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vendredi 21 septembre 2007

catholique sioniste (suite & fin)


Un catholique peut-il être sioniste ?
(troisième et dernière partie)

Michel Garroté, journaliste
http://monde-info.blogspot.com

Je publie ci-après la troisième et dernière partie de mon article intitulé « Un catholique peut-il être sioniste ? », article dont la première partie est parue sur ce blog le 14 septembre dernier et la deuxième partie le 18 septembre dernier.

Un journaliste catholique m’a très récemment partagé la réflexion suivante : « Catholique veut dire universel. Le sionisme, ce n’est pas vraiment cela. Sauf si vous le traduisez par patriotisme israélien. Mais en Israël, la définition ou plutôt l’application qui est faite du sionisme est souvent beaucoup plus restreinte que cette acception. Et certains Israéliens donnent même au sionisme les contours géographiques rigides de l’Ancien Testament. Avec les conséquences que l’on sait... A part cela, je considère que les Juifs sont nos frères, j’ai des amis en Israël et, comme chrétien, je suis naturellement opposé à toute forme d’antisémitisme. N’oublions jamais que nos racines spirituelles plongent jusque dans l’Ancien Testament ! ».

J’aimerais revenir, sans porter le moindre jugement, sur l’extrait suivant de la citation mentionnée plus haut : « les contours géographiques rigides (...) avec les conséquences que l’on sait ». Car je crois, en effet, que le dialogue judéo-chrétien achoppe régulièrement sur ce point. A vrai dire, ni les juifs, ni les chrétiens, ont une définition unanime du mot « sionisme » et de ses contours géographiques.

Dans le jargon politico-médiatique, le mot « sionisme » a une connotation terriblement péjorative. Cela tient notamment au fait que, depuis des décennies, la définition marxiste et la définition islamiste du mot « sionisme » a été adoptée par la quasi totalité de la classe politico-médiatique européenne. Or, cette définition marxiste et islamiste du sionisme est un produit dérivé de l’expression « entité sioniste », expression négationniste disqualifiant l’Etat d’Israël. Autrement dit, le dialogue judéo-chrétien sur la légitimité du sionisme est torpillé, sur ses bases mêmes, par l’adoption inopportune d’une terminologie ni juive, ni chrétienne, mais marxiste et islamiste.

En ce qui me concerne, le sionisme juif et le philo-sionisme chrétien, de façon très concrète et très géographique justement, c’est la viabilité de l’Etat d’Israël dans un espace qui rend possible cette viabilité. Or, les frontières actuelles d’Israël, aucune nation démocratique au monde n’accepterait de s’en contenter. Entre les Katioucha du Hezbollah qui pleuvent sur le nord d’Israël et les Qassam du Hamas qui pleuvent sur le sud d’Israël, sans parler des ridicules 12 km qui séparent Netanya, en Israël, de Tulkarem, en Cisjordanie, la démocratie israélienne est la démocratie la moins viable de la planète. Dans les frontières d’Israël fixées par l’ONU il y a plusieurs décennies, la viabilité à long terme de l’Etat hébreu est inexistante parce que géographiquement impossible à concrétiser, dans un environnement musulman foncièrement hostile, pour ne pas dire génocidaire.

J’aimerais encore ajouter – ce sera mon seul témoignage – que je me suis rendu en Israël à trois reprises et qu’avant cela, j’ai été, pendant des années, un supporter inconditionnel et servile de l’OLP. La première fois, j’ai été en Israël en avril 1983, la deuxième en novembre 1989 et la troisième en juin 1997. En 1983, je fis la connaissance d’Ovadia Soffer, ambassadeur d’Israël auprès du siège européen de l’ONU, à Genève, puis de deux historiens israéliens, Bat Yeor, d’origine juive égyptienne et son époux, David Litman, d’origine juive anglaise. En 1983, en Israël, je rencontrais Asher Naïm, d’origine juive libyenne, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères et Shlomo Bino, d’origine juive irakienne, directeur pour le Moyen-Orient au même ministère. Je suis arrivé à Jérusalem, en 1983, complètement athée. J’en suis reparti croyant. En 1989, j’ai surtout parcouru Jérusalem-est (principalement son secteur arabe), Nazareth et les villes palestiniennes de la Judée-Samarie (Cisjordanie). En 1997, je me suis notamment rendu à Tel-Aviv, Jérusalem, Bethléem, Jéricho, Ramallah et Nazareth. Par ailleurs, je me suis rendu, en d’autres occasions, en Syrie, en Jordanie, au Liban, en Turquie et au Maroc.

Pour moi, la situation s’est éclaircie d’une part, suite à une rencontre interreligieuse avec notamment l’Israélien Ruben Berger et Mgr Joseph Roduit, à l’abbaye de Saint-Maurice (Suisse) ; et d’autre part, depuis que je suis en lien avec la communauté catholique philosémite des Béatitudes, notamment sa Maison Saint-Joseph (Suisse). Je dis que pour moi, la situation s’est éclaircie, dans le sens que la négation d’Israël entraîne, naturellement, la négation de l’Eglise catholique en particulier et du christianisme en général. En effet, les conditions de vie déplorables des chrétiens orientaux en terre d’islam ont pour corollaire la volonté de détruire « l’entité sioniste », Israël. De même, si Israël redevenait une terre majoritairement musulmane, les conditions de vie des chrétiens orientaux seraient encore pires. Concrètement, les dirigeants des pays musulmans ne reconnaissent ni l’Etat d’Israël, ni la liberté religieuse des chrétiens orientaux en terre d’islam et ces deux refus participent d’une même idéologie. C’est pourtant l’inverse qu’une certaine classe politico-médiatique essaye de nous faire avaler, à savoir : céder beaucoup sur la Palestine, c’est beaucoup améliorer nos relations avec les dirigeants des pays musulmans. Il est vrai que nous aimons, aussi, beaucoup, le pétrole…

Le Proche Orient est un vaste territoire. Entre Israël, la bande de Gaza, la Judée-Samarie (Cisjordanie), la Jordanie et la partie orientale du Sinaï, il y aurait très largement la place pour deux peuples, Israéliens et Palestiniens, sans pour autant déplacer d’autres peuples. Le problème n’est pas le manque d’espace. Le problème est le manque de reconnaissance effective envers l’Etat d’Israël. Je reviendrai plus en détail sur le volet palestinien à une prochaine occasion (pour mémoire, j’ai déjà abordé le sujet sur ce blog, notamment dans l’article intitulé « Palestiniens : mise au point », mis en ligne le mardi 29 mai 2007).

J’ai essayé, dans la première et la deuxième partie de cet article, de partager à mes lecteurs certains auteurs catholiques philo-sionistes (philo-sémites, sémitophiles, bref, peu importe le terme), dont, bien sûr, Jacques Maritain. Pour conclure cette troisième et dernière partie de mon article, j’aimerais citer deux catholiques d’une période historique plus récente que celle de Jacques Maritain, à savoir d’une part, Frère Ephraïm (« Jésus, Juif pratiquant », Fayard, 1987) ; et d’autre part, le Père Etienne Richer (« Aimer Israël: pourquoi ? », Pneumathèque, Éditions des Béatitudes, 1995). J’achève ici cette petite trilogie sur le catholicisme et le philo-sionisme. J’ai fait ce que j’ai pu. C’est une pierre minuscule dans un édifice en devenir. Pour la suite, je ne peux que m’en remettre à Dieu, seul Maître de l’impossible.

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