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jeudi 11 février 2010

Le jeu perfide de la dictature syrienne

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Michel Garroté
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Jeudi 11 février 2010 – 27 Shevat 5770
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Hier soir à 18:45, Alistair Lyon, pour l’agence de presse britannique Reuters, informait : « Lentement, mais sûrement, la Syrie retrouve son influence au Liban, mais elle l'exerce avec plus de diplomatie qu'avant l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, il y a cinq ans, qui l'avait contrainte à un humiliant retrait de ses troupes. L'indignation suscitée au Liban, dans le monde arabe et en Occident par cet assassinat, auquel Damas se dit étranger, avait obligé la Syrie à relâcher son emprise sur son petit voisin, où elle conserve néanmoins de puissants alliés, à commencer par le mouvement de guérilla chiite Hezbollah (ndmg : le mot « guérilla » remplace ici le mot « mouvement terroriste »). Parallèlement à son regain d'influence au Liban, avec la bénédiction de l'Arabie saoudite, dont Hariri était proche de même que son fils Saad, actuel Premier ministre, la Syrie est redevenue fréquentable sur la scène internationale (ndmg : à cause de Sarkozy qui a reçu à Paris le dictateur syrien en juillet 2008). Pour la première fois depuis l'assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, les Etats-Unis s'apprêtent à renvoyer un ambassadeur à Damas (ndmg : ça par contre c’est à cause de Barak Hussein Obama). L'époque où le chef du Renseignement militaire syrien au Liban donnait des ordres péremptoires aux hommes politiques locaux, sans excès de précautions oratoires, paraît révolue (ndmg : cette époque « paraît » révolue sans l’être vraiment).
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Mais, pour Karim Makdisi, qui enseigne les relations internationales à l'université américaine de Beyrouth, le Liban n'en est pas pour autant devenu un pays pleinement souverain (ndmg : comment le Liban pourrait-il être souverain avec les terroristes surarmés du Hezbollah qui contrôlent jusqu’à l’aéroport de Beyrouth ?). "Simplement, une relation plus normale a été établie". Les deux pays ont chacun ouvert une ambassade dans la capitale de l'autre, pour la première fois depuis l'indépendance libanaise, dans les années 1940, que la Syrie n'avait jamais explicitement reconnue (ndmg : sauf que le régime syrien considère avoir ouvert au Liban non pas une ambassade mais une préfecture). La visite de Saad Hariri en décembre à Damas est peut-être encore plus significative des changements intervenus entre le Liban et la Syrie, dans la mesure où il avait toujours accusé celle-ci de l'assassinat de son père. Hariri est devenu Premier ministre à la suite de la victoire de sa coalition soutenue par l'Arabie et l'Occident, mais il dirige un gouvernement d'unité nationale au sein duquel le Hezbollah et les autres alliés de la Syrie ont obtenu d'avoir leur mot à dire (ndmg : le Hezbollah a aussi obtenu le droit de veto et le droit de conserver son énorme arsenal militaire). Les hommes politiques libanais qui espéraient que les Etats-Unis, la France et l'Arabie saoudite dénieraient à la Syrie un droit de regard au Liban à la suite du retrait de ses troupes, en 1975, ont dû déchanter (ndmg : les « hommes politiques libanais », pour beaucoup d’entre eux, continuent de faire allégeance à la dictature syrienne tout en conservant leurs privilèges féodaux).
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Le chef druze Walid Djoumblatt, un des détracteurs les plus virulents de la Syrie, a quitté l'an dernier le gouvernement Hariri pour se mettre en retrait et on s'attend qu'il se rendra à son tour sous peu à Damas. Marouane Hamadeh, un collaborateur de Djoumblatt qui a échappé à une tentative d'assassinat en octobre 2004, ne croit pas à une véritable réconciliation avec la Syrie. "Je ne dirais pas que les Syriens sont de retour. Dans les domaines de la politique et du renseignement, ils ne sont jamais partis", confie-t-il à Reuters (ndmg : ce qui est en effet le cas notamment via le Hezbollah et via le général traître « chrétien » Michel Aoun). L'hégémonie syrienne est moins voyante, mais elle a trouvé des formes plus subtiles, notamment par le biais du droit de veto que les partis alliés de Damas ont obtenu au sein du gouvernement libanais après une démonstration de force de leurs miliciens en mai 2008 à Beyrouth (ndmg : droit de veto qui paralyse la politique libanaise et qui permet à la milice terroriste du Hezbollah de s’armer toujours d’avantage avec du matériel iranien transitant par la Syrie). Par la suite, l'Arabie saoudite a enterré sa querelle avec la Syrie, dans l'espoir de stabiliser le Liban, d'apaiser les tensions entre chiites et sunnites au niveau régional, de rétablir un semblant d'unité arabe et d'éloigner Damas de Téhéran (ndmg : précisons peut-être ici que l’Arabie saoudite est surtout catastrophée de devoir constater que la Turquie et l’Iran ont tous les deux plus d’influence qu’elle sur la Syrie et donc sur le Liban ; entre le parti islamique sunnite au pouvoir à Ankara et les mollahs chiites au pouvoir à Téhéran, l’Arabie sunnite a incontestablement perdu du terrain ces dernières années ; du reste, la question se pose également pour l’Irak et pour l’Asie centrale).
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Désormais, la plupart des hommes politiques libanais s'efforcent de ne pas s'aliéner les bonnes grâces de la Syrie. Le président Michel Souleïman téléphone une fois par semaine à son homologue syrien Bachar al Assad. Pour sa part, Hariri, qui n'accuse plus publiquement Damas d'être derrière l'assassinat de son père, a eu le chef de l'Etat syrien plusieurs fois au téléphone depuis sa visite à Damas. "Quand Syriens et Saoudiens s'entendent, les hommes politiques locaux n'ont d'autre choix que d'être au diapason", souligne Makdisi (ndmg : c’est peut-être un peu trop tôt pour déclarer que « Syriens et Saoudiens s'entendent » ; pour l’instant, la Syrie demeure dans le giron de l’Iran tout en se rapprochant de la Turquie). Les progrès espérés par Hariri vers des relations normales d'Etat à Etat avec la Syrie risquent de se faire attendre. Parmi les problèmes en attente figurent notamment la démarcation de la frontière commune, le démantèlement des bases palestiniennes qui la ponctuent, la révision des traités bilatéraux et le sort de Libanais disparus durant l'occupation syrienne » (ndmg : à quoi s’ajoutent l’armement et le droit de veto du Hezbollah qui contrôle une partie importante du territoire libanais y compris l’aéroport international de la capitale ; tout cela montre bien que le Liban est tout sauf un Etat souverain et indépendant ; Reuters a écrit plus haut que « la plupart des hommes politiques libanais s'efforcent de ne pas s'aliéner les bonnes grâces de la Syrie » ; il est vrai qu’au Liban, depuis des décennies, « la plupart des hommes politiques » ne rechignent pas à toucher des enveloppes mensuelles, d’une part, pour faire, en contrepartie, ce qu’on leur demande ; et d’autre part, pour acheter leur intégrité physique et leur sécurité).
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