J’aimerais revenir sur la récidive de Le Pen concernant le « point de détail » de la Seconde Guerre mondiale que seraient selon lui les chambres à gaz. Premièrement, je reviens sur les propos de Le Pen lors de son discours du 1er mai. Deuxièmement, je reviens sur les propos tenus par Michel Hubault, conseiller régional du FN, le 6 mai. Troisièmement, je reviens sur l’article d’Eric Zemmour à propos du FN paru dans Le Figaro du 10 mai. Quatrièmement, je reviens sur les futurs locaux présumés du FN à Nanterre. Et cinquièmement, je conclus avec une petite analyse personnelle sur la négation de la Shoah.
1. Le Pen : son discours du 1er mai.
Suite au défilé du FN le 1er mai, Le Pen a prononcé un discours dans lequel il a désespérément tenté de justifier sa théorie du « point de détail ». Théorie qu’il avait tenue une première fois de nombreuses années en arrière. Et qu’il a relancée récemment dans une interview avec le journal Le Breton : «...nous vivons sous une insupportable chape de plomb, qui prétend consacrer comme vérités officielles les points de vue de l’antiracisme militant (...) l’idéologie officielle, impitoyable et totalitaire, asservit le peuple français (...) tout le monde se tait, pour ne pas offenser les puissants (...) Je ferai face, conformément à ce que j’ai toujours été, conformément à ce que je crois juste, conformément à ce que je suis ».
En résumé, le point central de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale, point central que Le Pen qualifie, lui, de « point de détail », ce point central est, toujours selon Le Pen, je cite ses propres termes, une « idéologie officielle ». A cet égard, dit Le Pen, il ne faut pas offenser « les puissants ». Mais lui, Le Pen, il récidive et il précise qu’il récidive, je cite, « conformément à ce que je suis ». Son « point de détail » est donc conforme à ce qu’il est, lui, Le Pen. La dialectique de Le Pen parle d’elle-même. Cependant je reviendrai sur les sous-entendus et la perversité de ce type de discours dans la cinquième partie du présent article.
2. La réaction de Michel Hubault.
Le 6 mai, Michel Hubault, conseiller régional FN de l'Indre, dénonce la récidive de Le Pen avec son point de détail : « Pour nous, catholiques et Français, le national-socialisme allemand a révélé sa singularité démoniaque en voulant détruire le peuple élu de Dieu, celui de la mère de notre Seigneur Jésus-Christ, le peuple de saint Pierre et de saint Paul. (...) Jean-Marie Le Pen n’est pas un quidam irresponsable, mais un dirigeant politique. Adhérent du Front national depuis plus de vingt ans, conseiller régional de ce parti depuis 1998 (...) j’estime que si je garde le silence, les propos publics de son président (ndlr : Le Pen) m’engagent, d’autant plus que dans ce cas-là ils correspondent à une dérive politique. En 1987, le Front national était le parti français le plus atlantiste. S’opposant à la politique arabophile des gouvernements de la Ve République, il estimait aussi que les Israéliens (...) constituaient un bastion de l’Occident dans un monde arabo-musulman soutenu par l’URSS ».
Michel Hubault poursuit : « Vingt ans plus tard, seule l’extrême gauche communiste semble le concurrencer (ndlr : le FN) dans l’anti-américanisme et dans l’anti-sionisme. C’est le résultat d’une dérive, commencée il y a quelques années et qui s’est accélérée en 2007, avec la promotion de l‘écrivain marxiste Soral, le rapprochement avec des personnalités comme Dieudonné ou le nationaliste-révolutionnaire Christian Boucher, viscéralement opposées aux valeurs de la droite catholique. Progressivement cette ligne national-gauchiste s’impose qui, considérant les Etats-Unis comme l’ennemi principal, a de la sympathie pour les mouvements islamistes et pour les régimes anti-Occidentaux au Moyen-Orient, notamment la Syrie et l’Iran (...) Ne nous trompons pas d’ennemi », conclut Michel Hubault.
Ma première réaction en lisant Michel Hubault fut aussitôt de me demander ce qu’il fichait au FN et pourquoi l’aile droite de l’UMP ne lui proposait pas de venir la rejoindre. A cet égard, l’article d’Eric Zemmour tombe à pic.
3. L’article d’Eric Zemmour sur le FN.
Eric Zemmour écrit : «...Le Front national est mort (...) Il ne survit dans les journaux qu'aux rubriques immobilières ou sociales. Le Pen n'a réussi à percer ce mur d'indifférence médiatique qu'en se parodiant : le ‘détail’ ou Vingt ans après (...) le désamour pour Sarkozy n'entraîne pas un retour d'affection pour Le Pen. Dans toute l'Europe, en Italie, en Angleterre, aux Pays-Bas ou en Allemagne, une droite - que ses détracteurs qualifient de populiste - fait son miel de la critique acerbe des dégâts causés par la mondialisation – celle des capitaux comme celle des hommes. Nouveau paradoxe français : le Front national se porte bien partout en Europe sauf en France. Cette bizarrerie ne pourra perdurer. Le cadavre du FN bouge encore ».
Eric Zemmour parle d’une « droite que ses détracteurs qualifient de populiste ». Le travail des idées reste donc d’actualité : l’extrême droite a raté son rendez-vous avec l’histoire et les propos de Michel Hubault sont assez éclairants à cet égard. La droite que ses détracteurs qualifient de « populiste » n’a pas raté son rendez-vous avec l’histoire. Cette droite n’est pas antiaméricaine, elle n’est pas antisioniste et de ce fait il me paraît un peu confus d’écrire que le Front national se porte bien partout en Europe sauf en France juste après avoir écrit que la droite est qualifiée de populiste par ses détracteurs. Si le cadavre du FN bouge encore, c’est qu’il n’est pas encore mort et qu’il n’est pas encore un cadavre. D’où ma question : pourquoi l’aile droite de l’UMP n’intègre-t-elle pas les hommes de droite ni antiaméricains ni antisionistes tel Michel Hubault. Ou inversement, pourquoi Michel Hubault ne demande-t-il pas à l’aile droite de l’UMP de l’intégrer.
4. Le FN à Nanterre :
J’apprends que le maire communiste de Nanterre, Patrick Jarry, a écrit au propriétaire du bâtiment censé devenir le nouveau siège du FN pour lui demander de renoncer à cette location : « Au nom de la préservation de l'intérêt général, de celle de l'identité de notre ville et de ses valeurs de partage et de diversité, je vous invite à renoncer à cette location particulière, sachant que ce ne sont pas les entreprises candidates qui font défaut, notamment sur ce périmètre particulièrement attractif car situé dans la proximité de nombreuses zones d'activité ». Le MRAP a quant à lui demandé que la rue où le FN voudrait prendre ses nouveaux quartiers soit renommée Brahim Bouarram, nom du jeune qui fut jeté à la Seine par des manifestants issus d'un cortège du Front National le 1er mai 1995. Le maire communiste de Nanterre et le MRAP ont leurs méthodes qui ne sont pas les nôtres. Puisque le FN se désintègre du fait de ses divisions internes inutile d’en faire une victime avec des mesures débiles et démagogiques.
5. Petite analyse personnelle de la négation de la Shoah :
Le Pen a-t-il le droit de jouer avec son point de détail ? Le Pen a-t-il le droit de qualifier de « point de détail » un point central et d’assimiler celui-ci à une « idéologie officielle » avec des « puissants » qu’il « ne faut pas offenser » ? De façon plus élargie, le droit de nier la Shoah est-il une liberté d’expression ? Pour moi ce n’est pas une question de liberté d’expression. Pour moi c’est une question de conscience. Il y a eu et il y a encore des génocides. Il y a eu le génocide arménien. Il y a le génocide du Darfour. Sur une échelle plus grande et sur une période plus longue, il y a eu les 100 millions de victimes du communisme dans le monde entre 1917 et 1992. Cependant, il demeure ce que j’appelle l’exception de la shoah. Et en conscience, je ne peux pas tolérer la négation de cette exception qu’est la shoah. Parce que, justement, c’est une question de conscience et non pas une question de liberté d’expression. Pourquoi, en conscience, dis-je qu’il y a l’exception de la shoah ? C’est très simple. Certes, il y a eu et il y a encore des génocides. Certes, le communisme a fait plus de victimes que le national-socialisme.
Mais il y a une particularité unique qui est propre à la shoah. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que dans des pays de culture judéo-chrétienne le peuple choisi par Dieu a fait l’objet de déportations et d’exterminations minutieuses, planifiées jusque dans les moindres détails logistiques et administratifs. Des Allemands et des collaborateurs ont organisé cette monstruosité en terre judéo-chrétienne avec la même discipline et la même sérénité que s’il s’agissait des bêtes contaminées, de bovins atteints de la maladie de la vache folle ou de poules atteintes de la grippe aviaire. Après cette monstruosité, ces mêmes Allemands et ces mêmes collaborateurs ont déclaré à leurs juges, qu’ils avaient simplement obéi aux ordres et qu’ils n’avaient pas eu le choix. En ma qualité de catholique et en ma qualité de journaliste, j’ose affirmer ici que nous avons tous une conscience. Et que par conséquent, nous ne pouvons pas dire que nous obéissons simplement aux ordres et que nous n’avons pas le choix.
En conscience, nous avons le droit de choisir, le droit de désobéir et le droit de résister. C’est pour cela que la négation de la shoah est non seulement un délit raciste mais une offense envers la mémoire des victimes et une offense envers leurs descendants. De plus, le négationnisme est une offense envers Dieu, car Dieu a choisi le peuple juif. Or, Dieu ne peut ni se tromper ni nous tromper. L’existence du peuple juif et l’existence de l’Etat d’Israël sont les signes concrets de la fidélité de Dieu. Le national-socialisme a voulu supprimer le peuple choisi par Dieu. Autrement dit, le national-socialisme a voulu supprimer Dieu. En voulant supprimer les créatures créées et choisies par le Créateur, le national-socialisme a prétendu supprimer le Créateur lui-même. Un catholique ne peut donc pas assimiler le négationnisme à une liberté d’expression.
Ce n’est pas un acte libre que de nier la shoah. C’est au contraire une forme diabolique d’esclavage. Un négationniste de la shoah est un esclave du Mal absolu et un esclave de la fausse liberté. La vraie liberté, la liberté intérieure, la liberté en conscience et la liberté de conscience, face à l’exception de la shoah, c’est la liberté de dire, en conscience, que la shoah est une exception et que cette exception ne peut pas tolérer l’intolérable, c’est à dire que cette exception ne peut pas tolérer le négationnisme. La shoah fut le fruit mauvais d’une société gravement malade. La négation de l’exception de la shoah est, elle aussi, le fruit mauvais d’une société gravement malade. Le « point de détail » de Le Pen reste à cet égard un cas de pathologie extrême. Miguel Garroté
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