellicisme régional syrien irrite non seulement les Américains, mais également les Saoudiens et les Egyptiens. Riyad reconnaît désormais avoir cédé au Liban contre une médiation syrienne avec les rebelles chiites au Nord du Yémen. Cependant, les Saoudiens reprochent à la Syrie son alignement sur l’Iran dans le dossier irakien et son soutien permanent au Hezbollah. Les Egyptiens reprochent à Damas son soutien au Hamas à Gaza, qui empêche toute réconciliation avec l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Le Caire accuse également Damas d’œuvrer contre la reprise des négociations indirectes entre Israël et les Palestiniens, pourtant cautionnées par tous les pays arabes.
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La visite de Medvedev à Damas, qui intervient dans un climat des plus tendus, renforce le régime syrien dans son bras de fer avec l’Occident, au grand désespoir de la France, premier pays à avoir tendu la main à Assad en 2008 et à avoir brisé son isolement. Selon le représentant d’une grande banque française, présent à une conférence organisée fin mars au MEDEF, à Paris, autour de l’ambassadeur de France à Damas, Eric Chevallier a vivement invité les entreprises françaises à investir en Syrie. Mais Chevallier n’a pas réussi à dissiper les réticences des hommes d’affaires qui n’accordent aucune confiance au régime du Baas et qui refusent d’investir avec l’argent de la corruption et du pillage du Liban. Selon la même source, Chevallier a reconnu que « tout a été fait pour éloigner Damas de Téhéran », mais que « cette hypothèse relève de l’illusion ».
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Aujourd’hui, la politique de Damas confirme les propos de Chevallier, surtout que le régime syrien vient de resserrer ses liens avec la Turquie, le Qatar et l’Iran, que les armées syrienne et turque viennent d’organiser des manœuvres conjointes, fin avril, que Damas continue de fournir des armes sophistiquées au Hezbollah, que Bachar Al-Assad vient de se rendre à Istanbul et d’y rencontrer l’émir du Qatar, et que Damas vient d’abriter la commission mixte syro-iranienne et de recevoir le vice-président iranien Mohammed Redha Rahimi, le 30 avril.
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Sur la même lancée, Damas cherche à narguer l’Occident, en comptant convaincre la Russie de revenir sur la scène moyen-orientale, avec notamment le renforcement des relations économiques et militaires. Les Syriens souhaitent toujours accueillir une base navale russe à Tartous. Ces développements prouvent que Damas a toujours une longueur d’avance sur l’Occident, lequel craint le bellicisme syrien et redoute de devoir affronter le régime d’Assad sur le terrain de la violence, la Syrie ayant utilisé le terrorisme d’Etat comme un moyen diplomatique à la fois avec ses amis et ses adversaires. Une nouvelle fois, la violence l’emporte sur le droit.
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Toujours sur MediArabe.info, Khaled Asmar, depuis Beyrouth, écrit : De sources bien informées, nous avons appris que le ministère suisse des Affaires étrangères avait lancé des invitations à tous les partis politiques libanais, en vue de réunir une table ronde en Suisse, la semaine dernière. Mais à la dernière minute, alors que les représentants des partis politiques libanais s’apprêtaient à se rendre dans la Confédération helvétique, le ministère des Affaires étrangères, initiateur de ce dialogue destiné à rapprocher les points de vue des protagonistes libanais, a prévenu les participants de l’annulation de ce dialogue, étant donné que le Hezbollah a refusé d’y participer, après avoir donné son accord.
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Les Suisses ne comprennent pas ce revirement de dernière minute du parti de Hassan Nasrallah. Mais des personnalités libanaises devant participé à ce dialogue nous ont expliqué que « le Hezbollah n’a plus la maîtrise de sa décision. Il répond uniquement aux ordres de Téhéran, en premier lieu, et de Damas par la suite. Ses maîtres (l’Iran et la Syrie) lui ont ainsi interdit d’entamer le moindre dialogue, insistant sur la nécessité de retirer la question des armements du débat public ».
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D’où également les prévisions pessimistes quant au succès du dialogue national engagé par le président Michel Sleimane, autour de la « Stratégie nationale de défense ». Selon nos interlocuteurs, « l’interdiction syro-iranienne faite au Hezbollah de participer à la table ronde suisse - comme à tout autre dialogue - vise un double objectif : celui de maintenir le Liban dans l’instabilité politique due à l’armement du parti de Dieu, et celui de continuer à harceler Israël pour détourner l’attention sur les conflits auxquels l’Iran est confronté ». Ainsi, quand la République islamique juge bon de provoquer une nouvelle guerre, elle peut rallumer le front libano-israélien, d’autant plus que le régime des mollahs à Téhéran redoute le bras de fer engagé avec l’Occident autour de son programme nucléaire ; tout comme il redoute la suite de la crise interne qui risque de dégénérer à l’approche du premier anniversaire de la réélection frauduleuse de Mahmoud Ahmadinedjad.
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Dans cette configuration régionale qui prend le Liban en otage, le plus grave demeure, selon nos sources, « l’alignement du Président libanais Michel Sleimane sur les positions du Hezbollah ». Sleimane vient en effet de réitérer son « plein soutien aux armes de la Résistance ». Après Michel Aoun, qui a engagé une partie des Chrétiens derrière le Hezbollah et qui a indirectement offert une couverture et une légitimation de son armement depuis février 2006 - pourtant une politique désavouée par ses électeurs - voici le Président de la République qui engage l’Etat libanais dans une nouvelle aventure dont il ne pourra pas assumer les conséquences.
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Car les médias israéliens qualifient les prises de position de Michel Sleimane de « déclaration de guerre qui engage tout le pays, et non plus seulement le Hezbollah ». A cet égard, il convient de préciser que la politique du chef de l’Etat libanais semble lui être dictée par les intimidations exercées par les « maîtres du terrain » (le Hezbollah), et par les promesses de ses anciens maîtres et occupants, les Syriens. Enfin, Sleimane ne peut pas avoir oublié que deux de ses prédécesseurs ont été tués par les Syriens, et n’a sans doute pas envie de suivre l’exemple de Bachir Gemayel et de René Mouawad.
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Sources :
http://monde-info.blogspot.com/
http://www.mediarabe.info/
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