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A priori, cela n’a rien à voir avec le Front National (à priori) : en ce moment même – et cela a commencé avant la mort de Ben Laden – des djihadistes annoncent une campagne, lancée par le groupe Al-Safiya Hafidat, sur le forum islamiste Shumoukh Al-Islam. Les membres de Shumoukh Al-Islam, sont invités, à adresser, des messages, au président français, au peuple français et aux musulmanes de France, via les forums français, Facebook et les sites Internet. Les messages déjà adressés, respectivement au président français et au peuple français, contiennent des menaces contre la sécurité de la France. Ces messages sont accompagnés d'une photo représentant une phrase de feu Oussama Ben Laden, avec en toile de fond la tour Eiffel en feu et le drapeau français éclaboussé de sang.
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Pendant ce temps, primo, au Front national et autour de celui-ci, les anachroniques dénoncent les anachroniques. Secundo, un site publie des extraits d’une interview de Marine Le Pen parue dans le New York Times. Et tertio, Michel Gurfinkiel nous livre quelques réflexions très intéressantes sur Marine Le Pen.
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J’ai écrit ci-dessus qu’au Front national et autour de celui-ci, les anachroniques dénoncent les anachroniques. Ainsi, par exemple, Bernard Antony (ce qui nous intéresse, ce n’est évidement pas de condamner sa personne, mais d’analyser ce que son article révèle au plan historique et sociologique), ainsi, par exemple, Bernard Antony – écrivais-je – ancien haut responsable du Front National et ancien député européen, catholique traditionaliste, écrit : « Le bien médiocre discours de 1er mai lu hier par Marine Le Pen ne rentrera pas dans l’histoire. Sur Jeanne d’Arc, il a constitué comme un châtiment pour son père qui, lui, homme de grande culture historique, orateur et poète, sut souvent évoquer superbement la sainte et l’héroïne de notre patrie française. Marine n’a manifestement été nourrie sur Jeanne d’Arc ni de l’œuvre magnifique de Charles Péguy, ce socialiste dreyfusard revenu à la foi catholique par la médiation du miracle de Jeanne, ni de celle à plus d’un égard admirable du républicain Jules Michelet et pas plus des superbes pages du royaliste Charles Maurras » (Note de Michel Garroté – Nous sommes au troisième millénaire. Nous sommes au 21ème siècle. Nous sommes en 2011. Et il est ici reproché à Marine Le Pen de ne pas avoir été nourrie des pages de Charles Maurras).
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« En revanche, elle a jugé bon d’exalter la révolution française et, même sans oser toutefois en prononcer le nom (écrit pourtant dans son discours), le personnage de Robespierre. Elle a ainsi montré son choix pour la pire forme de la république, la république jacobine, la république totalitaire destructrice des communautés naturelles et professionnelles. C’est cette Révolution totalitaire, soumettant l’individu déraciné à la toute puissance de l’État, qu’admiraient tant Marx, Lénine, Mussolini et Hitler. Marine Le Pen, certainement sans bien le peser, tient le discours national laïciste et social-étatiste, bien archaïque aujourd’hui, des précurseurs du fascisme. Sur la question sociale, elle n’a à l’évidence pas du tout médité les grandes pages de Simone Weil sur « la condition ouvrière », « l’enracinement » et « la pesanteur et la grâce ». À la lecture de cette dernière, elle préfère la défense de la loi de Simone Veil » (Note de Michel Garroté – Nous sommes au troisième millénaire. Nous sommes au 21ème siècle. Nous sommes en 2011. Et il est ici reproché à Marine Le Pen de ne pas avoir été nourrie des pages de Simone Weil sur la condition ouvrière. Il est aussi reproché à Marine Le Pen d’exalter sans le citer Robespierre. Il est également reproché à Marine Le Pen de défendre « la loi de Simone Veil ». Il s’agit de la loi Giscard Chirac Veil votée au parlement français dans les années 1970).
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« À la lire, on peut méditer la réflexion de Frédéric Le Play, en son temps grand ingénieur de la réforme sociale et de l’organisation du travail qui écrivait : « En matière sociale, le nouveau c’est bien souvent ce que l’on reprend dans ce qui a été oublié ». Mais Marine Le Pen, hélas, ne semble pas puiser le meilleur dans le passé et encore moins proposer des solutions originales. On ne sortira pas des errances de la Vème république en revenant à la république jacobine », conclut Bernard Antony (Note de Michel Garroté – Il est ici reproché à Marine Le Pen de « ne pas puiser le meilleur dans le passé ». Par exemple, comme l’écrit l’auteur plus haut, dans les pages de Charles Maurras).
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Par ailleurs – et là en revanche ce n’est pas anachronique – Atlantico publie des extraits (adaptés par mes soins) d’une récente interview de Marine Le Pen avec le New York Times : « Marine Le Pen chercherait-elle à briser son image de femme glaciale et abrupte ? Dans un article fleuve qui lui est consacré dans l'édition du New York Times du 29 avril, la présidente du Front National évoque des épisodes peu connus de sa vie : les railleries dont elle a été victime dans son enfance, le divorce de ses parents ou encore l’explosion qui a failli lui coûter la vie, à l’âge de 8 ans. Marine le Pen a ramené le Front national sur le devant de la scène politique française. Et fait peur à Nicolas Sarkozy, explique le New York Times, qui l'a rencontrée, mi-mars. "Son regard est dur comme l’acier, mais ses yeux sont rieurs. Sa voix profonde, avec son grincement de fumeuse, empreinte d’autorité", peut-on lire dans les colonnes du quotidien ».
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Le New York Times cité par Atlantico : « Elle y est présentée comme la véritable antithèse du chef de l’État. Quand Sarkozy se montre sophistiqué, elle tend vers la simplicité. Quand il emploie un discours politicien, elle parle franc. Le New York Times a creusé le passé de la femme politique qui fait certainement le plus parler d'elle en France et en Europe. "Quand je lui demande de citer un évènement de son enfance qui l’a formée, elle répond "20 kilos de dynamite", rapporte le journal. En 1976, elle a 8 ans lorsqu’une bombe, visant l’appartement parisien de la famille Le Pen, explose alors qu’elle dort. "J’ai réalisé que la politique pouvait vous coûter la vie", explique-t-elle. "Ses deux sœurs et elles ont grandi dans une atmosphère de peur et d’intimidation, raillées par les autres enfants et dédaignées par les enseignants", rapporte également le New York Times ».
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Le New York Times cité par Atlantico : « "Notre enfance a été marquée par un sentiment d’injustice à propos de notre père", affirme Marine Le Pen. "Nous étions de victimes de nombreuses formes d’attaques", confirme, quant à elle, sa sœur, Yann Maréchal. Le quotidien dresse le portrait d'une famille atypique, qui entretient un sens aigu du patriotisme et une haute idée de l'État français. Les trois filles Le Pen sont devenues des fidèles du parti. Marine et sa sœur "on toujours vécu comme des jumelles", apprend-on. Elles vivent ensemble, avec leurs enfants respectifs. Zone d'ombre au tableau : la mère, qui a quitté la famille pour le biographe du père. Quelque temps plus tard, elle pose quasiment nue pour Playboy et affirme aux journalistes que Jean-Marie le Pen voue une haine sans bornes aux Juifs et surnomme Hitler "Oncle Dolphie" en privé. Marine ne reparlera pas à sa mère pendant quinze ans ». Fin des extraits de l’interview du New York Times publiés par Atlantico (Note de Michel Garroté – La mère a quitté la famille pour le « biographe » du père. « Biographe » recruté par l’entourage de Chirac pour séduire madame ex-Le Pen. Dans la mesure où madame ex-Le Pen voue une haine sans bornes à Jean-Marie Le Pen, au point d’avoir posé nue dans Playboy pour l’enquiquiner, alors qu’elle est mère de famille ou presque, on ne peut pas lui faire confiance lorsqu’elle allègue que Jean-Marie Le Pen « voue une haine sans bornes aux Juifs et surnomme Hitler "Oncle Dolphie" en privé ». C’est peut-être le cas. Mais le « témoignage » de madame ex-Le Pen ne constitue pas une preuve fondée. Cela dit, je reste persuadé que Jean-Marie Le Pen est judéophobe et antisémite).
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Sur notre communauté de blogues, Michel Gurfinkiel, a tout récemment écrit – et là non plus ce n’est pas anachronique – à propos de Marine Le Pen (extraits) : « Son programme est trop vague. Là où il est un peu plus précis, notamment l’économie, où elle prône un repli autarcique sur l’Hexagone, il inquiète. (…) Elle a certes fait quelques gestes, comme de qualifier la Shoah de crime absolu. Elle a donné des interviews à des journaux israéliens et se propose de se rendre à Jérusalem. Mais dans l’ensemble, c’est le vague et l’ambiguïté, là encore, qui dominent. Ce qui, compte tenu de l’héritage de son père, ne peut que nourrir et conforter le soupçon ».
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Pour résumer et pour conclure, je note, une fois de plus, que la France (celle de Sarkozy, celle de Marine Le Pen, celle de tous les autres, rouges, roses, verts et bruns) reste allergique au libéralisme économique, au capitalisme, au néo-conservatisme. Toutes les références philosophiques sont franco-françaises et remontent 18ème siècle, au 19ème siècle et à la première moitié du 20ème siècle. L’on cite Maurras. L’on ne cite pas Jacques Maritain ou Charles Journet. C’est pathétique. Aucune référence n’est faite à la pensée néo-conservatrice (ni à l’UMP, ni au FN, ni nulle part ailleurs). C’est comme si Ronald Reagan et Margaret Thatcher n’avaient jamais existés (normal, ils n’étaient pas Français). Et je n’ose même pas citer William Kristol ou George Weigel (on va encore me traiter injustement de mangeur de hamburgers).
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Michel Garroté
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