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samedi 27 décembre 2008

Anthropologie judéochrétienne - 2e partie

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Miguel Garroté – L’article paru sur le blog « drzz.info » le vendredi 26 décembre 2008, article intitulé
Anthropologie judéochrétienne - Je crois, cet article a suscité un salutaire et salubre travail des idées, travail qui – faut-il le rappeler – constitue l’une des principales vocations de drzz.info. Les extraits – tirés de certains commentaires reproduits ci-dessous – contribuent certainement à enrichir encore davantage ce travail des idées sur le thème – très spécifique et visiblement caution à débat – de l’anthropologie judéochrétienne.
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Or donc, sous l’article intitulé
Anthropologie judéochrétienne - Je crois, Drzz publie une série de commentaires dont voici l’essentiel : « Juste pour rappel : les premiers Chrétiens ont été lapidés par les Juifs et leur Messie crucifié sur ordre sur sanhédrin. Les chrétiens n'ont pas découvert le judaïsme à la télévision, leurs premiers disciples ont été massacrés par les Juifs. Donc le ‘Saint Augustin blâmait les Juifs’ est une belle ironie quand on pense que le sanhédrin lapidait les Chrétiens. Il me semble que certains lecteurs confondent judéo-christianisme avec autoflagellation. Par exemple, bien que j'aie du plaisir à côtoyer de nombreux lecteurs juifs sur ce site, je n'en pense pas moins que l'ancienne alliance a disparu et a été remplacée par le Nouveau Testament, intellectuellement et philosophiquement bien supérieur à l'Ancien. (…) Quant à comparer Mahomet et St Augustin... », précise Drzz.
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« Saint Etienne, – ajoute Drzz – lapidé à mort par le sanhédrin. (…) Peut-on blâmer Saint Augustin de ne pas aimer des Juifs qui ont failli exterminer les disciples de Jésus à l'époque ? Réponse : non (…) Ma petite intervention provocante est venue pour rappeler quelques notions élémentaires. Saint Augustin annonçait la supériorité du christianisme sur le judaïsme ? Oui, et alors ? Les rabbins de son temps ne traitaient-ils pas Jésus de charlatan ? Et alors ? C'est s'ils avaient tenu des propos contraires qu'ils auraient été punissables selon la loi et le dogme en vigueur ».
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« Il y a aussi, - poursuit Drzz - je le vois bien, confusion entre soutien du judéo-christianisme et soutien du judaïsme. Par exemple, et je ne parle que pour moi, si j'ai été très impressionné par le judaïsme en Israël, je considère toujours le christianisme comme la pensée divine la plus achevée intellectuellement de l'histoire de la planète. En aucun cas je souhaiterais me convertir au judaïsme. Si le Talmud est un livre absolument magnifique, il n'équivaut pas pour moi la perfection du Nouveau Testament ou des interprétations d'un Saint Augustin ou Saint Thomas d'Aquin. Ce n'est même pas religieux mais purement intellectuel. A mes yeux, la religion est une question rationnelle (hé oui). La beauté divine est reliée à l'esprit (d'où la notion d'esprit saint dans le christianisme) », conclut Drzz.
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Suite aux commentaires de Drzz, Lavigie réagit comme suit : « J'avoue être un peu ‘scié’ par les propos de drzz. Faisons-nous ici de la catéchèse ou, sur fond culturel commun, défendons-nous des valeurs communes ?... Ces propos, à mon sens, vont à l'encontre de ce que nous voudrions instaurer. Il est certain que s'il s'agit de la réponse du berger à la bergère, je peux le comprendre car, d'un autre côté, l'on ne peut éternellement invoquer l'antisémitisme de Pierre ou de Paul en espérant que l'autre va baisser les yeux. Que Saint Augustin ait eu des propos contre le judaïsme se comprend parfaitement dans le contexte d'alors ! De là à crier à l'antisémitisme...ouf ! Et puis, c'était son droit de penser ce qu'il voulait, ce qui était autorisé dans l'autre sens ! Il faut simplement se replacer dans un contexte de compétition ! En tous cas, pour moi, ces propos sont contre-productifs d'où qu'ils viennent ! N'oubliez pas : Nous avons un ennemi commun ! », conclut Lavigie.
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De son côté, Gad réagit aux commentaires de Drzz comme ceci (extraits) : « C'est évidemment, ce genre d'apologétique hiérarchisante, effaçant ‘l'ancienne alliance’, donc disant que D. est désormais passé du côté Chrétien et qu'il a vraisemblablement envoyé un messager pour consommer le divorce d'avec la précédente, ‘Renier son peuple pour lui préférer un autre’ en quelque sorte, qui sont bien responsables de 2000 ans d'enseignement du Mépris (puisque ‘Got Mit Uns’, nous n'avons pas de compte à rendre aux / ni à tenir des Juifs). Quant au Martyre d'Etienne ou d'autres, on peut concevoir que face à une ‘hérésie’ ou tenue comme telle, naissante, une orthodoxie se défende et condamne : il ne me semble pas qu'à travers les siècles, l'Eglise se soit comportée de façon plus ‘civilisée’. Quant au Sanhédrin, est-il encore utile de rappeler qu'il était considéré comme un pouvoir collaborateur avec une puissance occupante : Rome ? Ce qui n'était pas le cas des Pharisiens ou d'autres vivant dans le peuple », écrit Gad.
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Armaguedon signale quant à lui : « Maïmonide fut un grand savant pour toute l'humanité. L'attrait pour la science, qui n'a jamais décru en Occident, chez les chrétiens ou chez les juifs quand ceux-ci y avaient accès, vient de la place accordée à la liberté dans le judéo-christianisme (…) quand on parle du judaïsme, on parle d'une religion très particulière (…) en ce sens qu'elle recouvre deux notions : une relation à la transcendance, et les descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Ce qui a souvent été à l'origine d'incompréhensions. Comme le sacrifice de la messe le fut en d'autres occasions », ajoute Armaguedon.
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D’autres lectrices et lecteurs ont également posté des commentaires – très intéressants – sous l’article
Anthropologie judéochrétienne - Je crois. Je ne reprendrai pas tous ces commentaires ci-dessous, sans quoi, le présent article finirait par ressembler à une longue compilation. En revanche, j’aimerais, en exprimant mon avis personnel sur une partie des commentaires que j’ai reproduits plus haut, j’aimerais essayer, avec ma pauvreté, d’enrichir encore davantage ce travail des idées sur le thème – très spécifique et visiblement caution à débat – de l’anthropologie judéochrétienne.
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Je m’étais aventuré – je crois même que c’était la première fois – sur le terrain glissant de l’anthropologie judéochrétienne, sur mon blog personnel, le 27 juin 2007 (1). Plus récemment, j’ai publié sur le blog de Drzz, notre « texte fondamental » sur l’anthropologie judéochrétienne, le 27 juillet 2008 très exactement, sous le titre
Nous sommes catholiques. Cela dérange certains (version actualisée). ; à ne pas confondre avec un autre « texte fondamental » du blog de Drzz, autre texte, daté du 29 avril 2008, présentant, dans sa deuxième partie (ou plutôt dans son annexe) notre « plateforme commune sur l’essentiel » (2).
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L’anthropologie judéochrétienne, je l’ai souvent écrit, c’est, selon moi, l’étude philosophique et biblique de la personne humaine, sous le regard de Dieu. Dans le temps présent, cette anthropologie consiste notamment à défendre et à valoriser la société libre de culture judéochrétienne. Le mot essentiel est ici le mot « culture ». Comme l’a récemment réaffirmé Benoît XVI, le dialogue entre chrétiens et non chrétiens est culturel. Il n’est pas théologique, car cela impliquerait que chacun sacrifie sa foi sur l’autel du dialogue. Cela signifie aussi, c’est moi qui l’ajoute, que le dialogue culturel permet d’identifier les religions avec lesquelles nous partageons la même culture (le judaïsme) et celles avec lesquelles finalement nous ne partageons pas grand chose (la charia).
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Ainsi, lorsque Drzz écrit, « Je considère toujours le christianisme comme la pensée divine la plus achevée intellectuellement de l'histoire de la planète. Si le Talmud est un livre absolument magnifique, il n'équivaut pas pour moi la perfection du Nouveau Testament ou des interprétations d'un Saint Augustin ou Saint Thomas d'Aquin. Ce n'est même pas religieux mais purement intellectuel. La religion est une question rationnelle », Drzz en écrivant cela, si j’ai bien compris, se situe au plan théologique, qu’il exprime de façon intellectuelle, dans la foi et dans la raison (fides et ratio), c’est à dire en exerçant sa liberté et sa responsabilité.
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Et cette affirmation de Drzz, à la fois théologique et intellectuelle, vécue dans la foi et dans la raison, ne l’empêche nullement, par ailleurs, de se sentir un membre à part entière de la société libre de culture judéochrétienne. Et d’adhérer, de ce fait, comme moi, au catholicisme néoconservateur et sioniste, ce qui nous unis, par exemple, à Lavigie et à Gad, en dépit du débat commencé sous le premier article déjà mentionné, débat peut-être houleux au plan théologique, mais sans rupture au plan culturel. Lorsque Lavigie écrit à propos de Drzz « ces propos sont contre-productifs », je dirais sans vouloir froisser Lavigie non, car au plan théologique, il y a forcément confrontation d’idées en matière de vérités de la foi. Ce qui n’abolit absolument pas l’union au plan culturel, face à des idéologies destructrices de la société libre de culture judéochrétienne.
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Lorsque Gad écrit « Quant au Sanhédrin, est-il encore utile de rappeler qu'il était considéré comme un pouvoir collaborateur avec une puissance occupante : Rome ? », lorsque Gad écrit cela, c’est la responsabilité ou la non responsabilité du peuple juif dans la crucifixion de Jésus-Christ, qui fait irruption dans le débat. Pour ce qui me concerne, en me situant au plan anthropologique, je dirais ceci : primo, je suis catholique pratiquant et par conséquent, si j’avais été juif pratiquant au temps du Christ, tel que je me connais, je me serais très certainement rangé du côté de ceux qui étaient scandalisés par le fait qu’un laïc aux cheveux longs vienne agresser les pharisiens au temple.
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C’est un peu comme si dimanche prochain, à la messe, un laïc aux cheveux longs venait tout chambouler, en racontant que le curé philtre les mouches, mais avale les chameaux, ou si vous préférez, les vaches. Tel que je me connais, je ne dirais pas à ce moment-là, avec joie, « C’est le retour en gloire du Christ ! », mais bien plus, avec colère, « Foutez-moi dehors ce drogué blasphématoire ! ».
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Armaguedon a écrit dans son commentaire : « Maïmonide fut un grand savant pour toute l'humanité. L'attrait pour la science, qui n'a jamais décru en Occident, chez les chrétiens ou chez les juifs (…) vient de la place accordée à la liberté dans le judéo-christianisme. Quand on parle du judaïsme, on parle d'une religion très particulière (…) en ce sens qu'elle recouvre deux notions : une relation à la transcendance, et les descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Ce qui a souvent été à l'origine d'incompréhensions. Comme le sacrifice de la messe le fut en d'autres occasions ».
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En réponse à Armaguedon, à propos de Maïmonide, je mentionnerai simplement le livre de Avital Wohlman, préfacé par Isaïe Leibowitz, livre intitulé « Thomas d’Aquin et Maïmonide, un dialogue exemplaire », paru aux éditions du Cerf en 1988. Ce livre démontre que le Docteur de l’Eglise Saint Thomas d’Aquin a étudié l’œuvre du Maître Juif Maïmonide, notamment pour s’instruire de la transcendance de Dieu. Ce livre, édité et réédité, reste un exemple, de dialogue philosophique judéochrétien, à la fois de très haut niveau, et parfaitement réalisable sans reniements théologiques inutiles.
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En réponse à Armaguedon, à propos, je cite, des « incompréhensions », « comme la messe en fut l’objet » en certaines occasions, je mentionnerai simplement le livre de Judith Cabaud (dont je ne partage pas toutes les analyses), livre intitulé « La tradition hébraïque dans l’Eucharistie », paru aux éditions François-Xavier de Guibert en 2006 (notamment la page 123). Pour nous catholiques, il y a un seul Dieu en trois Personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mais nous devons bien comprendre qu’il en va autrement pour les Juifs car pour eux, il y a trois fois un seul et même Dieu à la fois Créateur, Elohim ; avec Sa Parole, debar Adonaï ou encore debar Elohim ; et avec Son Esprit, ruah Elohim ou encore ruah Adonaï, Esprit de Dieu qui est sur tel ou tel prophète, Isaïe, Jérémie, etc. (cf. mentions par des rabbins de la Bible hébraïque). Et pour les Juifs, cela ne fait ni trois dieux, ni trois personnes en un seul dieu. Cette explication donnée par Judith Cabaud, mais aussi par Claude Tresmontant, n’est pas exhaustive, et je n’exclus donc pas qu’elle puisse susciter un nouveau débat.
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Copyright 2008 Miguel Garroté
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(1) 1er article « anthropologie judéochrétienne », cliquez ici sur :
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(2) plateforme commune, cliquez ici sur : Chronique judéo-chrétienne d'un Européen à Paris
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