FAUT-IL BRÛLER LES MEDIAS ?
Forcé de subir le règne du mensonge, chaque fois qu’on enclenche la télévision, qu’on allume la radio ou qu’on ouvre un journal, on a parfois envie de poser la question : faut-il brûler les médias ? Après tout, ne brûle-t-on pas les déchets ? Ce d’autant que le fonctionnement de certains médias, ressemble bien plus à celui d’un réseau douteux, qu’à celui d’une entreprise tel qu’on l’entend dans un Etat démocratique à économie libre.
Je prends un premier exemple. Le bilan pour l’exercice 2007 de l’Agence France Presse (AFP), annonce joyeusement un bénéfice net après impôts de 4,6 millions d’euros (1) et une marge d’exploitation de 18,9 millions d’euros, en augmentation de 40% par rapport à l’exercice 2006. Fort bien. Mais le business de l’AFP avec l’appareil administratif de l’Etat français s’est chiffré à 107,69 millions d’euros. Or, ce business, 107,69 millions d’euros, business de l’AFP avec l’appareil administratif de l’Etat français, représente 40% du chiffre d’affaires de l’agence. Je ne sais pas si le lecteur saisit l’énormité de cette farce. Je rappelle tout de même que l’appareil administratif de l’Etat français est financé par le contribuable. C’est un peu comme si Reuters vivait à 40% grâce à l’Etat britannique, la Deutsche Presse Agentur à 40% grâce à l’Etat allemand et Associated Press à 40% grâce à l’Etat américain. Pierre Louette, le PDG alouette de l’AFP compte sur une augmentation du business avec l’appareil administratif de l’Etat français de 2,5% par an et une aide « à l’investissement » (?) de la part de ce même Etat français de l’ordre de 20 millions d’euros. Allez, pourquoi lésiner ! En outre, le PDG Louette a eu l’extraordinaire toupet de proclamer qu’il est « très attaché à l’indépendance de l’agence ». C’est typiquement français. Non seulement on est subventionné de facto par la machine étatique ; mais de plus, on se gargarise, sans rougir, avec le soi-disant attachement à l’indépendance. J’ajoute, quant à moi, sauf votre respect, que les informations de l’AFP reprises, par exemple sur le Site de l’Express ce matin à propos des conditions de détention d’Ingrid Betancourt, et bien ces mêmes informations, puisées par votre serviteur à la source, figuraient déjà sur mon blog et sur leblogdrzz hier en milieu d’après-midi. Si les blogs ont 18 heures d’avance sur les dépêches d’agence reprises dans la presse, à quoi bon subventionner les agences et à quoi bon lire la presse…
Je prends un deuxième exemple. Selon un récent sondage (2), près de 80% des Français, soit quatre français sur cinq, estiment que la presse s'intéresse plus à l'accessoire qu'à l'essentiel. Une majorité des Français sondés, près de 60%, soit presque deux Français sur trois, estiment par exemple (3) que les médias ont attaché trop d'importance à l'incident sarkozyque survenu lors du Salon de l'Agriculture. Faites vous-même le test. Consultez les dépêches de l’AFP reprises sur le Site lexpress.fr . Non seulement ce Site nourri par l’AFP a 18 heures de retard sur nos blogs, mais en plus la moitié de ces dépêches AFP reprises sur lexpress.fr radotent à propos de bouffonneries qui n’ont rien à voir avec les véritables enjeux stratégiques de la planète.
Je prends un troisième exemple. Le nouveau big boss du groupe Le Monde, Eric Fottorino, raconte, dans L'Express (4) : « Nous avions (…) une gestion (…) trop politique. Moi, je voudrais vraiment instaurer la compétence et le talent (…) Mes choix seront fondés sur la compétence, pas sur les connivences et encore moins sur le sectarisme (...) Nous devons impérativement préserver notre indépendance. Il en va de notre image de marque et de notre crédit. (...) Le Monde ne sera jamais un journal populaire (…) Nous serons toujours dans une forme d'exigence et d'élitisme dans le bon sens du terme. Le Monde et les autres titres du groupe resteront des lieux où l'on donne à expliquer le monde ». Non, vous n’avez pas halluciné. Fottorino-nouveau-PDG-du-Monde a bien déclaré tout cela aux scribes de L’Express : « Le journal Le Monde est le lieu où l’on donne à expliquer le monde ». Avouez qu’il se la pète un max le Fottorino de service. Et en plus il se marche sur les roupettes. Car il avoue tout de même que jusqu’à il y a quelques jours seulement, son torchon puait, je cite, « les connivences et le sectarisme ». Donc, jusqu’à il y a quelques jours seulement, Le journal Le Monde n’était pas encore, je cite, « le lieu où l’on donne à expliquer le monde », puisqu’il était sectaire. Il faudrait rebaptiser « Le Monde ». Je trouve que « Le Fottorhinocéros » ce serait pas mal. En plus ça fait « élitiste dans le bon sens du terme », pas vrai ?
Je ne pense pas qu’il faille brûler les médias. Ce ne serait pas écologique. En revanche, il serait bon, que dans son journal préféré, le lecteur sélectionne et soutienne ses journalistes. Qu’il lise mes confrères Rioufol, Zemmour, del Valle et quelques-uns de la même trempe. Et qu’il ignore les autres, surtout les rhinocéros.
Miguel Garroté, Journaliste
http://www.monde-info.blogspot.com
(1) http://fr.novopress.info/?p=10740
(2) http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/OpinionWay-Le%20Figaro-LCI-Prez%20Politoscopie-s2-V19.pdf
(3) http://www.lefigaro.fr/politique/2008/02/28/01002-20080228ARTFIG00661-sondage-les-medias-juges-excessifs-contre-sarkozy.php
(4) http://www.lexpress.fr/info/economie/dossier/presse/dossier.asp?ida=466498&p=1
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