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mardi 3 mars 2009

La Grande Dépression en 2013 ?

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Michel Garroté – Mardi 3 mars 2009
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Ci-dessous, je verse à notre dossier « crise financière », un article de Thomas Bronnec et de Julie de la Brosse, de lexpress.fr, article avec notamment une interview du professeur Günther Capelle-Blancard, qui enseigne l’économie à l'université Paris 1. Mon expérience au siège international de Nestlé et à la Table Ronde des Industriels Européens à Bruxelles (ERT) m’a rendu sceptique, pour ne pas dire ironique, à l’égard des économistes, fussent-ils professeurs. Cependant, je reconnais volontiers que le document ci-dessous a sa place dans le travail des idées sur la crise dite financière.
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Ainsi donc, dans un article intitulé « Toutes ces idées fausses qui circulent sur la crise », Thomas Bronnec et Julie de la Brosse, sur lexpress.fr, le mardi 3 mars 2009, écrivent : « …La crise ne sera pas aussi grave que celle de 1929 ». C'est vraisemblable, mais c'est tout de même un peu tôt pour le dire. En 1929, les autorités n'avaient pas su comment réagir...et n'avaient pas réagi, ou mal. « On a laissé les banques faire faillite - explique Günther Capelle-Blancard, professeur d'économie à l'université Paris 1, à lexpress.fr - en pensant que la purge serait salutaire ». Ce ne sera pas le cas, et le monde plongera dans la Grande Dépression. Mais pas tout de suite... Il a fallu attendre 1933 pour que les Etats-Unis touchent le fond (…) avec un PIB en baisse de 30% par rapport à 1929 (Note de Michel Garroté : Thomas Bronnec, Julie de la Brosse et Günther Capelle-Blancard sous-entendent que le monde plongera dans la Grande Dépression en 2013 et pas avant. A voir…).
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Rien que sur 1930, la baisse avait été de 9%... Mais si l'on exclut les Etats-Unis, qui avaient été touchés violemment et rapidement en 1930, et que l'on compare les
prévisions de récession pour les grandes économies en 2008 avec les performances observées en 1930, on s'aperçoit qu'elles ne sont pas si éloignées. (…) Certains pays, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, connaîtront même en 2009 un décrochage bien pire qu'en 1930 (Note de Michel Garroté : donc Thomas Bronnec, Julie de la Brosse et Günther Capelle-Blancard sous-entendent que le monde plongera dans la Grande Dépression en 2013 mais il affirme que la Grande-Bretagne et l’Allemagne connaîtront en 2009 un décrochage pire qu'en 1930. Quid des USA et quid de la France ?). Pour autant, l'Histoire ne se répètera pas forcément. La majorité des économistes estiment que la réaction rapide et massive des banques centrales, qui ont abreuvé les marchés de liquidités, et celle des Etats, qui ont multiplié les plans de relance, devrait permettre une - légère - reprise à partir de 2010 (Note de Michel Garroté : ce qui contredit l’allégation selon laquelle le monde plongera dans la Grande Dépression en 2013).
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« L'automobile emploie 10% de la population active ». Ces chiffres sont répétés en boucle par le gouvernement pour justifier l'urgence des
aide accordées au secteur. L'automobile emploierait, de près ou de loin, 2,5 millions de personnes. Ces statistiques viennent en fait d'un rapport du Conseil économique et social, et ont été repris par le Comité des constructeurs français d'automobile. De quoi jeter la suspicion, comme le souligne le blog Notes d'un Economiste qui décortique les chiffres. Il observe que « l'industrie automobile proprement dite n'emploie que 275.000 personnes ». Et détaille les emplois « indirectement » concernés : assurance, expertise, crédit, sport, édition...
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Narquois, il assure : « Évidemment : l'éditeur de livres sur les voitures anciennes est directement menacé par la baisse des ventes de voitures neuves, voyons ». Une
étude de l'OFCE va elle aussi dans le même sens et, sur la base de ses propres calculs, évalue à 737.000 le nombre d'emplois directs et indirects concernés par l'automobile, soit 3% des actifs. Elle explique le décalage avec les chiffres officiels par « la confusion entre les notions de stock et de flux dans cette filière, c'est-à-dire entre l'usage et la production d'automobile : On peut tout à fait utiliser des voitures sans en produire ! » (Note de Michel Garroté : notons la disparité des chiffres sur l’industrie automobile, chiffres qui selon le mode de calcul utilisé parlent de 275.000 emplois, de 737.000 emplois ou de 2,5 millions d’emplois ; le sérieux des statistiques…).
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« La part des salaires dans la valeur ajoutée diminue ». Pas exact. Les
statistiques de l'Insee montrent que depuis 1988, la part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée est restée stable, autour de 65%, alors que 35% va à la rémunération du capital. Seulement, cet indicateur, qui correspond à la différence entre ce qu'une entreprise produit, et les biens et services qui ont été nécessaires pour assurer cette production, n'est peut-être pas le plus pertinent. Surtout, ce n'est pas de la valeur ajoutée que parlait Nicolas Sarkozy quand il a évoqué sa règle des trois tiers, lançant ainsi le débat sur une meilleure répartition des profits, lors de son allocution télévisée début février (Note de Michel Garroté : ce n'est pas de la valeur ajoutée que parlait Nicolas Sarkozy car Nicolas Sarkozy ne sait pas de quoi il parle lorsqu’il parle d’économie ; on lira avec profit, si j’ose dire, les analyses de l’Institut Turgot, de les4veriteshebdo et de Guy Milliere par exemple).
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Le président de la République parlait de la distribution des bénéfices réalisés par l'entreprise, c'est à dire ce qui lui reste une fois payées toutes les charges. Il a évoqué le souhait qu'ils soient divisés à parts égales entre les actionnaires, les salariés et les investissements. Ce qui est loin d'être le cas, comme le montrent les
calculs de l'Insee réalisés à la demande de L'Express. En 2006, les salariés n'ont recueilli qu'une faible part du gâteau, aux alentours de 6%. Ce débat là n'est donc pas près d'être terminé. A l'issue du sommet social, l'Elysée a d'ailleurs mis sur pied une commission pour réfléchir à cette question (Note de Michel Garroté : Nicolas Sarkozy et sa règle théorique et démagogique des trois tiers ; Nicolas Sarkozy et ses mises sur pied de commissions coûteuses pour réfléchir à toutes ces questions ; avec pour résultat de placer des copains dans les commissions pour qu’ils pondent des rapports ; brillant…).
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« La France est moins touchée que les autres pays par la crise ». On se souvient de
Nicolas Sarkozy qui, lors de son interview télévisée, début février, assurait : « franchement quand on voit la situation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, on n'a pas envie de leur ressembler ». Il avait provoqué la colère de Londres, mais il n'avait pas tout à fait tort. Au quatrième trimestre, le PIB de la France a lâché 1,2%, par rapport au précédent. C'est beaucoup, mais moins que les Etats-Unis, où le PIB a chuté de 1,5% et la Grande-Bretagne, où il a aussi perdu 1,5%. En Allemagne la baisse est supérieure à 2% et au Japon, à 3%. La France ne s'en sort donc pas si mal, c'est vrai, notamment grâce au poids de l'Etat dans son économie (Note de Michel Garroté : ce qui, a terme, garantit la faillite de tout le système), qui permet de limiter les variations de conjoncture, et aux aides sociales (Note de Michel Garroté : ce qui, a terme, garantit également la faillite de tout le système), qui servent d'amortisseurs (Note de Michel Garroté : Renault ou Peugeot, les amortisseurs ?). Le risque, c'est qu'elle mette plus de temps que les autres économies à redémarrer lorsque la récession sera terminée (Note de Michel Garroté : je suppose que c’est un euphémisme ; avec plus de 1500 milliards d’euros de dettes réparties sur 60 millions d’habitants, on ne voit pas comment la France de Sarkozy pourrait redémarrer ; à moins de réduire massivement le budget de l’Etat et le nombre de fonctionnaires de l’Etat).
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« Le protectionnisme va aggraver la crise ». Le débat autour du
protectionnisme a notamment ressurgi avec le "Buy american" envisagé par Washington et le plan français d'aide à l'automobile. Elie Cohen résume la pensée de la plupart des économistes, échaudés par la crise de 1929 : « le protectionnisme appelle le protectionnisme, c'est un jeu à somme négative. À caresser les opinions publiques dans le sens du poil, on obtient le pire des deux mondes, celui de l'inefficacité économique et du discrédit politique ». Le mécanisme semble implacable... Si un pays cherche à interdire l'importation de produits étrangers, les autres adopteront des mesures de rétorsion, à l'image de la guerre du roquefort et du boeuf aux hormones. C'est pourquoi certains économistes, comme Michel Fouquin, du CEPII, mettent en garde contre un protectionnisme généralisé.
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D'autres, pourtant, défendent le principe d'un autre protectionnisme... Parmi eux,
Emmanuel Todd, qui estime que le protectionnisme à l'échelle européenne serait « la seule solution cohérente et réaliste à la compression des salaires en Europe et à l'aggravation des inégalités ». Michel Rocard, lui, va même plus loin dans un entretien à L'Expansion et affirme que le libre-échange est une folie lorsqu'il est généralisé et inconditionnel. L'ex Premier ministre assure que le libéralisme n'a aucun sens entre pays de développement différent, et qu'il faut protéger de façon sectorielle et temporelle « certains domaines jugés stratégiques » et trop faibles pour résister à la concurrence internationale (Note de Michel Garroté : c’est bien là le problème ; sous prétexte de crise dite financière, la France, de Sarkozy à Rocard, veut enterrer le libéralisme).
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« La relance par l'investissement est plus efficace que la relance par la consommation ». C'est le gouvernement qui l'affirme en permanence pour justifier la philosophie de son plan de relance, fortement axé sur l'investissement. Nicolas Sarkozy refuse tout
soutien massif à la consommation, qu'il compare à « de l'eau dans le sable ». Pour le chef de l'Etat, réaliser des dépenses d'investissement, c'est créer des actifs. A l'inverse, dépenser de l'argent public pour le donner aux ménages ne serait pas créateur de valeur. Pas si simple... En réalité, investissement et consommation sont bien plus liés que le gouvernement feint de la croire (Note de Michel Garroté : des dépenses « d'investissement » effectuées par l’Etat, cela signifie des dépenses avec encore de l’argent emprunté).
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Pour de nombreux spécialistes il serait même dangereux de les opposer. « Nous sommes dans une crise généralisée, qui frappe très violemment la consommation, et multiforme, qui touche tous les secteurs. Construire des ponts ou des routes ne permettra pas de relancer l'économie dans son ensemble. L'économie ne peut pas fonctionner uniquement sur l'investissement public. Il faut des perspectives de demandes finales, sinon rien ne se fera », explique ainsi Henry Sterdyniak, économiste à l'OFCE (…). Une histoire qui rappelle celle d'Henry Ford qui, au début du XXe siècle, se rendit compte que s'il ne payait pas ses ouvriers, ils ne pourraient pas acheter ses voitures... (ndmg : ????)
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© 2009 Michel Garroté
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