Les USA, la France et l’Eglise catholique
Je tombe aujourd’hui, vendredi 4 avril, sur deux informations à la fois très distinctes et très complémentaires. Mais ces deux informations partagent une même qualité qui va irriter beaucoup de monde : elles parlent en bien des USA. La France et l’Eglise catholique ont des choses à apprendre des USA. Une véritable humiliation pour les anti-américains de tous poils. Lisez plutôt.
Vendredi 4 avril, à 10h51, Elizabeth Pineau, du bureau parisien de l’agence de presse britannique Reuters, écrit, dans une dépêche : « Bernard Kouchner qualifie de passéistes ceux qui, en France, dénoncent le rapprochement avec les Etats-Unis engagé par le président Nicolas Sarkozy (…) ‘Ce sont des passéistes. On ne bâtit pas une politique étrangère sur le seul anti-américanisme. Il y a une espèce de fixation malsaine, une courte vue, une espèce de paravent de l'impuissance’, a-t-il déclaré (…) Nicolas Sarkozy a envisagé pour 2009 un retour de la France dans les structures stratégiques de l'Otan (…) Il a aussi annoncé l'envoi de 700 hommes supplémentaires qui combattront aux côtés des Américains en Afghanistan ».
« ‘L'obsession atlantiste’ de Nicolas Sarkozy, selon l'expression de ses détracteurs français, a été dénoncée par les anciens ministres des Affaires étrangères socialistes Roland Dumas et Hubert Védrine, ainsi que par l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin. ‘Je crois qu'ils n'ont pas compris que le monde a changé’, a rétorqué Bernard Kouchner (…) ‘Nous sommes parfois aux côtés des Américains, comme en Afghanistan, et parfois nous ne sommes pas d'accord (…) a-t-il poursuivi (…) ‘Nous sommes au XXIe siècle et il faut recommencer de penser, il ne faut pas simplement penser sur le passé’. Paris peut parler ‘en même temps’ aux Américains et au président russe Vladimir Poutine, présent à Bucarest vendredi, a-t-il insisté. Est-ce que nos amis passéistes veulent bien le comprendre ? ».
Dans un article intitulé ‘L'Amérique de Benoît XVI, un modèle pour l'Europe catholique’, Sandro Magister, du journal italien La chiesa, reprit aujourd’hui, vendredi 4 avril, par E.S.M. écrit : « A la mi-avril, quand Benoît XVI atterrira à l’aéroport militaire de la Andrews Air Force Base de Washington, les États-Unis passeront en tête du classement des pays les plus visités par les papes (…) à Ratisbonne, le pape a montré au monde entier de quelles audaces il était capable (…) Pour Benoît XVI, les Etats-Unis sont un modèle à imiter par tous, en tant que pays né et fondé 'sur cette vérité évidente que le Créateur a doté chaque être humain de droits inaliénable', dont le premier est la liberté. Avec Benoît XVI, la punition que les Etats-Unis recevaient de la part du Vatican est levée. Il y a encore quelques décennies, ils étaient taxés d’être le temple du capitalisme calviniste, de la société de consommation, du darwinisme social, de la chaise électrique et de la gâchette facile partout dans le monde. Aujourd’hui ces façons de voir semblent largement abandonnées. L’Eglise de Rome a condamné avec force l’attaque militaire contre l’Irak de Saddam Hussein. Y compris Benoît XVI. Mais actuellement, elle ne demande pas le retrait des soldats et souhaite qu’ils restent en Irak (…) le jugement global sur les Etats-Unis a changé en bien, à l’inverse des jugements sur l’Europe, qui sont de plus en plus pessimistes. Benoît XVI a confié (…) ‘l’importance que le peuple américain a, dès le début, attribuée au rôle de la religion dans la création du débat public’. Un rôle qui ailleurs – comprendre: en Europe – ‘est contesté au nom d’une compréhension limitée de la vie politique’ (…) L’Eglise de Rome était plus souvent en accord avec les présidents républicains, de Reagan aux deux Bush, qu’avec le démocrate Bill Clinton (…) on compte environ 70 millions de catholiques sur une population totale de 300 millions, soit 23,9%. Ils forment néanmoins un bloc important – ils sont plus nombreux qu’en Italie – qui plus est dans un pays à forte dominante chrétienne, avec des indices de participation religieuse beaucoup plus élevés qu’en Europe. Lors des présidentielles de 2004, les catholiques ont contribué de manière significative à la réélection de George W. Bush (…) les autorités de l’Eglise apprécient le fait que tous les candidats aient donné une place prépondérante au facteur religieux. Car il en est ainsi aux Etats-Unis. Ils sont à la pointe de la modernité et en même temps la nation la plus religieuse au monde. Ils sont un modèle de séparation de l’Eglise et de l’Etat et en même temps un pays où les religions jouent un rôle important dans la vie publique (…) la part d’athées et d’agnostiques est très réduite. Ils forment respectivement 1,6% et 2,4% de la population, bien qu’ils semblent être beaucoup plus nombreux et bruyants dans les médias (…) Avec son prochain voyage, le pape allemand va regagner du terrain. Les Etats-Unis sont pour lui une terre très prometteuse. Un an après les Journées mondiales de la jeunesse en 1993, le diocèse de Denver avait enregistré 2.000 nouveaux convertis et une augmentation de 8% de la présence à la messe. La vieille Europe catholique peut en prendre de la graine ».
Ce sont cela, les deux bonnes nouvelles d’aujourd’hui, vendredi 4 avril : il existe des Européens, tel Bernard Kouchner et Sandro Magister, qui ne détestent pas les Américains. La réalité plutôt bienveillante à l’égard des USA n’a donc rien à voir avec la virtualité anti-américaine de nos médias. Sur ce, bon week-end. Miguel Garroté
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