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jeudi 7 janvier 2010

Quand l'antiracisme devient racisme

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Michel Garroté
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Jeudi 7 janvier 2010 – 21 Tevet 5770
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Eric Besson, ministre français de l’immigration et de l’identité nationale a déclaré tout récemment, je cite : « la France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage ».
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Conglomérat vient du verbe conglomérer. C’est un terme qui signifie amasser en peloton, entasser, pelotonner. Bernardin de Saint-Pierre, dans Étude IV, écrivait : « Ils formèrent à leur confluent d'horribles contre-marées qui conglomérèrent les sables, les cailloux ».
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Quant au métissage, selon la définition de Littré, c’est, je cite Littré, "l’action de croiser une race avec une autre pour améliorer celle qui a moins de valeur".
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L'expression de métissage est réservée généralement pour les croisements pratiqués dans l'espèce ovine, soit les moutons. Gayot, dans le Bulletin de la Société d'Agriculture de France, IIIe série, tome III, page 590 écrivait, je cite : « J'arrive au métissage, c'est-à-dire au croisement arrêté à la première ou à la deuxième génération en vue de créer une race intermédiaire ».
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En outre, métissage vient de métis. A propos de métis, Littré écrivait, je cite : "Qui est né d'un blanc et d'une Indienne (d'Amérique), ou d'un Indien (d'Amérique) et d'une blanche ; on dit mulâtre quand il s'agit d'un blanc et d'une négresse, ou d'un nègre et d'une blanche" (c’est donc Littré qui écrivait cela). (…) "Le produit de deux reproducteurs de races différentes s'appelle premier métis ; demi-sang, lorsque l'un des reproducteurs est de pur sang ; le produit de l'accouplement d'un premier métis avec un individu d'une des races primitives s'appelle deuxième métis ou trois quarts de sang. On dit aussi troisième métis, quatrième métis, etc."
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« Il y a des formes d'hommes, en certains endroits, qui ont fort peu de ressemblance avec la nostre, et y en a de metisses et ambigues entre l'humaine et la brutale », écrivait Charron, dans Sagesse, I, 43.
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Eric Besson, actuel ministre français de l’immigration et de l’identité nationale, en utilisant les termes « conglomérat » et « métissage », effectue un pas en arrière de plusieurs siècles. En essayant d’être « anti-raciste », Eric Besson utilise en réalité des termes qui remontent à l’époque des thèses raciales et racistes. Si la France est un conglomérat de métissages comme l’a déclaré Eric Besson, alors la voie est désormais ouverte aux pires thèses racistes. Car chacune et chacun, dans ce conglomérat métissé, va vouloir affirmer son identité et son origine. Je vois mal en effet, en France, les Algériens, les Marocains et les Maliens par exemple, considérer qu’ils n’ont plus d’identité, plus d’origine, et qu’ils ne sont que des métis aglomérés dans un conglomérat. A trop se la jouer multiculturel, on finira par déclencher des revendications éminemment raciales de toutes parts, y compris côté maghrébin et côté africain.
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Dernier point : pour ce qui me concerne, je suis franco-suisse d'origine hispano-allemande et je vis en Suisse. Je suis né et j'ai grandi en Suisse parce que jadis mes aieux ont quitté leur pays d'origine respectif pour éviter la persécution. Je ne suis pas Juif, mais à gauche et dans la droite extrême on me reproche ma judaïté en raison des mes écrits. Je suis de droite, ça par contre, c'est vrai (on va dire deux centimètres à droite de l'UMP, c'est à dire à gauche du Front National). De tous ces faits-là, suis-je, selon la dialectique bessonnique, un raciste, un antiraciste, un métis, un agloméré ou les quatre à la fois ? Faudrait poser de ma part la question au guichet du ministère concerné.
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Car moi, depuis ici, à 1'500 d'altitude dans les Alpes suisses sans minarets, je n'ai pas vraiment l'occasion d'interroger les ministères de l'Hexagone sur leurs motivations profondes. Et puis, je n'arrive plus à les prendre au sérieux, même à distance. En fait, je les trouve ridicules, pitoyables et, surtout - avec leurs théories fumeuses et dangereuses - et bien, pour l'instant, leur avis, je m'en tape. En revanche, j'ai bien peur qu'en France, les 65 millions d'habitants du conglomérat métissé finnissent un jour par en avoir plus qu'assez du jargon politiquement correct. Ce qui pourrait déclencher des effets collatéreaux.
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