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mercredi 11 avril 2012

Syrie - Serait-ce donc l’Iran qui dirige l’ONU désormais ?

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Photo : Mahmoud Ahmadinejad.
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Michel Garroté – L'émissaire de la Ligue Arabe et de l’ONU, Kofi Annan, affirme, aujourd’hui, mercredi 11 avril 2012, que l'Iran peut être partie prenante pour résoudre la crise en Syrie, alors que les violences se poursuivent sur le terrain. « L'Iran, étant donné ses relations particulières avec la Syrie, peut être partie prenante de la solution », pense Kofi Annan. « La situation géopolitique de la Syrie est telle que tout mauvais calcul ou erreur pourrait avoir des conséquences inimaginables », affirme Kofi Annan depuis Téhéran. La théocratie intégriste iranienne est le principal allié de la Syrie et Kofi Annan s'est rendu, un peu naïvement, en Iran, afin d’obtenir, sans succès, le soutien des Iraniens au plan de l’ONU et de la Ligue Arabe, plan sensé mettre fin à la guerre en Syrie.
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Syrie :
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Assad a eu le culot de déclarer : « M. Annan n'a pas non plus présenté d'engagements écrits des gouvernements du Qatar, de l'Arabie saoudite et de la Turquie sur l'arrêt de leur financement des groupes terroristes »… Cette allégation du clan Assad est éclairante : il considère, comme seuls interlocuteurs valables (et seuls adversaires crédibles), le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie. L’ONU, il s’en moque. La Ligue Arabe aussi, il s’en moque. Le clan Assad, alaouite et donc chiite, allié de l’Iran chiite, considère comme seuls interlocuteurs valables (et seuls adversaires crédibles), les dirigeants sunnites qatari, saoudiens et turcs.
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Des chars de l'armée syrienne se sont déployés, aujourd’hui, mercredi 11 avril, à Maarba, dans la province de Deraa, berceau de la contestation dans le sud de la Syrie. Des explosions et des tirs à l'arme lourde étaient entendus dans plusieurs villes de cette province. Des civils ont été tués dans la province de Deir Ezzor lors de perquisitions des forces gouvernementales. Des hélicoptères militaires survolaient également plusieurs villes du pays, y compris au-dessus de Dmeir, à 40 kilomètres seulement de Damas, la capitale. Des bombardements étaient aussi rapportés sur plusieurs quartiers de Homs, entre autres celui de Khaldiyé.
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Les déclarations faites aujourd’hui par Kofi Annan sont très révélatrices des véritables intentions de l’ONU et de la Ligue Arabe dans la région. En effet, Kofi Annan dit : « La situation géopolitique de la Syrie est telle que tout mauvais calcul ou erreur pourrait avoir des conséquences inimaginables ». Kofi Annan dit cela à Téhéran aux côtés d’un membre de la théocratie iranienne. Autrement dit, Kofi Annan et avec lui l’ONU ainsi que la Ligue Arabe nous disent clairement que si nous ne faisons pas, plus ou moins, ce que veulent les Iraniens, alors, je cite, cela « pourrait avoir des conséquences inimaginables ».
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Pourquoi ? Parce que, je cite, « la situation géopolitique de la Syrie est telle » qu’il faut impérativement éviter « tout mauvais calcul ou erreur ». Sinon, l’Iran et la Syrie vont mener une offensive régionale et mondiale, je cite, aux « conséquences inimaginables ». C’est d’ailleurs ce qu’Assad avait déjà annoncé, à diverses reprises, auparavant. En clair, si l’ONU ne se plie pas à la volonté des Iraniens, alors l’Iran, la Syrie et le Hezbollah mettront le monde à feu et à sang. Serait-ce donc l’Iran qui dirige l’ONU désormais ?
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Hezbollah :
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Pour ce qui concerne le Hezbollah, il est vrai que celui-ci, plus que jamais, en sa qualité de légion mercenaire, de mouvement terroriste libanais, téléguidé par la dictature alaouite syrienne, et, surtout, téléguidé par les mollahs intégristes iraniens, plus que jamais, écrivais-je, le Hezbollah consolide, via la terreur et les assassinats, son mini-Etat, implanté au Liban. Plus que jamais, la légion mercenaire du Hezbollah pratique le terrorisme, sous le regard indifférent l’armée libanaise ; et sous le regard indifférent des Casques bleus de la Finul. Aucun Etat-membre de l’Union Européenne, ne tolèrerait, sur son propre territoire, une violation, aussi énorme et systématique, de sa propre Constitution, du Droit international public et du Droit humanitaire.
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En termes géostratégiques, en termes de légitime défense et en termes de droit, il serait donc non seulement légitime, mais urgent, de traiter – enfin – le Hezbollah comme une cible. Autrement dit, d’un point de vue géostratégique et juridique, il serait temps d’anéantir, l’énorme arsenal – militaire et balistique – du Hezbollah. A cet égard, les derniers évènements survenus au Liban, ne font que conforter, la thèse de l’anéantissement physique, du rouleau compresseur utilisé par le Hezbollah. Certes, Israël peut charger ses forces aériennes d’accomplir cette salutaire besogne.
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Mais ne serait-il pas plus juste, que, pour une fois, des Etats-membres de l’OTAN (pas nécessairement le Commandement de l’OTAN et certainement pas la Turquie, encore membre, pour l’instant, de cette même OTAN) s’en chargent eux-mêmes ? Ne serait-il pas plus juste, que des navires de guerres occidentaux envoyés au large du Liban se chargent de pilonner à coups de missiles l’arsenal du Hezbollah ? Après tout, les navires de guerre russes ne se gênent pas pour mouiller dans le port syrien de Tartous afin de soutenir le pouvoir syrien. L’armée turque ne se gêne pas pour soutenir l’opposition syrienne dans le nord syrien.
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Pendant que la Russie et la Turquie se disputent leur hégémonisme sur la Syrie, pourquoi ne pas en profiter pour liquider le Hezbollah, et, pour rétablir l’ordre légal au Liban, ce qui mettrait, une bonne fois pour toutes, les Chrétiens Libanais et les Juifs Israéliens à l’abri de la menace – létale et existentielle – qu’est pour eux le Hezbollah ? Si, en contrepartie, l’OTAN laisse la Syrie morcelée entre les mains de la Turquie et de la Russie, en quoi cela nous concerne-t-il ? Du moment que la sécurité des Chrétiens Libanais (y compris au Sud-Liban) et des Juifs Israéliens (y compris sur le plateau du Golan) est garantie, en quoi le conflit syrien nous intéresse-t-il ?
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Iran :
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A moins que l’on choisisse de frapper en premier, non pas le Hezbollah et/ou la Syrie, mais en premier l’Iran. « Une intervention militaire en Iran ou en Syrie risquerait de plonger le monde dans une nouvelle crise économique », racontait, en février dernier, l'ambassadeur russe auprès de l'Onu, Vitali Tchourkine. « Ce serait insensé », avait déclaré Tchourkine à la question de savoir si « les problèmes économiques des pays occidentaux pourraient les pousser à amorcer un conflit majeur au Proche Orient » (question qui ressemble à une affirmation tendancieuse et orientée). « Les Américains sont heureux d'avoir quitté l'Irak, mais la situation y reste très fragile, de graves problèmes persistent en Afghanistan. En outre, ils portent la responsabilité de la stabilisation de la Libye et l'on est toujours loin d'atteindre cet objectif », avait déclaré M.Tchourkine. « C'est pourquoi je préfère croire que nos partenaires occidentaux ont une vision lucide de la situation et n'entreprendront pas de démarches susceptibles de porter atteinte à leurs propres intérêts », avait ajouté Tchourkine.
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Si j’ai bien compris, ce diplomate russe savait ce qui est dans l'intérêt des "partenaires occidentaux" et il leur conseille de devenir "lucides". Pour ce qui me concerne, j'ai toujours écrit que le conflit syrien opposait deux clans : le clan des alaouites au pouvoir ; et les islamistes sunnites. Autrement dit, le conflit syrien oppose une dictature laïque alaouite à une opposition sunnite fondamentaliste. Le régime syrien bombarde la ville syrienne sunnite de Homs, jour et nuit ? Mais ce même régime syrien avait bombardé le secteur chrétien de la capitale libanaise, Beyrouth, jour et nuit, pendant quinze ans !
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Cela dit, la question demeure : intervenir en Syrie pour quoi faire ? Pour faciliter l'accès au pouvoir de sunnites intégristes, comme en Egypte, en Libye et en Tunisie ? La priorité, n'est-ce pas de cibler le nucléaire offensif iranien. Je ne vois pas en quoi la neutralisation du nucléaire létal iranien aggraverait la crise économique occidentale et/ou l'instabilité au Proche et au Moyen Orient. Au contraire, la fin de la bombe iranienne serait le début d'une redistribution des cartes dans la région. Car en effet, à quoi bon frapper le régime syrien, le Hezbollah et le Hamas, si l'on ne frappe pas d'abord le serpent à la tête, qui elle, se trouve à Téhéran ?
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A cet égard, je suis heureux que les Nations européennes prennent volontiers la défense, à titre posthume, des six millions de Juifs exterminés entre 1939 et 1945 ; mais je regrette que ces mêmes Nations européennes ne prennent presque jamais la défense des Juifs vivants (sauf celle des « juifs alterjuifs » et des « juifs antijuifs »), et, surtout pas, la défense des Juifs vivant en Israël. Bien au contraire, les Nations européennes prennent la défense des pires ennemis du peuple juif israélien. Les Nations européennes, accordent, aux pires ennemis du peuple juif israélien, une tribune médiatique et un statut diplomatique, qui permettent, à ces ennemis d’Israël, de diffuser, à l’échelle planétaire, une idéologie de mort et une culture de mort qui appellent à « rayer Israël de la carte » et à « effacer Israël de la page du temps ». Ce qui revient à rayer Israël de la carte géographique en réduisant Israël en cendres. Et ce qui revient à gommer, pour toujours, Israël, des pages des livres d’histoire. Pour les Juifs en Israël la menace est donc existentielle. Pour les Juifs en diaspora, la menace semble moins existentielle. Mais cette menace, est-elle vraiment moins existentielle, pour les Juifs en diaspora, qu’elle l’est, pour les Juifs en Israël ? Je n’en suis plus tout à fait certain.
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