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mercredi 17 mars 2010

Le nombril du monde se trouve à Ramat Shlomo

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Le nombril du monde se trouve à Ramat Shlomo
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Michel Garroté
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Mercredi 17 mars 2010 – 2 Nisan 5770
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Hier soir, j’ai regardé les infos sur Euronews, concrètement, le bulletin qui débute à 20:00 et qui se termine à 20:10. Et de 20:00 à 20:05, j’ai assisté à une démolition primaire, systématique et viscérale de l’Etat d’Israël. Le processus de paix est une fois de plus compromis à cause d’Israël, racontait, en substance, la voix off. La raison en est l’inauguration d’une synagogue et la construction de logements dans le quartier juif de Ramat Shlomo. Oui, sur Euronews en particulier et dans les médias en général, le nombril du monde se trouve à Ramat Shlomo.
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A ce propos, hier mardi, Hillary Clinton a déclaré que « le lien (des USA) avec Israël était fort » et que « rien ne pouvait le remettre en question ». Hillary Clinton a précisé : « Nous nous sommes fermement engagés à assurer la sécurité d’Israël ». Hillary Clinton a néanmoins précisé « qu’Israël devait prouver, par ses actions, son engagement en faveur du processus de paix ». Concrètement, Hillary Clinton a expliqué que « l’administration Obama attendait toujours les réponses d’Israël qui devait lui dire comment il était possible de réparer les dégâts causés par l’adoption d’un nouveau projet immobilier dans le quartier-est de Jérusalem ». Or, le « nouveau projet immobilier », c’est, en fait, la construction de logements à Ramat Shlomo, un quartier qui se situe au nord-est de Jérusalem.
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Noah Pollak dans Commentary Magazine (traduction française : Objectif-info) fait cette analyse (extraits) : « Le nouveau point bas des relations entre la Maison Blanche et Israël est particulièrement préoccupant pour deux raisons qui n’existaient pas lors des administrations précédentes. D’un côté, il y a les réticences personnelles d’Obama à l’égard d’Israël et son désir de mettre une distance entre l’Etat juif et les États-Unis pour favoriser le rapprochement de l’Amérique et des Arabes ; et de l’autre, il y a le programme nucléaire iranien. Sur le premier point, il semble que la politique officielle de l’actuelle administration consiste à utiliser le processus de paix comme une occasion de reconsidérer la position des États-Unis vis-à-vis des Juifs et des Arabes dans la région. L’incitation à la haine des Palestiniens, la célébration publique du terrorisme par l’Autorité palestinienne (AP), les émeutes à Jérusalem, les accusations d’assassinat de Yasser Arafat par Israël, le refus palestinien permanent de participer à des négociations, et ainsi de suite, rien de tout cela n’a paru mérité le moindre commentaire du côté américain. En fait, je ne peux pas me rappeler d’une seule circonstance où un responsable de l’Administration Obama ait critiqué l’AP pour quoi que ce soit. Pourtant l’Administration a publiquement réprimandé Israël à un rythme quasi hebdomadaire. Elle a adopté une position très confuse. L’accord de Netanyahou pour un gel de dix mois dans les implantations à l’exception de Jérusalem, a donné lieu à des félicitations chaleureuses ; et pourtant, chaque fois qu’Israël approuve un programme de construction à Jérusalem, il est âprement critiqué. (…) Et il y a aussi la question de l’Iran. Je pense qu’il est évident maintenant qu’Obama ne souhaite pas de confrontation avec l’Iran au cours de sa présidence.
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Comme je l’ai écrit il y a quelque temps, cela signifie que les craintes d’Israël pour sa sécurité deviennent un problème majeur pour l’administration : Obama pense donc sûrement que l’une de ses tâches les plus importantes est d’empêcher les Israéliens d’attaquer l’Iran. Comment s’y prendre ? En règle générale, pour réduire les préoccupations de sécurité d’Israël, les États-Unis réaffirment l’importance de la relation stratégique entre les deux pays. Mais sur la question de l’Iran, cela ne marche pas, et ce pour deux raisons : 1) Le message d’Obama au monde arabe serait faussé par cette proximité, puisque ce dernier exige une distanciation d’avec les Israéliens ; 2) et dans le cas de l’Iran nucléaire, la question n’est pas vraiment de savoir si les liens entre Israël et les États-Unis sont étroits ou non. La crainte d’Israël vient de ce qu’une seule bombe iranienne peut détruire l’Etat juif, et que, même en l’absence d’une frappe de ce genre, Israël serait confronté à un axe Syrie-Hezbollah-Hamas renforcé, avec plus de guerres, des menaces constantes (et crédibles) d’annihilation, et sur le long terme, un phénomène d’usure psychologique, démographique, et économique du pays. Quand on suit cet enchaînement logique jusqu’à sa conclusion, on constate que la seule option d’Obama pour empêcher une attaque israélienne est celle qui se dévoile sous nos yeux. Il s’agit d’un effort des États-Unis pour affaiblir méthodiquement la relation entre les deux pays, effort qui consiste à provoquer des crises et à user le gouvernement de Netanyahou avec cette détérioration programmée. Et, plus important, il s’agit de créer une ambiance d’imprévisibilité, faisant craindre aux Israéliens qu’une attaque contre l’Iran ne se heurterait pas seulement à la désapprobation américaine mais également à son veto et peut-être à son opposition active. La réaction de l’administration d’Obama à la visite de Biden a été trop impatiente et trop irritée pour n’être que la réponse à une insulte, surtout qu’il est clair que Netanyahou n’était pas au courant de l’annonce concernant la création de logements et que les États-Unis avaient accepté les limites au gel des implantations, dont Jérusalem était exempté ».
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Barry Rubin, directeur du Centre de Recherche sur les affaires internationales (GLORIA Global Research in International Affair) et rédacteur en chef de la Revue du Moyen-Orient (MERIA Middle East Review of International Affairs) se livre quant à lui (traduction française : Objectif-info) à cette analyse (extraits) : « Il est important de comprendre que la polémique actuelle sur les constructions à Jérusalem Est (ndmg : au nord-est de Jérusalem…) ne se réduit pas à un problème de communication ou à un conflit politique bilatéral. Elle a surgi pour des raisons qui ne sont pas directement liées à ces questions. (…) Les États-Unis et la plupart des gouvernements européens sont fermement déterminés à ne pas adresser la moindre critique à l’Autorité palestinienne (AP) pour son sabotage du processus de paix. Les faits sont clairs : l’AP rejette toute négociation depuis quatorze mois. Pas de réaction. L’AP a fait perdre la face au président Barack Obama en provoquant l’échec de son initiative de septembre 2009 qui prévoyait l’ouverture de pourparlers dans les deux mois. L’AP a rompu son engagement de ne pas soutenir le rapport de Goldstone. En fin de compte, l’AP est décidée à ne pas participer à des entretiens directs [avec Israël]. Pourtant, au cours de ces quatorze mois d’exercice, l'administration d'Obama n'a pas critiqué l’AP une seule fois. Les choses sont claires : le gouvernement des États-Unis ne critiquera jamais l’AP, pour quoi que ce soit. (…) Les États-Unis critiqueront Iran mais ils ne prendront pas une position dure et ferme contre lui. Nous sommes à présent à la mi-mars et il n’y a pas eu de sanctions sérieuses. En fait, la campagne de l'administration visant à mettre en oeuvre des sanctions tombe en lambeaux. A qui les échecs de l'administration peuvent-ils être reprochés ?
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Réponse : à Israël. Dans la mesure où il s’agit d’un ami des États-Unis, qui dépend de lui dans une certaine mesure, ce que lui fait l’administration Obama ne pose aucun problème : ce pays ne souhaite pas riposter ou il n’en n’a pas les moyens. Elle peut le tabasser sans rien craindre. (…)Tout cela est d’autant plus ridicule que les États-Unis sont aujourd’hui focalisés sur l'Iran et l'Afghanistan, des endroits où la question israélo-palestinienne a à l’évidence un effet nul sur des événements. (…) Pourquoi tout cela n’est-il pas très inquiétant pour Israël ? Pour plusieurs raisons. D'abord, l'administration ne va pas faire grand chose contre Israël en termes matériels. Ce n'est pas un gouvernement intraitable et il n’aime pas les affrontements. Son but n'est pas de porter tort à Israël mais de donner une bonne image de lui. D'ailleurs, il sait que pousser encore plus fort n’apporterait rien de plus car Israël ne cèdera pas et que le processus de paix ne mène nulle part. (…) En second lieu, Israël est protégé par une opinion publique américaine très fortement favorable et par le Congrès. En ce moment, le Congrès n’a plus peur d’Obama. En effet, les démocrates lui en veulent car il met en danger leur position par des initiatives impopulaires qui leur compliquent la vie. Ils savent que les élections de novembre s’annoncent très mauvaises pour eux. S’en prendre à Israël ne fait qu’aggraver les choses. Ils ont aussi une meilleure perception des forces radicales dans la région et de la menace qu'elles constituent. En d'autres termes, ils ne laisseront pas faire la Maison Blanche. (…) Il ne faut pas sous-estimer l'importance de l’erreur de calendrier du ministère israélien qui a donné l’occasion à l’AP de faire croire qu’Israël a compromis une occasion de négocier. (…) Mais un gouvernement américain plus sérieux n'aurait pas laissé les choses se dégrader ainsi et il aurait été plus équitable dans ses condamnations ».
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