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lundi 18 juin 2007

Au-delà des souffrances

Aller au-delà des souffrances, c’est transcender les souffrances. Ce mouvement transcendant franchit l’obstacle de la souffrance (du latin transcendens, qui franchit). Il va de l’autre côté, il traverse. Ce mouvement est le trait d’union entre le naturel et le surnaturel. Il n’est ni ascendant (qui progresse vers le haut, du latin ascendere, monter), ni descendant (du latin descendere, qui va de haut en bas).

La seule transcendance efficace – surtout après le terrible échec des multiples « méditations transcendantales », zen, bouddhistes et autres, à la mode depuis plus de trente ans – c’est la transcendance de Dieu. On peut toujours nier cela. Par exemple, en affirmant que si Dieu existait vraiment, il aurait guéri depuis longtemps tous les malades et leurs souffrances ; ou encore, en se lamentant que Dieu, bien qu’il existe, ne fasse rien pour les malades et leurs souffrances.

Dans une série de conférences (à Lourdes, en juin 2005, devant 500 Pèlerins de l’Eau Vive), le Père Jean-Marie Baptiste Cettou, aborda le thème « Souffrir en aimant, ce n’est plus souffrir ». Il s’inspira notamment de textes de Jean-Paul II. Le Père Jean-Marie déclara : « Souffrir, c’est communier au Corps du Christ. La souffrance dans l’amour devient une joie. L’Eglise s’arrête au cœur de l’homme qui souffre. La sainteté entre dans la souffrance de l’homme. La souffrance morale, de l’âme, peut atteindre le corps et donner des douleurs physiques ».

Dieu peut, si l’on a la bonne volonté de le Lui demander, donner le pouvoir de transcender la souffrance. En clair, l’on peut, soit offrir à Dieu, soit se révolter contre son handicap, son invalidité. Mais dans les deux cas, le handicap, l’invalidité, demeurent. Et c’est là qu’intervient la transcendance de Dieu. Pour dire les choses clairement et franchement, la question est : oui ou non, veut-on porter sa Croix ? On en revient au postulat du Père Jean-Marie, inspiré de textes de Jean-Paul II : « Souffrir, c’est communier au Corps du Christ. La souffrance dans l’amour devient une joie. L’Eglise s’arrête au cœur de l’homme qui souffre. La sainteté entre dans la souffrance de l’homme ».

La question n’est donc pas non plus de rechercher des réponses toutes faites à son mal-être. La question est plutôt de chercher des moyens de ne pas être mal dans sa peau 80% du temps. Bien sûr, porter sa Croix agace. Certains, par crainte ou par égoïsme, choisissent Jésus sans la Croix. D’autres, par désespoir ou par masochisme, choisissent la Croix sans Jésus. Les deux choix sont mauvais.

Voici ce qu’en dit le Saint Curé d’Ars : « Ce n’est pas toi qui porte la Croix, c’est la Croix qui te porte. La souffrance paisible n’est pas souffrance, puisqu’elle est union de l’âme au Seigneur Jésus ». Quant à Saint Paul, il n’y va pas non plus de main morte : « Avec le Christ, je suis fixé à la croix : je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 19b-20).

Si nous offrons nos souffrances au Christ, en communion avec sa Passion et sa Croix, nous devenons co-rédempteurs (sauveurs) de l’humanité. Nous participons au salut du monde. Nous soulageons la souffrance du Christ lors de sa Passion et de sa Croix. Car il n’y a pas de temps pour Dieu. Le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes. L’offrande de nos souffrances aujourd’hui, soulage la souffrance du Christ, au moment où sa souffrance se produit, le jeudi et le vendredi saints de l’An trente-trois de notre ère, à Jérusalem. Car le Christ vit de toute éternité ; de l’éternité passée, qui n’a jamais eu de commencement, à l’éternité future, qui n’aura jamais de fin. Aux Cieux, ceux qui sont au-dessus du ciel visible, Dieu embrasse le temps tout entier. Il est Celui qui est, qui était et qui vient.

Il y a donc une différence fondamentale entre : refuser nos souffrances ; seulement accepter nos souffrances ; ou offrir nos souffrances. Dans le troisième cas, nous entrons dans l’espérance à travers la Croix. Nous allons au-delà des souffrances. Offrir nos souffrances et entrer ainsi dans l’espérance à travers Croix ? Ceci ne constitue-t-il pas, malgré tout, un chemin bien triste et bien solitaire ? On peut répondre, à cette inquiétude, en citant ici Frère Ephraïm, notamment lorsqu’il parle de don et d’oblation : « Notre société occidentale est une grande dépressive (…) Il n’est pas d’autre maladie que la maladie d’amour et pas d’autre remède que l’Amour même. On ne guérit de cette blessure que par une blessure plus grande, une blessure infinie qui s’ouvre sur l’amour éternel ; c’est ce que disent tous les mystiques, ceux qui ont traversé la grande dépression de la vallée de l’ombre et de la mort pour entrer dans le jardin clos des délices éternelles. Nous sommes malades d’un Dieu manquant qui est le sens de toute existence (…) Toute dépression repose sur une perte des sens. Or, le sens le plus profond et ultime de notre existence c’est le don, l’oblation ; le Christ nous a montré le chemin et nous l’a appris par l’exemple. Si nous pouvions comprendre que celui qui se donne est en Dieu, qu’il est né de Dieu ; et qu’à celui qui est en Dieu rien ne lui manque… Dieu seul suffit » (Frère Ephraïm, Feu & Lumière, mai 2006). En résumé, nous pouvons choisir, librement, de transcender nos souffrances.

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