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mardi 9 juin 2009

Nous refusons la Pax Obama

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Michel Garroté
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mgarrote56@gmail.com
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Mardi 9 juin 2009
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Le Liban a démocratiquement désavoué la milice légionnaire Hezbollah lors des élections législatives de dimanche dernier. Et il serait donc temps maintenant de désarmer ce même Hezbollah. Au lieu de se gargariser à propos d’un soi-disant « climat de dialogue » à maintenir à tout prix (lire Liban mon Amour). L'émissaire américain au Proche-Orient George Mitchell nous fatigue les nerfs avec sa Pax Obama (lire La charrue de la paix avant les bœufs du terrorisme). Et pour terminer cette compilation du jour, je verse aujourd’hui à notre « Dossier Pie II » une nouvelle pièce (lire Encore l’Affaire Pie XII).
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Liban mon Amour - La France a « félicité » hier lundi 8 juin 2009 « le bon déroulement » des élections législatives de dimanche au Liban, saluant la « vitalité de la démocratie » de ce pays, mais appelant à maintenir un « climat de dialogue » (sic) après la défaite électorale du Hezbollah… Sans commentaire (à part peut-être : de quoi je me mêle). Toujours hier lundi 8 juin, dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion hebdomadaire sous la présidence du roi Abdallah, le Conseil des ministres saoudien « félicite les Libanais pour le succès des élections législatives » et les appelle à oeuvrer pour « la sécurité, la stabilité et la prospérité du Liban frère ». Intéressant. l’Arabie saoudite appelle à « la sécurité, la stabilité et la prospérité du Liban » (ce qui n’est pas bon pour le Hezbollah, grand pourvoyeur d’insécurité).
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La France, elle, appelle à maintenir un « climat de dialogue » (avec le Hezbollah et donc avec l’Iran ?). Ah, dhimmitude, quand tu nous tiens… Il faut dire que la France vient d’ouvrir une minuscule base militaire au Moyen Orient. Que cela a profondément irrité les mollahs intégristes iraniens. Qu’un avion Air France a depuis été mystérieusement pulvérisé par un éclair volant non identifié (EVNI). En vérifiant la liste des passagers, les services de renseignement français ont relevé deux noms correspondant à des personnes connues pour leur lien avec le terrorisme islamiste…
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J’ai déjà eu l’occasion de résumer mon périple explosif en 1983 au Liban ; et j’ai déjà eu l’occasion de résumer mon profond mépris pour Michel Aoun, le chrétien le plus crétin du Liban qui vient de perdre les élections après avoir perdu son âme (voir notamment mon article du lundi 22 septembre 2008 intitulé
LIBAN : le mystère des Forces Libanaises. paru sur divers sites et blogues). J’aimerais aujourd’hui reproduire les extraits d’un article de Patricia Khoder ; article sur le résultat des élections législatives libanaises de dimanche 7 juin dernier, notamment le résultat dans les secteurs chrétiens ; article qui décrit la très prolixe fresque chrétienne du Pays du Cèdre. Et avant de citer Patricia Khoder, je profite d’abord de l’occasion pour saluer Djodi T. et Walid F. (si jamais ils tombaient sur le présent texte) et pour leur dire que le Liban que j’aime est (enfin) sorti des urnes dimanche dernier.
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Dans un article intitulé « Après la proclamation des résultats, Achrafieh savoure sa victoire », Patricia Khoder, mardi 9 juin 2009, dans L’Orient-Le Jour, écrit notamment (début des extraits) : « Dans la journée d'hier, Achrafieh était vide, calme et tranquille. Les habitants de ce secteur de Beyrouth avaient fait la fête jusqu'aux premières lueurs de l'aube, célébrant ainsi la victoire de la liste entière du 14 Mars à Beyrouth I. Hier soir également, pour la seconde soirée consécutive, Achrafieh a fait la fête jusqu'à l'aube à la place Sassine. Ce n'était pas un lundi ordinaire hier à Achrafieh. Vers 15 heures, ce secteur de Beyrouth était encore assoupi. Ce lundi, à Achrafieh, ressemblait étrangement à un dimanche ou plus simplement à un jour férié. Les habitants qui avaient passé leur nuit à faire la fête jusqu'à l'aube se sont reposés dans la matinée, savourant leur victoire.
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C'est que la veille, champagne et alcool avaient coulé à flot à la place Sassine. Les habitants d'Achrafieh ont dansé sur les rythmes de chants partisans, ont brûlé des feux d'artifice et ont acclamé leurs députés Michel Pharaon (grec-catholique) Nayla Tuéni (grecque-orthodoxe), Nadim Gemayel, (maronite), Jean Oghassabian (arménien-orthodoxe) et Serge Ter Sarkissian, (arménien-catholique). Hier donc, la plupart des magasins étaient fermés, les restaurants étaient quasiment vides et ceux qui s'étaient installés dans les cafés-trottoirs de la place Sassine étaient des étrangers, notamment des touristes et des journalistes. Achrafieh était calme ; de temps à autre, le silence était entrecoupé par des voitures roulant en diffusant des chants partisans ou des discours du président assassiné Béchir Gemayel.
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À la place Sassine, ornée des portraits de Nayla Tuéni et de Nadim Gemayel, le marchand ambulant de drapeaux et de foulards partisans a retiré dès dimanche soir les étoffes de couleur orange frappées à l'effigie du CPL. Depuis dimanche soir, il n'y avait plus de place à Sassine que pour les drapeaux du Liban, des Forces libanaises et des Kataëb. Dans une épicerie, Marcel indique qu'il est heureux pour « le mouvement du 14 Mars et pour les jeunes. Les jeunes députés d'Achrafieh ont l'âge de mes enfants. Je suis originaire de Zghorta, mais j'habite ici. C'est dommage que chez nous, Michel Moawad (qui se présentait à l'un des sièges maronites du caza) n'ait pas été élu ». Dans un parking non loin de là, des hommes sont assis à l'ombre. Charles met l'accent sur « les excellents résultats à Achrafieh et dans d'autres cazas du Liban ».
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« Michel Aoun et ses alliés nous ont accusés d'être "une majorité fictive", que nous avions remporté les élections de 2005 grâce à l'alliance quadripartite et tout le baratin. Mais voilà, aujourd'hui, sans cette alliance, le 14 Mars a encore une fois gagné les élections », dit-il. Ibrahim qui vient du Metn est un peu triste pour les résultats de son caza, mais il qualifie également les élections d'excellentes, les deux hommes affirmant que « si le Tachnag n'avait pas voté en masse pour Michel Aoun, le 14 Mars aurait remporté haut la main les élections ». « Il fallait voir hier les bus et les taxis du Tachnag à Achrafieh, soupire Charles. Vous vous rendez compte qu'à part dans le Kesrouan, le général Aoun a remporté ses sièges grâce au vote chiite et du Tachnag », dit-il en souriant. Mes amis arméniens, partisans du Tachnag, m'ont téléphoné hier.
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Je leur ai dit que je ne veux pas les voir cette semaine, le temps de me calmer », dit Charles, ne comprenant pas pourquoi « ce parti arménien est en train de voter contre la volonté de la majorité de la rue chrétienne». Hier, ce discours critique envers le Tachnag était tenu par la plupart des personnes interrogées à Achrafieh. Un homme passe, regarde Charles et ses amis, et fait des signes avec les deux mains. De l'une, il montre ses cinq doigts, et de l'autre, il tient le pouce et l'index pour former un cercle : « 5-0 » ; le geste est relatif au nombre des sièges remportés par le 14 Mars à Achrafieh. Une jeune femme blonde passe, fait le même signe en direction du groupe. Lili est écrivaine. Elle est originaire de Jbeil mais elle a grandi à Achrafieh. « Zahlé et Achrafieh ont montré leur appartenance à la résistance chrétienne. Ce sont des villes qui ont tenu tête aux Syriens.
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Nous ne pouvons pas trahir nos martyrs. Nous sommes fidèles à tout le sang versé », dit-elle dans un français parfait. Paul est dentiste à Bruxelles, il est venu au Liban spécialement pour prendre part aux élections. « J'ai payé mon billet d'avion, alors que les Arméniens du Tachnag ont reçu des billets gratuits pour venir voter contre nous. Certains étaient à bord du même vol que moi », raconte-t-il. « Je suis content des résultats, mais j'aurais voulu que le 14 Mars remporte plus de sièges au Parlement. Notre but est de réduire le bloc de Michel Aoun qui a vraiment cru que le 14 Mars était une majorité fictive. Il fallait le remettre à sa place, et maintenant, c'est fait », dit-il. Paul, à l'instar de tous les électeurs orthodoxes d'Achrafieh qui ont voté pour le 14 Mars, parle du candidat de Michel Aoun au siège de la communauté dans le secteur, Issam Abou Jamra, et répète ironiquement des propos de Michel Aoun dans ce cadre : « Abou Jamra est le nerf grec-orthodoxe d'Achrafieh ».
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Il évoque aussi toutes les insultes que le général Aoun avait proférées contre Gebran Tuéni et sa fille Nayla. Dans une vieille épicerie, des hommes font la conversation. « Grâce à Dieu, nous avons gagné, Achrafieh a gagné », indique Khalil, dédiant cette victoire au député Michel Pharaon. « Nous avons prouvé qu'Achrafieh est fidèle et qu'elle vote pour ses enfants, et non pour des étrangers parachutés sur une liste, comme c'est le cas du candidat grec-orthodoxe de la liste de Aoun, qui ne peut même pas être élu moukhtar chez nous, dit-il. Nous avons aussi prouvé que lorsque les vrais habitants d'Achrafieh votent, personne ne peut les casser », ajoute-t-il. Dans son vote, Dany, architecte d'intérieur, a voulu diminuer le poids de Michel Aoun dans tout le Liban.
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« J'aurais voulu pourtant qu'il perde aussi au Metn et dans le Kesrouan », dit-il, qualifiant cependant les résultats des élections « d'excellents ». « Aoun, qui a remporté ses sièges grâce au vote chiite et arménien, sait désormais que nous ne sommes pas une "majorité fictive"», martèle-t-il. (…) La fidélité à cette résistance est visible notamment dans deux quartiers populaires d'Achrafieh : Hay el-Siriane (le quartier des Syriaques) et Hay el-Achouriyé (le quartier des Assyriens), situés à proximité de l'hôpital de l'Hôtel-Dieu. Ici sur chaque immeuble, à chaque balcon, on voit des portraits de Bachir Gemayel et de son fils Nadim, de Nayla Gebran Tuéni ainsi que des drapeaux des FL, des Kataëb et du Liban. Ici, les habitants se parlent toujours entre eux en araméen ou en assyrien. Et ici, on s'est battu sur les barricades depuis 1976.
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Syriaques et assyriens font partie des plus anciennes communautés chrétiennes d'Orient. Elles sont arrivées au Liban, à l'instar des chaldéens et des Arméniens, à partir des années vingt, fuyant les persécutions. Elles sont notamment originaires de Turquie et d'Irak. À Hay el-Siriane, des enfants jouent au ballon en clamant « Allah, Ouwète, Hakim w'bass. » Un peu plus loin, des hommes sont assis à la terrasse d'un vieux club. « Nous sommes 3 000 syriaques sur les listes électorales d'Achrafieh. Nous ne sommes pas tous présents au Liban, mais nous avons voté comme un seul homme pour la liste du 14 Mars. Nous sommes prêts à verser notre sang pour Nayla Tuéni », indique Georges, qui dénonce les campagnes de Michel Aoun contre « une jeune fille qui a perdu son père », mettant l'accent sur le bon déroulement du scrutin.
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« Nous avons voté pour l'État, pour le désarmement des milices, pour le 14 Mars, souligne Ibrahim. Voulez-vous que j'aie un autre choix, voulez-vous par exemple que je vote pour Michel Aoun qui amènera les Iraniens chez nous ? » demande ce sexagénaire. « Les scrutateurs du général Aoun étaient fous furieux quand ils ont su que nous étions en train de voter en masse pour la liste du 14 Mars. Aoun s'en est alors pris à notre évêque Georges Saliba », explique-t-il. Jean roule dans le quartier assyrien dans une 4x4 où des sigles, des drapeaux et des posters des FL ont été collés. « Les assyriens ont donné plus de 500 votes à la liste du 14 Mars. Nous avons voulu mettre les points sur les "i". Maintenant que nous avons remporté les élections, nous pourrons parler du désarmement du Hezbollah », indique-t-il.
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« Si le général Aoun avait gagné, nos femmes auraient été obligées de porter le tchador. Je pense qu'il a compris qu'il n'y a pas de la place pour des gens comme lui à Achrafieh », ajoute-t-il. « J'étais jeune, je me suis battu sur les barricades. Mes camarades sont morts dans ce quartier », dit-il. Du doigt, Jean montre un coin de rue et conclut : « Là, en 1978, lors de la guerre des cent jours, ma petite sœur est morte par l'éclat d'un obus. Elle avait 7 ans. Elle s'appelait Sophie. Il m'est impossible de voter pour un allié de la Syrie et de l'Iran ». Si Achrafieh voulait se souvenir, chacune de ses rues pourrait témoigner de la mort de l'un de ses enfants par une balle, un éclat d'obus ou une voiture piégée portant la signature syrienne. Dimanche dernier, Achrafieh a bien montré qu'elle n'a jamais oublié le sang qui a été versé pour payer le prix de sa liberté » (fin des extraits de l’article de Patricia Khoder paru dans L’Orient-Le Jour).
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La charrue (de la paix) avant les bœufs (du terrorisme) - L'émissaire américain au Proche-Orient George Mitchell a rencontré aujourd’hui mardi 9 juin 2009 le président israélien Shimon Pérès à Jérusalem. George Mitchell a réitéré l'engagement « inébranlable » des USA envers la sécurité d'Israël. George Mitchell a expliqué que son pays œuvrait à une « paix globale » au Moyen-Orient, qui incluait « un Etat palestinien aux côtés d'Israël ». Oui. Sauf qu’en l’état actuel des choses au Proche et au Moyen Orient, « un Etat palestinien aux côtés d'Israël » ne peut pas, à ce stade, concorder avec l’engagement « inébranlable » des USA envers la « sécurité d'Israël ».
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Car, n’en déplaise aux fans séniles du vieux Monde Diplomatique, du Monde sans référence et du Canard Déchaîné, il faut d’abord en finir avec les mollahs iraniens, les fous du Hezbollah, les allumés du Hamas et les tueurs du Fatah. Mais à quoi bon discutailler avec tous ces séniles, puisqu’ils allèguent de façon mensongère que c’est « la politique d’Israël » qui a, soi-disant, engendré les mollahs iraniens, les fous du Hezbollah, les allumés du Hamas et les tueurs du Fatah… A titre indicatif, aux USA, selon un sondage effectué la semaine dernière, 74 % des personnes interrogées pensent qu'une paix entre Israéliens et Palestiniens dans les dix prochaines années n'est pas probable. Faudrait quand même signaler ce sondage à Barack Hussein…
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Encore l’Affaire Pie XII - J’ai déjà eu l’occasion d’écrire que selon moi, il faut attendre que les 15 millions de documents sur le pontificat de Pie XII éparpillés dans les caves du Vatican aient été classés et analysés, avant d’envisager d’instruire une éventuelle béatification de ce pape. Je verse aujourd’hui à notre « Dossier Pie II » une nouvelle pièce, sans ajouter de commentaire, favorable ou défavorable, de ma part.
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Veit Neumann, dans
L'homme nouveau, écrit : « À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du pape Pie XII (1939-1958) en octobre dernier, des voix se sont à nouveau élevées dans les media allemands pour prétendre que le Vatican ne se serait pas engagé en faveur des Juifs persécutés et que le pape aurait gardé le silence face au massacre de millions de Juifs européens pendant la Seconde Guerre mondiale. La grossière falsification historique de l’écrivain allemand Rolf Hochhuth continue, en effet, à jeter de l’ombre sur la figure de Pie XII. Sa pièce Le Vicaire (1963), qui fit scandale, donne l’image d’un pape aidant complaisamment le national-socialisme. La recherche historique internationale arrive cependant à une autre conclusion. Les faits historiques – que l’ouverture partielle des archives secrètes du Vatican permet d’établir plus précisément – livrent, en effet, un tout autre message.
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En soi, il n’a jamais été mis en doute qu’Eugenio Pacelli avait rejeté catégoriquement le national-socialisme, que ce soit en tant que nonce dans le Reich allemand (1917-1929), dans les années suivantes en tant que cardinal Secrétaire d’État, ou bien enfin en tant que pape. Thomas Brechenmacher, professeur d’histoire moderne à l’université de Potsdam et disciple de l’historien juif Michael Wolff Sohn, a mis au clair récemment, dans le cadre d’une série de conférences sur ce thème organisées par les archives archiépiscopales de Munich, que Pacelli, déjà pendant sa nonciature à Berlin, s’était opposé à l’antisémitisme populaire et s’était engagé en faveur d’intérêts sionistes. Thomas Brechenmacher est l’un des spécialistes mondiaux de la recherche historique autour de Pacelli. Il a rappelé que ce pape italien avait œuvré en Allemagne après la Première Guerre mondiale, ce qui marqua profondément le reste de sa vie.
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Brechenbacher a montré également comment l’attitude de la théologie vis-à-vis des Juifs avait évolué sous les papes Pie XI (1922-1939) et Pie XII. Comme cardinal Secrétaire d’État, Pacelli eut dès les années trente une conscience de plus en plus aiguë de ces questions théologiques : il saisit la nécessité d’une nouvelle théologie du judaïsme, se trouvant ainsi dans le mouvement qui conduirait à la Constitution «
Nostra Aetate ». Pacelli rejeta, à cause de leur insuffisance théologique, les projets d’une encyclique sur les Juifs préparés par les jésuites Gustav Gundlach et Gustave Desbuquois. Ceux-ci s ’ appuyaient sur le principe du « double protectorat » - établi par le IVe concile du Latran (1215) - selon lequel l’Église devrait protéger à la fois les chrétiens face à « l'influence corruptrice » des Juifs, et les Juifs face aux actes de violence des chrétiens.
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Le refus par Pacelli d’une telle argumentation montre qu’il savait aussi agir avec circonspection dans le domaine politique, compétence qu’il avait acquise et développée en se confrontant aux idées allemandes. Il savait en effet que cette argumentation théologique aurait donné aux national-socialistes une occasion rêvée pour attiser la haine contre les Juifs. Dans l’histoire de l’Église, ce n’est pas l’hostilité qui est le motif dominant de attitude envers les Juifs. Le IVe concile du Latran avait réprouvé à leur égard toute forme de violence et d’expulsion. L’Église catholique combattit au cours de son histoire l’antisémitisme populaire et condamna clairement le racisme. Dès 1928, Pie XI fit condamner l’antisémitisme raciste dans un décret du Saint-Office : c’est aux Juifs qu’a été adressée la promesse divine, et, malgré ou à cause de leur aveuglement, l’Église prie pour eux. (...) Des Juifs eux-mêmes rendirent hommage à l’attitude de refus du Saint-Siège face au national-socialisme. Moshe Waldmann, homme politique sioniste, souligna que Pie XI et son cardinal Secrétaire d’État Pacelli étaient positivement disposés à l’égard des Juifs (Waldmann rapportait par là un entretien qu’il avait eu en 1938 avec le Grand Rabbin de Rome).
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L’entrepreneur juif de Rotterdam Joseph Salomon, conscient de la menace qui pesait à la fois sur les Juifs et sur les catholiques, soumit à Pie IX dès 1936 la proposition d’une action conjointe des deux « Églises » contre le régime de terreur. Et quelques années auparavant, en 1933, le nonce à Berlin, Cesare Orsenigo, avait reçu de Pie XI par l’intermédiaire de son Secrétaire d’État la directive de s’engager en faveur des Juifs opprimés – à cause de la mission universelle de l’Église envers tous les hommes, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent. Les messages des publications et communiqués du Vatican dans le sens d’un antagonisme radical avec le national-socialisme furent reçus, comme le montre par exemple le rapport de l’Office central de la sécurité du Reich à Berlin après l’analyse de l’allocution de Noël du pape Pie XII en 1942.
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Dans la propagande nazie des années précédentes, il avait été déjà question du « Judaïsme mondial avec ses confédérés rouges et noirs ». Quand Pie XII, enfin, parla en faveur des Polonais et des Juifs, le ministre allemand des Affaires étrangères, Joachim Ribbentrop, brandit la menace de mesures de représailles au cas où le Vatican abandonnerait dans les affaires de politique étrangère la neutralité à laquelle l’obligeaient les Accords du Latran. Il est vrai que le Saint-Siège ne protesta pas contre les lois raciales de 1935 et la Nuit de Cristal de 1938 ; il les commenta cependant comme une injustice criante. L’action du Vatican était guidée par plusieurs questions : Comment pouvait-on protéger les catholiques en Allemagne ? Une prise de parti en faveur des Alliés aurait-elle rendu impossible une mission en faveur de la paix ? Est-ce qu’une protestation publique aurait aggravé le sort des Juifs ?
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Pendant l’été 1942, en effet, après des protestations catholiques et protestantes aux Pays-Bas, les Juifs qui devaient être épargnés furent eux aussi emprisonnés. L’expérience montrait que les mesures de répression ne visaient pas les courageux évêques tels que von Galen (Munster), Faulhaber (Munich) et von Preysing (Berlin), mais leurs subordonnés. C’est ainsi qu’à la suite de déclarations de Mgr von Galen contre le programme d’euthanasie des personnes handicapées, 30 prêtres furent arrêtés, dont plusieurs moururent en camp de concentration. Récemment, la découverte dans les archives du Vatican de documents selon lesquels une campagne internationale d’information contre le national-socialisme avait été prévue dès 1937 a fait sensation. Ce fut le cardinal Faulhaber, de Munich, qui déconseilla la mise en œuvre de cette action – par crainte de nouveaux procès spectaculaires contre des prêtres et religieux, ainsi que de nouvelles fermetures d’écoles.
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Au-delà des déclarations et publications, il y eut beaucoup d’initiatives d’aide concrète : le bureau d’information pour les prisonniers de guerre, faisant partie de la Secrétairerie d’État du Vatican, ne se contenta pas de recueillir des informations, il aida aussi matériellement. À Rome, la moitié des 8 000 Juifs vivant dans la ville furent cachés plusieurs mois durant dans des couvents, séminaires et jardins d’enfants, ainsi qu’au sein même du Vatican. On estime réaliste le chiffre de 100 000 Juifs qui auraient été sauvés par l’action du Vatican. Le Vatican réussit également en intervenant auprès du président slovaque Jozef Tiso, lui-même prêtre catholique, à retarder des déportations, ce qui sauva la vie de nombreux Juifs slovaques. Le Rafaelswerk aida l’émigration vers les USA et l’Amérique latine en finançant les voyages. Et avant tout, de faux certificats de baptêmes furent distribués en très grand nombre. « Le dogme et le national-socialisme se tenaient inconciliables l’un en face de l’autre », disait récemment Brechenmacher.
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Le poids moral du Vatican ne lui fut pas suffisant pour pouvoir s’élever contre les puissances réelles et leur action. On ne peut cependant mettre en doute le sérieux et la sincérité de l’action du Vatican face à la persécution des Juifs. La question de savoir si l’on a toujours agi à temps et avec assez d’énergie reste à poser. Mais jamais il n’y eut d’affinité entre l’Église catholique et le national-socialisme » (fin de l’article de Veit Neumann paru dans
L'homme nouveau).
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