PÉROU : un ex-président traduit en justice.
Les dessous d’un étrange procès.
Le mercredi 26 mars 2008, à 17:01, Guy Bérengère, sur lexpress.fr, informe : « Alors que l’ex-président du Pérou, âgé de 69 ans, assistait à son propre procès (ndlr le mercredi 26 mars), il s'est endormi, en plein tribunal, où il est poursuivi pour violations des droits de l'homme et corruption. (…) Il est notamment accusé d'avoir ordonné des massacres de civils par des escadrons de la mort, alors qu'il était président du Pérou, de 1990 à 2000. En novembre 2000, Alberto Fujimori, accablé par des révélations sur la corruption de son gouvernement, profite d'un Congrès de coopération à Brunei pour quitter son pays. Quelques jours plus tard, il se réfugie au Japon, dont il est originaire ».
« Toutes les tentatives pour extrader l’ancien président ont échoué par la suite, Fujimori étant protégé par la loi de son pays d'origine (ndlr le Japon). (…) En novembre 2005, il surprend tout le monde en débarquant au Chili, pays voisin du Pérou, pour préparer son retour au pays… et présenter sa candidature aux élections présidentielles de 2006. À la demande de Lima (ndlr capitale du Pérou), Alberto Fujimori est placé en détention. (…) Il est finalement extradé en septembre 2007 par le Chili pour être jugé au Pérou. Son procès devrait se poursuivre tout au long de l’année 2008 ».
Le jeudi 27 mars à 8:47 le matin, l’AFP informe : « L'ex-militaire (ndlr le major Santiago Martin Rivas), accusé d'être le chef de l'escadron de la mort qui avait commis plusieurs massacres au Pérou dans les années 1990, a nié mercredi (ndlr 26 mars) tout en bloc, y compris l'existence de l'escadron, au cours du procès à Lima de l'ancien président péruvien Alberto Fujimori (1990-2000). Le major Santiago Martin Rivas accusé d'avoir dirigé le groupe Colina, qui a exécuté des dizaines de personnes innocentes sous la présidence de M. Fujimori, a aussi affirmé qu'il n'avait jamais reçu d'instructions de la part de l'ancien président lui enjoignant de violer les droits de l'homme ».
« L'ex-président Alberto Fujimori (69 ans), dont le procès pour violations des droits de l'homme a commencé le 10 décembre dernier à Lima, est accusé notamment par la justice péruvienne d'avoir été l'instigateur ou le cerveau des massacres du groupe Colina. Le procureur a réclamé une peine de trente ans de prison pour M. Fujimori. (…) Le major Santiago Martin Rivas, considéré par la presse et la justice comme le chef de l'escadron de la mort, a soutenu que ce dernier n'existait pas et qu'il s'agissait d'une attaque ‘contre l'armée qui avait vaincu le terrorisme du Sentier Lumineux’ (SL), la guérilla maoïste qui sévissait au Pérou dans les années 90 ».
Le Sentier lumineux ? En réalité le Partido Comunista del Peru Sendero Luminoso a été fondé par Abimael Guzman Reynoso, un professeur de philosophie. En 1989, 240 paysans de la province d'Ayacucho sont massacrés par le Sentier lumineux. Dans les années qui suivent, le Sentier lumineux plonge le Pérou dans le chaos à coup d’attentats, d’enlèvements et de massacres.
En 1992, l'armée péruvienne capture Abimael Guzmán, alias camarade Gonzalo, le chef de l'organisation terroriste qui aura exterminé des milliers de paysans, dans un style qui rappelle les massacres de Pol Pot au Cambodge. Cette arrestation entraîna rapidement une nette diminution des actions du Sentier lumineux. Le coût économique des activités terroristes menées par le Sentier lumineux a été évalué à 16 milliards de dollars.
Actuellement, le Pérou est dirigé par le socialiste Alan Garcia qui avait déjà présidé aux destinées de ce pays dans les années quatre-vingt. Lui aussi jadis accusé de corruption, y compris dans le narcotrafic, il s’était exilé en Colombie d’abord (tiens ?), à Paris ensuite (classique…), de 1992 à 2000, année où Fujimori, lui, s’était enfui au Japon.
En 1986, Garcia, alors président, avait failli nationaliser Perulac, la filiale péruvienne de Nestlé. Les éleveurs péruviens s’y étaient violemment opposés, sachant pertinemment que l’Etat péruvien corrompu ne paierait pas le lait au même prix que le faisait le groupe suisse, présent au Pérou depuis 1948 !
Après sa fuite en Colombie et son séjour à Paris, García est donc revenu au Pérou, malgré l’image de corrompu qui le poursuit encore, telle une casserole attachée aux basques. ‘Il s’est abrité derrière la prescription’, dira de lui Pedro Coronado, ancien directeur de la Banque centrale du Pérou. Ni jugé, ni condamné, ni innocenté, Garcia tente actuellement de développer l’économie péruvienne à coup d’investissements en provenance de la Chine communiste. Le Pérou n’est pas sorti de l’auberge. Les affamés diront qu’il n’y est même pas encore entré.
Miguel Garroté
http://www.monde-info.blogspot.com
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