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mercredi 7 mai 2008

Antisémitisme : les livres qui tuent encore aujourd'hui

Antisémitisme : les livres qui tuent encore aujourd’hui.

Pour une fois, je m’informe pendant deux heures devant la télé sans m’énerver. Le mardi 6 mai 2008, sur la chaîne de télévision Arte, à 21h00, Daniel Leconte présente « Les bréviaires de la haine ». Je passe une soirée instructive sur un thème effrayant. L’enquête exceptionnelle de Arte analyse d’abord « Mein Kampf », écrit par Adolf Hitler en 1924. Et ensuite « Les Protocoles des sages de Sion », rédigés par la police secrète russe au début du vingtième siècle. L’enquête de Arte fait la démonstration que les actes, quels qu’ils soient, naissent toujours dans les pensées, dans les paroles et dans les écrits. Et que la pensée conspirationniste est toujours vivante.

En effet, « Les Protocoles des sages de Sion » et « Mein Kampf » ont entraîné la mort de millions de Juifs. Les pensées, les paroles et les écrits peuvent donc tuer. A l’heure où le président iranien Ahmadinejad répète sans relâche qu’il veut « rayer Israël de la carte », j’aimerais revenir sur l’émission d’Arte. Car depuis le temps des « Protocoles » et de « Mein Kampf », le monde, en réalité, n’a pas tellement changé.

Le « Mein Kampf » de Hitler et les « Protocoles des sages de Sion », véritables bréviaires de l'antisémitisme, du stalinisme et du national-socialisme, ont engendré la pire atrocité de l’histoire du vingtième siècle : la Shoah.

A cet égard, j’admets volontiers que, certes, il y a eu et il y a encore des génocides. Que certes, le communisme, mais sur une période beaucoup plus longue, a fait plus de victimes que le national-socialisme. Toutefois il y a une particularité unique qui est propre à la Shoah. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que dans des pays de culture judéo-chrétienne le peuple choisi par Dieu a fait l’objet de déportations et d’exterminations minutieuses, planifiées jusque dans les moindres détails logistiques et administratifs. Des Allemands et des collaborateurs ont organisé cette monstruosité en terre judéo-chrétienne avec la même discipline et la même sérénité que s’il s’agissait des bêtes contaminées, de bovins atteints de la maladie de la vache folle ou de poules atteintes de la grippe aviaire. Après cette monstruosité, ces mêmes Allemands et ces mêmes collaborateurs ont déclaré à leurs juges, qu’ils avaient simplement obéi aux ordres et qu’ils n’avaient pas eu le choix.

Or justement l’enquête de Arte commence par un documentaire de Antoine Vitkine sur le « Mein Kampf » de Hitler démontrant que toutes les monstruosités que Hitler a mises en pratique pendant la Guerre de 1939-1945 étaient contenues dans son « Mein Kampf » écrit en 1924. Pourtant, la France et la Grande Bretagne ne se sont pas affolées à la sortie de « Mein Kampf ». Avec les conséquences que l’on sait.

Et la même histoire se répète aujourd’hui. « Mein Kampf » a été publié à 12 millions d'exemplaires en Allemagne entre 1925 et 1945. « Mein Kampf » a été vendu à des centaines de milliers d’exemplaires dans de nombreux pays. « Mein Kampf » a été traduit en seize langues. Aujourd'hui, en 2008, « Mein Kampf » est toujours vendu à travers le monde. « Mein Kampf » est un best-seller en Turquie et il est largement répandu dans le monde musulman, y compris dans la Bande de Gaza et en Judée-Samarie.

L’enquête de Arte démontre que Hitler a mis en oeuvre pendant la Guerre de 1939-1945 - et même avant - tout ce qu'il avait écrit dans « Mein Kampf » en 1924 : l’annexion de l’Autriche ; la guerre contre la France ; la guerre contre l'URSS ; les lois racistes ; et l’annihilation des Juifs d'Europe. A la fin des années 1930, Hitler fait publier en France (et donc en français) un faux « Mein Kampf » prêchant la paix. Un faux « Mein Kampf » vidé des passages sur les vraies intentions de Hitler à l’égard de la France. Lorsque les intentions bellicistes de Hitler se révèlent, dès 1938, il est évidemment trop tard.

Le deuxième documentaire de Arte, réalisé par Barbara Necek, « La vérité est ailleurs », rappelle la véritable histoire des « Protocoles des Sages de Sion ». Ecrits par la police secrète russe au début du vingtième siècle, les « Protocoles des sages de Sion » sont soi-disant le plan d'un pseudo conseil juif pour anéantir le christianisme et pour gouverner le monde. Le faux document est destiné à faire croire au tsar Nicolas II qu'une soi-disant conspiration juive est ourdie contre sa dynastie.

Après la Guerre de 1914-1918, les « Protocoles » nourrissent l’extrême-droite antisémite européenne. En Allemagne, Adolf Hitler en fait un livre de référence. Mais le « Times » de Londres révèle en août 1921, preuves à l'appui, que les « Protocoles » sont un faux. De nos jours, on connaît la nature des « Protocoles », y compris leur date de fabrication, leur auteur et le documentaire de Arte réaffirme tout cela preuves à l’appui.

Le documentaire de Arte démontre aussi, notamment par le biais d’interview menées auprès de Palestiniens et de Russes, que dans les pays arabes et en Russie, les « Protocoles » sont présentés au public comme un texte historique. Les « Protocoles » sont non seulement diffusés en librairie, mais adaptés en série télévisée palestinienne haineuse, antijuive, anti-chrétienne et anti-américaine. Et la charte du Hamas fait clairement référence aux « Protocoles ».

A cet égard, j’aimerais redire que l’antisémitisme est aujourd’hui selon moi très répandu. Cela tient notamment à l’imposture antisioniste, une forme particulièrement dangereuse d’antisémitisme. Le sionisme, c’est, concrètement, le simple droit des Juifs, à disposer, d’un Etat juif, dans des frontières, réellement défendables. Alors que l’antisionisme, c’est, concrètement, la négation, pure et simple, de l’Etat d’Israël, quelles que soient ses frontières. L’imposture antisioniste, fait passer le sionisme, pour une idéologie raciste et impérialiste. En clair, on veut bien, ne pas être antisémite. Mais à condition que tous les palestiniens de la planète puissent vivre à l’intérieur des frontières actuelles, d’Israël. Autrement dit, on veut bien ne pas être antisémite, mais à condition qu’il n’y ait plus d’Etat Juif au Proche Orient.

Revenons à l’émission de Arte. Il n’y a pas que le Hamas pour s’approprier les « Protocoles ». Un porte-parole du Fatah de Mahmoud Abbas déclare paisiblement à Arte que tous les membres du Fatah lisent les « Protocoles ». Les « Protocoles » sont utilisés par le Hamas et par le Fatah pour inciter les Palestiniens à la destruction Israël. Les « Protocoles » sont également vendus massivement en Russie par le clergé orthodoxe qui n'a pas peur de diaboliser les Juifs auprès des fidèles. S’il y des problèmes en Russie, c’est la faute aux Juifs. Voilà.

Avec la Russie de Poutine, la bande de Gaza du Hamas et la Judée-Samarie de Abbas, « Mein Kampf » et les « Protocoles » ont encore de beaux jours devant eux. A la fin de l’émission sur Arte, Daniel Leconte demande au politologue et historien du CNRS Pierre-André Taguieff s’il faut prendre au sérieux la menace de Ahmadinejad qui veut rayer Israël de la carte. Réponse de Pierre-André Taguieff : oui. Leconte demande à Taguieff si la pensée conspirationniste existe toujours. Réponse de Taguieff : oui, avec le soi-disant complot américano-sioniste.

Pour conclure, je pose encore une fois la triple question qui irrite certains : Peut-on donner la Judée-Samarie à une autorité palestinienne dont la principale composante, le Fatah, utilise les « Protocoles » comme bréviaire ? Peut-on laisser l’Iran khomeyniste poursuivre son programme nucléaire et peut-on laisser ce même Iran continuer d’intervenir en Irak, au Liban, dans la bande de Gaza et en Judée-Samarie ? Doit-on offrir la paix maintenant à des gens qui pour l’instant ne veulent que la guerre ?

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