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vendredi 16 octobre 2009

Faut-il mettre au bûcher les traditions catholiques ?

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Michel Garroté
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Vendredi 16 octobre 2009 - 28 Tishri 5770
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Concernant l'avenir des catholiques traditionalistes, la première réunion de dialogue prévue avec la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX, la Fraternité jadis fondée par feu Mgr Marcel Lefebvre) aura lieu le 26 octobre, a indiqué, en substance, hier jeudi, le père Federico Lombardi, Directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège. « La rencontre - a-t-il précisé - aura lieu au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, au Vatican et « le contenu des conversations, qui concernera les questions doctrinales ouvertes, restera strictement confidentiel ». Le Directeur de la Salle Presse du Saint-Siège a ajouté qu’un communiqué sera néanmoins publié après cette première rencontre, en dépit de son contenu confidentiel.
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Le Saint-Siège a communiqué les noms des trois experts qu'il a chargés de cette première réunion de dialogue. Les trois experts sont Consulteurs de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi : le père dominicain Charles Morerod, Secrétaire de la Commission Théologique Internationale ; Mgr Fernando Ocáriz, Vicaire Général de la Prélature de l’Opus Dei ; et le père jésuite Karl Becker. En outre, le Secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, Mgr Guido Pozzo, participera à cette réunion, ainsi que le Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le jésuite Mgr Luis Ladaria Ferrer.
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De son côté, Mgr Bernard Fellay, Supérieur de la FSSPX a nommé comme représentants pour la réunion avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi : Mgr Alfonso de Galarreta, directeur du Séminaire Nuestra Señora Corredentora de La Reja (Argentine) ; l’abbé Benoît de Jorna, directeur du Séminaire International Saint-Pie X d’Ecône (en Valais, Suisse) ; l’abbé Jean-Michel Gleize, professeur d’ecclésiologie au séminaire d’Ecône ; et l’abbé Patrick de La Rocque, prieur du Prieuré Saint-Louis à Nantes (en France).
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Dans un récent entretien avec dici.org, un site Internet dépendant de la Fraternité que Mgr Fellay préside, celui-ci a notamment déclaré avec une certaine dose de suffisance, donnant ainsi « le ton » pour cette première réunion prévue le 26 octobre (extraits) : "Le but que l’on cherche à atteindre avec ces discussions doctrinales est une importante clarification dans l’enseignement de l’Église ces dernières années. En effet, la Fraternité St Pie X, à la suite de son fondateur, Mgr Lefebvre, a de sérieuses objections au sujet du Concile Vatican II" (Note de Michel Garroté : « objections », le terme n'est pas des plus conciliants, si j'ose dire).
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"Et nous espérons que les discussions vont permettre de dissiper les erreurs ou les graves ambiguïtés qui depuis lors ont été répandues à pleines mains dans l’Église catholique, comme l’a reconnu Jean-Paul II lui-même. (...) Nos principales objections sur le Concile, comme la liberté religieuse, l’œcuménisme, la collégialité sont bien connues. Mais d’autres objections pourraient être posées (Note de Michel Garroté : « d’autres objections pourraient être posées », ceci sous-entend que même si la FSSPX renonçait à ses objections premières, elle en conserve de toute façon d'autres, ce qui rendra le dialogue quasi impossible), comme l’influence de la philosophie moderne, les nouveautés liturgiques, l’esprit du monde et son influence sur la pensée moderne qui sévit dans l’Église. (...) ".
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"Le retour, la restauration de l’Église va prendre du temps. La crise qui frappe l’Église a touché tous les aspects de la vie chrétienne. Sortir de cette situation prendra plus d’une génération d’efforts constants dans la bonne direction. Peut-être un siècle (Note de Michel Garroté : si c'est question d'un siècle, il n'y a en effet aucune urgence à poursuivre ce dialogue). (...) Je dirais que pour la majorité de la hiérarchie (Note de Michel Garroté : la hiérarchie du Vatican, pas celle de la FSSPX), ces discussions (Note de Michel Garroté : discussions théologiques et doctrinales) sont nécessaires, non pas pour l’Église, mais pour nous et notre « retour à la pleine communion », pour qu’on adopte les nouveautés" (Note de Michel Garroté : les guillemets mises par Mgr Fellay au retour à la pleine communion sont évidemment ironiques et elles en disent long sur le peu de désir qu'a la FSSPX de faire pleinement partie de l'Église, ce qui encore une fois, soulève la question de l'intérêt de ce dialogue annoncé).
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"En effet, j’ai l’impression que nous sommes devant une situation bien délicate. La réalité de la crise est admise, mais pas les remèdes. Nous disons, et on le prouve par les faits, que la solution à la crise est un retour au passé (Note de Michel Garroté : la solution à la crise ne peut pas être un retour au passé, car il est impossible de remonter le cours de l'histoire et, du reste, ce serait un anachronisme complet que Benoît XVI a déjà rejeté). Benoît XVI dit la même chose (Note de Michel Garroté : non, Benoît XVI ne dit pas la même chose) : il insiste sur l’importance de ne pas couper avec le passé, (l’herméneutique de la continuité), mais il entend maintenir les nouveautés du concile, considérant qu’elles ne sont pas une rupture avec ce passé. Selon lui ne sont dans l’erreur et la rupture avec le passé que ceux qui vont plus loin que le concile. C’est un problème des plus sensibles" (fin des extraits de l'entretien de Mgr Fellay avec dici.org).
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Le journaliste Vincent Pellegrini, qui connaît particulièrement bien le sujet, a écrit tout récemment sur son blog : "La composition de la délégation d’Ecône me laisse très peu d’espoir sur l’issue de ces discussions. A vues humaines bien sûr. C’est Mgr Fellay qui aurait dû se rendre à ces discussions (Note de Michel Garroté : certes, Mgr Fellay aurait dû, car il est, théoriquement, le chef ; or justement, le suisse Fellay semble une fois de plus débordé sur sa droite par un certain nombre de prêtre français, tel l'abbé de Jorna, qui ne veulent pas entendre parler d'une pleine communion avec l'Église, pleine communion qui risquerait de mettre fin au pouvoir dont ils jouissent actuellement). Avec son bon sens valaisan. Il a d’ailleurs bien résumé les décrispations à entreprendre en disant qu’il fallait dépasser le Concile (pour rejoindre l'Église éternelle qui dépasse les modes intellectuelles et les soubresauts des querelles théologiques)".
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Vincent Pellegrini poursuit : "Et il eût fallu, du côté d’Ecône, mieux représenter les courants plus nuancés qui traversent le mouvement traditionaliste sans pour autant trahir d’ailleurs les fondamentaux fixés par Mgr Lefebvre. Envoyer des têtes intellectuelles comme Ecône en compte mais dont on se méfie toujours un peu dans ce mouvement (Note de Michel Garroté : l’abbé Benoît de Jorna, un Français, directeur du Séminaire International Saint-Pie X à Ecône, en Suisse, a réussi à faire fuir un grand nombre de séminaristes en raison de sa gestion trop militaire des choses ; et sa participation au dialogue avec le Vatican, en lieu et place de son évêque, Mgr Fellay, est du plus mauvais augure pour la suite). En tout cas si cela marche, ce sera un miracle de première classe comme disent les théologiens", conclut Vincent Pellegrini.
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Le parquet de Ratisbonne (Allemagne), a officiellement confirmé, hier jeudi 15 octobre 2009 (décidément les coïncidences dans les dates...), les poursuites lancées contre l'évêque britannique Richard Williamson, membre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, poursuites lancées en raison des propos négationnistes que Mgr Williamson avait tenu à une équipe de la télévision suédoise, à Ratisbonne (Allemagne), en 2008. Le parquet de Ratisbonne avait ouvert une enquête suite à la diffusion, en 2009, de l'émission de la télévision suédoise, émission réalisée en 2008 et au cours de laquelle Mgr Williamson avait remis en cause d'une part, le nombre de victimes juives de la Shoah ; et d'autre part, la question des chambres à gaz. Ce qui était doublement imbécile, d'abord, parce que Mgr Williamson n'est pas historien (quand bien même le serait-il, cela n'aurait pas effacé l'imbécilité de ses allégations mensongères) ; et ensuite, parce que Mgr Williamson n'était pas censé ficher le bazar (sauf si c'était volontaire auquel cas il a brillamment réussi...) alors que le statut de sa Fraternité (FSSPX) était déjà - et reste encore - suffisamment compromis en soi.
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Cet entretien avait été réalisé en 2008, plusieurs mois avant la levée de l'excommunication - par Benoît XVI - des évêques de la FSSPX, y compris Mgr Williamson. Mais l'entretien n'avait été diffusé, pour la première fois, qu'en 2009, entre le jour de la signature du décret de la levée des excommunications et le jour de la publication officielle de ce même décret. L'étrange coïncidence dans les dates avait suscité une polémique au sein même de l'Église, polémique sur les connivences présumées, de certains ecclésiastiques anti-Benoît XVI, avec la télévision suédoise. A l'époque où il avait tenu ses propos délirants, Mgr Williamson, citoyen britannique, était de passage à Ratisbonne, en Allemagne ; il résidait alors en Argentine ; et il avait donc lancé sa provocation à des journalistes suédois. C'est un détail certes, mais un détail qui confirme le côté grotesque de l'affaire (en quoi un Britannique résidant en Argentine a-t-il besoin de raconter des conneries négationnistes, en Allemagne par dessus le marché, et en plus en s'adressant à des Suédois...). Depuis, Williamson s'est fait expulser d'Argentine et il vit, reclus, dans son pays d'origine, la Grande Bretagne.
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