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vendredi 24 juin 2011

En France l’antisémitisme vient souvent de l’extrême-gauche - M. Garroté

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« Il y a de l’antisémitisme en France, mais il ne vient pas tellement de l’extrême droite. Il vient souvent de l’extrême gauche et des mouvements anti-israéliens », a informé, il y a peu, avec une lucidité, Richard Prasquier, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France ; cette clarté est tout à son honneur. Richard Prasquier déplore le fait que la jeune génération française de gauche soit plus éloignée d’Israël que dans le passé et qu’elle soit plus ouverte au discours de l’extrême gauche.
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« La question de l’avenir du peuple juif en Europe est éternelle : pour moi ce n’est pas fini. Nous ne devons jamais arrêter le combat », a déclaré, il y peu, le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, Richard Prasquier. « La France est l’un des seuls pays au monde où le nombre de Juifs a augmenté depuis la fin de la Shoah », a-t-il ajouté.
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« Avant la guerre il y avait 9 millions de Juifs en Europe, aujourd’hui il n’y en a plus que 2 millions. L’arrivée des Juifs séfarades a sauvé la communauté juive de France ». Sur la politique française, Richard Prasquier a déploré le fait que « Pascal Boniface ait conseillé en 2002 au parti Socialiste de ne pas se soucier des Juifs parce qu’ils ne sont pas assez nombreux en France par rapport aux Musulmans ».
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Voilà pour les récentes déclarations de Richard Prasquier.
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Quant à moi, j’aimerais ajouter qu’une partie des Juifs de France n’a pas encore saisi la gravité de l’antisémitisme – ou plutôt de la judéophobie – qui s’emparent de l’Hexagone (les innombrables horreurs sur Internet en témoignent…). Même si un certain nombre de Juifs, en France, ont saisi – et démontré – cette gravité, tels par exemple Michel Gurfinkiel, Philippe Karsenty, Gilles William Goldnadel, Binyamin Benhamou avec les FDII, les membres de l’Association Europe-Israël et d’autres encore). Je me souviens avoir regardé, le jeudi 30 avril 2009, sur la chaîne télévisée Planète, un documentaire exceptionnel d'Yves Jeuland, documentaire sur l’histoire des Juifs en France au 19e, au 20e et au début du 21e siècles (1).
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Mathieu Amalric avait prêté sa voix à ce documentaire d'Yves Jeuland, documentaire qui avait été diffusé, en deux parties, sur Planète, en 2009, sous le titre « Comme un juif en France » (1- « De l’affaire Dreyfus à Vichy » ; 2- « De la Libération à nos jours »).
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Dans ce documentaire, on apprenait comment, dès 1944, les survivants de la Shoah, revenus en France, tentaient « d'oublier » leur cauchemar pour retrouver une vie « normale ». En 1962, des centaines de milliers de rapatriés d'Algérie arrivaient en métropole, y compris des Juifs d’Algérie (Oran, Constantine et Alger). Puis, des Juifs du Maroc, de Tunisie et d'Egypte. En 1967, Israël était menacé de disparition par les pays arabo-musulmans.
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En effet, l’année 1967, le dictateur égyptien Nasser voulait « jeter les Juifs à la mer ». En l’espace d’une seule et unique génération, les Juifs étaient ainsi menacés une deuxième fois d’extermination, quelques vingt ans seulement après la Shoah. En 1967, le monde entier avait retenu son souffle. Mais Israël, avec des armes peu performantes (en comparaison des armes actuelles) et avec trois fois moins de soldats que les Arabes, Israël remporte la guerre de 1967 en six jours. Et les Juifs, y compris les Juifs rescapés de la Shoah ne seront donc pas « jetés à la mer ».
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Dans les années 1990 – soit cinquante ans après les collabos capitulards de Vichy et leur idolâtre bouffonnerie pétainiste – la France reconnaissait, enfin, sa co-responsabilité dans la Shoah. Et aujourd’hui, en ce début de 21e siècle, presque personne ne semble réaliser qu’en France et ailleurs, un nouvel antisémitisme, une forme de judéophobie, se développe toujours plus, dans l’indifférence quasi générale. Il est, à nouveau, question de « rayer Israël de la carte » (dixit 99% du monde musulman) et les Juifs sont – une fois encore – jugés « responsables » de la crise financière. Dans ce contexte, le monde depuis 2009 ressemble, à 1929 pour la crise, à 1939 pour l’imminence de la guerre, et les choses ne se semblent guère s’arranger.
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Voilà donc, en quelques paragraphes, le court compte-rendu de ce film documentaire intitulé « Comme un juif en France ». Maintenant, venons en aux faits qui nous préoccupent dans le temps présent. Souvenons-nous de l’affaire Ilan Halimi, ou plutôt, devrais-je écrire, l’affaire Youssouf Fofana avec le « gang des barbares », affaire « résumée », par l’AFP, dans une dépêche que l’on avait pu lire sur juif.org (2). Sans entrer ici dans le détail des personnes, j’ai su, en 2009, de source sûre, que l’épisode 2009 de ce procès, à huis clos, s’était déroulé dans des conditions tout simplement scandaleuses.
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En fait, ce que j’aimerais simplement dire, c’est que j’ai pris acte du fait que pour la génération de Robert Badinter et de Théo Klein, ce sont la déclaration universelle des droits de l’homme, issue de la révolution française, et, la laïcité républicaine, qui garantissaient, aux Juifs Français, le statut de citoyens français à part entière. C’est ce que semblent penser la génération de Robert Badinter et de Théo Klein et je n’ai pas à juger cette génération-là. Peut-être est-ce logique, pour cette génération-là, que le CRIF se nomme CRIF et non pas CRIJF, le « J » ayant été omis, comme si l’assimilation française signifiait automatiquement la cannibalisation de l’identité juive. Encore une fois, de tout cela, je prends acte et je ne juge pas. Cela étant dit, il se trouve que les temps ont changé.
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Car aujourd’hui, en 2011, ni la déclaration universelle des droits de l’homme, issue de la révolution française, ni la laïcité républicaine, ne suffissent, à elles seules, à garantir aux Juifs Français, un statut de citoyens français à part entière. La Conférence « Durban II » de Genève sur le racisme et l’affaire Ilan Halimi, devenue l’affaire Youssouf Fofana avec le « gang des barbares », en sont deux preuves parmi bien d’autres. Que les Juifs et les Chrétiens nous le comprenions ou pas, nous sommes appelés à vivre dans une société libre et laïque de culture judéo-chrétienne.
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Je n’ai pas à rappeler aux Juifs d’aujourd’hui le prix que leurs parents, leurs grands-parents et leurs ancêtres ont payé pour que nous parvenions, ensemble, à créer cette société libre. Or, la version actuelle de la laïcité française et la forme actuelle de la déclaration des droits de l’homme ne protègent pas les Juifs de la judéophobie et ne protègent pas les Chrétiens de la christianophobie. On peut même dire que la laïcité française est devenue une idéologie contradictoire : islamophile d’un côté ; judéophobe et christianophobe de l’autre.
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Et puisque Richard Prasquier, actuel président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, a tout récemment déclaré « il y a de l’antisémitisme en France, mais il ne vient pas tellement de l’extrême droite. Il vient souvent de l’extrême gauche et des mouvements anti-israéliens », peut-être devrons-nous, toutes et tous, dans les mois à venir, réfléchir à la nouvelle dimension que devrait prendre, notre plate-forme commune sur l’essentiel. A cet égard, j’avoue que la perspective des présidentielles françaises de 2012, cette perspective me met dans l’embarras.
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Michel Garroté
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Reproduction autorisée avec les mentions ci-dessous :
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Michel Garroté, Copyright 2011 http://drzz.fr/
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Les propos de Richard Prasquier :
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Ma « Lettre ouverte à quelques Juifs » parue en 2009 :
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Les deux sources mentionnées dans l’article ci-dessus :
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