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Michel Garroté
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Mercredi 4 novembre 2009 - 17 Heshvan 5770
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Comme c'est amusant. Cela fait un bail que nous dénonçons la laïcité à géométrie variable. Récemment, nous avons même ironisé sur le soutient que les évêques suisses accordent publiquement à la construction de minarets sur sol helvétique. Il n'y a pas si longtemps, nous avons tiré la sonnette d'alarme, parce que dans un arrondissement parisien multiculturel, les Juifs portant la kippa, le samedi, pour se rendre à la synagogue, se faisaient agresser par des mahométans. Nous avons aussi - et surtout - critiqué le fait que les États occidentaux ne demandent pas la réciprocité aux États mahométans lorsqu'il s'agit de pratiquer la liberté de culte. Or, voici que la Cour européenne des droits de l'Homme vient de condamner la présence de crucifix dans les salles de classe italiennes.
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La présence du crucifix peut être « perturbante pour des élèves d'autres religions ou athées, en particulier s'ils appartiennent à des minorités religieuses », raconte la Cour.
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Je reviendrai ultérieurement sur ce nouvel exemple (particulièrement grotesque et bouffon dans sa formulation psycho-affective) de laïcité à géométrie variable, qui favorise les mahométans et qui pénalise les Juifs et les Chrétiens (car la burqa, le voile, le foulard, le tchador, le minaret, le muezzin, le croissant, le loukoum, le kebab et le burkini devraient, logiquement, toujours selon la terminologie hallucinante de la Cour européenne, être « perturbants » pour les non musulmans que nous sommes). Et pour l'instant, je me contenterai donc de reproduire, ci-après, les premières réactions, qui du reste, ne se sont pas faites attendre.
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Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a déclaré à ce propos : « La sentence de la Cour européenne a été accueillie au Vatican avec stupeur et regrets. Le crucifix a toujours été un signe d'amour de Dieu, d'unité et d'accueil pour toute l'humanité. Il est déplaisant qu'il soit considéré comme un signe de division, d'exclusion ou de limitation de la liberté. C'est une erreur et une myopie de vouloir exclure de la réalité éducative, signe fondamental de l'importance des valeurs religieuses dans l'histoire et la culture italiennes. Il est surprenant qu'une Cour européenne intervienne de façon lourde dans un domaine très profondément lié à l'identité historique, culturelle (et) spirituelle du peuple italien. Il semble qu'on veuille désavouer le rôle du christianisme dans la formation de l'identité européenne, qui, au contraire, a été et demeure essentielle ».
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Toujours à Rome, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a déclaré que la Cour avait « porté un coup mortel à une Europe des valeurs et des droits ». Le journal italien 'Corriere della Sera' écrit : « Le verdict de la Cour de Strasbourg a fait un petit miracle : celui de créer une quasi-unité nationale en défense du symbole du christianisme ». La droite italienne a condamné le verdict de la Cour européenne des droits de l'Homme. Le chef du Parti démocrate, Pierluigi Bersani, a déploré que « le bon sens soit devenu victime du droit ».
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De son côté, le journaliste catholique Vincent Pellegrini écrit sur son blog : « Et voilà l’Europe post-chrétienne. Elle a oublié qu’elle était une civilisation avec des signes culturels, fussent-ils religieux. On interdit les crucifix parce qu’ils sont dans l’espace public de l’école et que les élèves ne peuvent y échapper visuellement. Par contre les minarets qui symbolisent la victoire de l’Islam, qui dominent l’espace public, et auxquels on ne peut non plus échapper visuellement sont encouragés. Il faut être logique. Si l’Europe veut jouer la religion laïque jusqu’au bout, tous les signes religieux, quels qu’ils soient, doivent être interdits. Dieu nous préserve d’un Gouvernement européen sans mémoire culturelle ni historique ».
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Le ministre italien de l’éducation a répondu ceci à la Cour européenne des droits de l'Homme : « La présence du crucifix dans les classes ne signifie pas une adhésion au catholicisme, mais c’est un symbole de notre tradition. L’histoire d’Italie passe aussi à travers des symboles : en les supprimant on supprime une partie de nous-mêmes. Dans notre pays, personne ne veut imposer la religion catholique. Personne, et encore moins une cour européenne idéologique, ne réussira à supprimer notre identité. Notre Constitution reconnaît en outre, justement, une valeur particulière à la religion catholique ».
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