La Turquie veut sortir de l’islamisme. L’Europe n’est pas d’accord.
L'AKP - le parti islamique actuellement au pouvoir en Turquie - est accusé de pratiques non conformes au principe fondateur de la laïcité turque. L’AKP mettra en balance son existence dès aujourd’hui mardi 1er juillet devant la Cour Constitutionnelle turque. Celle-ci peut théoriquement prononcer la dissolution de l’AKP d’ici août ou septembre. Une interdiction du parti islamique - il s’autoproclame « Parti pour la justice et le développement » - plongerait la Turquie dans une crise et provoquerait des élections législatives anticipées en novembre prochain. De fait, tous les partis politiques sont déjà prêts à cette éventualité. Le Procureur de la Cour d'Appel doit en principe présenter son réquisitoire aujourd’hui mardi 1er juillet devant la Cour Constitutionnelle composée de magistrats laïcs. L'AKP islamique doit plaider sa cause jeudi 3 juillet. Le Procureur va demander la dissolution du parti islamique actuellement majoritaire au Parlement.
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Le Procureur va également demander l'interdiction pendant cinq ans d'adhérer à une formation politique pour 71 membres de l’AKP islamique, dont le Président Abdullah Gül et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Si l'AKP islamique est dissous ses députés formeront vraisemblablement un nouveau parti. Ceux qui n'auraient pas la possibilité d'intégrer une nouvelle formation se présenteraient en candidats indépendants aux élections anticipées de novembre. L'organisation d'élections anticipées n'est pas pour autant une certitude. Cela dépendra - en cas de démantèlement du parti AKP - du nombre de députés concernés par les décisions de la Cour Constitutionnelle. L'AKP n'a pas fait à ce stade de commentaires sur d’éventuelles élections anticipées. Mais le Premier ministre Erdogan a déjà annulé ses vacances d'été et il multiplie ses déplacements à travers la Turquie. Prépare-t-il sa candidature aux élections législatives anticipées de novembre ?
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Les milieux islamiques turcs allèguent que la Cour Constitutionnelle veut contraindre le Premier ministre Erdogan à se retirer de la vie politique. Erdogan, à l’époque maire d'Istanbul avait été emprisonné en 1997 pour avoir lu en public un texte affichant clairement ses positions islamistes radicales. La procédure de dissolution de l'AKP a été entamée après la décision du Premier ministre Erdogan de lever l'interdiction du port du foulard islamique dans les universités. Cette décision est semble-t-il contraire aux fondements laïques de la République turque créée en 1923 par Mustapha Kemal Atatürk. Les généraux, les juges et les recteurs d'université sont les garants du principe fondateur de la laïcité turque. L'armée turque a déjà eu à intervenir pour contrer des gouvernements voulant instaurer un Etat islamique. Un sondage publié lundi 30 juin dans le journal turc Milliyet indique que seulement 43% des électeurs turcs voteraient pour le parti islamique si des élections avaient cours maintenant. Soit un recul par rapport au score de 47% réalisé par le parti islamique lors du scrutin d'avril dernier.
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L'Union Européenne s’est permise de critiquer la procédure judiciaire en cours en Turquie sous le prétexte qu'une action contre l'AKP islamique nuit au processus d'adhésion de la Turquie à l’Union Européenne et nuit aux chapitres de négociations déjà ouverts par l’Union Européenne avec la Turquie.
Miguel Garroté
Miguel Garroté
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