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C’est officiel. Jean-Marie Le Pen se retire. Associated Press diffuse un certain nombre d’informations sur son parcours et sur son parti. J’en publie ci-après des extraits avec mes commentaires et mes précisions entre parenthèses : « Né il y a plus de trente-huit ans, le Front national a lentement tissé sa toile sur l'Hexagone, jusqu'au succès inattendu porté par Jean-Marie Le Pen le 21 avril 2002. Après son passage à vide en 2007, le parti s'apprête à ouvrir (en 2011) un nouveau chapitre de son histoire en organisant la succession de son chef historique au profit, probablement, de sa fille, Marine. L'extrême droite française (en 1972) est en ruines, éclatée en multiples chapelles, quand Jean-Marie Le Pen et les néofascistes d'Ordre nouveau déposent les statuts du Front national le 5 octobre 1972. Ordre nouveau, dissout, claque alors la porte du parti. Ancien parachutiste en Indochine, plus jeune député de France en 1956 sous la bannière de Pierre Poujade, Jean-Marie Le Pen (en 1972) attendait son heure » (Note de Michel Garroté – En avril 2002, Jean-Marie Le Pen affronte Jacques Chirac au second tour des présidentielles. Le socialiste Lionel Jospin est en effet éjecté au premier tour. C’est le début de la fin du Parti socialiste français).
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Associated Press : « L'organisation de la campagne du leader d'extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour, en 1965, n'avait en effet rapporté que de maigres résultats (5,27%). En créant le FN, l'inusable Jean-Marie Le Pen croit donc avoir trouvé une machine à gagner. Lentement, les différents groupuscules d'extrême droite le rallient. Ce sont d'abord les "solidaristes" de Jean-Pierre Stirbois; puis les catholiques traditionalistes, conduits par Bernard Antony, alias Romain Marie. Le jeune parti va quand même mettre plus de dix ans à émerger. En 1974, candidat à l'Elysée pour la première fois, Jean-Marie Le Pen ne recueille qu'un piètre 0,74%. Sept ans plus tard, privé de compétition faute d'avoir rassemblé 500 signatures, il appelle à voter pour Jeanne d'Arc. Petite éclaircie dans la pénombre, sa situation matérielle s'améliore considérablement en 1976 grâce à l'héritage légué par un sympathisant, le cimentier Hubert Lambert. Avec la crise économique des années 80, le chômage de masse, la montée de l'insécurité, le FN voit enfin le bout du tunnel » (Note de Michel Garroté – Le ralliement, au Front National, des catholiques traditionalistes, conduits par Bernard Antony, ce ralliement sera parsemé de nombreux conflits internes. Bernard Antony passe du CNI au FN. Puis, il passe, du FN dont il est viré, au PDF. La fille de Jean-Marie Le Pen, Marine, à tort ou à raison, dira, même, que Bernard Antony a apporté, peu d’électeurs, mais beaucoup de problèmes, au FN. En réalité, le courant n’a jamais passé entre, d’une part, les catholiques traditionalistes, très minoritaires au FN ; et d’autre part, les autres sympathisants du FN, majoritaires, plutôt laïcs absolus et assez anticléricaux. Côté argent, Jean-Marie Le Pen parviendra à convaincre, une riche vieille dame, de faire de lui, son légataire universel ; dès lors, la famille Le Pen peut vivre, en toute sécurité, dans un luxueux Hôtel particulier à St-Cloud).
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Associated Press : « En septembre 1983, le secrétaire général Jean-Pierre Stirbois arrache 16,7% lors d'une municipale partielle à Dreux (Eure-et-Loir). A partir de 1984, l'ascension du FN devient irrésistible: il recueille 11% aux européennes. Aux législatives de mars 1986, à la faveur du scrutin proportionnel institué un an plus tôt, 35 députés frontistes entrent à l'Assemblée. Lors de la présidentielle de 1988, Jean-Marie Le Pen arrive en quatrième position avec 14,4% des voix. Parallèlement, les cadres du FN, dont le N°2 Bruno Mégret, s'attellent à bâtir un socle idéologique. Dans les urnes, un nouvel électorat populaire rejoint la petite bourgeoisie des premières heures. C'est l'alliance "de la boutique et de l'atelier". C'est aussi l'heure des "petites phrases" (le "point de détail", les "sidatoriums", "Durafour crématoire"), destinées à rassurer la frange frontiste qui ne tire pas un bilan totalement négatif du nazisme. Mis au ban de la classe politique, le FN n'en poursuit pas moins sa percée » (Note de Michel Garroté – En 1984, plusieurs membres du FN entrent au Parlement européen à Strasbourg. Dans le parti de Le Pen, c’est l’euphorie. Au rassemblement FN des « Bleu, blanc, rouge », dit BBR, Jean-Marie Le Pen parle de « l’ascension grandiose » de son parti. Le "point de détail" de la Seconde Guerre mondiale, formule utilisée par Jean-Marie Le Pen pour qualifier les chambres à gaz, provoque le ravissement des éléments les plus extrémistes du FN. Lors d’un rassemblement catholique traditionaliste à La Mutualité, à Paris, le journaliste d’extrême-droite François Brigneau réclame « la réhabilitation du Maréchal Pétain ». Jean-Marie Le Pen, qui siège à la tribune, applaudit. Le gauchiste mondain Allain Rollat et le trotskiste Edwy Plenel, qui travaillent, à l’époque, au quotidien Le Monde, entrent dans une bataille politico-juridique avec le leader des catholiques traditionalistes, Bernard Antony).
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Associated Press : « Après avoir séduit 15,1% des Français à la présidentielle de 1995, il s'installe dans quatre mairies du sud de la France (Marignane, Toulon, Orange et Vitrolles). Nouveau revers de fortune, Jean-Marie Le Pen est condamné en appel en 1998 à un an d'inéligibilité pour avoir molesté la socialiste Annette Peulvast-Bergeal à Mantes-la-Jolie pendant la campagne des législatives de 1997. La même année, le "félon" putschiste Bruno Mégret échoue à prendre les rênes du FN et fonde en janvier 1999 le MNR, le Mouvement national républicain, laissant l'appareil frontiste exsangue. Aux européennes de 1999, avec 5,69%, c'est la débâcle. On croit le FN un pied dans la tombe. C'était sans compter sur le séisme du 21 avril (2002), quand le "Menhir" s'impose au deuxième tour au côté de son ennemi juré Jacques Chirac, avec 16,86% des voix. A 73 ans, c'est la consécration. Mais aussi, paradoxalement, le début du déclin pour le chef historique du FN » (Note de Michel Garroté – Certes, la présence de Jean-Marie Le Pen, au second tour des présidentielles de 2002, provoque un séisme politique. Mais les apparences sont trompeuses. Depuis la chute de l’URSS, en 1992, de nombreux sympathisants du Parti Communiste Français adhèrent au Front National. Celui-ci devient, de plus en plus, malgré la présence de Bruno Gollnisch, un parti néo-stalinien, anti-chrétien, anti-israélien, anti-juif et anti-américain. Pour mémoire, rappelons que Jean-Marie Le Pen rencontrera deux tortionnaires notoires : Saddam Hussein et Milosevic).
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Associated Press : « Jean-Marie Le Pen reprend du service pour l'élection présidentielle de 2007, mais n'obtient que 10,44% des voix, en quatrième position. Lors des législatives organisées dans la foulée, le parti s'effondre à 4,3%, le plus mauvais résultat du FN lors d'élections nationales depuis la fin des années 1980. Jean-Marie Le Pen est réélu président du FN avec 97,7% des voix en novembre 2007. A ses côtés, il nomme deux vice-présidents exécutifs: sa fille Marine, qui a acquis une légitimité électorale et médiatique depuis 2002, et son dauphin annoncé, Bruno Gollnisch. Les conséquences financières des échecs dans les urnes le conduisent à mettre en vente le "Paquebot", le siège symbolique du parti à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). En septembre 2008, alors âgé de 80 ans, le patron du FN annonce qu'il ne sera pas candidat en 2012, sauf "circonstances exceptionnelles". A partir de là, il commence à évoquer sa succession. A l'approche du congrès national des 15 et 16 janvier (2011), Jean-Marie Le Pen a tranché et affiche désormais sa préférence de "cœur" pour sa fille Marine, au détriment de Bruno Gollnisch » (Note de Michel Garroté – Marine Le Pen acquière effectivement une légitimité électorale et médiatique dès 2002. Ce qui n’est pas du goût de Bruno Gollnisch et de Bernard Antony. Ce dernier sera viré du FN. Gollnisch et Marine entrent en guerre. Le FN redevient, dès 2002 et jusqu’à aujourd’hui, ce qu’il était en 1972 : un mouvement où cohabitent douloureusement laïcs absolus, anticléricaux, quelques catholiques traditionalistes, transfuges du PCF, déçus de l’UMP, royalistes, judéophobes, christianophobes, américanophobes, russophiles, néo-staliniens, etc. Au plan financier cela va mal, au point que Jean-Marie Le Pen se rendra à l’ambassade d’Iran à Paris, sans doute pour négocier un deal politico-financier. L’affaire sera révélée par Bernard Antony. Jean-Marie Le Pen n’obtiendra rien des Iraniens. Et Jean-Marie Le Pen participera à un happening avec Dieudonné et le négationniste Faurisson ; happening que l’on veut visionner sur Internet).
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Associated Press : « Pendant près de quarante ans à la tête du Front national, Jean-Marie Le Pen a incarné l'extrême droite française. Né le 20 juin 1928 à la Trinité-sur-Mer (Morbihan), Jean-Marie Le Pen, fils et petit-fils de marins bretons, a rejoint l'extrême droite pendant ses années d'étudiant juriste. Volontiers bagarreur, Jean-Marie Le Pen occupe la "corpo" de Droit animé d'un solide anticommunisme et d'une passion profonde pour l'armée. Défenseur de la France coloniale, il suscite, par sa participation et son action dans la guerre d'Algérie comme lieutenant, des polémiques que la loi d'amnistie n'a pas empêchées d'émerger. Il fait son entrée à l'Assemblée nationale en 1956 porté par le mouvement poujadiste dont il est l'un des porte-parole, devenant à 27 ans le plus jeune député de France. Balayé aux législatives de 1962 par la vague gaulliste, sa traversée du désert commence. A partir de 1984, son ascension devient irrésistible. Crise économique aidant, son discours anti-immigrés commence à porter ses fruits sur le plan électoral. Aux législatives de 1986, c'est la consécration, avec une entrée tonitruante de 35 députés FN au Palais-Bourbon à la faveur de la proportionnelle, avant que le retour du scrutin majoritaire ne lamine le parti » (Note de Michel Garroté – Effectivement, le discours anti-immigrés de Jean-Marie Le Pen commence à porter ses fruits sur le plan électoral en 1984, avec des allégations du style « six millions d’immigrés, c’est six millions de chômeurs en trop » et « six millions de chômeurs, c’est six millions d’immigrés en trop ». On le voit, la doctrine Le Pen, de plus en plus, est pauvre d’esprit. En revanche, pas un mot de Jean-Marie Le Pen sur l’islamisation de la France. Dans les années 1980, la gauche exploitera au maximum les dérapages de Jean-Marie Le Pen, dans le but de lui faire une publicité qui le renforce ; et qui, par la même occasion, affaiblit la droite classique. En somme, le PS peut fricoter avec le pro-soviétique PCF, mais la droite classique n’aurait pas le droit de boire le thé avec le FN. A chaque diabolisation du FN, la droite perd des sympathisants au profit de ce même FN. Vingt ans plus tard, le socialiste Lionel Jospin reconnaîtra que la diabolisation du FN par le PS n’obéissait pas à de louables motifs. Du reste, la droite classique, elle aussi, utilisera tous les moyens pour fragiliser Jean-Marie Le Pen. Elle embauchera même un gigolo chargé de séduire la première épouse de Jean-Marie Le Pen. L’opération de charme réussit. Madame Le Pen quitte son mari. Celui-ci l’invite à faire des ménages pour subsister financièrement. Madame prendra Monsieur au mot. Elle posera dans Playboy en tenue ultra-légère de boniche. Le niveau du débat national descend aux abysses).
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Associated Press : « A la présidentielle de 1988, il arrive en quatrième position avec 14,4% des voix. En 1995, Jean-Marie Le Pen réitère sa performance électorale en recueillant 15,1% des suffrages. Avec, toujours, un slogan pour tout programme: "les Français d'abord". Pourtant, personne ne l'attend en 2002. Et Jean-Marie Le Pen, infatigable pourfendeur de l'immigration, de l'insécurité, de la corruption et de "l'establishment", fait son retour avec fracas le 21 avril 2002 en recueillant 16,86% des voix. En 2007, il espère renouveler l'exploit. C'est compter sans des Français traumatisés qui se précipitent en masse aux urnes et un Nicolas Sarkozy qui réussit à capter une partie de son électorat. La réplique du séisme (du 21 avril 2002) n'aura donc pas lieu: il ne décroche "que" la quatrième place à l'issue du premier tour, avec 10,44% des voix. Ces résultats, confirmés par un autre revers aux législatives de 2007 (4,3%), marquent le début du déclin de la carrière politique de Jean-Marie Le Pen » (Note de Michel Garroté – Déclin de la carrière politique de Jean-Marie Le Pen dont on apprend, mi-janvier 2011, qu’il se retire de la politique. Durant tout son parcours politique, Jean-Marie Le Pen aura maintes fois utilisé les dérapages verbaux. Ce qui, rétrospectivement, laisse supposer, que son destin national, lui était, en fin de compte, moins important, que le plaisir malsain, de s’ancrer, dans une mouvance nauséabonde, réduite à l’opposition systématique. Les 15 et 16 janvier, Marine Le Pen devrait être élue à la tête de FN au détriment de Bruno Gollnisch. Le déclin du père concorde avec l’ascension de la fille. La famille Le Pen n’a pas dit son dernier mot. Le Front National non plus).
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Michel Garroté
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Sources :
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Associated Press & Archives Monde Info
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