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vendredi 28 janvier 2011

Pharaon, les ayatollahs et les barbus - Par Michel Garroté

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Aurait-on oublié que l’Egypte est la patrie des Frères musulmans sunnites ? Aurait-on oublié que depuis des années, l’Iran chiite tente de déstabiliser l’Egypte ? A suivre les médias européens, on a le sentiment que tout, dans les actuelles manifestations en Egypte, relève de l’aspiration à la liberté et à la démocratie. Personnellement, je serais bien sûr enchanté que le 1,3 milliard de musulmans de la planète connaissent enfin la même liberté que nous.
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Dans ce cadre, je serais naturellement ravi que l’Egypte devienne un pays libre où musulmans, chrétiens et juifs vivraient en parfaite harmonie. Seulement voilà, les médias européens nous avaient déjà fait le coup en 1979 avec la chute du shah d’Iran. Résultat : depuis trente ans, les Iraniens vivent sous la férule d’une théocratie barbare et tortionnaire. Au-delà du tam-tam médiatique européen, j’ai tenté de trouver des analyses un peu moins candides.
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Ainsi, Chawki Freïha, sur MediArabe.info, écrit (extraits adaptés) : L’Egypte aborde avec peur ce vendredi, jour de prière, et quatrième journée de manifestations de plus en plus violentes. Une peur accentuée par le retour de Mohamed El-Baradeï, qui se dit prêt à assurer l’intérim à la présidence de la République, si le peuple le lui demande. L’Occident s’inquiète et appelle à la retenue, mais les émeutiers semblent déterminés à poursuivre leur mouvement. Pire encore, les Bédouins du Sinaï sont entrés en scène, et utilisent des armes contre la police égyptienne. Deux roquettes de type RPG ont été tirées contre un commissariat de police. L’entrée des Bédouins du Sinaï dans la bataille est significative.
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Chawki Freïha : Car, les Bédouins du Sinaï sont réputés pour être des mercenaires. Ils travaillent avec la puissance qui les rémunère le mieux. Ces dernières années, ils ont renforcé leurs liens avec le Hamas et autres mouvements islamistes à Gaza, et de facto, avec des Services de renseignements étrangers. Puisqu’ils sont, par excellence, les passeurs d’armes en provenance de Syrie, d’Iran et du Hezbollah, vers la Bande de Gaza. Depuis plusieurs années, le Caire les soupçonne d’avoir servi Al-Qaïda et/ou la Syrie pour introduire des explosifs à Charm El-Cheïkh, où plusieurs attentats avaient secoué le site touristique et ses hôtels. Autre question : El-Baradeï, un atout iranien ? L’ancien directeur de l’AIEA, Mohammed El-Baradeï, soupçonné d’avoir trop longtemps fait preuve de complaisance avec Téhéran dans le dossier nucléaire iranien, est rentré en Egypte et s’est dit prêt à « assurer la présidence de la République, par intérim et à titre provisoire, si la rue le demande ».
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Chawki Freïha : Autrement dit, si la rue parvient à chasser Moubarak du pouvoir. Dès son arrivée au Caire, El-Baradeï a annoncé qu’il se joindra aux manifestants, vendredi, jour de prière. De leur côté, les Frères musulmans, qui étaient restés à l’écart de ces manifestations, ont annoncé qu’ils feront également partie des cortèges, après la prière. Non seulement la journée promet d’être particulièrement chaude, mais surtout, certains Egyptiens commencent à s’interroger sur une probable alliance qu’auraient conclu les Frères musulmans et El-Baradeï pour renverser le régime et remplacer Moubarak par l’ex-directeur de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Or, si ce dernier est connu sur la scène internationale, il ignore tout de l’Egypte, pour avoir vécu essentiellement à l’étranger. De ce fait, il sera un « Président marionnette aux mains des islamistes », craignent les Egyptiens, et leur procurera une vitrine acceptable à l’étranger.
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Chawki Freïha : De plus, ayant eu des contacts réguliers avec les Iraniens, et ayant été soupçonné de complaisance à leur égard, dans le nucléaire, il est légitime de s’interroger s’il n’a pas été recruté par Téhéran (Note de Michel Garroté :  El-Baradeï a été plus que complaisant envers l’Iran ; sa gestion du dossier nucléaire iranien fut un véritable désastre). Dans ce cas, il serait une pièce maîtresse du dispositif iranien contre l’Egypte. Cette perspective est particulièrement redoutée par les Coptes, qui continuent de regarder du côté de Gaza et de Jaïch al-Islam, du Hezbollah, de Damas et de Téhéran, à la recherche des commanditaires de l’attentat d’Alexandrie. Des Coptes rappellent que l’offensive de l’axe ‘Iran, Syrie, Hezbollah, Hamas’ était prévisible. La déstabilisation de la région permettant à Téhéran de poursuivre ses efforts en toute quiétude, loin des regards braqués ailleurs. Notons à cet égard que l’offensive contre l’Autorité palestinienne est menée par procuration, à travers le Qatar.
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Chawki Freïha : Les révélations embarrassantes pour l’Autorité palestinienne, diffusées en début de semaine par la télévision Al-Jazeera, place Mahmoud Abbas dans le collimateur du Hamas, qui l’accuse d’avoir bradé les droits palestiniens lors des négociations. Ramallah se défend, manifeste, brûle les portraits de l’émir du Qatar et l’accuse d’avoir rejoint définitivement l’axe syro-iranien. Des responsables de l’OLP et du Fatah menacent de dévoiler des documents secrets prouvant l’hypocrisie de ce minuscule émirat dans les jours à venir. Le coup d’Etat institutionnel au Liban n’échappe pas à cette règle. Le Hezbollah et ses alliés ont mis la main sur toutes les institutions du pays du Cèdre. Pour éviter les pressions arabes et internationales, pour son rôle, la Syrie mène une manœuvre machiavélique auprès de la France et de l’Arabie saoudite.
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Chawki Freïha : Damas tente de les convaincre d’exercer des pressions sur les souverainistes afin qu’ils participent symboliquement au gouvernement de Najib Mikati, pour cautionner sa décision de rompre avec le Tribunal international. Car, au cas contraire, la Syrie prévient que l’Iran s’emparera du Liban à travers le Hezbollah. Pour éviter ce scénario, Damas propose donc de troquer son immunité contre un contrôle exclusivement syrien sur le Liban. Autrement dit, Bachar Al-Assad revendique le vol et refuse de le rendre.
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Chawki Freïha : Il propose de le garder ou de le partager avec son complice. Le résultat est le même. Cette évolution n’est que le résultat logique de la politique de compromission des Occidentaux et des pays arabes, menée par faiblesse ou par complicité. Ils ont systématiquement fui leurs responsabilités. Ils se sont contentés de compter les coups sans jamais les rendre (en Irak et en Afghanistan). En cherchant les compromis, ils ont renforcé leurs adversaires et permis au loup iranien de s’installer dans la bergerie arabe. Fin des extraits adaptés de l’analyse de Chawki Freïha parue sur MediArabe.info.
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Michel Garroté
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