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jeudi 27 novembre 2008

Quelle amitié judéochrétienne ?

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Miguel Garroté - Comme c’est amusant. L’on apprenait précisément hier mercredi 26 novembre 2008 - par les agences de presse - que Benoît XVI réitère sa réticence à engager un dialogue proprement théologique avec les non chrétiens. Et que Benoît XVI en revanche considère le dialogue (entre les religions) sur les implications culturelles (de ce même dialogue) comme particulièrement urgent aujourd'hui.
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Ainsi donc, Benoît XVI - dans la préface d'un livre publié en Italie - affirme que le dialogue entre religions sur leurs implications culturelles est aujourd'hui particulièrement urgent. Trois semaines après avoir accueilli au Vatican une rencontre avec de hauts dignitaires musulmans, Benoît XVI réitère dans ce texte sa réticence à engager un dialogue proprement théologique avec les non chrétiens, nous précisent les agences de presse. Concrètement, Benoît XVI s'exprime dans une lettre au parlementaire Marcello Pera, lettre que ce dernier publie en préface de son livre intitulé « Pourquoi nous devons nous dire chrétiens ».
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Dans cette lettre devenue préface, Benoît XVI écrit : « Vous expliquez avec une grande clarté qu'un dialogue interreligieux au sens strict du mot n'est pas possible, alors que le dialogue interculturel, approfondissant les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond, s'avère particulièrement urgent ». Un vrai dialogue interreligieux impliquerait de mettre sa propre foi entre parenthèse, ce qui n'est pas possible, précise Benoît XVI. Ce texte - nous raconte une agence de presse francophone subventionnée - a relancé les commentaires sur la solidité de l'engagement du pape dans le dialogue avec les non chrétiens, deux ans après son Discours de Ratisbonne en septembre 2006.
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Discours de Ratisbonne - ça c’est moi qui l’écrit - ayant servi de prétexte aux milieux islamiques radicaux pour orchestrer une crise dans les relations du Vatican avec l'islam, crise joyeusement amplifiée par nos médias bien-aimés. « La thèse exprimée par Benoît XVI n'a rien de nouveau et ne contredit pas ses gestes symboliques ou ses rencontres avec des représentants de diverses religions », a commenté le porte-parole du Vatican Federico Lombardi, suite à la parution de la lettre de Benoît XVI, lettre devenue préface.
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Comment faut-il intégrer, ces affirmations de Benoît XVI, dans l’ amitié judéochrétienne ? Une réaction à chaud consisterait à dire, que le dialogue judéo-catholique n’est qu’une mascarade, à la fois diplomatique et protocolaire, mascarade dénuée de sincérité, et donc inutile. Une telle réaction à chaud s’appuierait sur le fait que Benoît XVI vient de réitérer sa réticence à engager un dialogue proprement théologique avec les non chrétiens.
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Une réaction à froid, au contraire, permet de clarifier le débat sur le dialogue avec les non chrétiens. Pour ce qui me concerne, l’affirmation de Benoît XVI est excellente et elle tombe à pic. Pourquoi ? Parce que Benoît XVI considère le dialogue (entre les religions) sur les implications culturelles (de ce même dialogue) comme particulièrement urgent aujourd'hui. Benoît XVI n’a pas dit « nécessaire ». Il n’a pas dit « indispensable ». Il a dit « particulièrement urgent aujourd'hui ».
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C’est donc le dialogue sur les implications culturelles qui est urgent, et non pas le dialogue proprement théologique. C’est une bonne nouvelle, si j’ose m’exprimer ainsi. C’est une bonne nouvelle pour notre communauté de pensée qui défend et valorise la société libre de culture judéochrétienne. Voilà des années que j’assène - à temps et à contretemps - la formule « société libre de culture judéochrétienne ». Et voici le pape déclarant que le dialogue sur les implications culturelles est urgent. Avouez que cela tombe bien, n’est-ce pas ?
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Cela tombe bien pour plusieurs raisons. D’abord, cela tombe bien car il ne s’agit plus de fabriquer une fausse religion unique qui mettrait soi-disant fin aux guerres et gnagnagna. Il s’agit des implications culturelles du dialogue entre chrétiens et non chrétiens. Ensuite cela tombe bien, car les implications culturelles du dialogue entre chrétiens et non chrétiens mettent forcément en exergue, d’une part, les religions avec lesquelles les chrétiens partagent une culture commune ; et d’autre part, les religions avec lesquelles les chrétiens partagent peu ou prou au plan culturel.
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Et c’est ici que la vraie nature du dialogue se précise. Du reste, les journaleux qui nous transmettent le message de Benoît XVI ont bien compris que la vraie nature du dialogue se précise. Ils l’ont bien compris puisqu’ils s’empressent de préciser que trois semaines après avoir accueilli au Vatican une rencontre avec de hauts dignitaires musulmans, Benoît XVI réitère sa réticence à engager un dialogue proprement théologique avec les non chrétiens. Les journaleux ont donc bien compris - et c’est ce qui les irrite - que les implications culturelles du dialogue ne sont pas les mêmes dans le dialogue judéochrétien que dans le dialogue islamo-chrétien.
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Les journaleux qui nous transmettent le message de Benoît XVI n’ont pas jugé utile d’écrire que quelques semaines après avoir accueilli au Vatican une rencontre avec un haut dignitaire juif, Benoît XVI réitère sa réticence à engager un dialogue proprement théologique avec les non chrétiens. Or, il y a eu une telle rencontre. Autrement dit, les journaleux ont parfaitement saisi que les affirmations de Benoît XVI sur les implications culturelles du dialogue n’ont pas la même portée concernant l’islam que concernant le judaïsme.
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De fait, depuis plusieurs décennies, les déclarations de Benoît XVI, alias Ratzinger, sont décryptées par nos médias selon le critère absolutiste de la société dite multiculturelle. Nos médias ne s’intéressent pas de savoir si le dialogue judéochrétien avance ou régresse. Nos médias s’intéressent de contrôler que le vent souffle bien dans le sens de l’euro-arabisme. A titre d’exemple, une « Semaine arabe » a été organisée par l’Union européenne du 3 au 6 novembre 2008. Des intellectuels arabes, en majorité des réformistes, ont regretté dans une lettre adressée aux parlementaires européens, d’avoir été écartés de cette « Semaine arabe ». Sur ces intellectuels arabes et leur lettre, pas un mot dans la presse.
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Voici les noms et fonctions de ces intellectuels arabes : Abu Yousif Al Fawz (Journaliste) ; Riyad Alamir (architecte, écrivain et rédacteur en chef de l’Iraq Alghad), Saad Al Shadidi (écrivain) ; Sahib Al-Rubeai (ingénieur et écrivain), Muez Abu Jadayel (Rédacteur en chef, Open Dialogue) ; Kamil Alnajjar (chirurgien et écrivain) ; Furat Almohsen (journaliste), Ali Al-Domaini (poète et activiste saoudien des droits de l’homme) ; Munjiya Al Swaihi (Université de Ez-Zitouna), Fethi Benslama (Professeur de psychopathologie, Université Paris 7) ; Adel Guindy (Président, Moyen-Orient Freedom Forum) ; BALKIS Hamid Hassan (Ecrivain et poète) ; Tarek Heggy (libéral égyptien penseur politique) ; Jamil Abdelrahman (PhD) ; Numan Jabbar (ingénieur et écrivain) ; Abdulkhaliq Husein (irako-britannique écrivain et réformateur) ; Elham Manea (Parti libéral réformateur), Matouq Hashim (Poète et écrivain) ; Munira Omed (académique, et rédacteur en chef de Gilgamesh) ; Wajeha Al-Huweidar (Saudi libérale) ; Kawa Rashid ( Information syrien Center for European échange à Bruxelles) ; Subhy Mansour Ahmed (président de l’International Center coranique).
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Ces intellectuels arabes ont leur place dans notre société libre de culture judéochrétienne. En revanche, ces intellectuels arabes sont frappés d’exclusion par les Autorités européennes de Bruxelles et par le Parlement européen à Strasbourg. Ces intellectuels sont également frappés d’exclusion par les médias européens. Autrement dit, la société multiculturelle, contrairement à la société libre de culture judéochrétienne, veut intégrer, non pas un islam euro-compatible et réformé, mais l’islam tel que le prônent des mollahs et des imams favorables à l’application, chez nous, de la charia et des lois islamiques.
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Vu sous cet angle, l’affirmation de Benoît XVI comme quoi le dialogue (entre les religions) sur les implications culturelles (de ce même dialogue) est particulièrement urgent aujourd'hui, cette affirmation, doit être accueillie à la lumière des écrits de Théo Weigel, Guy Millière, Ivan Rioufol, Pierre-André Taguieff et François Célier notamment. A ce propos, on notera que le récent Discours de Benoît XVI au Collège des Bernardins n’a différé que dans la forme de son Discours de Ratisbonne.
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En effet, au Collège des Bernardins, Benoît XVI a mis sous le même toit les religions de la Parole, c’est à dire le Judaïsme et le Christianisme. Les religions dites du Livre, Benoît XVI, au Collège des Bernardins, ils ne les a pas mises sous le même toit. Cela a irrité certains « hauts dignitaires musulmans », selon la formule propre à nos médias. Certains « hauts dignitaires musulmans », autrement dit des mollahs et des imams favorables à l’application, chez nous, de la charia et des lois islamiques. On me dit que Benoît XVI sera en Israël en mai prochain. Pourvu que oui.
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