IRAN : fictions et réalités
Miguel Garroté
A en croire les médias, le récent rapport du renseignement américain sur le nucléaire militaire iranien, le U.S. National Intelligence Estimate (NIE) aurait révélé – uniquement révélé – que l’Iran des mollahs intégristes a interrompu son programme nucléaire militaire en 2003. Or, le U.S. National Intelligence Estimate (NIE) n’a pas révélé que cela.
Que s’est-il passé en 2003 ? En fait, l’Union européenne, a publiquement ouvert, les négociations diplomatiques, en vue de stopper le programme nucléaire militaire iranien, en 2003. A ce propos, le U.S. National Intelligence Estimate (NIE), admet, que l’arrêt du programme nucléaire militaire iranien, résulte, des pressions internationales, exercées, à cause des activités nucléaires militaires iraniennes clandestines.
L’Iran a développé, simultanément, un arsenal nucléaire militaire et des missiles Shihab pouvant transporter des têtes nucléaires de 700 kilogrammes sur une distance de 5000 à 10'000 kilomètres. Ces missiles sont sous le commandement des Gardiens de la Révolution islamique, qui rapportent au Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei ; et non pas au Président Ahmadinejad. Le nucléaire et la balistique sont aux ordres des mollahs intégristes qui veulent rayer Israël de la carte.
Le U.S. National Intelligence Estimate (NIE) révèle, au paragraphe C, que l’Iran a accompli des progrès significatifs en 2007 en matière d’installation de centrifugeuses dans le site nucléaire de Natanz. Sur cette base, le NIE, notamment aux paragraphes D, F et H, sous-entend, des informations, qui permettent de calculer, qu’en 2009, l’Iran sera techniquement capable, de produire, suffisamment d’uranium enrichi, pour une arme nucléaire.
Le NIE sous-entend, qu’à cet égard, la distinction entre programme nucléaire iranien civil et militaire reste purement artificielle. Le NIE sous-entend, que l’enrichissement d’uranium, utilisable à des fins civiles et/ou militaires, continue en Iran. Voilà ce que l’on peut déduire du NIE. Lorsque l’Iran disposera d’une quantité suffisante d’uranium, il lui faudra trois mois pour construire une bombe nucléaire. Cela nous renvoie à 2009. Nous sommes en 2008…
Le NIE a affaibli les sanctions internationales contre l’Iran. Le NIE a affaibli la Turquie et les pays sunnites modérés, qui étaient prêts, à bâtir une coalition, contre l’Iran. Aujourd’hui, l’Iran dispose de 3000 centrifugeuses. A l’origine, la technologie en matière de missiles a été fournie à l’Iran par la Corée du Nord.
Les dirigeants européens ont parfaitement capté toutes ces données, qui leur ont été présentées, par le Général israélien Aharon Ze'evi Farkash, Directeur du Renseignement militaire israélien, de 2001 à 2006 (1). Mais les dirigeants européens ont néanmoins répondu qu’ils avaient déjà vécu avec de telles menaces pendant la Guerre froide. Et les dirigeants européens ont ajouté que si l’Iran achève sa capacité nucléaire militaire, les USA et Israël résoudraient alors le problème. Intéressante, cette réflexion stratégique et poncepilatique, de la part de nos dirigeants européens, toujours aussi héroïques…
Peu après la publication du NIE, les médias n’ont rien dit des paragraphes C, D, F et H. Peu après la publication du NIE, la Russie et l’Iran sont parvenu à un accord sur le site nucléaire iranien à base de plutonium de Busher. Peu après la publication du NIE, la Chine et l’Iran ont signé un accord énergétique d’une valeur de 2,3 milliards de dollars. Peu après la publication du NIE, Ahmadinejad s’est rendu dans son principal pays rival, l’Arabie saoudite. Peu après la publication du NIE, les relations entre l’Iran et l’Egypte se sont développées, pour la première fois depuis trente ans.
Résumons et concluons. Les dirigeants européens ont parfaitement capté toutes ces données. Mais ils ont ajouté que si l’Iran achève sa capacité nucléaire militaire, les USA et Israël résoudraient alors le problème. En attendant, la Russie, la Chine et l’Iran, renforcent leur coopération dans tous les domaines. Et l’Iran marque des points, y compris en Arabie saoudite et en Egypte. Peu après la publication du NIE, les médias ont fait comme si l’Iran des mollahs intégristes avait interrompu son programme nucléaire militaire en 2003 et rien d’autre. De ce fait, il est difficile pour Bush de donner l’ordre de bombarder les sites de Natanz et de Busher. Et par conséquent, Israël n’a qu'à se débrouiller tout seul pour régler cette affaire. A cause du NIE, rapport éminemment politique, visant à dédouaner, le renseignement américain. Et à cause des dirigeants européens, poncepilatiques à souhait.
(1) Général Aharon Ze'evi Farkash, Directeur du Renseignement militaire israélien de 2001 à 2006, “An Israeli Perspective on the U.S. National Intelligence Estimate”, Jerusalem Issue Brief, January 9, 2008, Vol. 7, No. 28, Institute for Contemporary Affairs.
http://www.jcpa.org .
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