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lundi 2 février 2009

Benoît XVI, les cathos traditionalistes et les Juifs

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Miguel Garroté, lundi 2 février 2009 - La levée de l’excommunication de quatre évêques et les propos négationnistes de l’un d’entre eux continuent de faire la ‘Une’ des médias. Ci-dessous, divers extraits de quelques textes parus ces derniers jours y compris aujourd’hui lundi 2 février 2009.
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Sur
francecatholique et sur E.S.M., on peut lire cette analyse : « Notre confrère Libération consacrait sa ‘Une’, lundi dernier, à l’affaire de la tentative de réconciliation entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X, en utilisant un titre pour le moins ambigu : ‘Benoît XVI, le calice négationniste’. (…) Heureusement, le sous-titre modère quelque peu la provocation pour une information plus objective : ‘Nombre de catholiques s’indignent du retour dans le giron de l’Église, décidé par le Pape, de prêtres intégristes, dont l’un nie la Shoah’. Il n’empêche que même ce genre de formules se joue de l’ambiguïté pour suggérer ce qu’on n’ose pas toujours dire en clair. À savoir que l’Église romaine est prête à toutes les concessions pour ‘amadouer les intégristes’, y compris la tolérance pour le négationnisme. En fait, le dossier proposé par Libération aboutit à tordre le cou même aux ambiguïtés. Laurent Joffrin reconnaît honnêtement que le scandale est venu d’un ‘hasard médiatique’. Et l’entretien publié avec le philosophe Rémi Brague montre que nombre de catholiques reconnaissent le bien fondé d’un dialogue en vérité avec les traditionalistes. (…) Quel rapport y avait-il entre la volonté du Saint-Siège de faire avancer le dossier traditionaliste et la déclaration insensée d’un incontrôlé à laquelle personne ne s’était intéressé lorsqu’elle avait été diffusée, en novembre dernier. Il n’est pas superflu de vérifier s’il n’y a pas désaccord profond entre l’évêque Willianson et son supérieur Bernard Fellay. L’éthique de l’information suppose une extrême rigueur non seulement dans la vérification des faits mais aussi dans la validation des interprétations ».
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L’Agence Télégraphique Suisse (1), le vendredi 30 janvier 2009, à 20:59, diffusait la dépêche suivante : (Début des extraits de la dépêche ATS) « Mgr Williamson, qui réside en Argentine, a adressé une lettre au cardinal Dario Castrillon Hoyos, le prélat chargé au Vatican des négociations avec les catholiques intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX) et l'a publié sur son blog (
http://dinoscopus.blogspot.com ). Il évoque, sans les rappeler ni les rétracter, ses ‘remarques imprudentes’ faites à la télévision suédoise et exprime au cardinal Castrillon Hoyos ses ‘sincères regrets pour avoir causé à vous-même et au Saint Père tant de souffrances et de problèmes inutiles’ (Note de Miguel Garroté : Williamson ne demande pas pardon, le minimum pour un Chrétien ; Williamson ne revient pas sur ses propos abjects ; Williamson ne s’excuse pas auprès du peuple juif). La télévision suédoise a diffusé des déclarations négationnistes de Richard Williamson le 22 janvier, deux jours avant l'annonce (Note de Miguel Garroté : un jour après la signature) par le Vatican de la levée de l'excommunication par Benoît XVI des quatre évêques de la FSSPX dont lui-même. (…) Mercredi, Benoît XVI a fermement condamné le négationnisme et a exprimé sa ‘solidarité" aux Juifs’ » (Fin des extraits de la dépêche ATS).
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Le jeudi 29 janvier 2009, pour Il Riformista, Paolo Rodari a interviewé le Rabbin Laras, chef des rabbins italiens :
-Paolo Rodari - Hier le Pape a exprimé sa solidarité aux juifs en condamnant aussi le négationnisme et le réductionnisme. Sont-ce des mots suffisants pour calmer les polémiques surgies après la révocation de l'excommunication aux lefebvristes et à l'évêque négationniste Richard Williamson ?
-Rabbin Laras - Les mots du Pape doivent être accueillis avec soulagement parce qu'ils réaffirment une prise de distance importante par rapport à Williamson et, en même temps, une ferme condamnation de la Shoah. Disons que ce sont les mots que tous les juifs désirent entendre.-Paolo Rodari - Mais ces mots sont-ils suffisants pour vous ?
-Rabbin Laras - Oui, même s’ils auraient dû être prononcés plus tôt. Si le Pape avait parlé avant, si le timing du Vatican avait été meilleur, beaucoup de polémiques n'auraient pas eu lieu. Ou, au moins, la polémique ne serait pas arrivée à ces sommets d'âpreté. J'espère que dans le futur cette erreur servira de leçon. Aussi parce que nous juifs, nous n'aimons pas intervenir sur ces thèmes.
-Paolo Rodari - Cependant immédiatement après la sortie du décret d'excommunication et la montée des polémiques sur Williamson, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, est intervenu ?
-Rabbin Laras - Il est évident que cela ne peut pas suffire que le père Lombardi explique que les deux choses - excommunication des lefebvristes et négationnisme de Williamson - sont distinctes. Vu l'énormité des déclarations de Williamson il fallait dire plus.
-Paolo Rodari - Selon le Jérusalem Post le rabbinat d'Israël aurait décidé d'interrompre les rapports avec le Vatican. Ensuite cependant le directeur général du rabbinat, Oded Wiener, a dit que les mots du Pape sont un pas en avant. Que se passera t-il dans les rapports Vatican - Juifs ?
-Rabbin Laras - Je n'ai pas de boule de cristal. Je crois qu'un certain mécontentement exprimé par le rabbinat est encore vivace. Personnellement, je suis solidaire avec le rabbinat, compte tenu que l'immense majorité de la population israélienne sur cet événement pense de la même manière que les rabbins de Jérusalem, C'est-à-dire considère que le Vatican a tenu une position contradictoire.
-Paolo Rodari - À ce point, un voyage du Pape en Terre Sainte est-il encore concevable?-
Rabbin Laras - Aujourd'hui je dis non. Je ne sais pas demain. Mais aujourd'hui je dis non.-Paolo Rodari - Pourquoi ?
-Rabbin Laras - Il n'y a pas les conditions. Il y a trop d'irritation et trop de suspicion sur cet événement. Il faut laisser décanter un peu les choses avant de prendre une décision sur ce sujet. Il faut, en particulier, que le rabbinat d'Israël métabolise ce qui est arrivé.
-Paolo Rodari - D'autres éclaircissements de la part du Pape ou du Vatican serviront-ils à quelque chose ?
-Rabbin Laras - Je ne crois pas que d'autres mots soient nécessaires. Aussi parce que souvent, de nouveaux propos sur nous allument des nouveaux feux. Et sincèrement de nouveaux feux, on n'en sent vraiment pas la nécessité. Je crois plutôt qu'il est nécessaire de laisser passer un peu temps, oui. Au contraire, paradoxalement maintenant on aimerait un peu de silence.
-Paolo Rodari - Selon vous, les lefebvristes ont le droit d'être dans l'Église ?
-Rabbin Laras - Dans l'Église ils me semblent avant tout un corps étranger. Je voudrais dire qu'ils me semblent un cancer. Le Vatican souhaite qu'avec les lefebvristes on puisse arriver avec le temps à la pleine communion. Mais les lefebvristes la veulent-ils vraiment la pleine communion ? De toute façon tolérer la présence de quelqu'un comme Williamson est absurde. Comme il est absurde de cracher sur un crime terrible comme l'a été la Shoah. Je pense que si un homme en arrive à dire ce qu'a dit Williamson, cela signifie que dans son esprit, il y il a quelque chose terriblement mauvais, quelque chose qui me fait horreur.
-Paolo Rodari - L'antisémitisme est un sentiment seulement propre à Williamson ?
-Rabbin Laras - Je souhaite que oui. Même si dans la non acceptation du Concile Vatican II par les lefebvristes, il y a une aversion des nouveaux rapports avec les juifs ouverts par les conquêtes des conciliaires. Ce point ne doit pas être oublié. L'aversion lefebvriste à Vatican II a en soi des sentiments d'aversion aux nouveaux rapports Église catholique - monde juif (Fin de l’interview du Rabbin Laras par Paolo Rodari).
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Aujourd’hui lundi 2 février 2009, sur lefigaro.fr, Jean-Marie Guénois écrit notamment : « …Ne pas se tromper de cible. Dimanche, lors de sa cérémonie d'investiture officielle, le nouveau grand rabbin de France, Gilles Bernheim, a refusé tout amalgame entre l'Église catholique et ‘un évêque de la Fraternité Saint Pie X’ dont il a qualifié les propos négationnistes ‘d'abjects’. Dans un discours très applaudi sous les voûtes de la grande synagogue de la Victoire à Paris, comble, il n'a pas hésité, malgré le contexte de cette polémique, à saluer la présence de ‘mon ami le cardinal Philippe Barbarin’, archevêque de Lyon, effectivement assis derrière… ».
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Joachim Véliocas, dont les articles sont entre autre repris sur
http://juif.org et sur le Site de l’Union des Patrons Juifs de France http://upjf.org , a récemment écrit, pour l’Observatoire de l'islamisation (extraits) : « …Alors que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X vient de franchir un pas important vers la régularisation de son statut suite à la levée des excommunications des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre en 1988, il est important de souligner qu'à la différence d'un clergé français atone voire complaisant face à l'islamisation, spécialisé en inauguration de mosquée ( au nom du ‘dialogue’ et de ‘la liberté religieuse’), la FSSPX a toujours été très claire face au danger islamique. (…) Les retranscriptions des cours de Mgr Lefebvre donnés en 1980 et 1981 à Ecône, où siège un des séminaires de la Fraternité, sont riches d'enseignements : « Je me suis trouvé pendant quinze ans à Dakar » (Note de Joachim Véliocas : Mgr Lefebvre fut Archevêque de Dakar, et vicaire apostolique pour l'Afrique de l’Ouest Francophone) « avec trois millions de musulmans, cent mille catholiques et quatre cent mille animistes, et si pendant ces quinze ans on a pu convertir dix musulmans, c'est un maximum. Je veux dire les convertir vraiment, les faire passer de l'islam au catholicisme. Je ne dis pas qu'il n'y ait pas eu une certaine influence catholique grâce à nos écoles où nous avions jusqu'à 10 à 15% de musulmans. Je n'en voulais pas davantage, sinon ils auraient imposé l'islam dans nos écoles. Une fois qu'ils sont forts, ils s'imposent, prennent la tête du mouvement et essayent de convertir les autres. Quand ils sont faibles, ils écoutent et se taisent. (…) L'islam, ce n'est pas seulement les prosternations à genoux que les musulmans font dans les rues au moment de la prière; c'est aussi la menace de la soumission, c'est à dire de ‘Dhimmi’ pour tous ceux qui ne sont pas comme eux. Peut-on admettre cela dans les Etats catholiques ? Peut-on admettre que ces Etats ne se défendent pas ? (…) Souvenons-nous des ordres religieux : les Trinitaires et l'oeuvre de Notre-Dame de la Merci, qui ont été fondés pour aller délivrer les chrétiens captifs qui étaient retenus esclaves chez les musulmans. Ils razziaient les côtes de France, d'Espagne et de toute la Méditerranée, enlevaient des chrétiens dont ils faisaient chez eux des esclaves. Cela est encore dans leur esprit » (Note de Joachim Véliocas : et encore appliqué au Nigeria, Soudan, Arabie Saoudite, plus sournoisement dans d'autres pays, un Marocain -collègue de classe- m'a affirmé avoir des esclaves noirs dans sa maison familiale). Et Joachim Véliocas poursuit en écrivant : L'abbé Régis de Caqueray est le supérieur du district de France du mouvement traditionaliste. Dans un éditorial du mensuel Fideliter de mars 2005 consacré à l'islam, il fit une mise au point éclairante (début des extraits de l’éditorial du mensuel Fideliter) : « Le 1er septembre 2001, Fideliter faisait paraître un très volumineux dossier intitulé ‘Face à l'islam’. Onze jours plus tard, les attentats commis avec des avions sur le sol des Etats-Unis, et attribués à Ben Laden, venaient apporter une éclatante et tragique confirmation à nos analyses. Quatre ans plus tard, l'islam est loin d'avoir reculé dans notre pays, et même au contraire. L'inconscience de gouvernements qui, pour acheter une paix illusoire et passagère, ne cessent de favoriser l'émergence de l'islam, produit ses résultats prévisibles l'islam se développe, se structure, devient plus visible, ce qui est absolument essentiel à sa pérennité et à la victoire ultime qu'il recherche, ne fût-ce que par la ‘bataille des berceaux’. Alors, il faut revenir sur le sujet, pour alerter, éclairer, encourager, mobiliser tous ceux qui comprennent qu'il est nécessaire de lutter, et de façon urgente, contre ce fléau. Précisons-le bien. Notre propos ne touche pas les musulmans comme personnes, à qui sont dus la justice et le respect. Il ne touche pas l'immigration et les immigrés, problème politique, économique, humain, etc. qui n'est pas du ressort direct d'une revue religieuse comme la nôtre. Notre propos vise proprement et exclusivement l'islam, religion fausse, d'origine diabolique, emplie d'erreurs graves, et pour cette raison dangereuse, dans la mesure où, de soi, l'erreur engendre le mal » (fin des extraits de l’éditorial du mensuel Fideliter). (…) Joachim Véliocas écrit encore : Il nous a semblé que l'extrait d'un texte du professeur Alain Besançon disait tout ce qu'il faut exprimer sur ce sujet : « L'historien constate que quand une Eglise erre dans la compréhension de sa foi, s'affaiblit, tombe malade, il se produit une massive défection en direction de l'islam ». Je ne puis donc que redire, répéter et confirmer ce qu'écrivait avec vigueur l'abbé Laurençon dans son éditorial de 2001 : « La force de l'islam se nourrit essentiellement de la faiblesse des chrétiens. Seule la foi nous sauvera de l'islam ». (…) Joachim Véliocas ajoute : Concernant les basses polémiques sur la nature soit disant ‘antisémite’ et ‘extrémiste’ de la FSSPX, lire une mise au point sur http://christus.imperat.over-blog.com/article-27099653.html ainsi que le communiqué de Mgr Fellay. Il est également important de dire que Mgr Williamson est isolé au sein de la Fraternité, largement critiqué par les fidèles, connu pour son hostilité au rapprochement avec Rome, sa scandaleuse sortie négationniste servirait à torpiller les efforts de Mgr Fellay. (…) Joachim Véliocas conclut : Mgr Lefebvre, très affecté par la mort de son père torturé par les nazis en 1942 pour cause de résistance ( René Lefebvre, lieutenant des Forces françaises combattantes, ensuite passé au réseau Zéro France en liaison avec l'Intelligence Service, fut arrêté par la Gestapo le 21 avril 1941) au camp de Sonnenburg (il fut 2 fois condamné à mort par le Reich allemand), doit se retourner dans sa tombe... Faut-il rappeler que l'idéologie nazie fut condamnée dans ce qu'elle a de païen et raciste par le pape Pie XI dans l'encyclique Mit Brenneder Sorge, diffusée dès 1937 dans toutes les paroisses d'Europe ? Que les catholiques ont été aussi persécutés pour le seul fait de leur foi ? Concernant la subtile et efficace résistance du pape Pie XII dans la continuité de son prédécesseur, on lira les dernières recherches des meilleurs historiens, Juifs ou non. » (fin des extraits de l’article de Joachim Véliocas).
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Concluons. Or donc, ces dernières semaines, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), a défrayé la chronique, d'une part, car l'excommunication des évêques qui dirigent la FSSPX a été levée; et d'autre part, car un des évêques de la FSSPX a tenu des propos négationnistes à une chaîne de télévision. Outre ces deux questions, primo la levée de l'excommunication, et secundo les propos négationnistes, deux questions que j'ai déjà traitées, reste l’autre question, la question de la FSSPX elle-même et de son parcours, depuis sa création jusqu'à aujourd'hui. Quel sont les événements saillants, depuis le sacre de quatre évêques de la FSSPX par Mgr Marcel Lefebvre sans l'accord de Rome, ce qui entraîna l'excommunication, jusqu'à la récente levée de cette excommunication. En 1988, Jean-Paul II, avant le sacre effectué par Mgr Lefebvre, proposa à la FSSPX un statut comparable ou équivalent à la "prélature personnelle", ce qui sur le moment fut bien accueilli par Mgr Lefebvre et ce qui - de ce fait - aurait donc pu éviter le sacre de quatre évêques par Mgr Lefebvre sans l'accord de Rome et donc l'excommunication. A l'époque, le Figaro Magazine publia une investigation en béton sur les tractations ayant abouti à l'acceptation par Mgr Lefebvre du statut de prélature personnelle offert par Jean-Paul II. Le schisme semblait évité et tout le monde ou presque était content. Puis vint le coup de théâtre. Mgr Lefebvre fit marche arrière, refusa l'offre de Rome et se trouva, avec les évêques qu'il sacra, excommunié et eux aussi. Que s'est-il donc passé dans les coulisses pour qu'on en arrive là ? La suite au prochain numéro.
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Copyright Miguel Garroté 2009
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(1) L’Agence Télégraphique Suisse (ATS) n’ a pas pour habitude de s’intéresser à l’Eglise catholique, ni au Judaïsme d’ailleurs. Souvent, ses dépêches sont une reprise - au moins partielle - des dépêches de l’Agence France Presse (AFP). Cela dit, un des séminaires de la FSSPX se trouve à Ecône, dans le canton du Valais, en Suisse. Ce qui peut expliquer en partie la dépêche ATS citée plus haut. A part cela et puisque j’y suis, ce serait chouette que l’ Agence Télégraphique Suisse se décide - enfin - à changer de nom. Le télégraphe, au 21ème siècle…
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