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Jacques Maritain, fondateur du sionisme catholique
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Par Michel Garroté
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Lundi 11 octobre 2010 – 3 Heshvan 5771
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Dans mon récent article intitulé « Jacques Maritain, mon frère aîné dans le sionisme catholique », j’ai reproduis quelques extraits, adaptés par mes soins, d’un document paru dans ‘Un écho d’Israël’, document qui mentionne le penseur catholique judéophile Jacques Maritain. J’y ai notamment reproduis cet extrait : « Aucun chrétien n’a jamais trouvé, comme Jacques Maritain, les mots propres à toucher la sensibilité d’Israël. L’ayant pas mal fréquenté, Karl Stern était bien placé pour en parler : ‘Aucun membre de l’Eglise, dit-il, ne semblait avoir jamais compris avec autant de pénétration le problème juif. Il s’exprimait avec une imprécision particulière, procédant par touches légères plutôt que par affirmations, et cependant tout ce qu’il disait donnait une impression de substance et de clarté. J’éprouvais dès la première minute le sentiment d’un contact direct et personnel étrangement agréable et qui était le résultat de beaucoup de charité et d’humilité’ ».
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Le document paru dans ‘Un écho d’Israël’ ajoute : « Une clairvoyance innée l’avait induit à voir dans le nazisme une hystérie collective aux tendances délétères. Dès le moment où l’ombre du mancenillier à la sève empoisonnée commença à s’étendre, il redouta que le peuple élu ne devînt la première victime de sa présence maléfique (…) Si sublime que soit chez Jacques Maritain la dénonciation des crimes du racisme, l’évocation de sa pensée serait incomplète si l’on omettait de rappeler ce qu’il écrivait au sujet de l’Etat d’Israël, quelques années après sa fondation. A la fin d’un ouvrage où il récapitulait ses vues sur l’antisémitisme, il s’interrogeait sur la possibilité de réconcilier le sens nodal du Judaïsme avec la réalité d’un Etat cerné d’ennemis implacables et cyniques » (Fin des extraits adaptés par mes soins du document paru dans ‘Un écho d’Israël’).
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Pour ce qui me concerne, il y a bel et bien, dans le monde catholique, un courant favorable au sionisme avec une argumentation positive. La dimension théologique est présente, dans ce courant favorable au sionisme, par le fait que le peuple juif est le peuple de l’alliance pour lequel les promesses subsistent. Le philosophe catholique judéophile Jacques Maritain cité plus haut, a œuvré durant de longues années à travers la lutte contre l’antisémitisme, contre la judéophobie et contre l’israélophobie. Jacques Maritain fut Ambassadeur de France au Vatican et usa de sa position pour faire avancer le dossier juif dans l’Eglise catholique. Il était un sioniste convaincu. Il est le père spirituel d’un courant favorable au sionisme et à l’Etat d’Israël dans le catholicisme, courant actif en particulier dans l’Amitié judéo-chrétienne (Note de Michel Garroté : j’ai fondé, avec quelques amis, en cette année 2010, l’Alliance Judéo-Chrétienne pour Israël : http://alljci.blogspot.com/ ).
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Dans les extraits, adaptés par mes soins, du document que je mentionne ci-après, document publié dans la revue Sens N° 8 en août 2004, pp. 419-440, Yves Chevalier nous présente le catholique sioniste Jacques Maritain. Je résume ci-après – sous une forme synthétique et adaptée – quelques passages de ce document : Maritain n’a jamais été antisémite. Dans le texte fameux de sa conférence devant les participants à une ‘Semaine des écrivains catholiques’, Jacques Maritain, à l’époque nationale-socialiste, prend soin d’insister, à plusieurs reprises, sur le fait que la tâche de l’écrivain catholique est d’éclairer l’opinion publique ; et de lui apprendre à raisonner sans haine. Les passions populaires et les pogroms n’ont jamais résolu aucune question bien au contraire. Il ne faudrait pas que la question juive serve de dérivatif au mécontentement et aux déceptions de l’heure présente de telle manière que le Juif apparaisse dans une sorte de mythologie simpliste comme la cause des maux.
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Plus la question juive devient politiquement aiguë, plus il est nécessaire que la manière dont nous traitons de cette question soit proportionnée au drame divin qu’elle évoque. Maritain précise que l’antisémitisme c’est la peur, le mépris, la haine du peuple juif et la volonté de soumettre le peuple juif à des mesures de discrimination. Il y a bien des formes et des degrés d’antisémitisme. Sans parler des formes monstrueuses que nous avons à présent sous les yeux, l’antisémitisme peut prendre la forme d’un certain orgueil et préjugé hautain, nationaliste ou aristocratique ; ou de simple désir de se débarrasser de concurrents gênants ; ou d’un tic de vanité mondaine (Note de Michel Garroté : Jacques Maritain déclare cela à l’époque nationale-socialiste ; mais vu les discours sur Israël et sur les Juifs tenus aujourd’hui en terre d’islam, et notamment, mais pas seulement, par l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, l’on peut déclarer en 2010, exactement la même chose que Jacques Maritain à son époque ; du reste, il n’y pas qu’en terre d’islam que le discours sur Israël et sur les Juifs est identique au discours sur les Juifs à l’époque nationale-socialiste ; il en va également ainsi en France avec les commentaires postés sur Internet, mais les politiciens et les journalistes feignent de l’ignorer et préfèrent dénoncer « l’islamophobie » ; en 2010, la dimension violente et conquérante de l’islam pose un problème évident pour tout le monde ; et pour détourner l’attention, on relance la question juive comme un dérivatif aux mécontentements du temps présent de manière que le Juif apparaisse à nouveau comme la cause des maux).
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Aucune forme d’antisémitisme n’est innocente, en réalité. En chacune un germe est caché, plus ou moins inerte ou actif, de cette maladie spirituelle qui, aujourd’hui, éclate à travers le monde en une phobie fabulatrice et homicide. Jacques Maritain écrit encore qu’il est difficile de n’être pas frappé de l’extraordinaire bassesse des grands thèmes de la propagande antisémite. Les hommes qui dénoncent la conspiration mondiale juive et le meurtre rituel semblent nés pour attester qu’il est impossible de haïr les Juifs en restant intelligent. Maritain écrit aussi que l’émancipation des Juifs, réalisée par la Révolution française, est un fait que les peuples civilisés, pour autant qu’ils veuillent rester tels, doivent tenir pour acquis.
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Pour Jacques Maritain, lorsque l’antisémitisme se répand parmi ceux qui se disent les disciples de Jésus-Christ, cet antisémitisme apparaît comme un phénomène pathologique qui révèle une altération de la conscience chrétienne quand elle devient incapable de prendre ses propres responsabilités dans l’histoire et de rester existentiellement fidèle aux hautes exigences de la vérité chrétienne. Alors, au lieu de reconnaître, dans les épreuves et les épouvantes de l’histoire, la visitation de Dieu ; et au lieu d’entreprendre les tâches de justice et de charité requises par cela même, la conscience chrétienne se rabat sur des fantômes de substitution concernant une race entière. L’antisémitisme reste, pour Jacques Maritain, la négation même du Message du Christ, ce qui explique que, puisque spirituellement le chrétien est un sémite, il ne peut concevoir un chrétien antisémite.
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Jacques Maritain épousera une Juive (Raïssa) et il écrira : Je voudrais être Juif par adoption, puisque aussi bien, j’ai été introduit par le baptême dans la dignité des enfants d’Israël. (…) Je suis des vôtres, oui, Juif par amour, je ne dis pas seulement spirituellement sémite, comme l'est tout chrétien, mais ethniquement Juif, lié dans ma chair et ma sensibilité aux tribus d’Israël et à leur destinée ici-bas ».
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Jacques Maritain écrira qu’il y a une relation supra-humaine d’Israël au monde, comme il y a une relation supra-humaine de l’Église au monde. Aux yeux d’un Chrétien qui se souvient que les promesses de Dieu sont sans repentance, Israël continue sa mission sacrée. Israël, comme l’Église, est dans le monde et n’est pas du monde. Ce face à face entre Israël et le monde – et le conflit qui y est inscrit – expliquent l’antisémitisme. Mais le double face à face commun entre Église - Israël et le monde interdit au Chrétien d’être antisémite (Fin des extraits, adaptés par mes soins, du document publié dans la revue Sens N° 8 en août 2004, pp. 419-440, par Yves Chevalier).
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Sources :
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« Jacques Maritain, mon frère aîné dans le sionisme catholique » Par Michel Garroté
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"Nous sommes catholiques. Cela dérange" Par Michel Garroté
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http://lettresdisrael.over-blog.com/ext/http://www.un-echo-israel.net/Une-grande-amitie
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Jacques Maritain, fondateur du sionisme catholique
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Par Michel Garroté
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Lundi 11 octobre 2010 – 3 Heshvan 5771
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Dans mon récent article intitulé « Jacques Maritain, mon frère aîné dans le sionisme catholique », j’ai reproduis quelques extraits, adaptés par mes soins, d’un document paru dans ‘Un écho d’Israël’, document qui mentionne le penseur catholique judéophile Jacques Maritain. J’y ai notamment reproduis cet extrait : « Aucun chrétien n’a jamais trouvé, comme Jacques Maritain, les mots propres à toucher la sensibilité d’Israël. L’ayant pas mal fréquenté, Karl Stern était bien placé pour en parler : ‘Aucun membre de l’Eglise, dit-il, ne semblait avoir jamais compris avec autant de pénétration le problème juif. Il s’exprimait avec une imprécision particulière, procédant par touches légères plutôt que par affirmations, et cependant tout ce qu’il disait donnait une impression de substance et de clarté. J’éprouvais dès la première minute le sentiment d’un contact direct et personnel étrangement agréable et qui était le résultat de beaucoup de charité et d’humilité’ ».
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Le document paru dans ‘Un écho d’Israël’ ajoute : « Une clairvoyance innée l’avait induit à voir dans le nazisme une hystérie collective aux tendances délétères. Dès le moment où l’ombre du mancenillier à la sève empoisonnée commença à s’étendre, il redouta que le peuple élu ne devînt la première victime de sa présence maléfique (…) Si sublime que soit chez Jacques Maritain la dénonciation des crimes du racisme, l’évocation de sa pensée serait incomplète si l’on omettait de rappeler ce qu’il écrivait au sujet de l’Etat d’Israël, quelques années après sa fondation. A la fin d’un ouvrage où il récapitulait ses vues sur l’antisémitisme, il s’interrogeait sur la possibilité de réconcilier le sens nodal du Judaïsme avec la réalité d’un Etat cerné d’ennemis implacables et cyniques » (Fin des extraits adaptés par mes soins du document paru dans ‘Un écho d’Israël’).
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Pour ce qui me concerne, il y a bel et bien, dans le monde catholique, un courant favorable au sionisme avec une argumentation positive. La dimension théologique est présente, dans ce courant favorable au sionisme, par le fait que le peuple juif est le peuple de l’alliance pour lequel les promesses subsistent. Le philosophe catholique judéophile Jacques Maritain cité plus haut, a œuvré durant de longues années à travers la lutte contre l’antisémitisme, contre la judéophobie et contre l’israélophobie. Jacques Maritain fut Ambassadeur de France au Vatican et usa de sa position pour faire avancer le dossier juif dans l’Eglise catholique. Il était un sioniste convaincu. Il est le père spirituel d’un courant favorable au sionisme et à l’Etat d’Israël dans le catholicisme, courant actif en particulier dans l’Amitié judéo-chrétienne (Note de Michel Garroté : j’ai fondé, avec quelques amis, en cette année 2010, l’Alliance Judéo-Chrétienne pour Israël : http://alljci.blogspot.com/ ).
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Dans les extraits, adaptés par mes soins, du document que je mentionne ci-après, document publié dans la revue Sens N° 8 en août 2004, pp. 419-440, Yves Chevalier nous présente le catholique sioniste Jacques Maritain. Je résume ci-après – sous une forme synthétique et adaptée – quelques passages de ce document : Maritain n’a jamais été antisémite. Dans le texte fameux de sa conférence devant les participants à une ‘Semaine des écrivains catholiques’, Jacques Maritain, à l’époque nationale-socialiste, prend soin d’insister, à plusieurs reprises, sur le fait que la tâche de l’écrivain catholique est d’éclairer l’opinion publique ; et de lui apprendre à raisonner sans haine. Les passions populaires et les pogroms n’ont jamais résolu aucune question bien au contraire. Il ne faudrait pas que la question juive serve de dérivatif au mécontentement et aux déceptions de l’heure présente de telle manière que le Juif apparaisse dans une sorte de mythologie simpliste comme la cause des maux.
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Plus la question juive devient politiquement aiguë, plus il est nécessaire que la manière dont nous traitons de cette question soit proportionnée au drame divin qu’elle évoque. Maritain précise que l’antisémitisme c’est la peur, le mépris, la haine du peuple juif et la volonté de soumettre le peuple juif à des mesures de discrimination. Il y a bien des formes et des degrés d’antisémitisme. Sans parler des formes monstrueuses que nous avons à présent sous les yeux, l’antisémitisme peut prendre la forme d’un certain orgueil et préjugé hautain, nationaliste ou aristocratique ; ou de simple désir de se débarrasser de concurrents gênants ; ou d’un tic de vanité mondaine (Note de Michel Garroté : Jacques Maritain déclare cela à l’époque nationale-socialiste ; mais vu les discours sur Israël et sur les Juifs tenus aujourd’hui en terre d’islam, et notamment, mais pas seulement, par l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, l’on peut déclarer en 2010, exactement la même chose que Jacques Maritain à son époque ; du reste, il n’y pas qu’en terre d’islam que le discours sur Israël et sur les Juifs est identique au discours sur les Juifs à l’époque nationale-socialiste ; il en va également ainsi en France avec les commentaires postés sur Internet, mais les politiciens et les journalistes feignent de l’ignorer et préfèrent dénoncer « l’islamophobie » ; en 2010, la dimension violente et conquérante de l’islam pose un problème évident pour tout le monde ; et pour détourner l’attention, on relance la question juive comme un dérivatif aux mécontentements du temps présent de manière que le Juif apparaisse à nouveau comme la cause des maux).
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Aucune forme d’antisémitisme n’est innocente, en réalité. En chacune un germe est caché, plus ou moins inerte ou actif, de cette maladie spirituelle qui, aujourd’hui, éclate à travers le monde en une phobie fabulatrice et homicide. Jacques Maritain écrit encore qu’il est difficile de n’être pas frappé de l’extraordinaire bassesse des grands thèmes de la propagande antisémite. Les hommes qui dénoncent la conspiration mondiale juive et le meurtre rituel semblent nés pour attester qu’il est impossible de haïr les Juifs en restant intelligent. Maritain écrit aussi que l’émancipation des Juifs, réalisée par la Révolution française, est un fait que les peuples civilisés, pour autant qu’ils veuillent rester tels, doivent tenir pour acquis.
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Pour Jacques Maritain, lorsque l’antisémitisme se répand parmi ceux qui se disent les disciples de Jésus-Christ, cet antisémitisme apparaît comme un phénomène pathologique qui révèle une altération de la conscience chrétienne quand elle devient incapable de prendre ses propres responsabilités dans l’histoire et de rester existentiellement fidèle aux hautes exigences de la vérité chrétienne. Alors, au lieu de reconnaître, dans les épreuves et les épouvantes de l’histoire, la visitation de Dieu ; et au lieu d’entreprendre les tâches de justice et de charité requises par cela même, la conscience chrétienne se rabat sur des fantômes de substitution concernant une race entière. L’antisémitisme reste, pour Jacques Maritain, la négation même du Message du Christ, ce qui explique que, puisque spirituellement le chrétien est un sémite, il ne peut concevoir un chrétien antisémite.
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Jacques Maritain épousera une Juive (Raïssa) et il écrira : Je voudrais être Juif par adoption, puisque aussi bien, j’ai été introduit par le baptême dans la dignité des enfants d’Israël. (…) Je suis des vôtres, oui, Juif par amour, je ne dis pas seulement spirituellement sémite, comme l'est tout chrétien, mais ethniquement Juif, lié dans ma chair et ma sensibilité aux tribus d’Israël et à leur destinée ici-bas ».
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Jacques Maritain écrira qu’il y a une relation supra-humaine d’Israël au monde, comme il y a une relation supra-humaine de l’Église au monde. Aux yeux d’un Chrétien qui se souvient que les promesses de Dieu sont sans repentance, Israël continue sa mission sacrée. Israël, comme l’Église, est dans le monde et n’est pas du monde. Ce face à face entre Israël et le monde – et le conflit qui y est inscrit – expliquent l’antisémitisme. Mais le double face à face commun entre Église - Israël et le monde interdit au Chrétien d’être antisémite (Fin des extraits, adaptés par mes soins, du document publié dans la revue Sens N° 8 en août 2004, pp. 419-440, par Yves Chevalier).
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Sources :
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« Jacques Maritain, mon frère aîné dans le sionisme catholique » Par Michel Garroté
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"Nous sommes catholiques. Cela dérange" Par Michel Garroté
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http://lettresdisrael.over-blog.com/ext/http://www.un-echo-israel.net/Une-grande-amitie
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