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mercredi 14 novembre 2007

Philo-sioniste, néoconservateur et catholique


Philo-sioniste, néoconservateur et catholique.
Entretien : ce que je crois.

Danielle Bonvin, enseignante – Tes lectrices et tes lecteurs apprécient tes analyses, tes investigations. En revanche, ils ne saisissent pas forcément toujours pour quelle raison tu es néoconservateur, catholique et philo-sioniste. Mais commençons peut-être par le début. En avril 2007, après des années de journalisme et deux livres diffusés, tu es passé de la presse écrite classique à la presse écrite sur des sites Internet et sur des blogues Internet, notamment sur monde-info, drzz, rebelles-info et juif.org. Pourquoi ?

Miguel Garroté – Parce que les sites et les blogues Internet sont des espaces de liberté. Parce que les sites et les blogues Internet peuvent, comme les agences de presse, diffuser des informations instantanées en temps réel. Parce que dans le monde francophone, de plus en plus de personnes, y compris des journalistes, des écrivains et des universitaires, ont recours aux sites et aux blogues. De plus en plus de personnes y ont recours parce que les médias francophones, presse, radio et télévision, à l’inverse des médias américains et britanniques, exercent l’autocensure, au nom du politiquement correct et de la pensée unique. Dernier exemple en date : l’interview de PPDA avec Bush. Le premier pose des questions imbéciles. Le second donne des réponses simples et concrètes. Il y a vingt ans, Louis Pauwels, Rédacteur en Chef du Figaro Magazine, s’inquiétait, déjà, de la dictature croissante de la pensée unique. Les sites et les blogues Internet sont la réponse actuelle à cette dictature anesthésiante de l’esprit, à ce politiquement correct, à cette pensée unique.


DB – Depuis quand es-tu néoconservateur ?

MG – Depuis pas si longtemps que cela. Je suis attaché à un idéal ne transigeant pas sur les valeurs judéo-chrétiennes, un idéal qui demande au moins le respect de ces valeurs, dans une économie libre de marché et dans une société libre et démocratique. Le néoconservatisme, c’est l’amour de la liberté, de la démocratie, le choix d’une économie libérale, le soutien à Israël, la vigilance à l’égard de l’islamisme, l’amitié pour les USA et la conscience que depuis le 11 septembre 2001 nous sommes en guerre. Pour moi, le néoconservatisme est un espace politique ouvert. Il peut rassembler des personnes aussi variées que Guy Milliere, David Bescond, Alexandre del Valle, Laurent Murawiec et Ivan Rioufol et moi-même. La preuve : nous écrivons tous sur rebelles.info dans le respect mutuel. Maintenant, j’aimerais être encore plus concret. Il se trouve que nous pouvons, dans les pays occidentaux, passer pas mal de frontières avec une petite carte en plastique. On appelle cela une carte d’identité. Je veux contribuer à maintenir cela. Je ne veux pas que les jeunes qui lisent nos articles, notamment sur drzz, rebelles-info, juif.org. et monde-info se retrouvent, un jour, dans une société protectionniste, nationaliste, fermée et policée. Le patriotisme oui. Le nationalisme nostalgique et paranoïaque non. A l’époque de Ronald Reagan, j’étais encore sous l’influence de l’antiaméricanisme véhiculé dans les pays francophones. Plus tard, j’ai réalisé, mieux vaut tard que jamais, que ce que Reagan proposait jadis et que Bush tente de maintenir vivant aujourd’hui, c’est, justement, ce en quoi je crois depuis longtemps. Il se trouve qu’en termes politiques, on nomme cela le néoconservatisme. Il est vrai qu’en Europe, c’est politiquement très incorrect, de s’afficher néoconservateur. Sous prétexte de ne pas s’aligner sur les USA – personne ne sollicite un tel alignement – sous ce prétexte, l’Europe risque de verser dans l’extrémisme de gauche comme de droite. Un extrémisme antiaméricain, antisioniste et antichrétien. Pour les Juifs et les chrétiens, pour les femmes et les hommes libres, ce serait une catastrophe. Ce n’est pas parce que le néoconservatisme est né aux USA qu’il faut l’exclure d’office en Europe. Les fondateurs américains du néoconservatisme, soit dit en passant, sont de culture et d’origine européenne.


DB – Depuis quand et en quoi es-tu catholique ?

MG – Catholique veut dire universel, c’est à dire, attaché à Dieu qui s'étend à tout, qui s'étend partout. J’ai vécu, tant à la maison qu’à l’école et à l’université, dans l’athéisme anticlérical jusqu’à l’âge de 27 ans. Je me suis converti à Jérusalem, en 1983, sans faire exprès, non pas lors d’un pèlerinage, mais lors d’un voyage en relation avec mon activité. Pour moi, le catholicisme en 2007 se vit dans la prière silencieuse que l’on fait et dans le métier que l’on exerce. C’est une foi intérieure. Les catholiques d’aujourd’hui, nous ne sommes pas en position de force. Nous avons peu de pouvoir temporel. Alors contentons-nous d’être des témoins. Le monde va mal. Il a besoin d’unité. Si quelqu’un veut faire du prosélytisme et de l’évangélisation, je l’invite à prier et à exercer son métier. Les grands discours, cela ne marche qu’un certain temps. Après, les gens se lassent et repartent déçus. Et si nous voulons de l’œcuménisme, je propose de commencer avec les Juifs, plutôt que de nous planter avec les musulmans, dans de creux bavardages. Actuellement, l’islam n’est pas disposé au dialogue. La réaction hystérique aux propos – pourtant purement historiques – de Benoît XVI à l’université de Ratisbonne en témoigne. Cela m’est égal qu’il y ait plus d’un milliard de musulmans et seulement quelques millions de Juifs sur terre. Ce n’est pas un motif suffisant pour privilégier le dialogue avec l’islam au détriment du dialogue avec le judaïsme. Dans le moyen et long terme, c’est l’amitié judéo-chrétienne qui fera rempart aux islamistes, au Hamas, au Hezbollah, à Al-Qaïda, à Ahmadinejad. Ménager l’islam radical, c’est un calcul à court terme. Un calcul qui nous créera que des ennuis.


DB – Qu’est-ce qui fait de toi un catholique philo-sioniste ?

MG – Etre philo-sioniste, c’est reconnaître, pour nos frères aînés, les Juifs, un Etat hébreu dans des frontières réellement défendables. Le philo-sionisme catholique et le sionisme juif, c’est surtout cela. A entendre les champions de la pensée unique, le philo-sionisme catholique et le sionisme juif, ce serait du racisme et de l’impérialisme. Quelle débilité ! Regardez la carte du Proche et du Moyen Orient, relisez l’histoire du Proche et du Moyen Orient. Dites-moi au nom de quoi, il faut, maintenant, dans le climat de haine qui pollue actuellement le monde musulman, donner, au plus vite, la Judée Samarie aux Palestiniens ? Est-ce cela, un Etat juif dans des frontières réellement défendables ?


DB – Se déclarer philo-sioniste dans le climat européen actuel, n’est-ce pas s’attirer des ennemis ?

MG – Bien. Je vais être très clair. Déjà le philosophe catholique français Jacques Maritain (1882-1973), s’attira des ennemis, lorsqu’il se déclara amis des Juifs, ami d’Israël, lorsqu’il épousa une Juive, lorsqu’il passa, lui, le Français, quelques années à New York. S’attirer des ennemis n’est pas un problème. L’important c’est d’agir en conscience. Bien sûr que mes articles déclenchent, parfois, des réactions incroyablement haineuses et racistes. Pourtant, je le répète, le philo-sionisme catholique et le sionisme juif, c’est simplement, selon moi, reconnaître, pour nos frères aînés, les Juifs, un Etat hébreu dans des frontières réellement défendables. Je m’étonne qu’une demande aussi élémentaire puisse déclencher un antisionisme à ce point hystérique et haineux. Je m’étonne que dans un espace aussi vaste que le Proche et le Moyen Orient, il faille, à tout prix et au plus vite, créer un Etat palestinien en Judée Samarie (le terme Cisjordanie ne veut rien dire historiquement et s’il veut dire quelque chose, c’est plutôt à la Jordanie qu’à la Palestine qu’il fait penser. Non ?). Pour moi la situation est très claire. L’antisionisme est un antisémitisme nouveau et extrême. Il est tout de même incroyable que l’antisionisme ne soit pas passible de poursuites pour racisme. Mais qu’en revanche, le moindre propos critique à l’égard de l’islam puisse entraîner des poursuites pour propos racistes. J’ai suffisamment fréquenté, à une période de ma vie, les milieux antisionistes, pour savoir, à quel point, ces milieux ont la bave aux lèvres. L’antisionisme est une idéologie haineuse qui se drape dans la soi-disant défense des droits de l’homme. Si le monde occidental n’est plus antisémite, pourquoi ne le prouve-t-il pas dans ses actes ? C’est facile, de faire mémoire de la Shoah, tout en refusant aux Juifs, une terre, un peu plus conséquente, que la ridicule portion de territoire, dont ils disposent actuellement au Proche Orient. La ville israélienne de Netanya, sur la Méditerranée, est à 12 km de la ville arabe de Tulkarem, donc à portée de roquettes palestiniennes. Israël s’est retiré du Sinaï. Israël s’est retiré du Sud-Liban. Israël s’est retiré de la Bande de Gaza. Résultat : le Sinaï est un lieu de transit pour les armes qui finissent à Gaza. La Bande de Gaza est une république islamique, le Hamastan. Le Sud-Liban est une enclave iranienne dominée par l’armée du Hezbollah. La Judée Samarie, dite Cisjordanie, est dominée par des milices armées claniques, par le Hamas et par le Fatah. L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas en Judée Samarie, concrètement, sur le terrain, c’est du pipeau. Mes confrères journalistes le savent pertinemment. En conclusion, l’Europe vit dans le mensonge. L’Europe fait la part belle aux milieux islamiques. L’Europe le paiera très cher.

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