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mardi 18 mai 2010

L'humour iranien est radioactif

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Par Michel Garroté
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Mardi 18 mai 2010 – 5 Sivan 5770
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L’accord Iran - Turquie - Brésil signé hier porte sur un échange d’uranium iranien faiblement enrichi contre du combustible. Résultat d'une médiation du Brésil et de la Turquie, qui sont actuellement membres non permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, l'accord a été signé à Téhéran par les trois ministres des Affaires étrangères en présence des trois chefs d’Etat, l’Iranien Mahmoud Ahmadinedjad, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le Turc Recep Tayyip Erdogan. L’accord prévoit l'envoi de 1’200 kilos d'uranium iranien enrichi à 3,5% en Turquie pour y être stocké et échangé, dans le délai maximum d'un an, contre 120 kilos de combustible enrichi à 20%. L’accord implique, en réalité, l’approbation et la coopération d’autres pays, notamment de la Russie, car la Turquie n’a pas les moyens techniques de mettre cet accord en pratique. C’est là le premier aspect cocasse de ce pur accord de principe.
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De plus, La signature de l’accord, certes en présence d’Ahmadinedjad, avec qui plus est l’approbation théorique du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, cette signature ne constitue cependant pas un acte définitif, les Iraniens nous ayant habitués, ces dernières années, à toutes sortes de retournements spectaculaires et d’entourloupes persanes. En réalité, cet accord a même quelque chose de surréaliste, car il n’a pas été signé par le ou les pays qui, concrètement, se chargeront de livrer à l’Iran du combustible enrichi à 20%. Dernier point et pas des moindres, dans l’hypothèse où l’Iran livrerait 1’200 kilos d'uranium iranien, enrichi à 3,5%, à la Turquie, cela ne signifierait pas pour autant, que les ayatollahs de Téhéran renonceraient, à fabriquer une première bombe nucléaire, dans l’un ou l’autre des nombreux sites nucléaires iraniens.
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Du reste, les USA et Israël en sont parfaitement conscients. L’accord exotique Iran - Turquie - Brésil constitue peut-être un coup diplomatique et médiatique pour Ahmadinedjad, Lula et Erdogan. Mais sur le plan strictement concret et pratique, l’accord restera sans doute, dans les annales de l’histoire, comme une naïve initiative brésilienne, tentée sans succès, sur le dos des USA, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France, de la Chine et de la Russie. Le seul gain que Lula puisse escompter dans cette opération de relations publiques, c’est que l’Iran – et son Hezbollah de service – cessent de s’intéresser de trop près à la communauté chiite libanaise de Sao Paolo. Et même sur ce point, le doute est permis…
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