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jeudi 8 avril 2010

Du Bosphore jusqu'au Waziristan, on nous ment.

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Michel Garroté
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Jeudi 8 avril 2010 – 24 Nisan 5770
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Du Bosphore jusqu'au Waziristan, on nous ment. Ainsi, à propos de la visite du Premier ministre turc Erdogan en France et à propos de l’adhésion de la Turquie à l’UE voulue par ce même Erdogan, rappelons que Erdogan a déploré dans un entretien avec l’hebdomadaire allemand Die Zeit que l’Allemagne, où vivent plusieurs millions de turcs, n’autorise « quasiment pas » la double nationalité. « Je trouve très regrettable que l’Allemagne fasse partie de ces pays de l’Union européenne qui n’autorisent pas ça » (la double nationalité), a déclaré Erdogan dans son interview avec Die Zeit. A l’heure où la Turquie est gouvernée par un parti islamiste qui essaye désespérément de se prétendre euro-compatible, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que pour Erdogan, les citoyens turcs résidant au sein de l’UE devraient pouvoir conserver leur nationalité d’origine tout en obtenant la nationalité de leur pays de résidence. Du reste, si la Turquie et ses 70 millions de citoyens devenaient membre de l’UE, la question de la double nationalité serait résolue puisque celle-ci est pratiquée entre Etats membres de l’UE. On peut toujours argumenter que si la double nationalité est pratiquée entre Etats membres de l’UE, le fait qu’elle ne soit pas toujours et pas partout pratiquée avec les Turcs est « discriminatoire ». Le problème, c’est que si à terme les Turcs peuvent acquérir le passeport d’un Etat membre de l’UE tout en conservant leur passeport d’origine, il serait bon de savoir au préalable s’ils adhèrent aux idéaux du parti islamiste au pouvoir en Turquie. Car le discours tenu par Erdogan en France est aux antipodes du discours de Erdogan tenu aux mahométans, par exemple lorsque Erdogan aborde la question des turcophones en Asie centrale et en Chine. D’ailleurs, le problème se pose également, quoique de façon différente, avec le président afghan Karzaï. Au fond, le seul vrai problème, c’est que les chefs d’Etat musulmans sont de plus en plus nombreux à recourir de plus en plus souvent au double langage. C’est actuellement le cas des chefs d’Etat de la Turquie, de l’Afghanistan, mais aussi de l’Irak et du Pakistan. A cela vient s’ajouter le chaos qui règne désormais au Kirghizstan, un pays qui accueille deux bases militaires, l’une américaine et l’autre russe… En somme, de l’Asie mineure à l’Asie centrale, en passant par le Proche et le Moyen Orient, nous sommes confrontés à une incertitude sans précédent dans l’histoire. Je doute que les USA de Obama et l’UE soient aptes à affronter cette incertitude. Quant à compter sur l’OTAN, il se trouve que la Turquie islamique, pour l’instant, est encore membre de cette institution. Et que l’Etat d’Israël démocratique, pour l’instant, n’est pas encore membre de cette même institution. Ce qui complique aussi les choses…
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Concernant l’Afghanistan, hier soir depuis Kaboul, Associated Press informait : « Soucieux d'apaiser les tensions avec Washington, le porte-parole d'Hamid Karzaï a démenti mercredi les propos attribués au président afghan qui aurait menacé de rejoindre l'insurrection talibane si son allié américain continuait à faire pression sur lui. Les propos d'Hamid Karzaï, qu'il aurait tenus samedi lors d'une réunion avec des parlementaires, ont été rapportés par la presse internationale qui les tenait de participants. Ils ont amené la Maison Blanche à menacer d'annuler une visite du président afghan à Washington si ce dernier continuait à rendre les Etats-Unis responsables de ses problèmes. Le porte-parole de M. Karzaï, Wahid Omar, a affirmé que le gouvernement afghan avait été choqué par la publication de ces commentaires et a dit en ignorer la source. Le gouvernement afghan "a fait sa priorité numéro un de la lutte contre le terrorisme et de la lutte contre ceux qui mettent la vie du peuple afghan en danger", a déclaré M. Omar au cours d'une conférence de presse. "Et dans ce contexte, ce commentaire (...) ne fait aucun sens", a-t-il ajouté. Trois députés afghans avaient rapporté à l'Associated Press qu'Hamid Karzaï avait menacé de rejoindre l'insurrection talibane si les Etats-Unis continuaient à faire pression sur lui pour qu'il lutte contre la corruption, le népotisme et la fraude électorale ».
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Toujours à propos de l’Afghanistan, Marianne Enault, sur le site leJDD.fr, hier matin, écrivait : « Rien ne va plus entre Washington et le président afghan. La rencontre entre Barack Obama et Hamid Karzaï, prévue en mai, pourrait être annulée si le chef d'Etat afghan persiste à tenir des propos "déroutants", dit-on à la Maison blanche. L'administration américaine est toutefois venue au secours de son poulain après que l'ancien représentant adjoint de l'ONU en Afghanistan a mis en doute son "équilibre mental". En Afghanistan, Washington a beaucoup - voire tout - misé sur Hamid Karzaï. Depuis le début de l'intervention américaine dans le pays fin 2001, les Etats-Unis ont soutenu leur poulain, envers et contre tous, faisant fi des accusations de corruption, de son impopularité dans le pays et même des conditions plutôt douteuses de sa réélection en 2009. Mais ces derniers temps, le président afghan n'a pas vraiment montré sa gratitude. A plusieurs reprises, il a critiqué la présence étrangère dans son pays. Comble, pour les Etats-Unis, Hamid Karzaï a accusé les Occidentaux d'avoir orchestré les fraudes électorales de la présidentielle d'août 2009 et corrompu des fonctionnaires dans le but d'affaiblir son gouvernement. Lors d'une réunion avec des chefs tribaux dimanche, et en présence du général américain Stanley McChrystal, Hamid Karzaï en a remis une couche. "La situation s'arrangera en Afghanistan quand son peuple sera persuadé que son président est indépendant (...), quand il croira que le gouvernement est indépendant et non pas une marionnette", a-t-il lancé, ajoutant que le gouvernement ne devait pas laisser des "étrangers" se mêler de ses affaires. Et d'insister lundi sur la BBC: "Ce que j'ai dit à propos des élections est entièrement vrai." Quand le journaliste lui demande si, selon lui, "les Etats-Unis sont à l'origine de la fraude", il n'hésite pas à répondre: "C'est exactement ce qui s'est passé". Dans un premier temps, Washington a tenté de minimiser les propos du président afghan, jugeant qu'Hamid Karzaï tentait ainsi de redorer son blason auprès de la population afghane. Ses partenaires de l'Otan, eux, ont vu rouge. La Grande-Bretagne a jugé mardi calomnieuses les accusations portées par le chef d'Etat afghan. "Toute suggestion laissant entendre que la Grande-Bretagne ou tout autre pays ont interféré illégalement dans le processus électoral afghan est totalement infondée", a martelé mardi le secrétaire au Foreign Office, David Miliband, devant la Chambre des communes. Face à l'émotion collective suscitée par les déclarations d'Hamid Karzaï - alors que les pertes dans les rangs de l'Otan s'alourdissent de semaine en semaine - la Maison blanche les a finalement condamnés mardi. Son porte-parole, Robert Gibbs, les a qualifiés "d'ennuyantes" et de "déroutantes", laissant entendre que la rencontre prévue le 12 mai à Washington entre Barack Obama et Hamid Karzaï pourrait être annulée. "Nous évaluerons sans doutes les remarques continues ou à venir du président Karzaï pour voir s'il est constructif de tenir une telle réunion", a-t-il déclaré. Et d'aller plus loin: "Nous n'hésiterons pas à nous assurer qu'à l'investissement remarquable de nos hommes et de nos femmes, répond le type de gouvernance qui doit être en place pour sécuriser des parties de pays dangereux." Robert Gibbs a toutefois rappelé que Hamid Karzaï était bien "le dirigeant démocratiquement élu d'Afghanistan". Les Etats-Unis, qui l'ont soutenu depuis le début et n'ont pas d'alternative, peuvent difficilement dire autre chose. La Maison blanche a même été contrainte de prendre sa défense, alors que l'Américain Peter Galbraith, ancien représentant adjoint de l'ONU en Afghanistan, a mis en doute mardi "l'équilibre mental" du président afghan. "Il est coutumier des diatribes, il peut être très émotif, impulsif. En fait, des personnes proches du palais présidentiel disent qu'il a un certain goût pour l'un des produits d'exportation les plus rentables de l'Afghanistan", a-t-il affirmé sur la chaîne américaine MSNBC, dans une allusion claire à l'opium, dont le pays est le premier producteur mondial. Des propos jugés "scandaleux" par le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley. Reste que la nouvelle posture de Hamid Karzaï, dont l'objectif est de prendre ses distances avec ses alliés occidentaux dont l'intervention est impopulaire en Afghanistan, pourrait placer les Etats-Unis - et l'Otan - dans une situation difficile. La coalition compte en effet sur l'affichage d'un front uni avec le gouvernement afghan pour gagner le soutien de la population. A tout avoir misé sur un seul homme, Washington pourrait perdre gros ».
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Concernant le Kirghizstan, lefigaro.fr écrivait ce matin : « Dans un entretien téléphonique avec la dirigeante par intérim du Kirghizstan, Poutine a offert l'aide de la Russie après le renversement du gouvernement par la population. Une révolte populaire contre le président kirghize a conduit mercredi à l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement d'opposition. Plus de 100 personnes seraient mortes dans les heurts entre manifestants et policiers. Le Kirghizstan à feu et à sang. Près de 100 personnes y ont été tuées mercredi dans de violents affrontements entre opposants et forces de l'ordre, a déclaré l'un des leaders de l'opposition, Omourbek Tekebaïev. Le ministère de la Santé parle de son côté de 68 morts. Plus de 500 personnes ont été blessées dont 400 hospitalisées, a précisé le ministère. La situation sur place reste confuse. L'opposition affirme avoir obtenu le retrait du Premier ministre, Daniar Oussenov. Le président, Kourmanbek Bakiev, refuse en revanche de démissionner, selon Rosa Otounbaïeva. Cette ancienne ministre des Affaires étrangères a pris la tête du gouvernement par intérim formé par l'opposition. «Le président tente de consolider son électorat dans le sud (du pays) pour continuer de défendre ses positions», a-t-elle déclaré. Kourmanbek Bakiev, le président kirghiz, s'était enfui en avion mercredi pour le sud du pays. Pendant ce temps, selon Omourbek Tekebaïev, des manifestants ont pris le contrôle de la présidence à Bichkek, la capitale. La résidence du président a par ailleurs été pillée. Quelques heures plus tôt, les protestataires avaient pris le contrôle du Parlement. Auparavant, c'est la télévision nationale qui avait été prise d'assaut, cessant temporairement d'émettre. Malgré l'appel au calme lancé par le gouvernement intérimaire, les pillages continuaient jeudi à Bichkek. Prudents, les magasins et restaurants sont restés fermés, alors que les forces de l'ordre ont déserté la ville. Les premiers incidents ont éclaté mercredi, lorsque la police a tenté en vain de disperser les manifestants rassemblés près du siège de l'opposition. Après de violents affrontements, les autorités ont décrété l'état d'urgence et imposé un «couvre-feu». La situation a ensuite dégénéré quand les forces de sécurité ont ouvert le feu, utilisant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes mais aussi des balles réelles contre les manifestants. Plusieurs sources indiquent que le ministre de l'Intérieur, Moldomoussa Kongantiev, a été tué à Talas, dans le nord-ouest du pays. Mais ses services ont démenti l'information, ajoutant qu'ils tentaient de déterminer si le ministre était aux mains des opposants. Un autre membre du gouvernement, le Vice-premier ministre Akylbek Japarov, est retenu en otage à Talas par des manifestants d'opposition. Les deux responsables gouvernementaux s'y étaient rendus afin de rétablir l'ordre, après que des manifestants ont pris le contrôle du siège de l'administration locale et de la police. D'autres villes du pays ont aussi été le théâtre de violences. Le Mouvement populaire uni, une coalition de l'opposition, avait appelé à manifester mercredi dans tout le pays contre le chef de l'Etat, Kourmanbek Bakiev. Celui-ci est accusé de corruption et de museler les médias indépendants. Arrivé au pouvoir en mars 2005, à l'issue d'une révolution émaillée de violences, il avait pourtant promis de démocratiser le pays. Depuis, la plupart de ses compagnons de route ont rejoint l'opposition, l'accusant de dérive autoritaire. La Russie et les Etats-Unis, qui disposent chacun d'une base militaire dans cette ex-république soviétique, ont appelé au calme. Jeudi, au cours d'une conversation téléphonique avec Rosa Otounbaïevale, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a offert de fournir l'«aide humanitaire nécessaire» au Kirghizstan. De son côté, la cheffe de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, s'est déclarée très inquiète de la situation, appelant le gouvernement et l'opposition kirghizes à la «retenue» et au dialogue. Enfin le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé jeudi l'envoi d'un diplomate slovaque ».
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