Proche et Moyen Orient : ça chauffe !
Aujourd’hui mardi 10 juin à 09:31 l’AFP écrit : « Le Premier ministre israélien Ehud Olmert devait entamer mardi deux jours de consultations sur une éventuelle opération d'envergure anti-Hamas dans la bande de Gaza visant à mettre fin aux tirs de roquettes de ce territoire palestinien. (...) Le chef du gouvernement devait évoquer ce dossier lors du conseil des ministre hebdomadaire mardi, puis entamer des consultations dans la journée avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, Ehud Barak et Tzipi Livni, avant une réunion du cabinet de sécurité prévue mercredi » précise l’AFP.
« Un haut responsable du ministère de la Défense, Amos Gilad, a affirmé à la radio militaire (...) que l'essentiel pour le Hamas était ‘d'éviter une grande opération militaire israélienne qui remettrait en cause le contrôle qu'il exerce dans la bande de Gaza (depuis juin 2007), alors que le Hamas veut étendre son pouvoir en Judée-Samarie (Cisjordanie) et à l'OLP’, l'Organisation de libération de la Palestine. (...) L'armée israélienne mène des attaques ponctuelles quasi-quotidiennes dans la bande de Gaza et impose un blocus à ce territoire en représailles aux tirs de roquettes » conclut l’AFP. La conclusion de l’AFP est assez risible. Les attaques quotidiennes restent une mauvaise plaisanterie au regard du nombre d’engins tirés sur Israël. Quant au blocus israélien, quid du blocus égyptien ?
Toujours aujourd’hui mardi 10 juin à 08:50 Hashem Kalantari sur Reuters écrit : « Le ministre iranien de la Défense, Mostafa Mohammad Najjar, a averti qu'Israël s'exposerait à une riposte très douloureuse en cas d'attaque contre le programme nucléaire de la république islamique. Vendredi, le ministre israélien des Transports, Shaul Mofaz (ndlr : ancien chef d'état-major de l'armée israélienne), avait déclaré ‘inévitable’ une opération militaire contre le programme nucléaire iranien du fait de l'échec apparent des sanctions de l'Onu. (...) Mais ‘pour de nombreux analystes’ les installations nucléaires iraniennes sont trop nombreuses, trop distantes les unes des autres et trop protégées pour qu'Israël puisse agir seul », conclut Hashem Kalanrary sur Reuters. La formule typiquement journalistique « pour de nombreux analystes » n’est rien d’autre que l’opinion de Hashem Kalantari lui-même. On connaît cette ruse. Elle est un grand classique du genre.
Hier 9 juin Albert Capino sur desinfos.com écrivait : « L’Iran est entré dans la pénultième phase de sa ‘révolution islamique’ entamée avec le retour de Khomeiny hébergé en France jusqu’en 1979. (...) Aujourd’hui un Ahmadinejad hargneux sous la férule de son ‘guide suprême’ - vieillard sénile et obsessionnel - ne cache pas sa volonté de faire de l’Iran une puissance régionale nucléaire au mépris de toute mise en garde. (...) Les centrifugeuses d’enrichissement d’uranium tournent à plein régime à Natanz et le traité de coopération militaire scellé avec la Syrie (...) met en place à depuis la semaine dernière un centre de commande commun coordonnant le déploiement de missiles capables de transporter une charge nucléaire », précise Albert Capino.
« La menace (...) a (toutefois) augmenté d’un cran dans la mesure où la puissance de feu est multiple et synchronisée sur plusieurs fronts. À l’Ouest et au Sud le Hamas a fait l’acquisition de missiles Grad. Deux exemplaires plus précis et plus puissants tels que celui qui a fait 14 blessés et détruit un centre commercial à Ashkelon le mois dernier, se sont abattus plus profondément dans le Néguev ce 1er juin. Un mort et quatre blessés sont à nouveau à déplorer depuis le 4 juin. Par ailleurs, la contrebande via l’Egypte a livré des vecteurs sol-air antiaériens de nouvelle génération rehaussant pour la première fois les capacités du Hamas à celles d’une véritable armée. Au Nord le Hezbollah a reconstitué son arsenal, construit à nouveau des fortins et dispose à présent de plus de 40.000 roquettes dont un quart à longue portée fournies par l’Iran », poursuit Albert Capino.
« Côté Syrien la mise en place de rampes de missiles balistiques à longue portée et d’une protection antiaérienne de dernière génération - outre la livraison prochaine de chasseurs russes - ferme la boucle par le Nord-Est. (...) Le but des pourparlers indirects menés (ndlr : par Israël) avec la Syrie va au-delà du tapage médiatique, des prétextes d’Olmert pour s’accrocher au pouvoir et d’Assad pour étouffer l’assassinat d’Hariri. Il s’agit de maintenir le contact pendant cette période cruciale et conduire les Syriens à choisir le moindre des maux : s’ils décident de conserver des liens étroits avec les Iraniens, ils se mettent en état d’infériorité. Ils deviennent alors un pion du côté russo-iranien de l’échiquier, notamment au Liban avec le Hezbollah qui monte en puissance. S’ils choisissent de rester en dehors d’un conflit potentiel avec Israël et renoncent à l’utopie qui consiste à vouloir récupérer le plateau du Golan, ils préserveront leurs chances de profiter d’une dynamique de paix et d’un essor économique lié avec un rapprochement de Washington », ajoute Albert Capino.
« Des consultations bilatérales israélo-américaines sont à présent menées directement par les chefs du renseignement. (...) Seule une coalition forte (ndlr : à la tête d’Israël) à l’exclusion des petits partis qui minent la cohésion est en mesure de gérer une crise d’une telle ampleur. (...) Israël doit (...) mettre un terme à la corruption, au grignotage des petits partis (...) aux querelles d’influence, à l’attentisme et à l’indécision. (...) De même, il est urgent de prendre en charge un programme de protection des populations soumises aux tirs de roquettes quotidiens en provenance de Gaza. (...) Les frontières ‘sûres et reconnues’ pour reprendre l’expression couramment utilisée, Israël les a conquises en quatre guerres de défense. Il n’est pas d’exemple où un pays attaqué de toutes parts et qui en sort vainqueur doive restituer des terres acquises en se protégeant. (...) Il appartient aux institutions israéliennes chargées des relations extérieures d’expliciter à leurs interlocuteurs internationaux les raisons pour lesquelles Israël pourrait être amené, dans un futur proche, à déclencher une opération préemptive de grande ampleur (ndlr : opération militaire contre le nucléaire iranien) », conclut Albert Capino.
Barry Rubin, directeur du Global Research in International Affairs Center et rédacteur dans la rubrique Middle East Review du International Affairs Journal, écrivait dans le JERUSALEM POST du 26 mai (traduit et adapté par Artus pour www.nuitdorient.com ; version condensée par Miguel Garroté, monde.info) : «...Il y a (des) facteurs qui interviennent dans la décision du gouvernement israélien pour négocier avec la Syrie : - maintenir au pouvoir le premier ministre Ehoud Olmert, avec l'argument qu'il serait dommageable d'interrompre une négociation importante pour le démettre de ses fonctions, la paix étant plus précieuse qu'une ‘affaire de dessous de table’; - en recherchant la paix Olmert cherche à rallier le soutien des pays et des médias occidentaux ; - donner un motif de retenue à la Syrie et - pour le moment - elle n'encouragera ni la terreur, ni les velléités guerrières du Hezbollah ; et si le Nord est ainsi tranquille, Israël peut mieux se concentrer sur les événements du Sud, ceux de Gaza ; - en élargissant le fossé entre les intérêts de la Syrie et ceux de l'Autorité palestinienne Israël a les mains plus libres », écrit Barry Rubin.
« Mais ce jeu en cours n'est pas une bonne stratégie - car il affaiblit le combat contre la sphère iranienne - objectif primordial au Moyen Orient aujourd'hui. Mais alors, quelles sont les motivations syriennes ? - Le principal problème de la Syrie est son isolement sur le plan international. Son alliance militaire étroite avec l'Iran qui s'ajoute à son soutien de la terreur au Liban, en Irak et en Israël lui coûtent très cher diplomatiquement. Négocier avec Israël lui donne une caution de bonne conduite ; - la Syrie veut que l'Occident oublie les assassinats perpétrés au Liban et annule le procès pour meurtre de l'ex -premier ministre du Liban Hariri (ndlr : Barry Rubin rejoint ici Albert Capino) ; - la Syrie veut de même qu'on ferme les yeux sur ses incartades nucléaires, la construction d'une centrale à plutonium avec l'aide de la Corée du Nord. De même pour son soutien à l'insurrection en Irak ; - la Syrie veut gagner du temps en faisant le pari que Barack Obama sera le prochain président américain et qu'il suivra une politique pro-syrienne (note de www.nuitdorient.com : n'oublions pas que c'est un Syrien de Chicago, ami des Al Assad, qui a mis le pied d'Obama à l'étrier politique) », précise Barry Rubin.
« Le Département d'Etat américain, la France ou l'Onu n'ont pas levé le petit doigt pour sauver le Liban de la main mise du bloc Iranien, sous prétexte que le Liban serait plus stable ainsi (note de www.nuitdorient.com : le Liban était dans une impasse sur le plan des institutions; l'accord de Doha n'a fait que donner aux shiites la place qu'ils revendiquaient sur le plan politique, du fait de leur importance dans la population. Cependant la stabilité future n'est nullement garantie) », ajoute Barry Rubin.
« Croire que la Syrie cherche la paix est complètement absurde. Toute paix qui entraînerait la reconnaissance d'Israël, l'éloignement de la sphère Iranienne, l'abandon du Hezbollah et du Hamas, la cessation de toute ingérence terroriste en Irak, irait contre les intérêts syriens ; - en attendant le Liban est tombé dans le filet du Hezbollah et ce pays rejoint la sphère Iranienne. Cette catastrophe (ndlr : l’abandon des Libanais par l’occident) prend d'autant plus d'ampleur que tout le monde fait semblant de l'ignorer », conclut Barry Rubin.
Miguel Garroté monde.info@yahoo.com
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