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lundi 30 novembre 2009

Minarets - Défaite des islamo-collaborationnistes

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Minarets – Défaite des islamo-collaborationnistes
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Michel Garroté
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Lundi 30 novembre 2009 - 13 Kislev 5770
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Or donc, 57,5% des Suisses ne veulent pas de minarets chez eux. Ils l'ont démocratiquement confirmé hier dimanche 29 novembre 2009.
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Il se trouve que récemment, en Espagne, le parti socialiste a « demandé pardon » (???) pour l'expulsion des Morisques au XVIIe siècle. En effet, le groupe parlementaire socialiste espagnol a déposé un texte en faveur de « la reconnaissance institutionnelle de l'injustice commise à l'encontre des Morisques expulsés d'Espagne ». Les socialistes espagnols ont exhorté leur gouvernement à « entreprendre toutes les actions qu'il juge nécessaires pour établir et renforcer les liens économiques, sociaux et culturels avec les populations du Maghreb et d'Afrique Subsaharienne descendantes des Morisques expulsés du territoire espagnol au XVIIe siècle ».
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Il a fallu plusieurs siècles aux chrétiens espagnols pour mettre fin à l'occupation islamo-mauresque. Mais le parti aujourd'hui au pouvoir en Espagne « demande pardon ». Sans commentaires.
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Il se trouve - toujours sur le même sujet - que l'actuel Premier ministre turc, issu du parti islamique « modéré » (mdr) avait, quant à lui, déclaré de façon explicite : « Les mosquées sont nos casernes, les citoyens nos soldats, les coupoles nos casques, les minarets nos baïonnettes ». Il se trouve que le mouvement des baïonnettes a permis aux Turcs de génocider, en 1920, près de deux millions de chrétiens.
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J'ai déjà écrit de nombreuses fois, au nom de la légitime réciprocité, que nous accepterons les minarets chez nous en Europe lorsque nous pourrons construire et reconstruire nos églises et nos synagogues et pratiquer librement notre foi juive et chrétienne en terre dite d’islam, par exemple en Turquie et en Arabie saoudite.
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Il se trouve qu'il y a une grande mosquée à Rome, mais plus d'églises et plus de synagogues ou presque en terre dite d'islam y compris en Turquie, futur Etat-membre de l'Union européenne.
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Il se trouve que la « tour » de la grande mosquée de Paris atteint 30 mètres, celle de Créteil, 25 mètres. À Strasbourg, pas de minaret faute de moyens. Toutefois, « si la communauté (ndmg mahométane) le souhaite, elle aura son minaret », a déclaré fin novembre, bienveillant et rassurant, Roland Ries, le député maire socialiste de cette ville. La future grande mosquée de Marseille, elle, aura son minaret.
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Il se trouve que dans la culture mahométane, le monde est divisé en Dar al-Islam, Maison de la paix, Terre d'Islam ; et Dar al-Harb, maison de la guerre, terre d'infidèles.
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Il se trouve que dans la culture mahométane les cinq appels quotidiens à la prière sont notamment effectués pour que la terre où ils ont cours soit Dar al-Islam, Maison de la paix, Terre d'Islam. Les minarets et les cinq appels à la prière quotidiens - je l'ai déjà écrit plusieurs fois - sont le signe concret que le Dar al-Harb, maison de la guerre, terre d'infidèles, devient Dar al-Islam, Maison de la paix, Terre d'Islam.
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Il se trouve qu'il y a actuellement ingérence de certains musulmans de France dans les affaires intérieures de la Confédération helvétique, concrètement sur le vote suisse contre les minarets. En effet, du côté de la grande mosquée de Lyon, on critique le résultat du vote suisse : « Il s'agit d'un vote d'intolérance, tournant le dos aux bases juridiques les plus constantes qui, à travers le monde, garantissent la liberté de religion. J'appelle à une réaction de tous les musulmans, des fidèles de toutes les religions, et de tous les démocrates, au niveau européen, pour s'opposer à ce que ce vote, contraire aux fondements du droit, devienne une loi ».
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Les Suisses prendront acte de cette critique, qui est aussi une menace, et qui, pour comble, se garde bien de mentionner l'intolérance - et la persécution - des non musulmans en terre dite d'islam.
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Il se trouve, à ce propos, que dans une récente déclaration, le Cardinal Tauran a rappelé ceci : « Aucun signal positif de la part de l’Arabie Saoudite n’a été donné en ce qui concerne la possibilité d’obtenir un local pour la célébration de la messe dominicale ». Il ne s'agit même pas d'obtenir une église, mais un simple local, pour les milliers et les milliers de philippins et d'expatriés occidentaux.
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Il se trouve que le politiquement correct a été jusqu'à truquer les sondages avec 20,5% d’écart (!!!) entre les prévisions et le vote suisse sur les minarets. Une semaine avant le vote, les sondages donnaient le non aux minarets à 37%. Le vote, lui, a donné 57,5% de non aux minarets.
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Le journaliste algérien en exil Mohamed-Cherif Bouhouia, spécialiste de l’islam, qui était resté quelques temps à Genève, avait dit, à son confrère suisse, Vincent Pellegrini, qu’il avait trouvé - dans les mosquées de Genève et dans les associations - l’islam radical et le double langage. Mohamed-Cherif Bouhouia avait averti Pellegrini : « Dans dix ans, en Suisse, vous aurez de gros problèmes ».
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Les gros problèmes, 57,5% des Suisses en sont visiblement conscients. Hier dimanche 30 novembre 2009, les islamo-collaborationnistes ont essuyé une terrible défaite. Quelque chose me dit qu'ils ne vont pas s'avouer vaincus. De la part des islamistes et de la part des islamo-collaborationnistes, les Suisses doivent s'attendre à des représailles. Du reste, elles ont déjà commencé.
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jeudi 26 novembre 2009

Faudra-t-il invoquer la social-démocratie libérale ?

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Michel Garroté
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Jeudi 26 novembre 2009 - 9 Kislev 5770
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Comme c'est amusant. Je lis - ça et là sur le wire - que Dominique Strauss-Kahn (DSK) serait candidat - non déclaré - aux présidentielles de 2012. Non mais je dis que c'est amusant parce que j'ai plusieurs fois abordé le sujet et certains ont grincé des dents : comment un intellectuel de droite (ça c'est donc moi) peut-il insinuer que, peut-être, au deuxième tour des présidentielles, il serait moins désastreux, de voter pour un social-démocrate modéré (ça c'est donc DSK, mais cuvée 2012, pas cuvée 2009), plutôt que de voter, une fois de plus, pour le prestidigitateur du social-étatisme (ça c'est donc Sarkozy-le-bavard) ?
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Or justement, voici que Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, refuse de commenter les spéculations sur son avenir présidentiel, mais sans refuser de devenir candidat présidentiel. En effet, invité du Grand Journal de Canal+, DSK déclare : « Vous avez des gens qui passent leur vie dans le passé, vous avez des gens qui passent leur vie dans l'avenir, moi je vis dans le présent ». Et DSK précise que la question de sa candidature aux primaires du parti socialiste se posera en 2011 : « Ce n'est pas mon sujet aujourd'hui » dixit DSK. Mais DSK déclare - aussi - suivre « de près ce qui se passe en France ».
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DSK parle également de la crise économique : Je suis habité par l'idée que cette crise ne peut pas être seulement un malheur mais aussi une chance, déclare DSK en substance. Sur le FMI, DSK a estimé, en substance, qu'avant la crise, le FMI était le gendarme du système financier mais qu'aujourd'hui les gens voient le FMI plus comme un médecin.
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Un récent sondage TNS-Sofres révèle que DSK est considéré, par 36 % des sondés, comme le meilleur candidat socialiste pour 2012, très loin devant Ségolène Royal (11 %), Bertrand Delanoë et Martine Aubry (10 %). DSK au Grand Journal de Canal+, cela fait suite à l'interview accordée par DSK au Figaro hier mercredi. Alors que l'on ne vienne pas me raconter qu'avec trois fois plus de soutient que les filles du PS, DSK n'envisage pas de se présenter.
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Si son stage d'économie de marché au FMI fait de DSK un social-démocrate modéré d'ici 2011-2012 (style Helmut Schmidt jadis), alors sa résidence quinquennale à l'Élysée pourrait être moins ruineuse - pour les Françaises et les Français - que celle de l'actuel locataire, qui lui, flambe les loyers à coups de déficits et d'endettements abyssaux. Et puis, côté fanfaronnades audiovisuelles chroniques, ça nous ferait des vacances.
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mercredi 25 novembre 2009

Réchauffement iranique de la planète

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Michel Garroté
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Mercredi 25 novembre 2009 - 8 Kislev 5770
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Le président iranien - dictatorialement réélu dans le sang - Mahmoud Ahmadinejad, débute aujourd'hui mercredi 25 novembre, une visite officielle au Venezuela. Il s'entretiendra avec son homologue, le caudillo autocrate Hugo Chavez. Les entrepreneurs iraniens et vénézuéliens évaluent à 70, rien que ça, les accords susceptibles d'être signés par les deux clowns hallucinés.
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Par ailleurs, les six grandes puissances mondiales qui négocient le dossier nucléaire iranien viennent de rédiger un projet de résolution à soumettre à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique, une filiale de l'ONU, projet de résolution condamnant l'Iran pour avoir caché un site d'enrichissement d'uranium. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (USA, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France) et l'Allemagne ont rédigé un projet de résolution qu'ils soumettront aux 35 membres de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique au plus tôt jeudi prochain.
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La révélation en septembre dernier d'un nouveau site d'enrichissement d'uranium malgré l'interdiction de l'ONU pousseraient la Russie et la Chine, jusqu'ici opposées à un durcissement des sanctions, à rallier les USA, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Les six grandes puissances, réunies la semaine dernière à Bruxelles, ont déclaré que la gravité de la révélation d'un nouveau site d'enrichissement d'uranium à l'intérieur d'une montagne près de Qom « ne contribue pas à faire confiance à l'Iran ».
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Les six grandes puissances avaient fixé à fin 2009 l'échéance pour que l'Iran donne sa réponse définitive au projet de transférer 75% de l'uranium iranien faiblement enrichi en Russie puis en France afin qu'il y soit converti en combustible nucléaire.
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« Personne en Iran n'a jamais dit que nous étions contre le transfert à l'étranger d'un uranium enrichi à 3,5%. (…) Quand nous disons que nous voulons 100% de garanties, cela veut dire que nous voulons que cet uranium enrichi à 3,5% soit transféré dans des circonstances qui nous garantiront que nous recevrons de l'uranium à 20% » avait déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast (ce prononce 'rat mine même en para'...).
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Les dirigeants occidentaux avaient alors jugé que l'Iran cherchait à gagner du temps et à éviter des sanctions en proposant de poursuivre, soi-disant, les négociations sur la fourniture de combustible, tout en continuant ses activités d'enrichissement d'uranium.
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« Le monde ne doit pas isoler l'Iran dans la recherche de la paix au Moyen-Orient », avait estimé, de son côté, lundi dernier, l'ambigu président brésilien Luiz Iñacio Lula da Silva (à vos souhaits). Le président Lula avait tenu ces propos suite à une réunion - de trois heures - avec son homologue Mahmoud Ahmadinejad (à propos où en est l'enquête concernant le vol Hezb Air France, sur la ligne Rio - Paris ?).
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Mahmoud Ahmadinejad avait alors déclaré, en guise de provocation suite aux propos de Lula, que l'Iran améliorerait sa technologie d'enrichissement de l'uranium s'il ne pouvait pas acheter de l'uranium enrichi à l'étranger (ce qui donne un éclairage intéressant aux balbutiements persans, cités plus hauts, de Ramin Mehmanparast, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères).
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Deux faits majeurs ressortent des événements de ces huit derniers jours. Primo, il devient évident pour tout le monde que l'Iran - avec ses sites secrets d'enrichissement d'uranium - cherche à gagner du temps...le temps de mettre au point sa première bombe atomique.
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Secundo, l'Iran - avec ses pétrodollars et ses mercenaires - étend désormais son influence au Liban, à la bande de Gaza, à certains groupes palestiniens de Judée Samarie, au Venezuela et au Brésil, pays qui compte une importante communauté chiite, notamment d'origine libanaise. Ces deux faits majeurs signifient que l'Iran - bientôt nucléaire - est sur le point de devenir une puissance économique et stratégique incontournable.
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Ainsi, les ayatollahs intégristes chiites iraniens ne menacent plus uniquement de « rayer Israël de la carte » et « d'effacer Israël de la page du temps », dixit le nazislamiste Ahmadinejad. Les ayatollahs intégristes chiites iraniens menacent, aussi, les démocraties occidentales et les pays sunnites.
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Et au rythme où l'Iran accélère son influence, les pays sunnites vont bientôt - en secret - supplier Israël de passer à l'action...
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mardi 24 novembre 2009

Les atrocités du communisme génocidaire

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Michel Garroté
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Mardi 24 novembre 2009 - 7 Kislev 5770
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Je lis sur le wire qu'à Phnom Penh, capitale du Cambodge, l'accusation réclame, aujourd'hui mardi 24 novembre 2009, une « longue peine » contre Douch, alias Kaing Guek Eav, patron de la prison de Tuol Sleng, à l'époque des dirigeants communistes génocidaires Khmers rouges, formés, rappelons-le, dans les universités françaises. Douch, responsable de la torture et de la mort de quelque 15'000 personnes, est décrit aujourd'hui mardi comme un « croisé prêt à tout sacrifier à la cause » révolutionnaire. « Rien d'autre qu'une longue peine d'emprisonnement ne devrait être prononcée à son encontre », estime aujourd'hui Chea Leang, procureur cambodgienne, selon laquelle Douch a été "l'efficacité impitoyable personnifiée" du régime communiste génocidaire du tristement célèbre Pol Pot, jadis coqueluche de la gauche et de l'extrême-gauche française.
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Le réquisitoire doit reprendre demain matin mercredi afin que Douch et sa défense s'expriment. Douch, 67 ans, de son vrai nom Kaing Guek Eav, est jugé pour crimes de guerre et pour crimes contre l'humanité car il a dirigé de 1975 à 19079 la prison de Tuol Sleng, aussi connue sous le nom de S-21. Les procureurs internationaux et cambodgiens ont rejeté méthodiquement les arguments que Douch avait présentés à l'audience. Douch a admis sa responsabilité à la tête de l'usine à torture de la capitale, la prison de Tuol Sleng. Mais Douch n'a cessé de minimiser son rôle politique au sein du régime.
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Douch a aussi affirmé avoir appliqué les ordres « à contre-coeur », pour « éviter » d'être lui-même exécuté. Mensonges selon l'accusation : « l'accusé n'était ni prisonnier, ni otage, ni victime. (...) C'était un idéaliste, un véritable révolutionnaire, un croisé prêt à tout sacrifier à la cause », estime aujourd'hui le procureur international, William Smith. « Il a dit lui-même qu'il était les oreilles et le nez du régime », ajoute le procureur, dans un réquisitoire suivis dans une salle comble et retransmis en direct dans tout le Cambodge qui découvre ainsi la vérité sur un passé que les autorités locales ont longtemps refusé de reconnaître.
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Entre 1975 et 1979, deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population de l'époque, sont morts sous l'effet de la torture, de l'épuisement et de la malnutrition. Le Cambodge avait sombré dans le chaos, soumis à Pol Pot qui voulait éliminer tous les intellectuels et vider toutes les villes de leurs habitants. Douch a servi ces objectifs en instaurant une terreur absolue. Il est « devenu un maillon essentiel entre les politiques criminelles du régime et leur exécution », estime aujourd'hui le procureur William Smith. « S-21 (ndmg la prison de Tuol Sleng) était une source de fierté professionnelle. Cette prison portait en quelque sorte son nom », précise le procureur William Smith. Des cinq dirigeants - du régime génocidaire - aujourd'hui détenus, Douch est le premier à être jugé.
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Le verdict, qui est attendu pour début 2010, témoignera de ce que la justice aura retenu des aveux d'un homme qui, il y a trente ans, s'est évertué à ce que « le Kampuchéa démocratique puisse tuer autant d'ennemis que possible. (...) Si elles étaient vivantes, les (15'000) victimes (de la prison de Tuol Sleng) rempliraient la galerie publique du tribunal plus de 24 fois », rappelle aujourd'hui la procureur Chea Leang, énumérant les « prélèvements forcés de sang sur des prisonniers vivants jusqu'à ce que mort s'en suive, la chirurgie anatomique sur des sujets vivants, les détenus forcés de manger leurs excréments ». Chea Leang ajoute : « un individu n'était pas seulement exécuté, mais mis en miettes, oblitéré, effacé de la planète ». Effacer de la planète. C'est ce qu'a fait Hitler. Et c'est ce que planifie Ahmadinejad. Quoi de neuf sur notre planète ?....
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vendredi 20 novembre 2009

Ils nous prennent tous pour des crétins

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Michel Garroté
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Vendredi 20 novembre 2009 - 3 Kislev 5770
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Le Fatah palestinien va déclarer une troisième Intifada, autrement dit une troisième guerre de la terreur. Le Fatah a pris la décision stratégique de déclarer une troisième Intifada contre Israël, ont déclaré des responsables cités par le journal Hadith Anas. Cette décision serait issue de « l'échec des pourparlers ». L'information a été confirmée par Guysen International News, aujourd'hui vendredi 20 novembre 2009, à 11:43, heure d'Israël. Le faux alibi de « l'échec des pourparlers » (quels pourparlers et avec quel interlocuteur palestinien ?) cache mal le fait que la dernière convention du parti unique Fatah fut un échec ; et que, de ce fait, rien de tel qu'une petite guerre contre Israël, question de masquer les dissensions internes et le chaos empirique côté palestinien.
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A propos de chaos empirique justement, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas confirme le report de l'élection présidentielle et des élections législatives, initialement prévues le 24 janvier 2010. Mahmoud Abbas précise que l'Autorité palestinienne prendra les mesures nécessaires pour éviter un « vide constitutionnel » (mdr), à l'expiration de la législature en cours, et à la fin de son mandat présidentiel, le 25 janvier 2010. Mahmoud Abbas allègue qu'il ne briguera pas un deuxième mandat à la tête de l'Autorité palestinienne. Une allégation que certains observateurs décrivent comme une ruse.
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Et puisqu'on parle de ruse, il faut savoir que l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) devrait prolonger le mandat de Mahmoud Abbas lors de sa prochaine réunion, prévue en décembre (c'est donc ça que Mahmoud Abbas appelle prendre les mesures nécessaires pour éviter un « vide constitutionnel »). Mahmoud Abbas restera, de ce fait, en fonction (et les médias occidentaux vont très bientôt nous l'annoncer comme la chose la plus naturelle...). Rappelons aussi, dans ce contexte ubuesque, que le Hamas contrôle militairement, depuis juin 2007, la bande de Gaza, dont il a expulsé, par la force, les membres du Fatah, et donc, les hommes de Mahmoud Abbas.
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Par ailleurs, des représentants du « Groupe des Six », soit les cinq États qui sont membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (USA, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l'Allemagne se réunissent, aujourd'hui vendredi 20 novembre 2009, à Bruxelles, suite au refus des mollahs iraniens de signer l'accord concernant l'uranium enrichi en Iran (refus que nous avons anticipé sur ce blog et refus au sujet duquel les Chancelleries occidentales feignent l'étonnement). Le Groupe des Six examinera des « nouvelles mesures » contre le régime des mollahs iraniens (c'est donc le même disque rayé et le même gramophone depuis des années et des années). Hier jeudi, Barack Obama a déjà annoncé de nouvelles sanctions dans le courant des semaines à venir (nous voilà rassuré, ce ne sont pas de nouvelles mesures, mais de nouvelles sanctions, dixit Barack Hussein).
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Enfin, signalons que le chef religieux du mouvement terroriste libanais Hezbollah, le mollah Hassan Nasrallah a été « réélu » (mdr) secrétaire général du mouvement intégriste chiite soutenu par l'Iran (lui aussi grand spécialiste de la réélection). Le Hezbollah reste - encore et toujours - attaché au principe du Wilayat al-Faqih, le système théocratique appliqué en Iran par les mollahs intégristes de Téhéran. L'arsenal du Hezbollah compte, notamment, des dizaines de milliers de roquettes et de missiles de courte et moyenne portée. Représenté au Parlement libanais, le mouvement terroriste a en outre deux ministres au sein du gouvernement libanais.
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On les voit, les nouvelles, en ce vendredi, sont excellentes, sur tous les fronts. Les Palestiniens de Judée Samarie, à défaut de se mettre d'accord entre eux sur la paix, annoncent une nouvelle guerre intifadique contre la population civile israélienne. Le Hamas terroriste continue de régner sur le Califat de Gaza. Mahmoud Abbas joue les prolongations tout en faisant mine de se tirer au vestiaire. Les mollahs intégristes iraniens poursuivent la construction d'une première bombe atomique et poursuivent par la même occasion la construction d'une diplomatie comique (entre nous soit dit, ils ont tout de même un sacré don pour faire tourner en bourrique nos ineffables et infatigables diplomates occidentaux, notamment le cynocéphale mal rasé de la solanitude Union Européenne). Et pour clôturer ce beau vendredi truffé de news réjouissantes, nous avons les clowns hallucinés du Hezbollah qui tout en infiltrant les institutions libanaises, continuent de préparer la prochaine guerre contre les civils de la moitié nord d'Israël. Le Fatahland, le Hamastan, l'Iran et le Hezbollistan nous souhaitent un bon week-end. Je parie que certains déculottés vont les en remercier. Lisez bien les journaux de samedi et dimanche. Vous m'en direz des nouvelles.
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jeudi 19 novembre 2009

Sarkozy Roi du Flambestan

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Michel Garroté
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Jeudi 19 novembre 2009 - 2 Kislev 5770
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Comme c'est amusant. La commission, dite Juppé-Rocard, sur le grand emprunt national, propose, un investissement public, en clair un endettement supplémentaire, tourné, paraît-il, vers l'innovation. Investissement, et donc endettement, de 35 milliards d'euros. Un montant qui, en réalité, atteindra 60 milliards d'euros, via d'autres financements, autrement dit, via d'autres endettements. Voilà, en gros, ce que nous annonce le rapport, de la commission dite Juppé-Rocard, rapport remis aujourd'hui jeudi 19 novembre 2009 à Nicolas Sarkozy.
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A propos de gros sous, j'aimerais tout d'abord rappeler que l'Assemblée Nationale a déjà voté l'ensemble du projet de loi de finances pour 2010. Celui-ci prévoit un déficit de l'État de 116 milliards d'euros. Or, le déficit du budget de l'État français a connu une nouvelle dégradation au mois d'août. Ce déficit a presque doublé sur douze mois, atteignant plus de 127 milliards d'euros fin août 2009 contre 67 milliards un an plus tôt. Par ailleurs, les intérêts liés à la dette publique de la France augmenteront de 4 milliards d'euros par an dans les années qui viennent.
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La dette publique de la France a atteint, quant à elle, le montant astronomique de 1428 milliards d'euros fin juin dernier, soit 61,1 milliards de plus en seulement trois mois. Avec le grand emprunt annoncé aujourd'hui jeudi, et avec les effets collatéraux de ce même emprunt, la dette passera de 1428 à plus de 1500 milliards d'euros. La dette atteindra plus de 84% du PIB en 2010 (après avoir atteint 77% en 2009). Puis elle continuera de s'aggraver pour s'établir à plus de 91% en 2013.
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Avec plus de 1500 milliards d’euros de dettes réparties sur 60 millions d’habitants, on ne voit pas comment la France de Sarkozy pourrait redémarrer. A moins de réduire massivement le budget de l'État et le nombre de fonctionnaires de l'État. Ce je Nicolas Sarkozy a promis de faire et ne fait toujours pas.
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J'ai lu, il y a un certain temps, à propos de ce qui est généralement appelé, de manière on ne peut plus floue, « marchés financiers », que, créés par certains gouvernements, les « fonds souverains » sont des fonds d'investissement spéciaux pour gérer les avoirs extérieurs des États. Leurs actifs sont estimés aujourd'hui à 5000 milliards de dollars et sont très développés en Asie et dans les pays producteurs de pétrole notamment.
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En clair, cela signifie que les « marchés financiers » cités à tord et à travers, ce sont, en ce moment, essentiellement les « fonds souverains », en clair, les Banques centrales et les Banques d'État de Nations arabes et asiatiques. Formulé de façon encore plus concrète, cela signifie que les « marchés financiers », ce sont, en grande partie, des dollars, certes américains, mais d’origine principalement pétro-musulmane et chinoise. Ces dollars américains d’origine principalement pétro-musulmane et chinoise, pudiquement appelés « fonds souverains », sont évalués à 5000 milliards de dollars.
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La question est : à part les dictatures et les monarchies pétro-musulmanes ainsi que la Chine totalitaire, personne d’autre n’a-t-il des fonds souverains pour secourir la France qui se prépare à accroître son endettement de 60 milliards d'euros supplémentaires, au travers de son grand emprunt, annoncé ce jeudi ? Car vu sous cet angle, inutile de dire que nos dirigeants politiques pourront, si nécessaire, continuer allègrement d'annoncer des endettements de 10 ou 100 milliards de dollars par-ci par-là. Au regard des 5000 milliards de dollars islamo-chinois susmentionnés, quelques dizaines ou centaines de milliards de dollars, c’est peanuts.
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On comprend mieux, dès lors, la décontraction avec laquelle le président français, son gouvernement, ses commissions et ses chargés de missions annoncent régulièrement avoir trouvé du pognon pour colmater les brèches. Cela étant dit, vu la provenance des fonds qui colmatent, on paiera, un jour, le prix politique d’une dépendance financière, encore plus accrue, vis-à-vis des États pétro-musulmans et vis-à-vis de la Chine totalitaire (l'UMP et le Parti communiste chinois ont tout récemment signé une série d'accords historiques...).
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Tout cela, on tâchera de s’en souvenir aux présidentielles de 2012. D’autant que d’ici-là, les « fonds souverains » arabo-chinois avec leurs 5000 milliards de dollars présenteront peut-être leur candidat (Sarkozy ?) à l'Élysée. Faudrait pas qu’à la télé on nous entube une deuxième fois avec le même leurre cathodique. Et si, vraiment, en 2012, il n’y a toujours pas de candidat de droite - y en a-t-il jamais eu d’ailleurs ? - on pourra toujours voter, au 1er tour, pour la Nouvelle Droite Républicaine. Et au 2ème tour, pour DSK. A tout prendre, on préfèrera, peut-être, pour redresser l’économie française, un social-démocrate issu du FMI, à un énième clone de Giscard, 35 ans après la naissance du social-étatisme, en l'An de disgrâce 1974. Oui, je sais, tout cela ne semble pas très logique. Mais qui a dit qu'on parlait de logique ici ?
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mercredi 18 novembre 2009

Entretien avec Guy Millière

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Guy Millière vient de publier un livre important. Le titre peut sembler énigmatique : La septième dimension. La lecture est passionnante. Les analyses d’ensemble sont profondément novatrices et couvrent la plupart des domaines de réflexion essentiels de ce temps. Nous avons décidé de réaliser un entretien avec l’auteur, et nous le proposons ici à nos lecteurs (entretien publié sur http://www.drzz.info ).
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Drzz : Quel est votre objectif avec ce livre ?
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Guy Millière : Nous sommes en une époque cruciale où l’histoire s’accélère. L’ordre du monde qui s’est défait avec la fin de la guerre froide et l’effondrement de l’empire soviétique a laissé place à un désordre dans lequel certains ont voulu voir un peu vite une promesse de paix perpétuelle sur fond d’hégémonie du capitalisme et de la démocratie. Les illusions ont assez vite volé en éclats, mais il en reste des traces et, surtout, comme c’est souvent le cas dans les périodes où les dangers ne se manifestent pas d’une manière aigue, des illusions se disséminent, des discours potentiellement délétères circulent. Il semble qu’on ne voie pas que la disparition d’un totalitarisme ne signifie pas la disparition du totalitarisme. Il semble qu’on ne discerne pas que des pions se placent sur l’échiquier du monde, que des coalitions de dictatures sont en train de se tisser, et que celles-ci utilisent des armes nouvelles à des fins qu’on évoque fort peu : les menaces de guerre ou les guerres effectives ou le risque terroriste peuvent servir à faire monter le prix des matières premières et enrichir ceux-là même qui fomentent les tensions ; l’argent tiré de cette montée des prix peut se retrouver dans les circuits de la finance internationale et servir à accroître l’emprise de ceux qui fomentent les tensions sur les pays plus libres, que cette emprise soit économique et passe par l’acquisition d’entreprises, ou qu’elle soit culturelle ou informationnelle. Se superpose à cette non compréhension des dangers une non compréhension plus vaste du monde tel qu’il devient. Les discours qui se tiennent sur la globalisation, ainsi, sont la plupart du temps absurdes et délétères. Les discours sur l’environnement, l’économie ou sur la finance, sont plus absurdes et délétères encore. On semble oublier tout ce que l’ouverture planétaire des marchés a permis en termes de recul de la pauvreté et des pénuries en deux ou trois décennies, et entrer dans une grande régression intellectuelle où l’interventionnisme étatique serait devenue la panacée. Mon objectif en écrivant ce livre est de tenter d’apporter un peu de clarté dans tout cela, d’expliquer les dangers, de mettre en garde contre les conséquences que pourrait avoir la régression intellectuelle pour ceux qui y succombent, et surtout de souligner les potentialités qui se sont ouvertes, et qui, si on sait regarder, continuent à s’ouvrir.
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Drzz : Quelles sont, selon vous, ces potentialités ?

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Guy Millière : Ce sont toutes celles qui sont nées grâce aux nouvelles technologies, grâce à l’impact et aux effets et conséquences de celles-ci. La microinformatique et internet n’ont pas seulement révolutionné la communication, la production et la transmission d’information et de connaissance. Il en a résulté l’essor de l’intelligence artificielle et de la réalité virtuelle, une mutation de l’organisation des entreprises et de l’idée même d’entreprise, de la production et des échanges, du commerce et des relations humaines. Il en a résulté aussi une accélération des innovations et découvertes scientifiques et des mises en œuvre de ces innovations et découvertes. C’est, en fait, l’intégralité de ce qui constitue l’existence des êtres humains sur terre qui est en voie de recomposition. Toute entreprise désormais est potentiellement planétaire par ses modalités d’organisation, et pour le marché qui lui est ouvert. Le capital essentiel est depuis des siècles le capital intellectuel et humain : jamais les opportunités offertes à quiconque cultive son capital intellectuel et humain n’ont été aussi vastes, et elles ne cessent de s’élargir. L’ère de la pyramide et de la hiérarchie est en train de s’achever, et elle laisse place à des ordonnancements multiples et féconds qui commencent tout juste à prendre forme. Il y a trente ans déjà, des économistes tels que Jude Wanniski ou Robert Mundell expliquaient qu’il n’y aurait bientôt plus qu’une seule économie close, à savoir l’économie mondiale, nous sommes dans cette situation, et dans l’économie mondiale les bouleversements s’accélèrent encore. L’humanité a toujours progressé par échanges, fécondations mutuelles, brassages : jamais dans l’histoire, il n’y a eu autant d’échanges, de fécondations mutuelles et de brassages. Certes, des professions disparaissent, des adaptations doivent s’opérer, des façons de faire doivent laisser place à d’autres façons de faire et cela peut créer de l’inconfort, voire, lorsque les explications ne sont pas fournies, lorsque les anticipations n’ont pas eu lieu, des difficultés, voire des drames humains. Ceux qui voudraient bloquer, arrêter le temps, voire recréer des pénuries, peuvent agiter des phobies et substituer aux explications pertinentes et fondées des discours qui relèvent du dogme et de la superstition, c’est ce qu’ils font, d’ailleurs, ils peuvent contribuer à créer des crises et les exploiter, et ils le font aussi : à moyen terme, ils ne pourront parvenir à leurs fins. Nous sommes dans un processus de création de richesses et de prospérité sans précédents. Certes, il peut y avoir des perdants et des sociétés entières où des êtres humains seront enfermés dans la situation de perdants non pas parce qu’ils étaient destinés à perdre, mais parce qu’on leur a injecté dans la tête des ingrédients qui constituent un écran entre eux-mêmes et le devenir du monde. J’entends expliquer le processus dans lequel nous sommes. J’entends expliquer la création de richesses et de prospérité qui s’ouvre pour tous ceux qui eux-mêmes y seront ouverts. J’entends dissoudre les écrans séparant encore trop de gens du devenir du monde. On dit que des emplois se détruisent en Europe et dans d’autres contrées développées : des millions d’emplois se créent et continuent à se créer en Europe et dans les contrées développées. Ce ne sont, simplement, pas les mêmes emplois : il peut y avoir des transitions à assurer, mais on ne peut mentir aux gens en leur disant qu’un retour à ce qui était auparavant est envisageable. On dit, ce qui est plus grave encore, que nous allons vers des pénuries ou que nous détruisons la planète : nous allons, au contraire, vers toujours davantage d’abondance et si la planète peut courir le risque d’être détruite, ce ne sera pas en raison du développement économique, mais plutôt en raison de la prolifération nucléaires ou d’armes bactériologiques ou chimiques. Des maladies ne sont toujours pas vaincues, mais on sait créer et recomposer la vie. On sait recréer de la matière et de l’énergie. Ce qui limite l’accès à une abondance plus grande en davantage d’endroits sur terre n’est pas le résultat de dysfonctionnements économiques, mais d’interventions politiques ou d’obstacles mentaux et culturels. Ce qui importerait en ces conditions serait de montrer la nocivité de ces interventions politiques et de ces obstacles.
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Drzz : Mais encore.

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Guy Millière : Ce qui se joue, en fait, pose un problème grave aux entrepreneurs qui ne sauraient pas prendre le train de la mutation en marche et se défaire de la pyramide, de la hiérarchie et d’autres rigidités pour embrasser pleinement la mutation. Cela pose un problème grave aussi à ceux qui, dans les pays développés, voudraient continuer à exercer l’emploi qu’ils exerçaient il y a vingt ou trente ans. Cela pose un problème plus grave encore aux dirigeants politiques des pays développés, car ce qui se joue leur retire l’essentiel de leurs pouvoirs et de leur prérogatives. Ils peuvent continuer à prétendre avoir plus de pouvoirs qu’ils n’en ont en réalité ou, pire, tenter d’exercer des pouvoirs qu’ils n’ont plus. Ils peuvent, par exemple, parler de politique industrielle, de protection de tel ou tel secteur, de subventions : le résultat qu’ils obtiennent alors est un freinage de la croissance, voire son anéantissement, un départ des entrepreneurs les plus dynamiques, et moins de créations d’emploi. Ils peuvent aussi provoquer des crises économiques et financières. C’est, en fait, une crise de ce genre que nous venons de vivre : non pas une crise économique, mais une crise découlant directement de l’action nocive du politique dans l’économie et la finance. Les obstacles mentaux et culturels sont ceux dressés par ceux dont je parlais il y a un instant en disant qu’ils font écran. Ils peuvent aussi tenir à d’autres facteurs proprement culturels, croyances ou superstitions diverses ainsi.
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Drzz : Vous dites, si je vous comprend, que la crise actuelle n’est pas une crise économique et financière, mais une crise créée par l’intervention politique?

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Guy Millière : Oui, tout à fait. La crise est née des subprimes, qui eux-mêmes ont été créés par la mise en œuvre d’une loi contraignant les banques à faire des prêts immobiliers à des gens insolvables, ce qui a créé la bulle immobilière et s’est retrouvé dans des produits qu’on appelle toxiques, mais qu’on devrait appeler produits intoxiqués par l’intervention politique. Elle a été due aussi à la manipulation des taux d’intérêts par les banques centrales. Quelques autres facteurs ont contribué, tous issus de décisions politiques interventionnistes. Mais cela été vrai aussi de la plupart des crises précédentes depuis un siècle. Et je le démontre dans le livre. Le marché est un grand réseau de réseaux où circulent, se produisent et se traitent des informations. Des informations fausses produisent des difficultés, des erreurs, de mauvaises anticipations. Subventionner la production d’un produit peut créer de la surproduction, on le sait depuis longtemps, et la surproduction repose sur des investissements faits à mauvais escient qui peuvent conduire à des faillites. Inciter, voire obliger des banques à consentir des prêts immobiliers très risqués peut créer des prêts qui se révéleront non couverts, et, entre temps, par un afflux de demande, un gonflement de l’offre et des prix: c’est ce qui s’est produit avec les subprimes Maintenir des taux d’intérêts artificiellement bas équivaut à transmettre des informations fausses sur les marchés, et c’est ce que les banques centrales ont fait. On incrimine les financiers, mais on oublie que la finance est un grand système sophistiqué de traitement de l’information. Des erreurs peuvent être commises, bien sûr, et il y en a, mais si on injecte dans les marchés financiers des informations fausses, il peut en résulter des dérapages graves, sans que la faute incombe aux marchés financiers. Un économiste que je cite, Frederic Mishkin, dit que la finance est le « cerveau de l’économie mondiale » : si on injecte des drogues diverses dans le cerveau, celui-ci ne va pas fonctionner comme cela aurait été le cas sans injection de drogues, et le raisonnement pertinent doit conduire non pas à incriminer le cerveau, mais les drogues qu’on a injecté en lui, et ceux qui ont procédé aux injections. Nous sommes dans la situation ubuesque où ce sont ceux qui ont provoqué la catastrophe qui prétendent y remédier. Et comment prétendent-ils procéder ? En recourant à des pratiques qui ressemblent comme des sœurs à celles qui ont mené à la catastrophe. Plus vite les divers hommes politiques du monde développé comprendront que ce qu’ils peuvent faire de plus positif est de laisser circuler l’information, de permettre sa libre circulation, d’assurer la sécurité de cette circulation et de rendre leur pays intéressant et fécond pour les investissements et le capital intellectuel et humain, mieux cela vaudra. En attendant, il pourra y avoir encore des pleurs et des grincements de dents. En attendant, on incriminera les financiers, c’est tellement plus facile d’incriminer les financiers pour des erreurs dont on est soi-même responsable. C’est plus facile en tous cas, lorsqu’on est un homme politique, que de s’incriminer soi-même. De surcroît, nombre d’hommes politiques tiennent à garder autant de pouvoir qu’ils le peuvent : cela les conduit non seulement à ne pas s’incriminer eux-mêmes, mais à incriminer d’autres qu’eux. Il peut en résulter des risques de dysfonctionnements et de crises plus graves encore.
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Drzz : Les obstacles au développement aujourd’hui sont donc, selon vous, politiques, mentaux et culturels ?

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Guy Millière : Oui, là encore. Reprenons en commençant par les obstacles politiques. Toutes les études internationales menées sur le sujet montrent que plus un pays respecte la liberté économique et politique et la liberté de parole, plus le niveau de taxation y est faible, plus le gouvernement s’y donne pour tâche essentielle de faire respecter les droits de propriété et de maintenir la sécurité, plus la croissance y est forte si on l’examine non pas sous l’angle d’éventuels accidents de parcours, mais sous celui du moyen terme. Plus on se rapproche d’une situation inverse, et plus la croissance est faible. Dans le monde occidental et dans les pays fonctionnant sur un mode occidental, il y a, ainsi, des différences très nettes qui se dessinent. Mais sur la planète, il y a encore beaucoup de dictatures et de régimes totalitaires, et dans les dictatures et les pays soumis à un régime totalitaire la situation est bien pire encore. Si on se situe sous l’angle du moyen terme, on voit, qui plus est, que se dessinent des processus cumulatifs : les pays de moindre liberté économique et politique et de moindre liberté de parole sont des pays que les détenteurs de capital intellectuel et humain ont tendance à fuir, ce qui en fait des pays qui se stérilisent. Des dictatures et des régimes totalitaires maintiennent leurs populations emprisonnées. Continuons avec les obstacles mentaux. Les pays où la liberté économique et politique et où la liberté de parole ne sont pas respectées sont des pays où les dirigeants politiques ont intérêt à raréfier l’accès à la connaissance et à modeler la dissémination d’information. Cette raréfaction et ce modelage débouchent sur la création des écrans entre les êtres humains et le devenir du monde dont j’ai déjà parlé. Il est de l’intérêt d’hommes politiques désireux de maintenir un certain degré d’asservissement au sein de populations de laisser penser qu’ils vont protéger des emplois et des entreprises contre la globalisation, qu’ils vont lutter contre le changement climatique en demandant à tout un chacun de se sacrifier, et autres lubies. Il peut être de l’intérêt de dictatures et de régimes totalitaires de disséminer ce genre d’idées sur leur territoire et de contribuer aussi à ce que ces idées se disséminent dans les pays plus libres. Les obstacles mentaux sont nombreux et persistants. Finissons avec les obstacles culturels. De grands économistes tels que Thomas Sowell ou David Landes ont montré que certains traits culturels pouvaient constituer des obstacles au développement et au dynamisme. Des sociétés où l’idée d’individu et de liberté individuelle ne peuvent prendre place sont des sociétés où manquent des éléments indispensables. Des sociétés où les incitations conduisent à vivre au présent en ignorant la durée sont aussi des sociétés où manquent des éléments essentiels. J’analyse cela de manière détaillée. L’entrelacs de ces divers obstacles, leur poids plus ou moins grand me conduit à distinguer les pays et les endroits du monde qui sont les vecteurs et les points d’impulsion de la grande mutation en cours, les pays et les endroits du monde qui se donnent, à des degrés divers, les moyens de saisir les opportunités offertes par la grande mutation, les pays où on analyse et comprend moins la grande mutation, qui sont dès lors des pays engagés sur une pente de déclin, et tout un ensemble de pays qui décrochent, là encore à des degrés divers. Dans la première catégorie, je place les Etats-Unis, le Canada, par exemple, mais aussi, bien sûr, Israël, dont on évoque bien trop peu le rôle moteur dans nombre de secteurs d’innovation technologique aujourd’hui. Dans la seconde, l’Inde, la Chine ou le Brésil. Dans la troisième, l’essentiel des pays d’Europe occidentale. Dans la quatrième, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, l’essentiel du monde musulman, mais aussi des pays comme Cuba ou le Vénézuela. Je reprends, pour désigner les pays les plus sinistrés, la catégorie de failed states, Etats faillis, créée par Robert Kaplan, et qui me semble pertinente. Un Etat failli est sorti des circuits économiques mondiaux, mais peut disposer de capitaux recyclés dans la finance et peut aussi être l’origine de multiples déstabilisations.

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Drzz : Vous parlez de globalisation accélérée et de globalisation complexe.

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Guy Millière : Il est important de dire sur ce point que la globalisation est un fait et pas une option. Des technologies existent et sont disponibles. Des êtres humains veulent les utiliser et les utilisent. Les effets de cette utilisation sont l’ensemble de ce que je viens de dire. Les processus sont enclenchés. Il n’y aurait pas plus de retour en arrière qu’il n’y en a eu lorsque l’ampoule électrique a été inventée et s’est répandue, avec cette différence que la révolution en cours est infiniment plus importante que l’invention de l’ampoule électrique. Je dis effectivement que la globalisation est accélérée au sens où tout se passe de plus en plus à la vitesse de la lumière ou à des vitesses bien plus importantes que celles qu’on a connu dans le passé de l’humanité. Ce qui accélère la globalisation est, entre autres, la dématérialisation qui ne cesse de grandir, et qui concerne les supports de services, d’information, de connaissance, de création de richesse, mais aussi la monnaie, les lieux de rencontre de groupes humains. Je dis que la globalisation est complexe car elle n’est pas un processus uniforme, au contraire : elle renforce les singularisations, les diversités tout en connectant sur de multiples plans l’ensemble de la planète. Elle donne plus d’importance et d’impact aux obstacles. Les Etats faillis sont des Etats dont on se détourne et qu’on en vient à regarder surtout sous l’angle des problèmes de sécurité qu’ils peuvent poser. Les pays qui déclinent se trouvent face au risque de se trouver en déshérence croissante face à un monde qu’un nombre toujours plus faible de leurs habitants seront à même de comprendre. Certains disent que la globalisation ne pourra pas apporter la prospérité à tous les êtres humains, et ils ont raison. Je crains que prétendre apporter la prospérité à tous les êtres humains ne soit utopique. On peut y aspirer, mais une aspiration ne suffit pas à changer la réalité. Le nombre de gens accédant à un niveau de vie qui en ferait des membres d’une classe moyenne s’accroît sans cesse. Le nombre de gens qu’on peut considérer comme riches parce qu’ils peuvent vivre à l’échelle planétaire s’accroît lui aussi. Je doute que ceux qui stagnent dans la pauvreté soient susceptibles d’en sortir pour une bonne part d’entre eux. Les moyens et les opportunités de créer de la richesse sont sans précédents et n’ont jamais été aussi accessibles. Les obstacles politiques, mentaux et culturels persistent et parfois grandissent. Il faut, je l’ai dit, montrer la nocivité des obstacles et se battre contre eux, bien sûr.

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Drzz : Vous disiez en commençant que la disparition d’un totalitarisme ne signifiait pas la disparition du totalitarisme.

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Guy Millière : C’est effectivement un point important à souligner. Le nazisme est quasiment mort, mais il ne l’est pas tout à fait, sinon plus personne ne lirait Mein Kampf. Le marxisme et le léninisme ont semblé s’effondrer voici deux décennies lorsque l’empire soviétique est tombé et que la Chine s’est dirigée vers un capitalisme autoritaire. Il reste néanmoins, nébulisés dans l’atmosphère, des fragments des dogmes marxistes et léninistes qu’on trouve dans les mouvements altermondialistes, chez les tenants de l’écologisme ou chez ceux du « politiquement correct ». Sans qu’il s’agisse à proprement parler de totalitarisme, certains de ces fragments nébulisés se retrouvent dans les discours des économistes qui travaillent pour des hommes politiques interventionnistes : des interventions politiques provoquent des crises, je l’ai dit, et ces économistes que j’appelle économistes domestiques en tirent un discours disant que la crise est le fruit amer de la liberté et qu’il faut davantage encore d’interventions politiques. Les interventions politiques qu’ils proposent portent en elles les racines des prochaines crises, et ce sont d’ailleurs, en général, ces économistes domestiques qui ont suggéré les interventions politiques qui ont provoqué la crise à laquelle ils prétendent remédier. L’islam radical est un discours totalitaire organisé en réseaux, et ses réseaux recoupent ceux de l’altermondialisme, de l’écologisme, et parfois ceux du « politiquement correct ». Il n’y a pas aujourd’hui de puissance totalitaire semblable à ce que fut l’Union Soviétique, mais il y a des fragments de totalitarisme qui parfois se cristallisent, des gens qui utilisent ces fragments pour procéder à un travail de sape et d’érosion. Le combat contre le totalitarisme n’est pas achevé. Les ennemis de la société ouverte dont parlait Karl Popper sont toujours à l’œuvre, de multiples façons. Dans le livre, je dis que certains d’entre eux disent que la fin du monde est proche. D’autres disent qu’un autre monde est possible, parlent de décroissance durable, de retour au troc, rêvent d’entraves à la liberté de circulation et à la liberté de parole.

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Drzz : Pour finir, qu’entendez vous par « la septième dimension » ?

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Guy Millière : Les quatre dimensions constituant l’espace-temps sont connues. La cinquième dimension est censée être celle des déplacements au sein de l’espace temps. Ce que j’appelle sixième dimension est celle de la réalité virtuelle et du cyberespace où nous passons une part toujours plus importante de nos vies, nous qui vivons dans le monde développé et disposons d’internet d’ordinateurs portables et de smartphones. La septième dimension est celle où il faut se placer intellectuellement pour comprendre la sixième dimension et ses interactions multiples avec les cinq autres. Je tente d’ouvrir un nouvel espace à la réflexion. Je ne pense pas être le premier. Je pense qu’il y en aura d’autres après moi pour s’intéresser à cet espace. Je tente de le dessiner. Je donne des pistes pour le défricher. Ce livre est une invitation à un immense voyage qui commence à peine. Ce qui me semble clair est que les entreprises les plus innovantes et les plus fécondes d’aujourd’hui sont des entreprises qui se situent dans la septième dimension ou à sa proximité. Ce qui me semble clair aussi est que les analyses à mener, pour être pertinentes, devront toujours davantage se situer dans ce que j’appelle la septième dimension. Un économiste qui se contenterait d’être économiste sera bientôt un très mauvais économiste. Il en va de même pour un géopolitologue ou pour un historien. Les œuvres intellectuelles nées ces dernières décennies et qui resteront sont, à mes yeux, celles qui se situent dans la transversalité. Je pense à celle de gens comme George Gilder, Alvin Toffler ou, puisque je les ai déjà cités, David Landes, Thomas Sowell. J’ai cité aussi Robert Kaplan, Frederic Mishkin. La liste n’est pas exhaustive et n’est pas fermée. Je regrette que ces analyses occupent jusqu’à ce jour, si peu de place dans la réflexion en Europe et dans le monde francophone. J’espère que cela changera. J’ai écrit ce livre au nom de cet espoir. Je regrette aussi que les économistes qu’on entend et qu’on écoute en Europe aujourd’hui soient surtout ceux que j’ai appelé les économistes domestiques : ce ne sont pas seulement de très mauvais économistes, mais des économistes nuisibles. Comme je l’ai dit, une grande mutation est en cours. Les pays où on analyse et comprend moins la grande mutation sont confrontés au risque du déclin. Aujourd’hui, les Etats-Unis voient des décisions économiques désastreuses s’ajouter aux décisions économiques désastreuses, mais je pense que c’est une situation passagère, car une pensée de ce qui vient existe dans le pays. En Europe, en nombre de pays, des décisions désastreuses se prennent aussi, mais la pensée de ce qui vient reste presque partout absente ou difficilement audible, et c’est préoccupant. J’entends œuvrer à remédier à cette situation préoccupante. Et agir pour que le livre soit un simple point de départ.
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La septième dimension : le nouveau visage du monde, Cheminements, 402 p, 23 euros.
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http://www.cheminements.fr

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mardi 17 novembre 2009

Dans le secret des services (1ère partie)

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Michel Garroté

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Novembre 2009

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Journaliste mais pas secret

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Contrairement à une idée très répandue, une part importante de l’activité des services secrets n’est pas secrète du tout. Contrairement à une deuxième idée très répandue, les agents secrets en savent parfois moins que certains journalistes et que certains hommes d’affaires. Et contrairement à une troisième idée très répandue, le premier contact avec le monde du renseignement n’est pas forcément prémédité et planifié. Ce sont ces trois réalités-là que j’expérimente depuis 1977, soit depuis trente-deux ans exactement, comme d’ailleurs d’autres journalistes l’expérimentent aussi. Or, il se trouve que l’histoire passée éclaire l’histoire présente. Et il se trouve aussi que l’histoire passée aide à préparer l’histoire de demain.

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C’est dans cet esprit - très concret et très simple - que j’avais promis aux lecteurs de mettre, un jour, quelques anecdotes sur le papier. C’est désormais chose faite (ou commencée...) ci-dessous, sans la moindre prétention, et sans la moindre gêne. Pour les faits énoncés ici - et dans les épisodes à paraître - je n’ai pas jugé utile de changer les noms des lieux et les noms des personnes (à l'exception de « Cedar » pour des raisons que le lecteur comprendra de lui-même). D’abord, car il n’y avait là rien d’illégal. Et en suite, car même en admettant que tout n’ait pas toujours été légal à certaines époques, il y a, de toute façon, aujourd’hui, prescription. Et en l’écrivant ainsi, mon récit reste d’autant plus réaliste et d’autant plus crédible.

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Plutôt que de livrer aux lecteurs le récit qui débute ici en le limitant aux réalités que j’ai personnellement et directement expérimentées, j'ai préféré y insérer quelques éléments de l’histoire, notamment de l’histoire de la Guerre froide et de l’histoire de la Guerre contre la Terreur. C’est du reste en cela que mon récit - du moins je le souhaite - éclaire l’histoire présente et aide, peut-être, à préparer l’histoire de demain.

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Le premier contact avec le monde du renseignement - je l’ai écrit ci-dessus - n’est pas forcément prémédité et planifié. Et par conséquent, ce premier contact n’est pas forcément une expérience extraordinaire. Je reconnais volontiers que des personnes ont été et sont encore intentionnellement recrutées lors d’un premier contact effectué par un service de renseignement. Mais j’affirme que cela n’a jamais été mon cas.

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Le premier contact est parfois le résultat de circonstances que personne, pas même un agent du renseignement, n’a orchestrées dans l’ombre. Ainsi, pour ce qui me concerne, les contacts avec les femmes et les hommes du renseignement furent et restent beaucoup moins exaltant qu’un film de James Bond ou que les activités passées de Tsipi Livni au Kidon (à ce propos, le 29 juillet 2008, l’agent spécial brieli67, sur Agoravox, a écrit, que drzz, donc Daniel Zillevic, et moi-même, ne serions qu’une seule et même personne, ce qui est faux ; brieli67 a en outre écrit que je suis un retraité militaire, ce qui encore faux ; que je suis un kidon, ce qui est toujours faux ; et que j’agis à partir de la Suisse, ce qui est parfaitement exact).

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La première fois que je suis entré dans le jeu du renseignement, de l’information, de la désinformation, de l’agitation et de la propagande, j’avais 21 ans et j’étais aux études universitaires, en science politique, à Genève (Suisse). A cet époque, non seulement je n’étais pas un ami d’Israël. Mais bien au contraire, je soutenais la révolution palestinienne. Une révolution concoctée par les éléments de la tendance marxiste au sein de l’OLP, avec le KGB soviétique et avec la Stasi est-allemande, notamment le brillant espion communiste Markus Wolf (cf. le documentaire « La Guerre des Loups », France 3).

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La première fois, c’était en 1977 dans un appartement à Saint-Julien-en-Genevois en France près de Genève (ville où j’habitais, en Suisse) ; un appartement à Saint-Julien-en-Genevois occupé par des Libanais totalement acquis à la révolution palestinienne, totalement acquis à Arafat et totalement acquis à l’OLP. Je fis l’aller-retour Genève / Saint-Julien-en-Genevois en passant tout naturellement la frontière. Les Libanais me remirent une série de documents que je ramenai en Suisse.

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Sur la page de couverture de chacun de ces documents figurait, en grand, le sigle de l’ONU. Le contenu de ces documents portait de graves accusations contre Israël. Ce que je n’avais pas saisis à l’époque - naïveté juvénile ? - c’est que ces documents étaient imprimés et diffusés, non pas par l’ONU, mais par la Ligue arabe. En ce temps-là, mon père était diplomate dans une organisation internationale à Genève, et comme d’autres, je portais sottement crédit à tout texte qui arborait le sigle de l’ONU (du fait de l’activité de mon père, je bénéficiais, par extension, de l’immunité diplomatique, ce qui me mettais très à l’aise lorsqu’il fallait passer la frontière). Les documents en question n’avaient strictement rien de secret. C’était même un peu grotesque d’avoir été en France voisine depuis Genève pour les réceptionner. En revanche, ils demeuraient un fantastique outil de propagande au service de la révolution palestinienne.

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A cette même époque, je fis la connaissance, à Genève, de Lea Tsemel et de Eytan Grossfeld, qui travaillaient, officiellement, pour une organisation israélienne des droits de l’homme. Ils travaillaient aussi, mais ça, c’était beaucoup moins officiel, pour un mouvement israélien d’extrême-gauche qui prônait la transformation de l’Etat d’Israël en une Confédération israélo-palestinienne où les Juifs et les Arabes étaient supposés s’embrasser sur la bouche, chanter quelque chose comme cumbaya je crois et manger des mochemaloe (j’écris ce mot en phonétique française car c’est plus drôle), des mochemaloe passés au barbecue.

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Toujours à cette même époque, à Genève, je fis la connaissance d’un étudiant en psychologie, Georges Hoefflin, qui était membre d’un groupe clandestin ultragauchiste, le Centre de Liaison Politique (CLP), groupe qui diffusait Le Militant, un journal faisant l’apologie du terrorisme palestinien (le FPLP etc.) et allemand (la Rote Armee Fraktion, la bande à Baader). C’était en 1977 (cf. le documentaire « Détournement d'avion pour la bande à Baader », Arte). Je faisais partie d’une jeunesse universitaire qui trouvait dans le soutient à la lutte armée, en clair au terrorisme, un motif d’exister, et un motif de participer, soi-disant, au cours de l’histoire.

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Le fait qu’à la même époque, des millions et des millions de personnes humaines souffraient terriblement - et en silence - de l’autre côté du rideau de fer, rideau tiré de la mer Baltique à la mer Adriatique, ce fait-là ne semblait pas nous émouvoir le moins du monde (cf. le documentaire « Radio Free Europe : la guerre des ondes », Arte). Nous voulions notre petite révolution à nous, quitte à faire le jeu du KGB. Nous ne songions pas à la Guerre froide. Nous rêvions de guerre anti-impérialiste. Les jeunes occidentaux qui aujourd’hui se convertissent à l’islam radical et adhèrent à Al-Qaïda sont à peu près aussi crétins que nous-mêmes étions crétins à l’époque.

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Avant que je n’oublie, je tiens à ouvrir ici une parenthèse : le titre de cette série d’articles - « journaliste mais pas secret » - ce titre est volontairement provocateur, puisqu’à gauche, on écrit que je suis un agent du Mossad (or je n’ai pas cet honneur) et toujours à gauche, on écrit aussi que je travaille pour l’ambassade israélienne en Suisse (or je n’ai pas non plus cet honneur-là).

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En réalité, je ne suis pas un agent sioniste. Je diffuse sur Israël des informations vraies que les médias européens ne diffusent pas. Je suis ouvertement ami du peuple juif et ouvertement ami d’Israël. Mais je ne suis pas un agent sioniste. Car si quelqu’un comme moi est soi-disant un « agent sioniste », alors dans ce cas, les journaleux de l’Agence subventionnée France Presse sont tous des « agents palestinnistes », des « agents fatahistes » et même des « agents hamassistes ».

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Or donc, j’étais en train d’écrire que j’ai eu une courte période ultragauchiste (1977) résumée dans la première partie de la présente série d’articles. De 1978 à 1979, je suis progressivement sorti des arcannes ultragauchistes. Les incessantes dissensions internes et les incessantes querelles internes entre tout ces ultragauchistes, ainsi que leur affolante médiocrité intellectuelle, m’avaient suffisamment irrité pour que je prenne peu à peu mes distances (Je garde cependant un excellent souvenir du sociologue Blaise Galland qui lui au moins avait un cerveau).

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Je tombais en ce temps-là, je ne sais plus trop comment d’ailleurs et peu importe, sur un livre de l’avocat péruvien, également chroniqueur au quotidien El Comercio, Alfonso Baella Tuesta. Le livre de Alfonso Baella Tuesta est intitulé « El poder invisible » - en français cela signifie le pouvoir invisible - et ce livre a été publié, en espagnol, en 1977 aux éditions Andina.

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Ce livre constitua à l’époque une magistrale et accablante investigation, avec pièces à conviction à l’appui, sur l’infiltration de la gauche latino-américaine par les services secrets cubains et donc aussi - par la force des choses - l’infiltration de la gauche latino américaine par les agents des services secrets soviétiques et est-allemands qui téléguidaient les réseaux castristes.

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Le livre d’investigation de l’avocat journaliste Alfonso Baella Tuesta m’avait retourné, dans tout les sens du terme. Et dans la gauche universitaire genevoise, avec ses nombreux « réfugiés politiques » latino-américains, en clair des militants d’extrême-gauche pas très démocrates, on m’en voulut à mort. Non seulement je n’étais plus vraiment ultragauchiste. Mais en plus j’étais en passe de devenir un anticommuniste convaincu.

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Je mis du temps à sortir des idéologies ultragauchistes et anarchistes, mais cela ne m’empêcha pas de mener jusqu’au diplôme (1979) mes études en Science politique, d’une part, à l’Université de Genève ; et d’autre part, à l’Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales (IUHEI), également à Genève. En 1980, les événements se précipitèrent, c’est le moins qu’on puisse dire.

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En 1980, d’une part, le responsable de la Mission des Forces Libanaises pour l’Europe, Mission basée à Lausanne, en Suisse (à l’époque, cette mission avait plus de poids que n’importe quelle ambassade libanaise), responsable que je nommerai ici Cedar (car dans ce cas bien précis je ne puis révéler la véritable identité), Cedar me demanda de devenir son attaché de presse.

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J’avais fait la connaissance de Cedar par l’intermédiaire de sa sœur, qui étudiait avec moi à l’Université. La sœur de Cedar, une chrétienne libanaise à la fois pleine de charme et extrêmement intelligente, avait substantiellement (et néanmoins chastement) contribué à me faire quitter les eaux troubles de l’OLP et Consorts pour faire de moi un ami des chrétiens du Liban.

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La sœur de Cedar étudiait à Genève et résidait chez ses parents et ses trois frères juste de l’autre côté de la frontière suisse, à Ferney-Voltaire, en France. Sans cette famille, je serais peut-être resté un ultragauchiste pour quelques années encore.

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D’autre part, la même année 1980, le rédacteur en chef du mensuel anti-communiste L’Impact, Valentin Philibert (c’était bien son vrai nom), me proposa de devenir rédacteur dans une agence de presse internationale qu’il venait de créer à Genève, l’agence Voxmundi S.A. Valentin Philibert était de père suisse et de mère russe. Il avait brillamment réussi dans une maison d’édition genevoise de revues horlogères, la maison d’édition Hugo Buchser.

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En parallèle, Valentin Philibert avait lancé la revue L’Impact, puis l’agence Voxmundi. Je tombais sur Valentin Philibert le plus bêtement du monde, en lisant sans faire exprès une annonce dans la Tribune de Genève, un quotidien qu’il m’arrivait de lire une fois tout les six mois.

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J’acceptais les deux mandats, celui de Cedar avec les Forces Libanaises et celui de Valentin Philibert avec Voxmundi S.A. J’ignorais totalement que ce faisant, j’allais en réalité travailler à la fois avec le Deuxième bureau (service de renseignement) des Forces Libanaises et avec le service de renseignement de l’armée argentine. Non seulement je n’allais pas me ranger comme je l’avais imaginé. mais au contraire j’allais sérieusement aggraver mon cas au regard du politiquement correct.

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Il se trouve que Sarah K., qui a rédigé un document sur les services de renseignements, m’a écrit ceci (extraits) : « …Quand les journalistes en savent trop on leur fait subir des tensions telles qu'ils sont obliger de renoncer. Certains arrivent encore à effectuer leur travail correctement et pour ceux qui travaillent dans l'ombre et pour les même services dans l'intérêt du leur pays. Mais question : je me demande s’ils ont le choix du libre arbitre ? Ont-ils vraiment le droit de faire leur propre enquête ? Où ne sont-ils pas influencés par ces mêmes services qui ce servent d'eux dans le seul but d'acquérir plus de pouvoir afin d'exécuter des pressions sur tel ou tel pays pour éventuellement renverser un régime en place ? N'avez-vous jamais eu le désir ou la curiosité de savoir ce que vous transportiez et pourquoi avoir accepté d'entrer dans le jeu du renseignement, de l'information, de la désinformation, de l'agitation et de la propagande ? Et pensez-vous réellement avoir participer, soi-disant, au cours de l'histoire ? N'avez vous pas, aussi été trompé, manipulé, endoctriné par un gouvernement qui ce sert le plus souvent des jeune universitaires pour arriver à leur fin ?… » (fin des extraits du message de Sarah K.).

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J'aimerais répondre à l'une des questions posées ci-dessus par Sarah K. J'aimerais répondre, par la négative, à la question de la participation au cours de l’histoire. Un ultragauchiste en 1977, soit en pleine période de terrorisme, notamment de terrorisme palestinien et allemand (cf. le documentaire « Détournement d'avion pour la bande à Baader », Arte), un ultragauchiste à cette époque, et ce fut bel et bien mon cas en 1977, avait l’illusion grotesque de participer au cours de l’histoire. Alors qu’il était endoctriné, et que j'étais moi aussi endoctriné, par le KGB, par la Stasi et par l’OLP et Consorts (FPLP etc.).

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Mais revenons à nos moutons. Je travaillais donc dès 1980 comme attaché de presse pour Cedar, le Représentant officiel pour l’Europe des Forces Libanaises, avec ses bureaux, situés Avenue du Rond Point, à Lausanne, en Suisse. Et je travaillais, dès la même année 1980, comme journaliste pour Valentin Philibert (c’était bien son vrai nom), Directeur l’Agence de presse internationale Voxmundi S.A., établie Rue des Glacis de Rive, à Genève, en Suisse également. La priorité de l’Agence de presse internationale Voxmundi S.A. était de diffuser à la presse européenne des dépêches d’agence factuelles et objectives sur des pays, d’une part, menacés par le communisme soviétique ; et d’autre part, systématiquement dénigrés par les médias. Parmi ces pays l’on pouvait compter divers Etats, tels par exemple Israël, l’Afrique du Sud ou l’Argentine.

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En outre, à Voxmundi, nous avons à l’époque édité et diffusé, sous forme de livre, « Les stratèges de la peur : vingt ans de guerre révolutionnaire en Argentine », une enquête sur les réseaux terroristes communistes argentins réalisée par Pierre de Villemarest. Qui était cet homme de l’ombre ? En 1940, Pierre de Villemarest, âgé de 17 ans, fonda La Dernière Colonne qui apporta à Emmanuel d'Astier sa coopération pour le mouvement de résistance Libération. En 1941, Pierre de Villemarest prit ses distances de ce dernier, refusant de coopérer avec les communistes. En 1943, Pierre de Villemarest servit dans l'Armée secrète. Créant un réseau de renseignement, il travailla au sein du réseau Galien. Pendant deux ans, il fut traqué par la Gestapo. De juin à septembre 1944, Pierre de Villemarest commanda au feu un Groupe Franc et obtint à ce titre plusieurs médailles.

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Après la guerre, Pierre de Villemarest participa à la dénazification de l'Allemagne. Il fut aussi en poste au bord du lac de Constance, dans ce goulot d’étranglement entre l’Allemagne (Lindau), l’Autriche (Bregenz) et la Suisse (Skt-Gallen), pour intercepter les agents secrets allemands qui tentaient d’obtenir un Laissez-passer de la Croix Rouge leur permettant de filer en Amérique latine et au Moyen Orient (cf. le documentaire « La Guerre des Loups », France 3). En 1950, il quitta les services de renseignements et commença à travailler comme journaliste. Cela, c’est côté face. Côté pile, le parcours est très différent : Pierre de Villemarest était le gendre du docteur Henri Martin, un des fondateurs de la Cagoule. Pierre de Villemarest a aussi été proche de l’OAS pendant la guerre d’Algérie. En 1970, il fonda le Centre Européen d'Information et en 1972 il lança une lettre confidentielle portant son nom.

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Pour dire les choses clairement, Pierre de Villemarest, au plan politique, était proche du Front National et proche de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. J’ai rencontré Pierre de Villemarest à plusieurs reprises entre 1980 et 1998. Il est décédé en 2008. En 1980, il nous donna un coup de main avec son enquête « Les stratèges de la peur : vingt ans de guerre révolutionnaire en Argentine ». Cela dit, je considérais Pierre de Villemarest comme un paranoïaque, obsédé par les soi-disant complots en général et par les soi-disant complots mondialistes en particulier (CFR, Trilatérale, etc.). Ces théories fumeuses sur les soi-disant complots, à l’époque très prisées par l’extrême-droite, sont reprises aujourd'hui, en 2009 (30 ans plus tard…), par la blogosphère d’extrême-gauche. A ma connaissance, la seule analyse sérieuse écrite, à ce jour, sur le CFR et la Trilatérale est celle de Michel Gurfinkiel (« De Bilderberg à Téhéran »).

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Bref, j’admirais le rôle de Pierre de Villemarest dans la résistance contre les nationaux-socialistes pendant la Deuxième guerre mondiale. J’admirais aussi ses connaissances sur le KGB, le GRU et la Stasi. En revanche, je le suspectais d’en rajouter volontairement sur le mondialisme, afin de plaire à ses lecteurs, en majorité d’extrême-droite et catholiques traditionalistes. Ses lubies sur Israël et sur les USA m’agaçaient franchement. Elles m’agaçaient d’autant plus qu’à le même époque, je travaillais avec les Forces Libanaises et qu’à ce titre j’avais des contacts avec les Israéliens.

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L’idée de Voxmundi, en théorie, était sans doute une bonne idée. En pratique, cette idée restait cependant une idée peut-être naïve. Car la presse écrite était réticente à reprendre les dépêches d’une agence de presse internationale fondée par le Rédacteur en Chef de l’Impact, un magazine mensuel qui osait s’afficher pro-israélien, et en plus anticommuniste, un péché grave à l’époque. L'Impact et Voxmundi diffusaient des informations factuelles et objectives, sur des pays mal vus dans les médias, tels que Israël, l’Afrique du Sud ou l’Argentine (mais aussi sur certains pays musulmans, ce qui à mon sens, était une erreur ; mais il est vrai qu'à l'époque personne, à part Bat Ye'or, n'avait anticipé les concepts de jihad et de califat, n'est-ce pas...).

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Voxmundi informait sur des pays dont les dirigeants de l’époque étaient conspués par la gauche occidentale. Mais des pays qui, en même temps, au plan géostratégique, ne devaient en aucun cas tomber dans le giron soviétique, sous peine de voir le Monde libre perdre des alliés de premier plan face à l’expansionnisme de l’URSS. A cet égard, Israël était - et reste - la seule véritable démocratie de tout le Proche et de tout le Moyen Orient, excepté peut-être l’Irak depuis peu et encore...

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L’Afrique du Sud était le seul pays ou un des rarissimes pays - en dehors de l’URSS - à produire des matières premières stratégiques comme par exemple le chrome, le vanadium, le titane, le manganèse, l’uranium, le nickel, etc. L’Argentine était - et demeure - un pays clé d’Amérique du Sud ; et qui plus est, un pays avec accès direct au cône sud de continent américain ; et avec accès direct à l’Antarctique et ses richesses, manganèse, nickel, etc. ; accès direct à l’Antarctique comme d’ailleurs pour l’Afrique du Sud, car, l’aurait-on oublié, la terre est ronde ?

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Or donc, précisément dès ces années 1980, des accords stratégiques secrets lièrent Israël, l’Afrique du Sud et l’Argentine. Je rencontrais dans ce cadre et pour mon travail de journaliste des représentants de ces trois pays. Le cas d’Israël, à l’époque gouverné par Menahem Begin du parti Likoud, était particulièrement intéressant, et de fil en aiguille, je tissais d’étroits contacts avec l’Etat hébreu. En cette période, les plus importantes initiatives - contestables ou pas contestables, mais importantes - de Menahem Begin furent primo les Accords de Camp David avec le président gauchiste et obtus Jimmy Carter (un jour Begin montra à Carter sur une carte les 9 miles qui séparent, d’une part, Netanya en Israël au bord de la mer ; et d’autre part, la ville palestinienne de Tulkarem sur le tracé de la Judée Samarie ; mais Carter ne savait pas et ne sait toujours pas lire une carte).

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Et secundo, dans le sillage des Accords de Camp David, Begin conclut le Traité de paix israélo-égyptien avec le président égyptien Anouar El Sadate et avec l’ineffable Carter. Ainsi donc, Begin procéda au retrait israélien du Sinaï. Sadate avait obtenu un vaste territoire en échange d’un petit bout de papier. Pour « compenser » aux yeux des musulmans la paix avec Israël, Sadate intensifia les persécutions contre les chrétiens coptes d’Egypte. La femme de Sadate tenta de s’enrichir en faisant du business avec des Israéliens. Puis, Sadate fut assassiné par des militaires égyptiens. Mes amis au Ministère israélien des Affaires étrangères me dirent en souriant qu’avec l’Egypte, Israël était passé de la paix froide à la guerre froide.

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Par ailleurs, Begin eut le bon sens de prendre au sérieux l'antisionisme et l'antisémitisme très concrets du dictateur sanguinaire Saddam Hussein. En 1981, Begin ordonna le bombardement du réacteur nucléaire irakien de Tammuz, dit « Osirak » (construit grâce à Giscard et Chirac), par l'aviation israélienne. La stratégie de Begin, dont on ferait bien de se souvenir aujourd’hui face au nucléaire offensif iranien, cette stratégie était très claire : « À aucun prix Israël ne permettra à un ennemi de développer des armes de destruction massive qu'il pourrait utiliser contre notre peuple ». C’est ce que dit, depuis 2006, Nathan Sharansky à propos du président iranien et sa clique de mollahs génocidaires.

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En 1982 Begin autorisa Tsahal à intervenir au Liban pour y déloger l’énorme infrastructure militaire de l'OLP, infrastructure qui pilonnait la moitié Nord d'Israël, un précédent palestinien à la stratégie du groupe terroriste libanais Hezbollah. Begin fut profondément affecté et déçu par la versatilité des Libanais. Begin avait désiré établir la paix avec le président chrétien libanais Béchir Gemayel, issu des Forces Libanaises et démocratiquement élu par le peuple libanais. Hélas, celui-ci fut assassiné par les Syriens. Samir Geagea et Elie Hobeïka prirent la relève à la tête des Forces Libanaises. Et l’espérance d’une paix entre Israël et le Liban disparut à jamais. L’affaire de Sabra et Chatila, amplifiée et médiatisée à souhait, fut un autre coup dur pour Begin. Ensuite, Begin fut meurtri par la mort subite et inattendue de sa femme Aliza, mort survenue alors que Begin était en visite aux USA.

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Begin se retira de la politique à l’été 1983 et passa le gouvernail à son frère d'armes Yitzhak Shamir. Begin devint alors un homme retiré dans la solitude choisie et dans la prière. Il est décédé en 1992. Critiqué de son vivant, Begin passe aujourd’hui pour l’un des meilleurs chef de gouvernement de l’histoire d’Israël.

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Via l’agence de presse Voxmundi, je rencontrais en 1980 l’ambassadeur d’Afrique du Sud en Suisse, et son attaché de presse, dans un restaurant au bord du lac Léman à Genève. Je n’étais pas personnellement un défenseur de l’apartheid. Pour moi, ce système de ségrégation n’était pas viable à long terme. Cela dit, je trouvais un peu sommaire de réduire la question globale de l’Afrique australe en général à la question spécifique de l’apartheid en Afrique du Sud. L’URSS était parvenue à mettre le grappin sur le Mozambique et sur l’Angola, pas très éloignés de l'Afrique du Sud...

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En Afrique du Sud, l’opposition noire était concentrée en majorité entre les mains de l’ANC communiste. Dans ce contexte, il était irresponsable de diaboliser l’Afrique du Sud tout en fermant les yeux sur les deux colonies soviétiques qu’étaient devenues le Mozambique et l’Angola. Dans ces deux pays, les troupes cubaines, les instructeurs est-allemands et le KGB représentaient une menace indiscutable pour l’Afrique du Sud ainsi d’ailleurs que pour la Namibie.

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Céder toute l’Afrique australe à l’URSS eut été criminel. Les télévisions occidentales filmaient régulièrement l’évêque sud-africain Desmond Tutu au cours de manifestations. Mais les télévisions occidentales filmaient toujours Mgr Desmond Tutu de très près. Pourquoi ? Parce qu’un plan élargi aurait montré les dizaines et les dizaines de drapeaux rouges communistes arborés lors de ces manifestations. Les médias occidentaux, l’ONU (avec le bloc soviétique, et avec les non-alignés, souvent alignés sur Moscou) et le Conseil Oecuménique des Eglises (à l’époque infiltré par un pseudo-clergé russe orthodoxe aux ordres KGB) faisaient passer une cause crypto-soviétique (la victoire de l’ANC) pour une cause chrétienne (Mgr Desmond Tutu). Alors que les soviétiques pratiquaient leur forme à eux d’apartheid au sein même de l’URSS et que cela n’émouvait personne. L'évêque crypto-communiste Desmond Tutu fut, aussi, le promoteur de la notion d'apartheid en Judée Samarie, notion dont Jimmy Carter s'est par la suite fait l'apôtre zélé.

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Je n’eus pas d’autres contacts avec les Sud-Africains. J’écrivis simplement quelques articles sur l’enjeu géostratégique de l’Afrique australe. Pour le reste, notamment pour l’apartheid, j’étais dès le début convaincu que ce système allait disparaître. Je note en passant que contrairement à l’ex-Rhodésie (devenue Zimbabwe), l’Afrique du Sud, elle, a réussi son passage à la démocratie et n’a pas sombré dans le chaos. Nelson Mandela était communiste mais il n’était pas génocidaire comme le zimbabwen Robert Mugabe.

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En 1981, au bureau de Voxmundi, je tombais, par accident et avec stupéfaction, sur un document interne mettant en exergue le budget alloué par les services de renseignement militaires argentins à l’agence Voxmundi. Or, je ne fonctionnais pas et je ne fonctionne toujours pas comme ça. Certes, j’étais jeune, je sortais de l’université, c’était mon premier job, mais tout de même, cette découverte me persuada que Voxmundi n’avait pas d’avenir. Je contactais alors spontanément le groupe Nestlé, établi à Vevey, en Suisse, pour un job éventuel. Et je continuais de donner de temps en temps un coup de main, à titre amical, à Cedar, le Représentant officiel pour l’Europe des Forces Libanaises. C’est dans ce contexte que je rencontrais Ovadia Soffer, ambassadeur d’Israël auprès du Bureau européen de l’ONU à Genève.

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Cedar m’avait fait rencontrer deux historiens, David Littman et Bat Ye’or, d'abord à l’université de Genève, et plus tard, dans leur maison sur la côte lémanique. Puis je rencontrais Ovadia Soffer, à la mission permanente d’Israël auprès de l’ONU à Genève. Nous sommes tombés d’accord avec l'ambassadeur Ovadia Soffer pour que Cedar et moi nous rendions avec Middle East Airlines, depuis Genève, à Beyrouth, où je rencontrais Walid Fares, aujourd'hui membre de la Foundation for Democraties ; et pour qu'ensuite, depuis Beyrouth, en voiture, nous nous rendions à Jérusalem. C’était fin mars - début avril 1983. C'est à ce moment-là que Cedar me confia qu’il travaillait aussi pour le Deuxième bureau (service de renseignement) des Forces Libanaises.

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En 1983, Elie Hobeïka, du Deuxième bureau des Forces Libanaises, était en relation avec les Israéliens (Hobeïka retourna par la suite sa veste et devint pro-syrien). En 1983, à Beyrouth, Cedar m’a certifié qu’Hobeïka, et les éléments des Forces libanaises qu’Hobeïka contrôlait, furent les responsables des événements de Sabra et Chatila en 1982. J’ai visité Sabra et Chatila en 1983. Sabra et Chatila n’étaient pas simplement des camps de réfugiés palestiniens. L’ensemble 'Sabra et Chatila' était surtout une banlieue de Beyrouth. Plus exactement, l'ensemble 'Sabra et Chatila' était une ville dans la ville ; un Etat dans l’Etat.

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Dans les sous-sols ou plutôt, les galeries souterraines de Sabra et Chatila, l’OLP avait caché une quantité inouïe d’armes lourdes et légères. Un aspect de Sabra et Chatila qui n’a jamais intéressé mes confrères. Je n’oublierai jamais ce que j’ai vu au Liban en 1983. J’ai parcouru le pays dans presque tous les sens. Au vu du nombre invraisemblable de milices armées de toutes sortes et malgré la tentative de Bachir Gemayel (assassiné en 1982) d’unifier les éléments armés chrétiens sous le commandement des Forces libanaises, je ne vois pas comment, l’armée israélienne, aurait pu, dans ce chaos généralisé, maîtriser toutes les situations, y compris celle de Sabra et Chatila.

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Partis de Beyrouth, la nuit, en voiture, direction Israël, Cedar et moi sommes involontairement sorti de la route éventrée par les obus (et inutilement encombrée par les inutiles camions de la FINUL) à hauteur de Saïda. Sans le vouloir, nous avons traversé un champ de mines, pas loin d’une antenne du Comité International de la Croix Rouge. Dans la matinée nous sommes arrivés à la frontière, à Rosh Hanikra, où nous avons laissé la voiture, pour franchir, à pied, la ligne frontalière, avant d’être pris en charge, par une autre voiture, côté israélien.

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Le poste israélien de contrôle n’était pas une douane puisque le Liban ne reconnaît pas l’Etat d’Israël. C’est du reste la raison pour laquelle l’ambassadeur d’Israël Ovadia Soffer nous avait indiqué qu’à un moment donné, à hauteur de Rosh Hanikra, nous tomberions sur un poste israélien de contrôle, à la frontière. Et Ovadia Soffer nous avais simplement précisé qu’à ce poste de contrôle, il y aurait un certain Alex - du Mossad - pour nous identifier. Des filles scouts israéliennes vérifièrent nos bagages. Je me mis à rire car nous n’étions vraiment pas des terroristes transportant des grenades dans notre trousse de toilette.

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La responsable des scouts, une jeune sabra de 16 ans environ, légèrement froissée par mon rire, me dit, en français, avec l'accent hébreu : « Nous ne faisons que notre devoir monsieur ». Ce furent pour moi les premiers mots sortis de la bouche d’une personne de nationalité israélienne : « Nous ne faisons que notre devoir monsieur ». Cedar me regarda l’air de dire : « Chez nous au Liban c’est la pagaille, mais ici ça à l’air de bien fonctionner ». Alex, du Mossad, assis à quelque mètres de nous, souriait sans broncher. Un certain Yizak nous pris en charge, dans sa voiture, pour nous rendre à Jérusalem.

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Lors du trajet de nuit de Beyrouth-Est à Rosh Hanikra, nous n’avions vu et humé que la ruine, les décombres, les cratères d’obus, cette odeur persistante de poudre à canon et de cadavres. Nous avions mis six heures pour parcourir une distance ridicule, un peu plus de 100 km, six heures à cause des innombrables barrages de miliciens qui contrôlaient les véhicules à Beyrouth, à Tyr, à Saïda et ailleurs au Sud-Liban. Je ne me souviens même plus des milices tant elles étaient nombreuses : les Forces Libanaises, la milice Amal du chiite Nabih Berri, les Druzes de Walid Joumblatt, l’Armée du Sud-Liban de Haddad, sans compter les clowns de la Force multinationale et les pingouins de la Finulle.

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Des hauteurs de Rosh Hanikra, Yizak nous fit descendre dans sa voiture en Galilée. Après les horreurs libanaises, je vis la plaine fertile de Galilée et la Méditerranée sous un magnifique soleil. Ce fut mon tout premier coup d’œil sur la terre d’Israël. Vers midi, nous arrivâmes à Jérusalem où nous avions rendez-vous pour le déjeuner avec Shlomo Bino et Asher Naïm, du ministère des Affaires étrangères, à l'époque dirigé par Yizak Shamir, sous le mandat du Premier ministre Menahem Begin.

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Cedar et moi déjeunâmes au Jerusalem Hilton avec Shlomo Bino, directeur pour le Moyen Orient au ministère des Affaires étrangères et Asher Naïm, porte-parole du même ministère. Shlomo Bino, un homme corpulent, au teint buriné, était d’origine juive irakienne. Asher Naïm, petit blond maigre aux yeux bleus était d’origine juive libyenne.

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Shlomo Bino commanda une goulasch en marmonnant qu’il n’avait jamais goûté un truc pareil. Je décidais de poser mes cartes sur la table : pas de négociations avec Arafat ; une alliance avec les Forces Libanaises ; pas de concessions sur la Judée-Samarie ; et envisager à moyen terme un Etat palestinien en Jordanie. Asher Naïm, fin et réservé, ne pipa mot. Shlomo Bino, plus baroque, me répondit : « That’s what Begin says » ("C’est ce que dit Begin"). Cedar, du Deuxième Bureau (service de renseignement) des Forces Libanaises était légèrement embarrassé par ma franchise. Car d’un côté, il partageait mon avis. Mais d’une autre côté, il ne savait trop dans quelle direction les Forces Libanaises allaient évoluer sur ces questions. Hélas, les interrogations de Cedar étaient pleinement justifiées : en effet, les Forces Libanaises prirent non pas une, mais plusieurs directions.

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Samir Geagea, à la rigueur, aurait peut-être accepté une alliance avec Israël. Mais Elie Hobeïka, en revanche, était pro-israélien par pur opportunisme. Par la suite il devint pro-syrien, encore par pur opportunisme. Puis pro-business, toujours par opportunisme. Avant de sauter dans les airs au passage d’une voiture piégée made in Syria. Après notre bref séjour en Israël, Cedar et moi fîmes le chemin en sens inverse, jusqu’à Beyrouth. Asher Naïm nous avait remis des photos et des documents accablants sur l’arsenal de Arafat planqué dans les sous-sol du « camps de réfugiés » de Sabra et Chatila.

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A l’époque, Cedar et moi étions jeunes. Nous ne réalisions pas qu’avec ces documents, nous étions des hommes morts, en cas de contrôle, sur notre route, par les milices palestiniennes, par les milices druzes libanaises ou par la milice chiite libanaise Amal. On peut croire ou ne pas croire en Dieu. Mais dans les deux cas, on ne peut pas dire qu’il n’y a jamais de miracles… (à suivre)

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