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mercredi 20 février 2008

LE SYNDROME DE PRISTINA


Le syndrome de Pristina


Miguel Garroté, Journaliste
http://www.monde-info.blogspot.com


L’indépendance unilatérale et autoproclamée du Kosovo, par le régime albanophone musulman de Pristina, dimanche 17 février, fait déjà couler passablement d’encre ; et pourrait faire couler un peu de sang. En Judée, en Samarie, en Europe centrale et orientale, ailleurs encore, les velléités d’indépendance unilatérales et autoproclamées ont déjà commencé. Je veux bien. Mais il va falloir assumer.

Aujourd’hui, mercredi 20 janvier, Yasser Abed Rabbo, membre du groupe palestinien de négociation, a déclaré, à l’agence de presse britannique Reuters, que si les Palestiniens ne parvenaient pas à un accord avec Israël, ils « pourraient considérer une déclaration d’indépendance comme l’a fait le Kosovo dimanche ».

Hier, mardi 19 février, Richard Jones, ambassadeur des USA en Israël (à ne pas confondre avec l’US Special Envoy dans la région, le Général James Jones), a fait allusion, au déploiement, d’une force multinationale, à priori de l’OTAN, en Judée et en Samarie, entre le moment du retrait israélien et jusqu’au moment où l’Autorité palestinienne pourra assurer la sécurité dans ces deux régions. L’ambassadeur américain a également prévu que cela prendrait plusieurs années avant qu’un plan de ce type ne soit mis en œuvre.

La question est de savoir, comment Israël pourrait riposter, à des attentats terroristes et à des lancements de roquettes, avec une force multinationale implantée dans cette région. Yaakov Katz donne de plus amples informations, sur ce thème, dans l’édition anglaise du Jerusalem Post, d’aujourd’hui mercredi 20 février.

A propos de conflits et de forces multinationales, il se trouve, justement, qu’hier, mercredi 19 février, la force multinationale de l’Otan au Kosovo, la KFOR (17’000 hommes de 35 pays), s’est redéployée, suite à des incidents, survenus à deux checkpoints, entre le nord du Kosovo à majorité serbe et la Serbie. Concrètement, quelques 1’000 Serbes ont saccagé deux checkpoints. De toute évidence, la nouvelle mission civile de l'Union européenne, dans l’Etat du Kosovo fraîchement autoproclamé, n’est pas gagnée d’avance. On rappellera, dans ce contexte, que les troupes de l'Otan (KFOR), sont présentes au Kosovo, depuis presque neuf ans.

Hier, la situation a confiné au chaos. Les policiers de l'Onu (MINUK) ont quitté l’un des deux checkpoints où ils se trouvaient et des troupes de la KFOR ont pris position sur la ligne frontalière. Les incidents sont survenus alors que le représentant de la diplomatie européenne, l’ineffable Javier Solana, champion des missions foireuses à Téhéran, se trouvait à Pristina, capitale du Kosovo. Les incidents aux checkpoints ont été provoqués par la rumeur comme quoi le drapeau du Kosovo allait être planté aux checkpoints.

Question : l’Union européenne est-elle prête à solliciter l’aide de l’Otan pour assurer sa mission civile au Kosovo (2’000 policiers, magistrats et administrateurs civils). A cette question, Solana répond qu’il est « trop tôt pour le dire »… Ineffable, vous dis-je.

Quelque 120’000 Serbes chrétiens vivent au Kosovo, tantôt enclavés, tantôt aux côtés, de deux millions de Kosovars albanophones musulmans. La sécession du Kosovo, quittant la Serbie, est vécue, comme une tragédie, par les Serbes chrétiens qui, jadis, étaient parvenus, à se libérer, de l’occupation ottomane (turque musulmane). Pour les Serbes chrétiens, c’est un retour de l’islam dans le foyer historique de la chrétienté serbe, retour par les armes, par la démographie et enfin, par la sécession. Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, perpétrés dans le passé, par les apparatchiks serbes rouges bruns, ne changent rien, au sentiment des Serbes dans le temps présent.

Dans le Figaro d’aujourd’hui, mercredi 20 février, Laure Mandeville énumère quelques cas de velléités indépendantistes : « La fragile Macédoine, dont la minorité albanaise vit à la limite du Kosovo et de l'Albanie ; la Bosnie, dont l'enclave des Serbes de Bosnie pourrait demander son rattachement à la Serbie (...) la partie nord du Kosovo, qui pourrait décider de formaliser la séparation de fait qui existe déjà entre la majorité kosovar et la région serbe de Mitrovica ».

Laure Mandeville poursuit : « La Roumanie, inquiète d'un réveil possible de sa minorité hongroise (...) l'avenir de l'enclave sécessionniste russophone de Transnistrie, qui paralyse la Moldavie (...) La république de Chypre, divisée depuis 1974 (...) La Slovaquie, la Bulgarie et la Grèce, qui ont aussi des problèmes de minorités (…) l'Espagne (…) a annoncé qu'elle ne reconnaîtrait pas le Kosovo indépendant, craignant un effet boomerang sur ses propres minorités basque et catalane (...) la Russie, toujours en lutte contre les séparatistes tchétchènes (...) la Géorgie, paralysée par les conflits abkhaze et sud-ossète ; le Sri Lanka, confronté à la rébellion des Tigres tamouls. Et bien sûr la Chine (…) obsédée par la question du Tibet, du Xinjiang musulman et de Taiwan ».

A la liste précitée, on pourrait ajouter l’Irak (Kurdes, sunnites, chiites), l’Iran (Perses, Arabes), le petit Liban (chrétiens, chiites, sunnites, Druzes) etc. Je note qu’il y a déjà chaos empirique en gestation au Kosovo, avec les soldats de l’Otan (KFOR), les policiers de l'Onu (MINUK) et la mission civile au Kosovo de l’Union européenne (j’ignore son nom, mais ce doit être du même acabit que KFOR, MINUK, Pétaouchnock, solananul et autres piègeàcon).

Je peux imaginer que pour les Israéliens, l’idée de confier la sécurité de la Judée et de la Samarie à l’Otan et/ou à l’Onu et/ou à l’Union européenne, dépendra, en grande partie, de l’échec ou du succès, au Kosovo, de la KFOR, de la MINUK et de la mission civile de l’Union européenne. J’ajoute que les forces de l’ONU au Sud-Liban, n’ont pas empêché, le renforcement, de la légion mercenaire et étrangère iranienne, je veux naturellement parler du mouvement terroriste Hezbollah.

Si vraiment l’histoire du 21ème siècle tend inexorablement vers l’indépendance unilatérale et autoproclamée, vers le sécessionnisme, il pourrait alors s’écouler quelques décennies, entre d’une part, le moment de l’indépendance unilatérale et autoproclamée ; et d’autre part, le moment de la stabilisation des nombreux micro-Etats issus de ces indépendances unilatérales et autoproclamées. Je n’ai rien contre. Je dis seulement qu’il y aura de la casse.

La question dans ce scénario reste de savoir, combien d’encre et combien de sang, vont couler, entre le jour de l’indépendance et le jour la stabilisation. Je doute que les populations concernées, puissent, dans ce cadre, compter, sur les flics et les troufions, de l’ONU et de l’Union européenne. Face au casque vert islamique, le casque bleu onusien fait figure de pot de terre ou de pot de chambre. Terre ou chambre, dans les deux cas, le résultat n’est pas sans effets collatéraux hautement désagréables. C’est le syndrome de Pristina.

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