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mardi 26 février 2008

NATHAN SHARANSKY - UN VEILLEUR POUR L'HUMANITE


Nathan Sharansky : un veilleur pour l’humanité


Depuis bien longtemps, je voue admiration aux hommes de la trempe de Simon Wiesenthal (auteur de « Justice n'est pas vengeance », Robert Laffont, 1989) et Nathan Sharansky (auteur de « Défense de la démocratie : comment vaincre l'injustice et la terreur par la force de la liberté », Bourin Editeur, 2006). J’admire ce genre d’hommes pour une raison très simple. Ils ont survécu tantôt aux camps d’extermination hitlériens (Simon Wiesenthal), tantôt au goulag soviétique (Nathan Sharansky). Ils sont des veilleurs pour l’humanité.

Sharansky a lancé un appel vibrant en février 2007, suite aux propos et aux comportements, à la fois négationnistes et génocidaires, de l’ineffable président iranien Ahmadinejad. Dans un article intitulé « Mobilisez-vous maintenant, sauvez le monde », paru dans le Jerusalem Post, édition du 11 février 2007, Sharansky écrivait : « Nous devons reconnaître le fait suivant : bien que la sympathie pour l’objectif exprimé par l’Iran afin de détruire Israël ne soit pas vraiment le courant dominant, l’idée d’un monde sans Israël est aujourd’hui plus acceptable dans la bonne société, dans les médias et à l’université, que l’objectif exprimé par Hitler d’une Europe sans Juifs ne l’était en 1939. Dans cette situation, il doit être clair que nous sommes au-delà de l’étape des définitions. Le monde juif d’aujourd’hui doit se mobiliser à un niveau non moins élevé que pendant les combats pour établir l’Etat d’Israël ou pour libérer la communauté juive d’Union soviétique. C’est cette dernière lutte qui représente le modèle le plus puissant pour agir aujourd’hui ».

Lorsque des hommes qui ont connu la souffrance des camps d’extermination hitlériens ou du goulag soviétique lancent un appel vibrant, la portée de cet appel ne vibre pas de la même manière que celle d’un homme ordinaire. Sharansky, en défendant Israël, veille sur l’humanité. Ne pas écouter les veilleurs, c’est courir le risque de perdre, pour longtemps, une liberté et une identité, chèrement acquises par nos ancêtres. C’est pourquoi il faut diffuser les paroles et les écrits de Sharansky.

Nathan Sharansky est né en
Ukraine dans une famille juive. Il a étudié à l’université à Moscou. Il a travaillé pour le physicien dissident Andreï Sakharov. Il fut l’un des fondateurs du mouvement dissident Refuznik. En 1977, il est arrêté sans motif valable et condamné à 13 ans de travaux forcés. Il est envoyé en Sibérie au goulag Perm 35 où il effectue des travaux forcés pendant 9 ans. En 1986, il est échangé contre un espion soviétique. Sharansky immigre alors en Israël. Dans ce pays où il vit toujours, Sharansky a été Ministre de l'Industrie et du Commerce ; Ministre de l'Intérieur ; Chef de Cabinet du Premier ministre ; Ministre de la maison et de la construction ; et membre du Cabinet du Gouvernement de 2003 à 2005. Il démissionna du Gouvernement en 2005.

Aujourd'hui, Sharansky est à la tête du Centre d'études stratégiques au sein de l'Institut Shalem. Ci dessous, on trouvera des extraits, de l’interview, de Nathan Sharansky, effectuée par Laly Derai, pour Hamodia n° 17, édition du 20 février 2008 (« L'intégrisme est la conséquence de régimes religieusement modérés qui font souffrir le peuple »).

Sur la politique : « Je dis souvent que j'ai été ministre quatre fois, ai démissionné deux fois et que j'ai été emprisonné dans quatre prisons (ndlr au goulag en URSS) desquelles je n'ai jamais pu démissionner. C'est un privilège que de pouvoir démissionner (…) Nous croyons que la stratégie de l'Etat d'Israël et du monde entier doit être construite sur des valeurs et non pas sur des intérêts : ces valeurs sont la démocratie et la liberté, l'identité (…) Mon poste au sein de l'institut me convient tout à fait. J'agis certes dans l'ombre mais toujours de concert avec les vérités et les valeurs dans lesquelles je crois (…) Malheureusement, pour réussir en politique, il faut parfois s'asseoir à la table du gouvernement même si on s'oppose à ses décisions et prendre en compte différents facteurs qui ne sont pas uniquement basés sur les valeurs dans lesquelles on croit. J'en suis incapable ».

Sur Sharon et sur Bush : « Tout ce que j'avais prévu à cette époque (ndlr du retrait israélien de Gaza) est malheureusement en train de se réaliser (…) George Bush m'avait d'ailleurs dit une fois que les deux personnes les plus détestées sur terre étaient le général Sharon et lui. Bush l'a dit en riant mais Ariel Sharon ne riait plus de cette blague. Cette haine lui pesait. Je pense qu'il a voulu terminer sa vie politique sur une note de respect et non de haine ».

Sur Netanyahou : « Il me semble aujourd'hui que Binyamin Netanyahou peut facilement gagner ces élections (…) on critique beaucoup Bibi (ndlr Netanyahou) et (..) une partie de ces critiques est fondée. On condamne ses réformes économiques, mais se sont elles qui ont sauvé l'économie israélienne. Par ailleurs, j'estime qu'il a appris de ses erreurs et que les principes en lesquels il a toujours cru, comme la réciprocité dans les négociations israélo-palestiniennes, sont des principes justes et vrais. Certes, les Américains d'un côté et la presse de l'autre ne l'ont pas laissé appliquer ces principes sur le terrain. Certes, il lui a manqué parfois la stature nécessaire pour se battre pour ces valeurs. Mais on ne peut lui retirer le fait qu'il soit le politicien le plus réaliste qui agisse aujourd'hui sur l'échiquier politique. Il est vrai que j'ai beaucoup discuté avec Binyamin Netanyahou. Mais on ne juge pas un homme politique sur les discours qu'il tient mais sur les actes qu'il choisit d'accomplir. Parfois, il a cédé aux pressions américaines et médiatiques ».

Sur Lieberman : « La seule stratégie qu'ait élaboré Avigdor Lieberman a été d'inventer un nouveau ministère au sein du gouvernement Olmert. Ce portefeuille ne voulait rien dire et il n'était pas naturel. Lieberman a bien fait de quitter la coalition. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il y est entré. Toutes ses explications selon lesquelles il influencerait Ehoud Olmert de l'intérieur ne m'ont pas convaincu ».

Sur la démocratie dans le monde arabe : « La démocratie, c’est la tenue d'élections libres au sein d'une société libre (ndlr allusion à l’absence de liberté avec le régime de l’Autorité palestinienne). Le scrutin n'est qu'un point technique qui vient couronner tout un processus de réformes ayant pour but de créer une société libre dans laquelle les gens peuvent choisir parmi plusieurs options sans craindre pour leur vie. Cette société doit comprendre des institutions qui protègent l'individu et sa liberté d'expression, sa liberté économique, sa liberté de religion. Des élections au sein d'un Etat totalitaire ne mènent au contraire qu'au chaos (…) Six mois après que Bush ait parlé si fermement de la nécessité de réformes et de démocratie au sein de l'Autorité palestinienne, il imposa la tenue d'élections au sein de cette même autorité sous quelques mois, c'est-à-dire sans que la moindre réforme n'ait été mise en place (…) Lorsque l'on vous demande de choisir entre un leadership mafieux (…) qui procède à du racket et ne se soucie aucunement du bien-être de ses citoyens et le Hamas qui, au moins, a pris en charge les pauvres, leur distribue de l'argent et éduque leurs enfants, l'alternative est simple (ndlr élection du mouvement terroriste Hamas à Gaza). Et ce sont justement ces régimes soi-disant modérés et laïcs qui préparent le terrain en vue de la prise de pouvoir des fondamentalistes. De nos jours, la majorité des musulmans vivent dans des pays qui ne sont pas des pays fondamentalistes. L'intégrisme est la conséquence de régimes religieusement modérés qui font souffrir le peuple. Regardez ce qui se passe en Egypte. Moubarak est un dictateur qui se fera tôt ou tard remplacer par les Frères musulmans. Si l'on veut que l'intégrisme ne prenne pas le pouvoir en Egypte, ce n'est pas en renforçant le dictateur qu'est Moubarak que l'on réussira mais en prônant une véritable démocratie. Tant que le monde libre continuera de protéger Moubarak et de le considérer comme la seule option valable, il (ndlr le monde libre) ne pourra qu'être tenu responsable de la montée de l'intégrisme dans ce pays (…) Le monde libre fait une erreur en protégeant et en renforçant Abou Mazen (ndlr Mahmoud Abbas, chef de l’Autorité palestinienne) » © Hamodia. Le texte intégral a d’abord été aimablement communiqué par Laly Derai, auteur de l’interview sur Hamodia, à INFO SION. Ce même texte intégral a ensuite été aimablement adressé par Pierre Caïn, de INFO SION, à upjf.org. Enfin, le texte intégral a été mis en ligne le 25 février 2008, par Menahem Macina, sur le site upjf.org :
http://www.upjf.org/actualitees-upjf/article-13800-145-7-monde-libre-commet-tres-grave-erreur-en-soutenant-abou-mazen-abbas-nathan-charansky.html

Miguel Garroté, Journaliste

http://www.monde-info.blogspot.com

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