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lundi 14 juillet 2008

Les missiles iraniens du 14 juillet

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Les missiles iraniens du 14 juillet


1. Union Pour la Mediterannée

Que l’on ne compte pas sur moi pour adopter un style solennel sous le prétexte que nous sommes un 14 juillet. Dans la déclaration de clôture de l’Union Pour la Mediterannée (UPM), les 43 pays réunis ont appelé à la dénucléarisation du Proche-Orient et à la paix dans la région. La déclaration a également condamné le terrorisme sous toutes ses formes et a souligné la nécessité de la démocratie, de la défense des droits de l'homme et des libertés de base. Voilà pour les faits.

La « dénucléarisation du Proche-Orient » me paraît ambiguë dans la mesure où elle incitera bien plus à dénoncer le nucléaire israélien qu’à mettre un terme au nucléaire iranien. Le « terrorisme sous toutes ses formes » me paraît lui aussi ambigu dans la mesure où il incitera bien plus à dénoncer le soi-disant « terrorisme d’Etat » israélien qu’à mettre un terme au terrorisme arabo-musulman, aussi bien islamique que laïc.

En outre, l'Union Pour la Méditerranée (UPM) est à ce stade une « Union » sans le Maroc, sans la Libye mais avec la Belgique, ce qui donne à sa dimension méditerranéenne une forme plutôt élastique. Le dictateur
Kadhafi a déjà annoncé qu'il ne laisserait pas la soi-disant « unité de la nation arabe » mise en danger par l'Europe. On ne précise pas si Madame Arafat – qui vit à l’année au Georges V – a été invitée au sommet parisien de l’UPM.

Quant aux bavardages entre les pays arabo-musulmans et Israël, on sait depuis aujourd'hui 14 juillet qu'ils ont
échoué entre Israéliens et Palestiniens. En effet, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a déclaré aujourd’hui 14 juillet qu’il y a eu un blocage de dernière minute entre Israéliens et Palestiniens lors du sommet de l'Union pour la Méditerranée. « Au dernier moment, nous avons échoué, peut-être à une demi-heure près », a précisé Kouchner.

La délégation palestinienne a confirmé ce « différend ». « Les Israéliens ont insisté pour inclure la mention ‘Etat pour le peuple juif’, ce à quoi nous nous sommes catégoriquement opposés », a de son côté déclaré ce matin le « ministre » palestinien des Affaires étrangères Riyad Al Maliki. Un Etat pour le peuple palestinien et sans Juifs en Judée Samarie oui. Mais un Etat pour le peuple juif en Israël non. Bon. Vive l’Union.


2. Le dictateur syrien Assad

De son côté, le dictateur syrien Bachar al-Assad a affirmé qu'une attaque contre l'Iran se répercutera sur les Etats-Unis, Israël et le monde entier. Le dictateur syrien a précisé : « Israël paiera directement le prix de cette guerre. L'Iran l'a lui-même affirmé ». Evidemment, si c’est l’Iran lui-même qui l’affirme... Je lis ça et là que des indices « semblent prouver » (?) le changement de cap de la politique syrienne. Je lis aussi qu’on s’interroge sur la crédibilité du retournement du régime syrien. Ah oui.

La dictature syrienne est une gérontocratie clanique dirigée par une secte religieuse issue de l’islam, celle des alaouites, qui représente 16 % de la population syrienne seulement, contre 70 % de musulmans sunnites et 13 % de chrétiens. A noter que la majorité sunnite est de plus en plus sous influence islamiste.


3. Quid du Liban ?

Pendant ce temps au Liban le chef du parti chrétien des Forces libanaises, Samir Geagea, a estimé hier 13 juillet que « les forces chrétiennes de la majorité œuvrent en silence pour le renforcement des droits de la communauté chrétienne, qui sont prioritaires pour elles, alors que Michel Aoun (ndlr : « chrétien » allié au Hezbollah) fait beaucoup de bruit sans rien accomplir à cet égard ». « La différence entre nous (ndlr : les chrétiens de la majorité souverainiste) et les autres (ndlr : Aoun et consorts) est que nous menons une action politique réelle, loin de la surenchère, des polémiques stériles et de l’exacerbation des tensions confessionnelles stériles », a ajouté Samir Geagea.

Quant à la formation du gouvernement libanais d’union nationale, Samir Geagea a estimé que « Michel Aoun tente de faire croire aux chrétiens que les druzes et les sunnites tentent d’usurper leurs droits ». Un comble de la part d’un « chrétien » qui conclue une « entente » avec le Hezbollah. Visiblement au Liban l’Union Pour la Méditerranée n’est pas à l’ordre du jour. L’Union nationale non plus d’ailleurs.


4. Le vrai problème : l’Iran.

A propos de l’Iran cette fois, le journal britannique Sunday Times dans son édition du 13 juillet a annoncé que le président américain George W. Bush a transmis au gouvernement d’Ehud Olmert un message selon lequel il est susceptible de donner son accord à une frappe de l’armée de l’air israélienne contre les installations nucléaires iraniennes s’il s’avère que la voie diplomatique ne mène nulle et que les tentatives d’accord avec Téhéran n’aboutissent pas.

De son côté le quotidien américain Washington Post affirme que les Etats-Unis ne permettront pas aux appareils israéliens de survoler l’Irak et ne leur offriront aucune aide logistique. Face aux pressions internes, aux doutes émanant de l’état major américain quant au succès possible de l’opération israélienne projetée et à ses rejaillissements potentiels, tant sur les plans militaire, économique que diplomatique, Bush s’est contenté de donner un feu orange à Israël, ce qui signifie que Tsahal est autorisée à entamer des préparatifs en vue d’une attaque immédiate, sans pour autant pouvoir compter sur l’intervention des forces américaines, ni sur l’utilisation de leurs bases en Irak. C’est ce que raconte le Washington Post. Mais le Washington Post n’est pas l’Amérique. Le Washington Post n’est que le Washington Post. Comme Le Monde n’est que Le Monde.

Bush a exprimé ce week end sa vive inquiétude quant au péril nucléaire que fait peser le régime des mollahs sur Israël mais selon « un de ses proches » dont les propos ont été « rapportés » par le Sunday Times, son gouvernement n’attaquera pas l’Iran, c’est désormais - paraît-il - une « certitude. Une anecdote en passant : devant l’AIPAC Obambi avait décrété Jérusalem capitale indivisible d’Israël. Mais hier sur CNN Obambi s’est plaint d’avoir été mal cité (par les médias) et de n’avoir pas dit cela. Ici Obambi est encore un jean-foutre et un menteur. C’était juste pour confirmer en passant.


5. A quoi joue le Premier ministre israélien Ehud Olmert ?

Pour Olmert le 14 juillet est un peu moins festif que prévu car l'étau se resserre - aujourd’hui même - encore un peu plus autour de lui. Olmert est impliqué dans une nouvelle affaire de corruption. Des enquêteurs de la police israélienne ont reçu aujourd’hui lundi pour consigne de poursuivre pour la quatrième semaine consécutive des recherches aux Etats-Unis, sur des scandales impliquant Olmert. Il est maintenant soupçonné d'escroquerie aux billets d'avions. Il aurait ainsi présenté une dizaine de factures différentes à diverses organisations de bienfaisance pour un seul et même voyage alors qu'il était maire de Jérusalem puis ministre du Commerce et de l'Industrie.

Les enquêteurs de la police recherchent à New York, Las Vegas et Washington des documents comptables et autres sur une dizaine de déplacements à l'étranger de Olmert et ils tentent en outre d'étayer un autre dossier dans lequel M. Olmert est soupçonné de fraude, abus de confiance et irrégularités dans le financement de campagnes électorales. Une autre affaire de corruption a également refait surface aujourd’hui 14 juillet avec l'interrogatoire de l'ex-chef de cabinet de M. Olmert, Madame Shoula Zaken, sur une transaction immobilière douteuse d’Olmert soupçonné d'avoir bénéficié d'une remise de 300.000 dollars lors de l'achat d'un appartement à Jérusalem. Cool. Outre Olmert, sa femme, Aliza, et leurs enfants seront également interrogés par la police. Less cool.


6. Le « cas » Sarkozy :

Pour Sarkozy c’est en apparence la gloire en ces 13 et 14 juillet. Cependant son image décline toujours. Ainsi, après Guy Millière et Ivan Rioufol, c’est maintenant Claude Reichman qui monte au créneau. Et il écrit : « Inquiétude ! C’est le mot qui s’impose quand on considère la façon dont Nicolas Sarkozy conduit les affaires de la France. Une inquiétude d’autant plus fondée et aigue qu’elle va bien au-delà des choix politiques du président de la République et s’attache à sa personnalité ». Sarkozy « oppose à une situation catastrophique sa jubilation personnelle d’être président de la France et de l’Union européenne ».

« Face à des comportements aussi contradictoires et troublants, on pourrait évoquer plusieurs symptômes qui signent le diagnostic de schizophrénie, qu’il s’agisse de la perte de contact, au moins temporaire, avec la réalité et d’une forme d’autisme (...) un homme qui s’est investi à ce point dans sa fonction, un hyperprésident selon l’expression consacrée, ne peut oublier du jour au lendemain, quelles que soient les circonstances et l’auditoire, les problèmes qu’il doit résoudre ni la résonance que le moindre de ses propos a dans l’opinion (...) On ne peut comprendre la mentalité de Nicolas Sarkozy qu’en se référant à son passé ».

« Enfant craintif, il se réfugiait aux récréations auprès de sa maîtresse d’école. Pour conjurer sa peur des autres, il se lança dans une quête éperdue de pouvoir et de puissance, d’où son obsession de devenir président de la République qu’éclaire cruellement cette confidence, faite à Dominique de Villepin le 31 juillet 2006, et que rapporte le directeur de cabinet de ce dernier, Bruno Le Maire, dans son ouvrage ‘Des hommes d’Etat’ : ‘Maintenant, je vais être clair : quoi qu’il arrive, j’irai. Ce n’est pas intellectuel, c’est instinctif, c’est animal, c’est quelque chose d’animal, j’irai. Je porte ça en moi, je ne peux pas le dire autrement ‘. Alors, si les mots ont un sens et si la psychologie existe, nous avons un président de la République qui n’a jamais vu, dans sa fonction, qu’un instrument thérapeutique et qui n’aura jamais fini de se soigner, faute d’avoir dominé sa peur par l’affirmation de son caractère ».


7. Et la stratégie occidentale dans tout ça ?

Mais la seule vraie question sur ces 13 et 14 juillet pleins d’agitations en tous genres n’a été semble-t-il que très peu abordée : quelle est la stratégie occidentale derrière l’accueil si émouvant de Assad à Paris ? Voyons cela et émettons une simple hypothèse. La Syrie va dit-on échanger des ambassades avec le Liban (cela a été proclamé hier soir). La Syrie va dit-on se distancer de l'Iran. Israël va entamer un processus de paix avec la Syrie. Israël va céder ou dire vouloir céder des territoires aux palestiniens. Israël va attaquer l’Iran. Du coup, Sarko et Olmert, qui sont dans la mélasse verront leur côte remonter.

A propos de cette hypothèse, sur Leblogdrzz, Jean ajoute : « Le p'tit Nico, et ceux derrière lui, ne se démène pas en tout sens, sans un projet bien précis en tête. L'idée maîtresse que je vois c'est celle d'un nouveau Yalta du monde arabe doublée de l'idée de Commonwealth du bassin méditerranéen. Il s'agirait de tenter de casser le chantage pétrolier en accordant des préférences technologiques et commerciales à certains et pas à d'autres et sous réserves. J'y retrouve le même scénario que celui du développement en cours dans le continent asiatique, avec ses différences de niveau fécondes obtenues au cours de ces dernières décennies. On peut ajouter d'autres variables de négociation. Ce qui se joue ici, c'est l'après Iran dominateur. Lorsque les robinets iraniens seront fermés, Assad se retrouvera bien seul... A la merci du premier rhume ! Les choses sont en train de changer. Malgré ses apparences de fier à bras, je crois qu'il n'a eu pas le choix de venir à Paris. S’il veut sauver sa tête et son régime, c'est lui qui devra donner des gages. Pour lui c'est la fin d'une époque ».

Et de son côté Gad précise, toujours sur Leblogdrzz : « Déplacer les lignes et serrer les rangs. Quant au communiqué de l'Elysée, c'est une pantalonnade ad hoc : rien ne se passe au Liban sans le feu vert des Services de Renseignements syriens, surtout à cette époque et peut-être encore plus désormais ». Autant d’affaires à suivre de près ces prochains jours.
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