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jeudi 18 décembre 2008

France - avec l'argent musulman et asiatique

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Miguel Garroté – Comme c’est amusant. Au début de la récente crise financière, j’étais pratiquement seul à écrire que les accusations portées, contre « la haute finance internationale » en général, et contre les banques en particulier, que ces accusations visaient, en réalité, à masquer la responsabilité des Etats surendettés, parmi eux la France. De plus, au début de cette récente crise financière, j’étais pratiquement seul à signaler que les emprunts contractés par les Etats en raison de la crise, ces emprunts n’étaient pas expliqués de façon transparente. Je déplorais que l’on dise simplement que les Etats empruntaient sur « les marchés internationaux ». Ce terme ne voulant rien dire, les Etats finirent tout de même par préciser, qu’en fait, ils empruntaient à des « fonds souverains ».
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Et comme j’ai l’art de poser les questions qu’il ne faut pas poser, je demandais alors ce que l’on entendait par « fonds souverains ». Puis, légèrement fatigué par la mascarade, je m’aventurais à préciser, de mon propre chef et sans plus attendre, que par « fonds souverains », on entendait, en réalité, essentiellement des banques centrales et des banques d’Etats. Et je poussais l’audace jusqu’à écrire que la France, déjà surendettée, contractait des dettes auprès de « fonds souverains » asiatiques et arabo-musulmans. Autrement dit après de pays musulmans et auprès de la Chine communiste notamment. Je crois vaguement me souvenir qu’à l’époque, l’on s’en était vivement pris à ma petite personne, ce qui au demeurant n’a strictement aucune importance, même si sur le moment je m’étais méchamment énervé.
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Or, j’apprends maintenant, nous sommes deux mois après les faits cités plus haut, que l'Etat français compte émettre - l’an qui vient - 135 milliards d'euros d'emprunts, pour commencer. « Emettre un emprunt » étant le terme soft pour dire « encore s’endetter ». A ce propos, répétons encore une fois que la dette française dépend largement d’investisseurs étrangers, à savoir des banques centrales d'Asie et des fonds souverains du Moyen-Orient notamment (c’est dans la presse depuis peu ; nous l’avions écrit il y a deux mois…).
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Pour rester précis, fin octobre dernier, 62% de la dette française, officiellement évaluée à 996 milliards d'euros (plus de 1.300 milliards si l’on calcule la dette totale, y compris suite à la récente crise financière), 62% de la dette française, écrivais-je, était contractée auprès d’entités étrangères hors de France, contre seulement 40% de la dette américaine contractée auprès d’entités étrangères hors des USA. Cela signifie qu’avant de recourir aux « fonds souverains » étrangers en raison de la crise financière, la France était déjà dépendante à 62% de l’étranger.
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Concernant l’Etat, la crise financière et la dette, Jean Rouxel, sur
Les 4 Vérités, met les points sur les « i » et je lui passe ici le clavier : « En fin de semaine dernière, nous avons en effet appris l’arrestation à New York d’un dénommé Bernard Madoff, soupçonné d’escroquerie. (...) L’homme en question est l’ancien PDG de la bourse Nasdaq et on parle d’une fraude à plusieurs de milliards de dollars (entre 20 et 50 milliards selon les sources) ! (...) M. Madoff, profitant de sa notoriété, a créé une société de conseil en investissements (BMIS). Ladite société promettait des rendements exceptionnellement élevés ».
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« Et a commencé par les offrir à ses clients, en levant de nouveaux fonds. En d’autres termes, BMIS honorait ses engagements en en contractant de nouveaux. Un lecteur des ‘4 Vérités’ m’écrivait récemment pour me faire remarquer que cela lui faisait penser au système de retraite français. C’est exact : les retraites ne sont en effet servies qu’en prélevant les cotisations des actifs d’aujourd’hui. Mais c’est beaucoup plus général que cela : en réalité, c’est toute l’économie qui reposait jusqu’à cette crise sur ce mécanisme de la croissance par la dette ».
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« Entendons-nous bien. La dette n’est pas nécessairement mauvaise en soi. Mais elle ne peut être bonne que si elle correspond à un investissement. Et c’est bien cet investissement lui-même qui fournit de la croissance. En revanche, évidemment, l’endettement de l’État français pour payer les intérêts de la dette publique est profondément néfaste ».
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« Pourtant, alors que tous les commentateurs sont scandalisés par le comportement de Bernard Madoff, on entend rarement des journaux dénoncer la fabuleuse escroquerie de la dette publique ! Disons donc, et redisons, à temps et à contretemps, que l’économie n’est pas un jeu d’écritures. L’économie socialiste a volé en éclats parce qu’elle reposait sur du pur virtuel. (...) Mais l’économie de marché peut elle aussi cacher sa misère derrière des villages Potemkine. En ‘créant’ de la croissance virtuelle par la dette », conclut Jean Rouxel. Et moi je n’ai plus rien à ajouter pour le moment.
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Copyright 2008 Miguel Garroté
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