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Michel Garroté - Elena Bonner-Sakharov, est décédée, il y a peu. On ne peut pas dire que cela est passionné nos médias. Pourtant, Elena Bonner-Sakharov a joué un rôle majeur, toute sa vie durant, dans la lutte contre les totalitarismes. Le désintérêt des médias est donc plutôt inquiétant (idem pour Nathan Sharansky dès le jour où les médias ont découvert qu’il n’était pas un Juif israélophobe et palestinophile).
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Il est vrai que Elena Bonner-Sakharov a essentiellement combattu le totalitarisme du pays où elle vécut : le communisme d’URSS. Il est vrai – aussi – que Elena Bonner-Sakharov a toujours défendu Israël.
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Je suppose que si elle avait vécu au Chili, combattu Pinochet et défendu le Fatah, nos médias l’auraient canonisée le jour-même de son décès et elle aurait fait – comme DSK, pour des raisons, certes, très différentes – la ‘Une’ de 150'000 magazines dans plus de 150 pays.
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A ce propos, les extraits – reproduits ci-après – des propos de Elena Bonner-Sakharov, le 24 mai 2009, sont très éclairants : « Il y a maintenant un nouveau slogan à la mode (en fait, il est ancien) : ‘Deux états pour deux peuples’. Le Quartet (comprenant les États-Unis, les Nations unies, l'Union Européenne et la Russie) et les Pays arabes, les leaders palestiniens (du Hamas et du Fatah) ont accru leurs exigences concernant Israël. Je parlerai d'une seule d’entre elles : qu'Israël accepte le retour des réfugiés palestiniens. Selon la définition officielle des Nations unies, sont considérés comme réfugiés ceux qui ont fui la violence et les guerres, mais pas leurs descendants qui sont nés dans un autre pays. A une époque, les réfugiés palestiniens et les réfugiés juifs des pays arabes représentaient un nombre à peu près égal, environ 700 à 800 000 individus. L’Etat d’Israël, qui venait d’être créé, a absorbé environ 600 000 de ces juifs. Ils furent officiellement reconnus comme réfugiés par la résolution 242 des Nations Unies, mais n’eurent droit à aucune assistance de l’ONU. Les Palestiniens, au contraire, sont considérés comme des réfugiés non seulement à la première génération, mais à la deuxième, la troisième, et même, maintenant, à la quatrième génération. Selon le rapport des travaux de l'organisme d'aide humanitaire de l'ONU, le nombre de réfugiés palestiniens enregistrés est passé de 914’000 en 1950, à plus de 4,6 millions en 2008, et il continue d'augmenter en raison de la croissance démographique naturelle ».
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Elena Bonner-Sakharov : « Toutes ces personnes ont les droits des réfugiés palestiniens et celui de recevoir de l'aide humanitaire. La totalité de la population d'Israël compte 7,5 millions d'habitants, parmi lesquels il y a deux millions et demi d'Arabes qui se nomment eux-mêmes Palestiniens. Imaginez alors [ce qui se passerait en] Israël, si 5 millions d'Arabes de plus s'y engouffraient. Le nombre des Arabes dépasserait considérablement celui de la population juive. Ainsi, créé à côté d’Israël, et il y aurait un État palestinien "nettoyé" de Juifs, parce qu'en plus de la demande du retour des réfugiés palestiniens en Israël, il y a aussi la demande que l'on "nettoie" la Judée et Samarie de [leurs] Juifs et qu'on la rende aux Palestiniens, tandis qu’à Gaza, aujourd'hui, il n'y a plus désormais un seul juif. Le résultat est à la fois étrange et terrifiant, parce qu'Israël sera véritablement détruit. La formule, « deux Etats pour deux peuples », c’est la création d'un État, ethniquement nettoyé de juifs et d'un deuxième Etat, candidat potentiel au même nettoyage. Une Terre Sainte Judenrein - le rêve d'Adolphe Hitler ! - se réalise enfin. Alors - que ceux qui sont encore capables de réfléchir le fassent : quelle est la partie qui porte en elle les germes du fascisme, aujourd'hui ? » (Elena Bonner, Jerusalem Post, 24 mai 2009, adaptation française D.E. Guez sur upjf.org).
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Dans un document de RFI (qui n’a pas pratiqué l’omerta) réalisé avec Madeleine Leroyer à Moscou, on peut lire (extraits) : « Elena Bonner, militante des droits de l'homme dans l'ancienne Union soviétique, et veuve du physicien Andreï Sakharov, prix Nobel de la Paix 1975, est décédée à l'âge de 88 ans, des suites d'une longue maladie, à Boston, aux États-Unis. Farouche critique du régime communiste, elle n'avait rien perdu de sa combativité après la Chute du Mur, dénonçant les dérives autoritaristes du gouvernement russe. Vingt années de lutte commune, c’est un visage de la dissidence qui s’en va, Elena Bonner, carré de cheveux blancs, sourcils en bataille et épaisses lunettes. Pédiatre, elle était entrée en dissidence dans les années 60 en soutien aux intellectuels emprisonnés. Elena, née en 1923, a de qui tenir. Ses parents ont été tous deux arrêtés pendant les grandes purges de Joseph Staline en 1937. Sa mère, Ruth, est une militante juive communiste. Son père, Guevork Alikhanov, d'origine arménienne est une figure proéminente du parti, secrétaire du Komintern. Il est exécuté et sa femme est envoyée en camp de travail puis en exil pendant 18 ans. Infirmière dans l'armée Rouge pendant la Seconde Guerre mondiale, Elena Bonner en revient invalide de guerre, avec une blessure à l’œil. Elle reprend des études de médecine et devient pédiatre. En 1965, elle entre au parti communiste ».
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RFI : « En 1970, elle rencontre le physicien Andreï Sakharov. Le père de la bombe H est en train de créer le Comité pour la défense des droits de l’homme et des victimes politiques. Elena Bonner l'épouse en 1971. Elle sera sa plus fidèle collaboratrice, et son porte-parole. En 1975, lorsque Sakharov, privé de visa par les autorités soviétiques ne peut se rendre à Oslo pour recevoir son prix Nobel de la Paix, Elena Bonner fait le voyage et lit un discours en son nom. En 1976, Elena Bonner-Sakharov fonde avec d'autres militants des droits de l'homme le Groupe Moscou-Helsinki. Quatre ans plus tard, son mari est exilé à Gorki (aujourd'hui Nijni-Novgorod), une ville interdite aux étrangers. Elle passe son temps entre cette ville et Moscou, avant d'être elle-même arrêtée et condamnée à 5 années d'exil à Gorki. En 1981, les deux époux font une première grève de la faim pour obtenir l'autorisation de leur bru de rejoindre leur fils aux États-Unis. En 1985, Andreï Sakharov entame une longue grève de la faim pour obtenir de Mikhaïl Gorbatchev un visa pour sa femme qui doit subir une très lourde intervention. Après la mort de son mari en 1989, elle poursuit leur combat. Elle dénonce l'autoritarisme « héritier des services de sécurité soviétique » (KGB) de Vladimir Poutine. L’année dernière, elle fut la première à signer la pétition ‘Poutine doit s’en aller’. Malade, elle se faisait soigner aux États-Unis. ‘Chaque jour où je suis encore en vie’, disait-elle, ‘j’essaie d’en faire le bilan. Cela tient en trois mots : ma vie fut originale, tragique et belle’ ».
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Michel Garroté
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