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jeudi 29 avril 2010

En Europe, le remord s'est transformé en masochisme

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En Europe, le remord s'est transformé en masochisme
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Jeudi 29 avril 2010 – 15 Iyyar 5770
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Ci-dessous, on lira notamment que l'Europe a donné naissance à des monstruosités, mais qu’elle a conçu les théories qui ont permis de comprendre et de liquider ces monstruosités. Pour ce qui me concerne, reconnaître ses erreurs, ses faiblesses, ses fautes, et lorsque c’est le cas, ses monstruosités, cela revient à mettre la force de la vérité dans sa faiblesse, cela revient à ne pas être torturé par le remord. Ainsi par exemple, l’Allemagne, après la Seconde Guerre mondiale, a fait ce travail et aujourd’hui, l’Allemagne est forte sans être dangereuse pour autant. En revanche, la France n’a que tardivement et partiellement admis que si elle a perdu la guerre en 1940, elle ne peut pas avoir gagné cette même guerre en 1944 ou en 1945. De même, la France n’a que tardivement et partiellement admis qu’elle a participé au processus de la Shoah. Résultat, aujourd’hui, la France est faible. Parce qu’elle n’a pas mis la force de la vérité dans sa faiblesse. La France, si elle avait clairement reconnu ses participations à des monstruosités du passé, serait aujourd’hui en mesure d’être forte, d’être patriote, sans être pour autant nationaliste et/ou anti-européenne. Ci-dessous, Daniel Pipes se livre à une intéressante analyse des propos de Pascal Bruckner sur le remord et le masochisme et, au-delà de cela, à une intéressante analyse de cette Europe où le remord s'est peut-être en partie transformé en masochisme.
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Michel Garroté
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En Europe, le remord s'est transformé en masochisme
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Par Daniel Pipes, National Review Online, le 27 avril 2010
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Titre original : In Europe, Remorse has Turned to Masochism
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Traduction :
Objectif-info
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http://www.objectif-info.com/index.php?id=1434
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"Il n'y a rien de plus occidental que la haine de l'Occident". C'est ainsi que s'exprime l'écrivain et essayiste Pascal Bruckner dans son ouvrage, La tyrannie de la pénitence (2006), remarquablement traduit en Anglais par Steven Randallet et publié récemment par Princeton University Press sous le titre The Tyranny of Guilt: an essay on Western Masochism. "On peut réduire toute la pensée moderne à une dénonciation mécanique de l'Occident, en soulignant son hypocrisie, sa violence et sa nature abominable".
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Il exagère, mais pas tant que cela.
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Il montre que les Européens se considèrent eux-mêmes comme "l'homme malade de la planète" dont la pestilence est à l'origine de tous les problèmes du monde non-Occidental (qu'il appelle le Sud). Quand l'homme blanc a pris pied en Asie, en Afrique, ou en Amérique, il a répandu la mort, le chaos et la destruction. Les Européens ont l'impression d'être venus au monde avec une tare : "l'homme blanc a semé le chagrin et la ruine partout où il est passé". La couleur pale de sa peau est le signe de sa faillite morale.
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Ces déclarations provocatrices encadrent la brillante polémique de Bruckner : il prétend que le remord éprouvé par l'Européen pour ses péchés d'impérialisme, de fascisme et de racisme, étreint le continent au point de le priver de sa créativité, de sa confiance en soi et de son optimisme. Bruckner convient que l'Europe a des défauts et il la félicite pour sa capacité d'autocritique: "Sans nul doute, l'Europe a donné naissance à des monstruosités, mais en même temps elle a conçu les théories qui ont permis de comprendre et de liquider ces monstruosités." Le continent, maintient-il, ne peut pas être réduit à une simple calamité parce que ses réussites sublimes se sont accompagnées des pires atrocités. C'est ce qu'il appelle "l'épreuve de la splendeur".
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Paradoxalement, l'Europe est tout à fait prête à reconnaître des fautes qui l'incitent à la haine de soi, envers des sociétés qui ne se livrent pas à une introspection de même nature et ne se griffent pas la poitrine. La force de l'Europe est donc sa faiblesse. Bien que le continent ait "plus ou moins terrassé ses démons" comme l'esclavage, le colonialisme et le fascisme, il a choisi d'élire domicile au cœur de ce qu'il y a de pire dans son passé; D'où le titre "La tyrannie de la culpabilité." Le passé figé dans le temps, avec sa violence et ses agressions, est un fardeau dont les Européens ne semblent pas vouloir jeter par-dessus bord.
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A l'inverse, le Sud est estimé toujours innocent. Même si le colonialisme s'évanouit avec le temps, les Européens s'accusent eux-mêmes vertueusement du tort qu'ils ont causé naguère aux peuples colonisés. L'innocence éternelle que l'on attribue aux non-Occidentaux a pour effet de les infantiliser. Les Européens se bercent d'être les seuls adultes, ce qui est en soi une forme de racisme. C'est aussi le moyen de devancer la critique.
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C'est ce qui explique que les Européens se demandent "ce qu'ils peuvent faire pour le Sud et non ce que le Sud peut faire pour lui-même." Cela exlique aussi pourquoi, après les attentats de Madrid en 2004, les Espagnols n'ont pas défilé contre leurs auteurs islamistes mais contre leur premier ministre. Et pire, c'est pourquoi ils ont considéré le spectacle des civils espagnols "déchirés par le fer et le feu" comme une cérémonie expiatoire. Comme l'ont démontré les attentats de Madrid et d'innombrables actes de violence, les musulmans ont tendance à adopter les pires attitudes d'hostilité envers l'Occident, et les Palestiniens se situent comme les plus hostiles parmi les musulmans. La posture des Palestiniens face aux Juifs, celle de la victime la plus extrême des penchants meurtriers de l'Occident, en fait paradoxalement l'argument idéal pour démentir la culpabilité occidentale. Pour aggraver leur cas, alors que les Européens mettent bas les armes, les Juifs empoignent l'épée et la brandissent sans honte.
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Les Européens se libèrent de leurs crimes contre les Juifs en portant aux nues les Palestiniens auréolés du statut de victime, sans se soucier de l'immoralité de leurs agissements, et en présentant les Israéliens comme les nazis de notre temps sans se soucier des impératifs de leur autodéfense. La question palestinienne a donc "discrètement relégitimé la haine des Juifs". L'attention des Européens s'est focalisée sur Israël avec une intensité telle que l'on pourrait penser que le destin de la planète sera déterminé dans "une mince bande de terre entre Tel Aviv, Ramallah et Gaza".
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Et l'Amérique ? Tout comme "l'Europe se défausse du crime de la Shoah en accusant Israël, elle se dédouane du crime de colonialisme en accusant les Etats-Unis". Excommunier ses descendants américains permet à l'Europe de se refaire une beauté. Pour sa part, Bruckner rejette cette facilité ; il admire la confiance en soi des Américains et leur fierté de leur pays. "Quand l'Amérique s'affirme, l'Europe se questionne." Il note aussi qu'en cas de besoin, les damnés de la terre se tournent invariablement vers les Etats-unis, jamais vers l'Union européenne. Pour lui, les Etats-Unis sont "la dernière grande nation occidentale".
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Il espère qu'un jour l'Europe et l'Amérique coopèreront à nouveau et quand elles le feront, elles obtiendront "des résultats merveilleux". Mais sa lucidité lui notifie à quel point cette prophétie est improbable.
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Daniel Pipes est directeur de Middle East Forum et membre associé de la Hoover Institution à l'Université de Standford.
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