MONDE INFO

MONDE INFO
Monde Info - Centre d'analyses en ligne

mardi 10 novembre 2009

La Cisjordanie annexée par la France

-
Michel Garroté
-
Mardi 10 novembre 2009 - 23 Heshvan
5770
-
Or donc, Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, déclare ce matin, mardi, sur France Inter, qu'entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, attendu demain, mercredi, à Paris, et Sarkozy, «
il y a un vrai différend politique. (…) Nous pensons toujours que le gel des colonisations, c'est-à-dire ne pas coloniser (NDMG Kouchner lit-il à haute voix un texte de Desmond Tutu ?) pendant qu'on parle (NDMG pendant qu'on parle de paix), serait absolument indispensable ». Sarkozy recevra Netanyahu demain mercredi à 17:30, heure de Paris. « Il faut discuter et faire en sorte que le processus politique reparte », précise Bernard Kouchner ce matin sur France Inter, en ajoutant qu'il se rendra prochainement dans les Territoires palestiniens et en Israël. Kouchner déplore qu'il n'y ait plus en Israël « d'aspiration à la paix ». « Il me semble, et j'espère me tromper, que cette aspiration a disparu comme si on n'y croyait plus », dit Kouchner (NDMG Netanyahu réitère régulièrement son invitation à négocier ; Mahmoud Abbas ne l'entend pas ; et Kouchner met cela sur le dos d'Israël : autisme ?).
-
A propos de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, Kouchner souligne qu'il faut tout faire pour éviter qu'il ne quitte ses fonctions. «
Il faut reparler avec Mahmoud Abbas, et (que) d'abord le président palestinien ne démissionne pas comme il a menacé » de le faire, estime Kouchner. Mahmoud Abbas avait annoncé jeudi 5 novembre dernier que, soi-disant, il ne briguerait pas de nouveau mandat lors des élections générales palestiniennes du 24 janvier 2010, en raison, paraît-il, du blocage du processus de paix (NDMG « blocage » côté juif bien-entendu...).
-
Avant de revenir sur les propos de Kouchner, commençons par remettre les choses dans leur contexte. Il se trouve que Netanyahu a rencontré Obama, hier soir lundi, pendant une heure quarante, c'est à dire pendant longtemps, plus longtemps que d'habitude, plus longtemps que prévu. L'entretien a porté sur la sécurité d’Israël, la coopération israélo-américaine en matière de sécurité, l’Iran et le processus de paix au Proche Orient. L'entretien s’est déroulé pour moitié en tête à tête, et pour moitié en incluant quatre proches collaborateurs de chaque côté. Du côté israélien, le ministre Ehoud Barak, l’ambassadeur Michael Oren, le chef du Conseil de Sécurité National Uzi Arad et le conseiller du Premier ministre Yitzhak Molkho ont rejoint Netanyahu.
-
L'entretien a été accompagné d’un boycott tout à fait inhabituel des médias : pas de conférence de presse commune, comme c'est normalement le cas (les "analystes" allèguent que c'est en raison du différent entre Israël et les USA ; et si c'était en raison des plans qui visent désormais l'Iran ?). Seul un petit communiqué de la Maison blanche résumant l'entretien : « Le président a réaffirmé notre fort engagement pour la sécurité d’Israël et a discuté de la coopération en matière de sécurité ainsi que d’autres questions. Le président et le premier ministre ont également discuté de l’Iran et de la manière d’avancer sur le processus de paix au Proche Orient ».
-
Maintenant, revenons sur les propos de Kouchner. Notons que Kouchner a tenu ses propos ce matin ; que la réunion Obama - Netanyahu a eu lieu hier soir ; et qu'il faut tenir compte des six heures de décalage horaire entre Paris et Washington. Question : Kouchner a-t-il pris le temps, entre hier soir et ce matin, de lire le maigre contenu - des dépêches d'agence - diffusé dans la nuit (maigre contenu que j'ai résumé ci-dessus) concernant la réunion Obama - Netanyahu. A priori Kouchner n'a pas pris cette peine, bien qu'il en avait le temps, juste avant de gagner les studios de France Inter (les dépêches d'agence étaient disponibles à cette heure-là). Car si Kouchner avait pris quelques dizaines de secondes pour s'informer, il n'aurait pas été à ce point bavard - sur France Inter ce matin - question de ne pas mettre Obama dans l'embarras.
-
Obama dont Sarkozy a dit qu'il était son copain. Ou alors, autre hypothèse, Kouchner était au courant de la discrétion entourant l'entretien Obama - Netanyahu d'hier soir. Et malgré cela, Kouchner s'est cru autorisé à lancer sa diatribe idéologique sur Israël, sur les Palestiniens, sur les communautés israéliennes en Judée Samarie, sur Mahmoud Abbas et sur la volonté - ou l'absence de volonté - dans la région proche orientale, en matière de paix.
-
A vrai dire, et ce sera ma conclusion, peu importe que Kouchner se soit informé - ou non - de ce qui s'est passé hier soir entre Obama et Netanyahu. Car dans les deux hypothèses, le fait marquant est que Kouchner (comme d'ailleurs Sarkozy) se croit investi d'une mission particulière dans le conflit israélo-arabe. Alors que la France actuelle n'a ni la dimension nécessaire ni les moyens nécessaires pour agir au Proche et au Moyen Orient. Et alors que la France, depuis 40 ans, a décidé - et décide encore - de ne pas regarder la réalité proche et moyen orientale telle qu'elle est ; d'abord en raison de son addiction au pétrole arabe; ensuite en raison de la présence sur son territoire de plusieurs millions de mahométans.
-
Si l'on relit calmement et attentivement le communiqué de la Maison blanche mentionné ci-dessus, force est de constater : que primo, la priorité numéro un, c'est désormais le nucléaire offensif iranien ; que secundo, l'administration Obama n'est plus en mesure d'ignorer cette priorité, car les Israéliens n'ont pas lâché prise, ne lâchent toujours pas prise, et ne lâcheront jamais prise, sur le fait que les ayatollahs intégristes iraniens veulent rayer Israël de la carte à l'aide d'une bombe atomique ; et que tertio, les actuelles gesticulations françaises sur le conflit israélo-palestinien ont quelque chose de foncièrement anachronique et de démagogique. Demain mercredi, Netanyahu rencontrera Sarkozy. Préparons-nous. Côté français, il y aura du spectacle. Avec des « je » et des « il faut ». Le tout agrémenté d'épaules haussées et d'index pointé.
-

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

laissez un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.